19 janvier 2009
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Futilité ?
La danse au son du gwo-ka, le carnaval, sont les deux façons qu'ont eu les esclaves puis leurs descendants, de s'amuser, de s'affranchir au sens le plus réel du terme. D'oublier leur triste condition, d'oublier ce déracinement inhumain, ce jamais vu. Cet emportement vers un ailleurs inconnu... par delà les mers, cette surface mobile, mouvante, happante. Cette soif, cette faim, cette peur au ventre, le débarquement, les chaînes, ces mains blanches qui ouvrent de force des mâchoires pour vérifier les dents. Tâte les biceps. Caresse une hanche.
La danse au son du gwo-ka, le carnaval plus tard, c'est le moyen d'exister, d'exister de nouveau. D'être.
Ce carnaval, les Guadeloupéens se le sont approprié. Masques, costumes européens d'abord, puis, au fil des années et d'une prise de conscience que nous ne sommes pas tous Européens, nous avons décidé de nous dévêtir, de nous enduire de roucou, d'huile de vidange, de faire claquer les fouets, de nous couvrir de terre, de couvrir nos parties d'une demi calebasse nouée, de courir, sauter, laisser libre cours à notre imagination. Retour aux sources, le temps d'un déboulé. car nous ne pratiquons pas le défilé. Le défilé, c'est pour les militaires. Nous, nous déboulons des rues, croisant et recroisant nos colonnes, tressant un carnaval endiablé. La nuit tombe, les flambeaux éclairent nos faces, nos corps disparaissent dans la pénombre. Les kas résonnent, c'est vaval ! Et l'on voudrait dire que le carnaval, c'est une futilité ? Attention !
André-Jean VIDAL
La danse au son du gwo-ka, le carnaval, sont les deux façons qu'ont eu les esclaves puis leurs descendants, de s'amuser, de s'affranchir au sens le plus réel du terme. D'oublier leur triste condition, d'oublier ce déracinement inhumain, ce jamais vu. Cet emportement vers un ailleurs inconnu... par delà les mers, cette surface mobile, mouvante, happante. Cette soif, cette faim, cette peur au ventre, le débarquement, les chaînes, ces mains blanches qui ouvrent de force des mâchoires pour vérifier les dents. Tâte les biceps. Caresse une hanche.
La danse au son du gwo-ka, le carnaval plus tard, c'est le moyen d'exister, d'exister de nouveau. D'être.
Ce carnaval, les Guadeloupéens se le sont approprié. Masques, costumes européens d'abord, puis, au fil des années et d'une prise de conscience que nous ne sommes pas tous Européens, nous avons décidé de nous dévêtir, de nous enduire de roucou, d'huile de vidange, de faire claquer les fouets, de nous couvrir de terre, de couvrir nos parties d'une demi calebasse nouée, de courir, sauter, laisser libre cours à notre imagination. Retour aux sources, le temps d'un déboulé. car nous ne pratiquons pas le défilé. Le défilé, c'est pour les militaires. Nous, nous déboulons des rues, croisant et recroisant nos colonnes, tressant un carnaval endiablé. La nuit tombe, les flambeaux éclairent nos faces, nos corps disparaissent dans la pénombre. Les kas résonnent, c'est vaval ! Et l'on voudrait dire que le carnaval, c'est une futilité ? Attention !
André-Jean VIDAL