Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 13:08
DEBAT :
ALFRED MARIE-JEANNE/TONY DELSHAM
DELSHAM RÉPLIQUE : « ALFRED TU ES DANS TON ROLE, JE SUIS DANS LE MIEN  QUITTE A BOUSCULER L’ELU QUE TU ES … »
 
Le Président du Conseil Régional a donc réagi à la lecture de mon ouvrage 73-74, psittacisme ou la fin de la danse du scalp ? Il a choisi pour cela de rendre publique la lettre qu’il m’a envoyée. « Alfred Marie-Jeanne t’as assassiné, tu l’as bien mérité » m’a dit  un  ricaneur professionnel, poseur de bombes sans bombe,  et révolutionnaire sans révolution.   Non. Nous assistons à un libre échange d’un élu préoccupé par le devenir de ses concitoyens et d’un auteur tout aussi préoccupé.   Réjouissons-nous, simplement, d’appartenir à un espace qui permet ce qui dans beaucoup d’autres pays relèverait du … miracle.   Cela dit, je continue a penser que la Cénesthésie et le psittacisme doivent être combattus par une contre-offensive par  l’explication guerrière de nos possibilités de développement à partir du 73 ou du 74 en sachant que l’Europe et la Caraibe sont les principaux concurrents de la production martiniquaise. Pour l’heure nos élus, confrontés à la peur née de l’habitation, sont acculés à vanter l’aptitude de ces deux articles de la Constitution Française à conserver la Martinique dans la République  bien plus que  leur capacité à générer la richesse que nous souhaitons tous, afin de desserrer le carcan humiliant et précaire de l’assistanat. Répondre que tout est déjà dit dans l’Agenda 21 et le SMDE est un raccourci qui inquiète bien plus qu’il ne rassure, d’autant que les pistes sécurisantes sont nombreuses dans les deux cas de figure. Pour l’heure, lisons la lettre adressée par monsieur Alfred Marie-Jeanne suivie de ma réponse et  …que la Martinique gagne.

LA LETTRE DU PRESIDENT MARIE-JEANNE :

Le titre de ton dernier ouvrage : « 73-74 Psittacisme », ne me surprend pas du tout, loin de là.  Il est tout simplement déconcertant et montre le degré d’estime que tu portes, en réalité, à certains élus martiniquais. Quant au contenu du livre, il en dit long sur ta propre filiation et affiliation.

Qu’importe !

Ce qui paraît choquant, voire blessant à la limite, c’est de nous renvoyer tous au comportement de débile mental. Tirer de la barbarie un banal devoir d’insolence ne relève ni de l’exploit, ni de la pertinente analyse, ni de la claire voyance. Au mieux, c’est un accommodement ou un raccommodement pour se donner bonne conscience, comme à l’accoutumée. Au pire, c’est de la complicité rénovée mais toujours irréductible. C’est le prototype inachevé de l’intellectuel, hardi pour dénoncer, mais pusillanime par ailleurs  et qui se débine chaque fois qu’il s’agit  de s’impliquer pou ba péyi-a an pal pou vansé.Tout le reste est insignifiance. Devant ce constat regrettable de faillite, mon insolence à moi va beaucoup plus loin. Et je l’assume.        Elle tient de l’Engagement et non du contingent.  C’est la distance incommensurable qui nous sépare. La rudesse de mes propos n’altère pas l’amitié que j’ai pour toi, car mon amitié n’a aucun rapport avec la condescendance et la tendresse. Elle n’a rien de mondain. Elle est de critique saine et de digne respect.

Merci pour ton livre et ta dédicace insolente.

Le Président du Conseil Régional  de la Martinique
Alfred MARIE-JEANNE

LA RÉPONSE DE TONY DELSHAM :

Monsieur le Président du Conseil Régional de la Martinique.
Tu as donc choisi de me faire une réponse par voie de presse. J’ai déjà des retours. Il y a ceux qui approuvent le contenu et il y a ceux qui en sont scandalisés. Nous nous connaissons depuis longtemps, depuis le procès du  bris des urnes de Rivière-Salée mais surtout depuis la photo que j’ai faite de toi brandissant, du haut du balcon de ta mairie, la hache que tu avais saisie, quand tes adversaires faisant irruption dans un bureau de vote prétendaient briser  l’urne. Les médias pour qui  tu étais l’homme à abattre, eux aussi avaient publié cette photo, mais sous leur plume, tu étais l’accusé. Moi, dans mon reportage, j’avais décrit les faits. Rien que les faits. Je ne vais pas infliger aux lecteurs un catalogue d’ancien combattant, sauf à dire que nos prises de positions procurèrent à Roland Laouchez, Henri Pied et moi-même, alors animateurs du Naïf  première génération, bien des désagréments. Pour ma part,  des amis et des membres de ma famille me tournèrent  le dos tandis que l’une de mes sœurs fut carrément démissionnée de son poste de la Sodem,  et fut obligée de quitter la Martinique. Mon dernier ouvrage Psittacisme  sonne comme un jugement de valeur, mieux  comme une condamnation, c’est vrai !   Mais je maintiens ma conclusion, observation d’une quarantaine d’années de journalisme, sauf à préciser que les psittacidés, en aucun cas, ne sont exclusivement les élus. Le psittacidé, c’est moi, c’est lui, c’est nous. Et, l’ai-je souvent écrit, il n’y a pas d’un côté de petits administrés géniaux que nous serions et de l’autre des élus incapables. C’est, hélas,  la condamnation péremptoire et définitive que j’entends souvent, notamment de la bouche  de la  jeune génération. Il faut bien admettre que les élus ne sont pas des extra-terrestres et sont issus de nous-mêmes.
La Cénesthésie et le   psittacisme paralysent la société martiniquaise. Lorsque Maxime Gremetz le numéro  deux du Parti Communiste Français, en visite en Martinique  à la fin de l’année 1980 et parlant au nom de François Mitterrand candidat de la coalition P.S et P.C qui avait placé la Martinique au chapitre des affaires étrangères, déclara : «  quand je suis en Martinique, je ne suis pas chez moi, je suis chez des amis » tout en expliquant les vertus d’une gestion martiniquaise,  il provoqua  consternation et affolement à droite, et une large inquiétude chez le militant de base de la gauche. Déclaration  qui d’ailleurs, valut à Aimé Césaire une cuisante défaite en 1981, lui qui avait appelé à    voter François Mitterrand. Depuis, nos élus sont acculés à répondre aux questions angoissées de l’électorat, toujours les mêmes, celles nées de la peur héritée de l’habitation, véritable usine à angoisser.
Questions du votant :
1)     L’autonomie, n’est-ce pas un pas vers l’indépendance ?
2)     Allons-nous conserver les avantages acquis ?
3)     Nos élus sont-ils à la hauteur d’une pareille mission ?
4)     Les Martiniquais sont-ils prêts ?
5)     Que va faire la Martinique qui ne produit rien, sans la France ? etc.
Réponses de l’élu :
1)     Seuls les Martiniquais sont capables de gérer leurs propres affaires.
2)     L’autonomie n’est pas l’indépendance.
3)     Les avantages acquis seront conservés.
4)     Il n’est pas normal qu’un petit fonctionnaire décide à notre place à 8000km.
5)     Nous sommes un peuple en danger.
Je crois que nous sommes, là, dans la bonne définition du mot psittacisme.  Je ne m’arrêterais pas à la forme, souvent vexante, que tu as choisie d’utiliser,  tu es un homme politique au combat, en pleine tourmente, et tu réagis comme tu le sens, avec ta science du terrain et la connaissance de tes électeurs.
Rien à dire à ce propos.
Par contre, tu me donnes l’occasion de faire remarquer que mon livre, tout au long des pages,  n’est  attaque ni contre Alfred Marie-Jeanne, ni contre Serge Letchimy, ni contre Claude Lise, ni contre le leader de la droite qui au moment de la rédaction avait encore du mal à émerger.
Extrait : «  Lors de la campagne pour la consultation du 7 décembre 2003,  les deux hommes menèrent campagne de concert, et le P.P.M donna l’impression d’être à la traîne d’un Claude Lise très offensif.  Quand le Congrès se réunit cinq ans plus tard le 16 décembre 2008, les liens entre le président du Conseil Régional et du Conseil Général s’étaient encore renforcés pour devenir étroite collaboration avec un objectif essentiel, convaincre  l’électorat que l’Article 74 était  le bon choix. »
 Est-ce renvoyer Claude Lise à un comportement de débile mental, que de conclure ainsi l’histoire d’un rapprochement de deux hommes qui ont appris à se connaître et à s’apprécier depuis  l’arrêté municipal de Georges Elizabeth  maire de Rivière Salée, interdisant au maire de Rivière Pilote que tu étais à l’époque  de tenir meeting  dans sa commune ? 
 *      *Est-ce renvoyer Serge Letchimy à un comportement de débile mental que de conclure  la présentation de ce dernier par ces lignes : Dans le débat actuel, le P.P.M, sous son impulsion marque sa différence. L’Article 73 pour lui ne doit pas être rejeté et doit-être au contraire une phase expérimentale permettant d’obtenir cette autonomie, telle que professée par Aimé Césaire. Le maire de la capitale est donc à la recherche d’une troisième voie. Et, conclut Serge Letchimy :   « Maintenant, c’est au juriste de nous dire dans quoi pourrait s’inscrire une telle perspective. De toute évidence, l’art. 73 ne saurait y répondre. Mais de toute évidence aussi, l’article 74 montre de suite ses limites. Et c’est là que je  propose la liberté de l’esprit et l’imagination. Si notre volonté est celle-là, alors il est temps pour nous de modifier cet article 74, par un nouvel article qui pourra être utilisé, par tous les pays dits  d’Outre-mer, »
Et enfin est-ce renvoyer Alfred Marie-Jeanne   à  un comportement de débile mental en écrivant : «  L’ère césairienne  à l’évidence a été  remplacée, par l’ère marie-jeannienne, deux leaders dont  le rayonnement couvre l’ensemble du pays en meublant l’imaginaire »    « Aujourd’hui, le leader du M.I.M. affronte le même dilemme, le même psychodrame que celui connu par Aimé Césaire à savoir : Comment convaincre des Martiniquais, de plus en plus débarrassés de toute angoisse existentielle et sachant qu’il n’est point de dignité le ventre vide, que l’adaptation permanente du statut est recherche  des solutions du possible afin d’éviter sinon atténuer,  le meurtre tranquille de la mondialisation à notre endroit ?  Là est la difficulté majeure » « Prétendre que le succès d’Alfred Marie-Jeanne repose sur  l’achat des consciences est aussi injurieux que ceux qui jadis accusaient le fils de Basse-Pointe d’entretenir des bassins à misère dans la périphérie de Fort-de-France, afin de conserver un électorat docile. Observons ensemble qu’avant d’être élu, l’enfant  de la bonne[1] n’avait rien d’autre à offrir que sa fougue, son enthousiasme, et ses convictions. » « Si Alfred Marie-Jeanne avait respecté cette règle, il se serait aperçu que la détermination profonde de ce peuple en formation n’est pas en contradiction avec  son idéal de responsabilisation. Alors, jamais  il  n’aurait  parlé de rupture d’avec la France, mais bien de la nécessité d’organiser une économie ne dépendant pas  de si tragique façon, de l’ancienne métropole. Il aurait démontré que le mimétisme et  le suivisme bête et méchant  produisaient des français de seconde zone, des ectoplasmes  vampirisant jusqu’à anémie  la constitution d’une France  qui risque d’être acculée à… un brutal réflexe de légitime défense.  « Un échec de l’Article 74 éliminerait-il politiquement le chabin des mornes ? A cette question posée je réponds : «  Rien n’est moins sûr. La boule électrique composant le personnage, a encore de la ressource. Au moment de la rédaction de ces lignes, le Président Nicolas Sarkozy a déjà annoncé la date de la nouvelle consultation  et le respect de l’échéance normale des Régionales, l’ancien maire de Rivière-Pilote a toutes les chances d’un rebond[2]. Je constate qu’il bénéficie du  respect de secteurs économiques importants et vitaux, notamment celui de la banane, en témoigne l’éloge fait ce lundi 28 septembre par Eric de Lucy, le président de l’Union des Groupements de Producteurs de Bananes, lors de sa visite accompagné des producteurs des A.C.P[3]. Il s’agissait  pour ce dernier de lui présenter le Plan Banane Durable, tout en le remerciant de la forte implication de la Région dans l’achat d’une mûrisserie à Paris. Face à ces mêmes A.C.P, le Président de la Région n’est pas dupe, en témoigne son intervention musclée[4] ce vendredi 23 octobre à l’hôtel régional face au Comité Economique et Social Européen après que des accords de partenariat aient été signées avec les pays de la Caraïbe.   Le secteur touristique, pour sa part,  ne lui demande qu’une plus grande attention et une stratégie concertée avec la profession.  J’observe à l’inverse que beaucoup de ses partisans cessent d’être des inconditionnels, lorsqu’il parle rupture d’avec la France. Le «  je vous ai compris » gaullien est encore d’actualité,  un chabin des mornes remonté comme au temps de son ascension victorieuse promettant «  en mon âme et conscience [5]» de faire de l’Assemblée Unique, le bulldozer d’un développement économique, bien  compris, bien réfléchi, a ses chances. Dans l’opinion publique, sa réputation est faite, « aucune collectivité n’a de l’argent, sauf la Région », dit-on. À tort ou à raison c’est pour l’opinion publique, preuve de bonne gestion.  Lorsque l’on a atteint cet âge respectable, on ne triche pas avec les autres, on ne se bluffe plus soi-même. C’est la dernière ligne droite, celle qui confère l’admiration reconnaissante ou l’opprobre des générations futures. Dès lors, on ne se soucie plus de sa réélection, mais de sa mission. »Ces extraits de mon livre, à l’évidence, prouvent que je n’ai jamais pensé que nos élus ont un comportement de débiles mental. Par contre, je le maintiens, collectivement nous avons une conduite de … zizitatas. Ton engagement à toi s’est traduit par le don total de ta personne à la politique avec le souci majeur de désankayer notre pays. Respect pour toi.  Mon engagement à moi a été de consacrer toute une vie au service d’une presse martiniquaise. D’abord en créant mes propres journaux Martinique Hebdo, M.G.G, Kolik Blag Bo Kaye, ensuite en rejoignant  l’équipe du Naïf en 1974, puis celle d’Antilla dans les années 90. Cela en acceptant des rémunérations plus que modestes, voire insignifiantes, ou inexistantes.  Ce qui permit à la gauche entière de s’exprimer dans nos colonnes  à une époque où  la technologie médiatique n’était pas aussi performante et que cette gauche   était interdite d’antenne. Si je n’avais pas fait ce choix, comme les copains de mon âge, je serais  aujourd’hui dans les instances dirigeantes soit de RFO, soit de France Antilles. Et Dieu sait comme j’ai été sollicité après 1981. Un jour, très proche d’ailleurs,  j’écrirai cette épopée durant laquelle beaucoup de baudruches sonores ont profité de notre esprit de sacrifice pour se faire un nom, ou améliorer leur sort dans la fonction publique.  Dans mes romans enfin, il n’y pas d’esclaves qui gémissent sous le fouet. Julius, l’un de mes personnages, fait danser le maitre avec  le fouet qu’il lui a arraché des mains.   Quant à ma filiation, tu le sais bien,  elle nous est imposée à tous par notre tragique histoire. Reconnaître  le fait, n’est pas l’aduler. Le nier s’est courir le risque d’une schizophrénie ambiante. Mon affiliation elle, obéit à la marche chaotique  de notre pays  en fonction de ce que l’on croit, en toute sincérité, être l’urgence du moment. Cher Alfred cette fois, sous les yeux du lecteur, tel est ton choix,  je te renouvelle mon amitié qui, chez moi également,  n’a aucun rapport avec la condescendance, je suis trop humble pour cela !  Quant à la tendresse dans le sens  de l’affection respectueuse, pourquoi pas ?  Je suis un incurable romantique. Je conclurai   que nous devons nous féliciter  d’appartenir à un système où chacun peut s’exprimer en toute liberté, tu es dans ton rôle, je suis dans le mien, quitte à bousculer l’élu que tu es. Quand tu cesseras de l’être, et que les affidés qui n’existent que par toi et à travers toi auront disparu,  je te conserverai cette amitié. Elle est définitivement basée sur la personnalité de  l’homme que je n’ai jamais pris en fragrant délit de mensonge ou de reniement mais, tout de même, si j’étais ton conseiller je te dirais : renverse l’image que tu donnes de toi, nous avons tous un devoir d’humilité envers notre  pays qui se meurt de nos outrances.

Tony DELSHAM
Auteur de « Cénesthésie et l’urgence d’être et de 73- 74, psittacisme ou la fin de la danse du scalp ? »  .
 
[1] C’est fierté d’Alfred Marie-Jeanne de rappeler qu’il est le fils d’une bonne, on le vit d’ailleurs défiler aux côtés des bonnes, devenues depuis employées de maison, sous une pancarte «  Mwen sé yich an bon’ »
[2] Etre le président du statut quo n’intéressera certainement pas Alfred Marie-Jeanne. Par contre, être le premier président de l’Assemblée Unique,  c’est autre chose, un ultime défi d’une riche carrière.

[3] Afrique Caraïbe Pacifique.

[4] Ce jour-là Alfred Marie-Jeanne déclara : « Mais … à partir du moment où l’accès du marché européen est libéralisé pour les petits pays de la Caraïbe, cela veut dire que leurs produits  continueront à entrer ici alors  que  la réciprocité ne sera pas vraie, parce qu’existent les négatives listes. »

[5] Expression familière du leader du M.I.M

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de André-Jean Vidal
  • : Revue de l'actualité politique locale
  • Contact

Texte Libre

Recherche

Liens