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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 17:34

 
Etude nationale IME sur le stress au travail 
 
Du stress de l’individu à la « biocompatibilité » de l’organisation :  
l’Institut de Médecine Environnementale (IME) présente les résultats de son étude et ses 
recommandations pour mieux évaluer, comprendre, prévenir le stress au travail et les RPS 
 
 
 
Selon  l’étude  nationale  menée  par  l’IME  auprès  de  plus  de  3 000  personnes1,  une  large  majorité  des  salariés  se disent  tellement  stressés  par  leur  travail  que  cela  les  rend  dépressifs,  insomniaques  ou  souffrants2  et 
reconnaissent subir des problèmes organisationnels3 rendant difficile l’accomplissement de leurs missions.  
Ce  stress  aux  effets  pathologiques,  indicateur  de  Risques  PsychoSociaux,  est  fortement  lié  à  la  « non 
biocompatibilité » du poste occupé, autrement dit l’inadaptation du poste au fonctionnement humain4.  
Découvrez  les  résultats  de  cette  étude  et  les  recommandations  de  l’IME  pour  gérer  le  stress  de  l’individu  et 
développer la biocompatibilité de l’organisation en vue d’une meilleure prévention des Risques PsychoSociaux. 


Mieux comprendre pour mieux gérer.

 

Dans  la  lignée  des  démarches  institutionnelles  concrétisées  notamment  par  les  rapports  Nasse‐Légeron5, 
Gollac6  et  Lachmann7,  l’IME  a  souhaité  participer  au  développement  de  la  connaissance  scientifique 
interdisciplinaire  sur  la  question  du  stress  au  travail  et  à  une  démarche  nationale  de  prévention  /  gestion  du 
stress  et  des  Risques  PsychoSociaux.  Dans  l’étude  nationale  IME  sur  le  stress  au  travail  et  ses  causes,  l’Institut 
de  Médecine  Environnementale  vise  à  comprendre  les  interactions  des  dimensions  individuelles,  managériales 
et  organisationnelles  en  jeu,  afin  de  contribuer  à  définir  des  plans  d’action  efficaces  et  ciblés,  tant  aux  niveaux 
sociétal et institutionnel qu’au niveau des organisations elles‐mêmes. 


Stress, stressabilité et stress pathologique 


Plus  de  la  moitié  des  personnes  interrogées  disent  qu’elles  sont  stressées  au  travail.  Ce  vécu  de  stress  a  été 
étudiée  à  travers  quatre  questions :  trois  qui  testent  la  « stressabilité »  (ou  « stress  cognitif »)  et  une  quatrième qui 
teste le « stress pathologique », c’est‐à‐dire le stress qui a des conséquences sur la santé.  
                                                
1
 Etude conduite du 25 mai au 25 juillet 2010 auprès de 3052 personnes (2840 questionnaires online + 212 questionnaires papier). 
2
 Cf. 60,7 % des personnes interrogées ont répondu « Assez d’accord », « D’accord » ou « Tout à fait d’accord » à la question 13 : « Mon travail me stresse 
tellement que cela me rend dépressif(ve), insomniaque ou souffrant(e) (douleurs, maladies...). » (45,5 % ont répondu « D’accord » ou « Tout à fait d’accord »). 
3
 Cf. 55 % des personnes interrogées reconnaissent subir des problèmes organisationnels dus à une mauvaise circulation de l’information, un déséquilibre 
entre leur autonomie et leur responsabilité dans les missions confiées et un décalage entre le travail qu’ils font au quotidien et leur vrai cœur de fonction 
(8 questions posées sur le sujet de l’organisation). 
4
 Corrélation très forte (r = 0,53). Pour mémo, lire l’encadré sur les corrélations.  

Rapport « Détermination, mesure et suivi des risques psychosociaux au travail » (publié le mercredi 12 mars 2008) de Philippe Nasse, magistrat 
honoraire et Patrick Légeron, médecin psychiatre, remis à Xavier Bertrand, Ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité. 

Rapport « L’observation statistique des risques psychosociaux au travail » (publié le 27 novembre 2009) de Michel Gollac, Membre du Centre de 
recherche en économie et Statistique (http://www.cnis.fr/agenda/DIV/DIV_0191.pdf). 

Rapport « Bien‐être et efficacité au travail : 10 propositions pour améliorer la santé psychologique au travail » (publié le 17 février 2010) fait à la 
demande du Premier Ministre par Henri LACHMANN, Christian LAROSE et Muriel PENICAUD, avec le support de Marguerite MOLEUX.
 

Sur  le  plan  de  la  « stressabilité »,  53  %  des  personnes  affirment  stresser  facilement  face  à  un  problème8,  67  % 
pensent  stresser  davantage  que  leurs  collègues9  et  52  %  déclarent  stresser  pour  un  rien  en  se  mettant  toutes 
seules  sous  pression10.  Sur  le  plan  du  stress  pathologique,  60  %  des  personnes  interrogées  disent  stresser 
tellement au travail que cela les rend dépressives, insomniaques, souffrantes (douleurs, maladies…) 11. 
Or,  cette  étude  révèle  que  ce  stress  dit  « pathologique »  est  fortement  lié  à  la  «  non  biocompatibilité  »  du  poste 
occupé, autrement dit l’inadaptation du poste au fonctionnement humain (r = 0,53).  
D’ailleurs, 55 % des répondants reconnaissent subir des problèmes organisationnels dus à une mauvaise circulation 
de  l’information,  un  déséquilibre  entre  leur  autonomie  et  leur  responsabilité  dans  les  missions  confiées  et  un 
décalage entre le travail qu’ils font au quotidien et leur vrai cœur de fonction (cf. 8 questions posées). 
Le  stress  «  pathologique »  est  aussi  fortement  lié  à  l’existence  de  rapports  de  force  avec  leurs  managers  et 
collaborateurs12 : une personne sur deux déclare rencontrer ce type de problèmes au travail 13. 
Enfin,  l’étude  confirme  le  rôle  important  du  manque  de  reconnaissance  dans  la  survenue  du  stress 
pathologique  (r  =  0,39)  mais  aussi,  à  l’inverse,  du  rôle  préventif  d’un  management  attentif  à  mobiliser  les 
motivations profondes et durables des salariés (r = ‐0,21). 
Surprenant :  
Les hommes sont plus stressés au travail que les femmes sur tous les aspects du stress évalués ici et dans toutes 
les situations professionnelles… alors que bien des enquêtes présentent les hommes comme moins stressés !  
En fait, le stress habituellement identifié est d’abord l’anxiété (« stress de fuite ») et, dans une moindre mesure, la 
tendance  dépressive  (« stress  d’inhibition ») ;  alors  que  la  combativité  (induite  par  l’énervement  et  la  colère,  ou 
« stress de lutte ») souvent cataloguée de « bon stress », n’est pas inclus dans la plupart de ces études.  
De  plus,  cette  combativité  induite  par  le  stress  de  lutte  est  plutôt  valorisée  chez  les  hommes,  qui  expriment 
généralement moins que les femmes leur ressenti négatif. 
En  évaluant  les  différentes  composantes  de  la  stressabilité  et  du  stress  pathologique,  l’étude  nationale  IME 
révèle un stress professionnel plus élevé chez les hommes. 
5 idées clé pour développer la biocompatibilité  
D’après  l’analyse  réalisée  par  l’Institut  de  Médecine  Environnementale,  il  apparaît  que  le  plus  facile  mais  aussi  le plus efficace pour réduire le stress au travail et prévenir les Risques PsychoSociaux serait de rendre les postes et le 
management « biocompatibles », quel que soit le mode d’organisation : pyramidal, matriciel, en réseau…  
En  pratique,  voici  donc  les  5  recommandations  de  l’IME  à  l’« entreprise  France »  et  à  toutes  les  organisations 
désireuses de développer la « biocompatibilité » de l’organisation et du management : 
Etablir  une  circulation  de  l’information  ouverte  qui  permette  à  chacun  d’obtenir  ou  de  transmettre  des 
informations utiles sans craindre de conséquences négatives pour lui‐même (conflit d’intérêts…) 
Donner à chacun toute l’autonomie nécessaire pour exercer pleinement ses différentes responsabilités 
Se concentrer sur les tâches relevant de son cœur de fonction et apprendre à mieux déléguer le reste 
Former  les  managers  à  la  prévention  /  gestion  des  rapports  de  force  en  abandonnant  le  management  par  le 
stress et la compétition interne 
Manager  davantage  en  fonction  des  motivations  profondes  durables  et  des  capacités  d’adaptation  qui 
diminuent la sensibilité à l’échec ou au manque de reconnaissance. 
                                                

Cf. 52,8 % personnes interrogées ont répondu « Assez d’accord », « D’accord » ou « Tout à fait d’accord » à la question 10 : « Quand je dois gérer un 
problème, je me sens facilement anxieux(se), irritable ou découragé(e) (stressé(e)). » (30,7 % ont répondu « D’accord » ou « Tout à fait d’accord »). 

Cf. 66,6 % des personnes interrogées ont répondu « Assez d’accord », « D’accord » ou « Tout à fait d’accord » à la question 11 : « A situations comparables, je 
stresse davantage que la plupart de mes collègues. » (42,7 % ont répondu « D’accord » ou « Tout à fait d’accord »). 
A noter qu’il est mathématiquement impossible que 67 % des gens stressent plus que leurs collègues : ceci met en évidence la sous‐évaluation du stress des 
autres sans doute dû au fait qu’on cherche à le cacher et à une certaine sur‐évaluation du sien ! 
10 
Cf. 51,9 % des personnes interrogées ont répondu « Assez d’accord », « D’accord » ou « Tout à fait d’accord » à la question 12 : « Je me stresse souvent pour 
un rien parce que je me mets tout(e) seul(e) sous pression. » (33 % ont répondu « D’accord » ou « Tout à fait d’accord »). 
11
 Cf. note n°2 ci‐dessus. 
12
 Corrélation élevée (r = 0,35) entre la question 13 (stress pathologique) et la question 44 (rapports de forces dans le service). 
13
 Cf. 51,5 % des personnes interrogées ont répondu « Assez d’accord », « D’accord » ou « Tout à fait d’accord » à la question 44 : « Les rapports de forces font 
partie du fonctionnement normal dans mon service. » (31,4 % ont répondu « D’accord » ou « Tout à fait d’accord »).
 
Qu’est‐ce que la « biocompatibilité » ? 
Selon  l’IME,  la  «  biocompatibilité  »  est  ce  qui  rend  un  poste,  l’organisation  et  le  management  compatibles  avec 
le  fonctionnement  humain.  Elle  définit  des  caractéristiques  universelles  qu’ils  doivent  posséder  (en  termes  de 
circulation  de  l’information,  de  cohérence  entre  pouvoirs  de  décision  et  responsabilités,  de  centrage  sur  le  cœur de 
fonction, de délégation, de communication managériale…) pour être compatibles avec le fonctionnement d’un être 
humain, indépendamment des compétences ou qualités personnelles de celui‐ci. 
La  «  biocompatibilité  »  se  distingue  donc  du  « casting »  qui  définit  les  caractéristiques  particulières  que  doit 
posséder l’individu pour correspondre le mieux possible à son poste (notamment en termes de compétences et de « 
personnalité » : esprit d’équipe, ouverture, franchise, motivation, gout du challenge, affirmation…). 
 
 
 
Pour mémo : 
Cette  étude  apporte  2  types  d’informations :  des  valeurs  descriptives  et  des  valeurs  plus  explicatives,  les 
corrélations.  Une  corrélation  est  un  calcul  mathématique  permettant  d’évaluer  si  2  facteurs  sont  liés  et  évoluent 
ensemble, ce qui laisse supposer l’existence de relations de causes et d’effets. 
Si la corrélation entre 2 facteurs est maximum (r = 1), elle signifie qu’il y a parallélisme total d’évolution entre les 2, 
ce qui laisse supposer l’existence d’une relation de cause à effet directe. 
Si cette corrélation est nulle (r = 0), les 2 facteurs sont indépendants. 
Si  cette  corrélation  est  négative  (r  =  entre  0  et  ‐1)  cela  signifie  que  les  2  facteurs  sont  antinomiques  ou  antidotes  : 
développer l’un revient donc à se protéger de l’autre ! 
 
 
 
L’Institut de Médecine Environnementale (IME) 
Institut  de  recherche,  conseil  et  formation,  l’IME  réalise  un  transfert  de  compétences  entre  les  neurosciences, 
sciences  du  comportement,  et  les  domaines  de  la  santé,  du  management,  de  l’organisation  en  entreprises  et 
institutions, dans la perspective d’un développement durable. 
 
 
 
Jacques Fradin, Directeur de l’IME 
Docteur  en  Médecine,  Comportementaliste  et  Cognitiviste,  membre  de  l’Association  Française  de 
Thérapie  Comportementale  et  Cognitive,  Jacques  Fradin  dirige  l'Institut  de  Médecine 
Environnementale  (IME),  qu’il  a  fondé  à  Paris  en  1987,  et  y  anime  une  équipe  de  recherche  en 
neurosciences  cognitives  et  comportementales,  en  partenariat  avec  l’Université  de  Paris  8  et 
l’Institut  de  Recherche  Biomédicale  des  Armées  –  Antenne  IMASSA  (Institut  de  Médecine  Aérospatiale  du 
Service de santé des Armées). 
Il  est  expert  auprès  des  entreprises  et  des  institutions  dont  l’Association  Progrès  du  Management  (APM),  la  cellule Risques  PsychoSociaux  de  la  Direction  Générale  du  Travail,  le  Réseau  Francophone  de  Formation  en  Santé  au Travail sous la tutelle du Ministère du Travail et le Plan Urbanisme Construction et Architecture (PUCA). 
Conférencier  lors  d’événements  scientifiques  ou  professionnels,  Jacques  Fradin  est  aussi  auteur  ou  co‐auteur  de 
nombreux  articles  et  ouvrages,  allant  de  la  publication  scientifique  à  la  vulgarisation  des  neurosciences,  avec 
notamment  :  Manager  selon  les  Personnalités  (2006)  et  L’intelligence  du  stress  (2008),  publiés  aux  Editions 
d'Organisation  /  Groupe  Eyrolles  ;  Crises  et  facteur  humain.  Les  nouvelles  frontières  mentales  des  crises, 
ouvrage collectif sous la direction de Thierry Portal, aux Éditions De Boeck Université (2009). 
 
 

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