9 septembre 2009
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17:36
Contre-offensive des Royalistes
Un extrait savoureux d'un papier paru dans Le Point, aujourd'hui.
A minuit à Paris, il est 19 heures aux Antilles. Les bureaux de vote dans ces îles, bastions royalistes, sont encore ouverts pour une heure. Soixante minutes pendant lesquelles tout peut encore basculer. Victorin Lurel, député et président de la région Guadeloupe, a passé une soirée tranquille la veille lors du premier tour. Mais ce soir-là, à 19 heures, heure locale, son téléphone est soudain pris d'incessantes convulsions. Christian Paul, député de la Nièvre proche de Martine Aubry, est le premier à l'appeler. "Salut Victorin, dis-moi, on veut être sûr que le vote va bien se dérouler. Tu vois ce que je veux dire?" Victorin Lurel n'en revient pas. "Qu'est-ce que tu veux dire? Qu'est-ce qui vous prend tout à coup?" La conversation tourne court. L'instant d'après, c'est François Rebsamen, pour Ségolène Royal, qui appelle. "Victorin, on peut encore gagner, on peut les rattraper, il faut faire voter. Passe des coups de fil, dis bien à tout le monde que c'est très serré." La Guadeloupe, c'est 2 330 militants socialistes. La Martinique, 374. Largement assez pour remonter les "1 500 voix" d'avance de Martine Aubry. La veille, Ségolène Royal avait recueilli 77,6% des voix, contre 19,8% pour Aubry et 1,9% pour Hamon, avec une participation à 62%. Une mobilisation accrue au second tour pourrait permettre à Ségolène Royal de refaire son retard. Et en l'occurrence, cette dernière heure de vote voit un afflux de militants dans les bureaux de vote de Guadeloupe. "Un votant toutes les douze secondes!" tonne Daniel Vaillant, responsable des élections au PS, qui soupçonne ouvertement la Guadeloupe d'avoir bourré les urnes. (...)
Le regain de mobilisation dans la dernière heure de vote joue en faveur de Ségolène Royal. Les proches de Martine Aubry voient avec angoisse l'écart entre les deux candidates se réduire à mesure que les sections antillaises envoient leurs résultats en métropole. Verdict: Royal arrive en tête avec 81,75% des voix en Guadeloupe et 87,33% en Martinique. Des scores impressionnants, mais qui ne suffisent pas à combler son retard. A 5 h 40 du matin, le résultat annoncé par la rue de Solferino donne la victoire à Martine Aubry avec 42 voix d'avance. La belle ouvrage des mécanos de la maire de Lille a tenu, malgré la contre-offensive des royalistes. Et pour cause, non seulement rien ne prouve une triche royaliste aux Antilles, mais la fraude a en réalité bénéficié... à Martine Aubry. C'est ce qu'affirme Victorin Lurel, "constats d'huissier à l'appui". Deux sections sont pointées du doigt. Deux sections dans lesquelles Martine Aubry est arrivée très nettement en tête. A "Anse-Bertrand", sur 48 inscrits, le PV de section attribue 36 voix à Martine Aubry et 1 voix à Ségolène Royal. Or le bureau d'Anse-Bertrand est resté fermé le jour du vote! (...) L'autre section litigieuse est celle de Pointe-à-Pitre: 190 inscrits. Sur les 173 votants, Aubry obtient 160 voix contre 13 à Royal. Cette fois, selon Victorin Lurel, "ils ont bourré les urnes. Plusieurs militants qui ne se sont pas déplacés ont pourtant été recensés, signature à l'appui, comme s'ils avaient voté". Des vérifications opérées par des huissiers établissent clairement la fraude. (...)
Le mercredi 18 mars 2009, à quelques jours de la convention nationale qui doit ratifier les listes socialistes aux européennes, Martine Aubry est proche de la syncope. Folle de rage, elle s'égosille dans un salon du restaurant Tante Marguerite, à deux pas de l'Assemblée nationale. Ce huis clos dans un des hauts lieux de la "gastronomie politique" oppose royalistes et aubryistes. Vincent Peillon, Jean-Noël Guérini, le puissant patron de la fédération des Bouches-du-Rhône, et François Rebsamen, le sénateur maire de Dijon, d'un côté. François Lamy, le plus proche conseiller, Jean-Marc Germain, le directeur de cabinet, et Martine Aubry en personne, de l'autre. Une heure durant, la première secrétaire et François Rebsamen se hurlent dessus. Fébrile, à la fois insupportée d'entendre les allégations de fraude et consciente de la vérité, Martine Aubry finit par se trahir. "Je n'ai pas triché! Fabius, d'accord! Mais pas moi..." La première secrétaire fait allusion à son score écrasant obtenu dans la Seine-Maritime, fief de l'ancien Premier ministre.
Un extrait savoureux d'un papier paru dans Le Point, aujourd'hui.
A minuit à Paris, il est 19 heures aux Antilles. Les bureaux de vote dans ces îles, bastions royalistes, sont encore ouverts pour une heure. Soixante minutes pendant lesquelles tout peut encore basculer. Victorin Lurel, député et président de la région Guadeloupe, a passé une soirée tranquille la veille lors du premier tour. Mais ce soir-là, à 19 heures, heure locale, son téléphone est soudain pris d'incessantes convulsions. Christian Paul, député de la Nièvre proche de Martine Aubry, est le premier à l'appeler. "Salut Victorin, dis-moi, on veut être sûr que le vote va bien se dérouler. Tu vois ce que je veux dire?" Victorin Lurel n'en revient pas. "Qu'est-ce que tu veux dire? Qu'est-ce qui vous prend tout à coup?" La conversation tourne court. L'instant d'après, c'est François Rebsamen, pour Ségolène Royal, qui appelle. "Victorin, on peut encore gagner, on peut les rattraper, il faut faire voter. Passe des coups de fil, dis bien à tout le monde que c'est très serré." La Guadeloupe, c'est 2 330 militants socialistes. La Martinique, 374. Largement assez pour remonter les "1 500 voix" d'avance de Martine Aubry. La veille, Ségolène Royal avait recueilli 77,6% des voix, contre 19,8% pour Aubry et 1,9% pour Hamon, avec une participation à 62%. Une mobilisation accrue au second tour pourrait permettre à Ségolène Royal de refaire son retard. Et en l'occurrence, cette dernière heure de vote voit un afflux de militants dans les bureaux de vote de Guadeloupe. "Un votant toutes les douze secondes!" tonne Daniel Vaillant, responsable des élections au PS, qui soupçonne ouvertement la Guadeloupe d'avoir bourré les urnes. (...)
Le regain de mobilisation dans la dernière heure de vote joue en faveur de Ségolène Royal. Les proches de Martine Aubry voient avec angoisse l'écart entre les deux candidates se réduire à mesure que les sections antillaises envoient leurs résultats en métropole. Verdict: Royal arrive en tête avec 81,75% des voix en Guadeloupe et 87,33% en Martinique. Des scores impressionnants, mais qui ne suffisent pas à combler son retard. A 5 h 40 du matin, le résultat annoncé par la rue de Solferino donne la victoire à Martine Aubry avec 42 voix d'avance. La belle ouvrage des mécanos de la maire de Lille a tenu, malgré la contre-offensive des royalistes. Et pour cause, non seulement rien ne prouve une triche royaliste aux Antilles, mais la fraude a en réalité bénéficié... à Martine Aubry. C'est ce qu'affirme Victorin Lurel, "constats d'huissier à l'appui". Deux sections sont pointées du doigt. Deux sections dans lesquelles Martine Aubry est arrivée très nettement en tête. A "Anse-Bertrand", sur 48 inscrits, le PV de section attribue 36 voix à Martine Aubry et 1 voix à Ségolène Royal. Or le bureau d'Anse-Bertrand est resté fermé le jour du vote! (...) L'autre section litigieuse est celle de Pointe-à-Pitre: 190 inscrits. Sur les 173 votants, Aubry obtient 160 voix contre 13 à Royal. Cette fois, selon Victorin Lurel, "ils ont bourré les urnes. Plusieurs militants qui ne se sont pas déplacés ont pourtant été recensés, signature à l'appui, comme s'ils avaient voté". Des vérifications opérées par des huissiers établissent clairement la fraude. (...)
Le mercredi 18 mars 2009, à quelques jours de la convention nationale qui doit ratifier les listes socialistes aux européennes, Martine Aubry est proche de la syncope. Folle de rage, elle s'égosille dans un salon du restaurant Tante Marguerite, à deux pas de l'Assemblée nationale. Ce huis clos dans un des hauts lieux de la "gastronomie politique" oppose royalistes et aubryistes. Vincent Peillon, Jean-Noël Guérini, le puissant patron de la fédération des Bouches-du-Rhône, et François Rebsamen, le sénateur maire de Dijon, d'un côté. François Lamy, le plus proche conseiller, Jean-Marc Germain, le directeur de cabinet, et Martine Aubry en personne, de l'autre. Une heure durant, la première secrétaire et François Rebsamen se hurlent dessus. Fébrile, à la fois insupportée d'entendre les allégations de fraude et consciente de la vérité, Martine Aubry finit par se trahir. "Je n'ai pas triché! Fabius, d'accord! Mais pas moi..." La première secrétaire fait allusion à son score écrasant obtenu dans la Seine-Maritime, fief de l'ancien Premier ministre.