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13 mai 2009 3 13 /05 /mai /2009 02:59
UNE FIN DE NON RECEVOIR
Les signataires syndicalistes des accords du 4 mars avaient sollicité par lettre du 7 mai une rencontre avec le Secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer, en présence des présidents des exécutifs de Guadeloupe.
Cette rencontre devait se tenir hier, en début d'après-midi, dans le cadre de la visite officielle que faisait Yves Jégo en Guadeloupe. Celui-ci a refusé trois heures avant l'heure prévue pour la rencontre.
Par courrier, le secrétaire d'Etat a répondu à Elie Domota : « Compte tenu de l'absence des présidents des exécutifs, des difficultés à fixer les modalités de rendez-vous, et face aux dissensions apparues au sein du LKP, si j'en juge par le communiqué de la CTU, il est préférable de reporter cette rencontre. »
Alex Lollia, de la CTU, a diffusé un communiqué lundi soir dans lequel il exprimait son opposition à une rencontre du LKP avec Yves Jégo, qualifié de « représentant du pouvoir colonial ».
Pour appuyer son refus de rencontre avec le LKP, Yves Jégo  a rappellé qu'il existe des comités de suivi, prévus à l'article 165 du protocole du 4 mars, signé par le LKP avec le représentant de l'Etat et les présidents des assemblées locales. « Je me permets de vous rappeler que c'est cette instance qui est chargée du suivi de tous les sujets que vous évoquiez dans votre lettre du 7 mai ».
A noter que le LKP avait refusé d'assister au comité de suivi tenu par le préfet le 15 avril.
« Ce n'est pas une rupture, a soutenu hier soir M. Jégo, qui a dit avoir simplement voulu rappeler les règles républicaines. « Il y a eu l'intrusion au conseil général, puis des exigences sur certains point du protocole d'accord, avec des menaces de retourner dans la rue. Et puis, aujourd'hui, Alex Lollia, de la CTU, qui dit que je suis le représentant du pouvoir colonial. Il y a des limites ! »
Et d'ajouter : « Il y a des moments où la pression fait qu'on dit des choses. Maintenant, il faut se calmer, revenir à des discussions, des propos raisonnables. Il faut respecter les élus qui sont légitimes, il faut respecter l'Etat, ne pas empêcher les uns et les autres de travailler. »

La lettre est visible sur
www.outre-mer.gouv.fr/?report-de-la-rencontre-entre-yves-jego-et-le-lkp.html
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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 14:47
A LIRE !
Le peuple a parfaitement le droit d’entrer au Conseil général !

Analyse de la journée de mobilisation du 7 mai par Rosan Mounien


Mots-clés : #LKP

 
L’ancien secrétaire général de l’UGTG (1985 - 1993) s’exprimait sur Radyotanbou le samedi 9 mai 2009.

 

Congrès : L’interpellation des élus politiques !

La manifestation du jeudi 7 mai à Basse-Terre devait se dérouler en trois temps et avait des objectifs précis.

Il s’agissait d’abord d’une mobilisation autour des travailleurs en grève pour certains depuis plusieurs mois ou semaines : Les pompiers de l’aéroport géré par la CCI en grève depuis le 17 décembre 2008, les travailleurs de la Maison Départementale de l’Enfance depuis 44 jours, ceux d’Orange Caraïbe en grève depuis plus d’un mois à Orange Caraïbes, les contrats aidés mobilisés depuis le 20 janvier, les salariés de l’ASFO, des chantiers AUDEBERT, d’ESPACE CLOTURE, de la CGRR… Toute une série de conflits, de mouvements nous constatons que les patrons, tantôt pour certains, refusent purement et simplement de négocier, tantôt pour les autres le font sans intention de régler le conflit.
Plus les travailleurs en situation de chômage (partiel ou total) dans trois hôtels : Pierre & Vacances, Club Med, Manganao. 750 travailleurs de l’hôtellerie sur lesquels le patronat exerce un chantage. Le patronat leur tient le discours suivant : Si vous voulez que nous rouvrions ces hôtels, vous ne devez plus faire grève, mais il ne doit plus y avoir de grève en Guadeloupe. Ils exigent un climat social serein : sans grève, sans blocage, sans manifestation, sans problème d’essence. Autrement dit, il faut que non seulement vous autres travailleurs de l’hôtellerie vous mettiez à genoux, mais qu’aussi tous les travailleurs de Guadeloupe se prosternent devant nous. C’est seulement à ces conditions que nous envisagerons d’ouvrir les hôtels : pour certains à partir de fin juin ; pour les autres à compter d’octobre. Voila les conditions posées par ces trois groupes hôteliers !!! Et cela au moment même où l’état leur octroie des sommes faramineuses pour le soutien à l’hôtellerie et que la région leur octroie des sommes considérables pour soutenir l’emploi et l’hôtellerie.

D’autre part c’était aussi pour dénoncer le fait qu’il y a encore 30000 salariés qui ne bénéficient pas des dispositions de l’accord Bino initial, compte tenu des positions prises par l’état sur une extension désossée de l’accord initial : en enlevant et le préambule et l’article 5 lequel prévoit la prise en charge par le patron du différentiel à la fin du versement des aides ; dans un an pour les collectivités et dans trois ans pour ce qui est de la part de l’état. Il y a donc 30000 travailleurs qui sont exclus complètement de cette disposition, donc de l’accord Bino initial.

Enfin il s’agissait de dénoncer le fait que la plupart des dispositions contenues dans l’accord signé le 4 mars 2009 ne sont pas encore appliquées.
Premier exemple : L’état s’était engagé à ce que les 100 euros qu’il versait et les 50 euro des collectivités seraient payés à partir du mois d’avril et au plus tard au mois de mai, avec rappel. Aujourd’hui nous entendons qu’il y a des déclarations écrites faites dans les journaux qu’ils paieront en juillet. Et le préfet va lui plus loin en affirmant qu’il paiera juillet et verra s’il pourra payer ces 100 euro tous les 3 mois ! Comme s’il s’agissait d’une pension de retraite. Là aussi nous disons que les dispositions arrêtées ensemble ne sont pas respectées. La première chose qu’il leur appartient de faire, c’est d’appliquer ce qui a été arrêté et signé. Ensuite seulement nous ferons le point pour savoir dans quelles conditions les choses se passent. Mais si ils ne l’appliquent pas du tout c’est qu’il y a un problème.
Autre exemple de ce que nous dénoncions : des négociations ont été menées avec les grandes surfaces. Après de vifs débats, ils ont fini par accepter une baisse sur la base des prix que nous demandions. Mais arrivé à l’application de cette baisse qu’avons-nous constaté depuis ? Un, que toutes les denrées ne figurant pas dans la liste des 100 produits de première nécessité ont augmenté en flèche. Deux, que les produits de 1ere nécessité qui ont baissé, eh bien, il faut une loupe sinon un microscope pour les chercher à l’intérieur des rayons. 3eme chose constatée : dans le même temps qu’ils augmentent les autres produits, ils vous font croire qu’ils font des promotions. Mais que ces promotions consistaient à proposer aux clients l’achat de gros lots. Par exemple : 10 boites de lessive, 5 packs de coca, un carton de 10 à 15 kilos de cuisses de poulet. Autrement dit, il faut s’acheter 3 congélateurs et prendre plusieurs chariots sur les parkings ; mais également faire un prêt à la banque pour payer ces courses. Autrement dit, ils veulent réhabituer le peuple à non seulement pousser des chariots, mais en plus y aller en famille pour pousser tous ces chariots. C’est cela qu’ils sont en train de faire !

Voilà ce que nous dénonçons ! Et dans le même temps que nous le faisons, que constatons nous ?! Que tout le monde se tait : l’état prend son pied aux états généraux avec ses fonctionnaires ; et les élus politiques font des petites combines sur le dos du peuple. Voilà le sens de la manifestation de Basse Terre avec comme objectifs de sensibiliser la population et d’interpeller à la fois l’état et les politiques sur cette question. C’est pourquoi nous avons prévu de faire cette manifestation en trois temps.

1er temps : Sensibiliser la population basse-terrienne à travers un défilé dans les rues de la ville. Il y avait entre 8 et 10 mille personnes défilant en conscience et en responsabilité. Sans bruit, sans désordre, gentiment. La manifestation s’est bien passée, il n’y avait comme d’habitude aucune difficulté.
2e temps : Il faut que le peuple, compte tenu de son niveau de mécontentement et compte tenu du fait qu’il s’est déjà mobilisé pendant 44 jours se mobilise et aille là ou ces messieurs se rassemblent pour comploter. Il fallait que le peuple y aille pour voir comment cela se passait. Nous lui avons dit que nous rentrons au conseil général qui est à nous au peuple, à tout le monde. Nous y entrons, sans rien casser, sans rien briser. Nous y allons pour parler. Nous y entrons et nous nous y installons. Lorsque que nous finirons de parler entre nous, nous sortirons et nous leur donnerons la place pour leur réunion.
Et à ce moment, comme nous avons été invités, nous entrerons a nouveau, non pour leur dire ce qu’ils attendent qu’on leur dise… mais bien ce que nous, nous avons à leur dire, par rapport à ce que nous attendons d’eux. Et qu’attendons-nous d’eux ?! D’abord en tant qu’élus guadeloupéens, qu’ils prennent leurs responsabilités vis-à-vis du peuple qui les a mis en place et qu’ils soulagent les souffrances du peuple et qu’ils disent à l’état et au patronat de respecter les guadeloupéens. Nous ne pouvons pas admettre qu’il y ait 750 personnes menacées de licenciement dans l’hôtellerie ; nous ne pouvons pas admettre qu’il y ait des travailleurs en grève depuis si longtemps ; dont les certaines grèves impliquant directement le président du conseil général, comme à la MDE.

Leur dire que nous sommes d’accord pour travailler demain, mais que les sacs vides ne tiennent pas debout… Qu’ils doivent donc dès maintenant nous dire comment ensemble nous allons travailler dès aujourd’hui sur ces sujets et quelles dispositions ils entendent prendre pour faciliter la résolution de ces problèmes. C’est cela que nous appelons une interpellation des élus politiques. Tels étaient les objectifs de cette manifestation à Basse-Terre.

Comment cela s’est-il passé ?

Lorsque nous sommes arrivés, et j’en profite pour démystifier, tout le monde savait comment le LKP fonctionne : il y a devant la sécurité et les responsables. Il n’y a jamais eu de débordement dans nos manifestations. Cela ne s’est jamais produit. Le service de sécurité est dimensionné eu égard à la taille de nos manifestations. Le service de sécurité est dirigé par des professionnels. Il y a un maillage de militants professionnels et de bénévoles.

Nous surveillons également les débordements sachant qu’il y a des professionnels de la subversion et de la provocation : Il s’agit des RG qui sont présents, des officiers de police judiciaire présents pour constater les dérapages, il y a également les services de la DST, il faut le dire, (contre espionnage) présents dans la manifestation avec un rôle plus politique. Nous les voyons, nous savons qui ils sont, nous les avons déjà identifiés et savons le rôle qui est le leur.

Arrivés au devant du conseil général, rien ne s’est fait dans la pagaille. Même s’il y a 48 responsables au sein du LKP, il y a toujours un de ces camarades qui se voit charger d’aller voir le responsable du lieu vers où l’on se dirige. Il a donc rencontré Pierre Reinette et lui a expliqué ce que nous venions faire. Et informé du fait que nous libérerions les lieux pour le Congrès. Nous avons aussi rencontré les personnels, dont la plupart est syndiquée à l’UGTG à FO à la CGTG, à la CFDT, à la CFTC. Et il n’y a pas longtemps, c’est moi qui ai mené les négociations avec l’intersyndicale, le LKP et le Conseil général sur les problèmes rencontrés par ces personnels ; notamment une cellule d’appui psychologique pour les souffrances qu’elles éprouvent et aux harcèlements qu’ils subissent de la part de certains directeurs et chefs de service.

Il n’y a donc eu aucun incident. De plus ces personnes avaient déjà terminé la mise en place de la salle. Il n’y a eu aucune pression sur personne et à aucun moment. Quant à Pierre Reinette, je suis très étonné, surpris et même choqué d’entendre sur les ondes radio que le président de conseil général a fait un communiqué affirmant que Pierre Reinette aurait été molesté. Il est impossible qu’une seule personne ait pu avoir ne serait ce qu’une altercation avec Pierre Reinnete, un guadeloupéen que tout le monde connait et respecte. Nous disons que c’est inadmissible.

Mais tout a une explication... GILLOT sait très bien que non seulement, aucune personne, aucun responsable n’agressera ni Pierre Reinette ni personne d’autre ; mais que personne ne se retrouvera en situation incontrôlée dans une de nos manifestations ; pour qu’un tel dérapage survienne. Sachant cela, lorsqu’on fait une telle déclaration, cela signifie précisément que l’on poursuit un objectif précis. Et c’est extrêmement grave. Les déclarations et les propos de GILLOT et surtout de LUREL vis-à-vis du mouvement... Pour LUREL, cela ne nous étonne pas : il a toujours, craché, toujours vomi sur ce mouvement. Puisque ce mouvement le gène. Ce mouvement remet en cause toute une série de comportements qu’il a vis-à-vis du peuple guadeloupéen. Il n’aime pas un peuple debout, il ne l’aime que couché ou tenant en main un bulletin de vote à son nom. Mais de la part de GILLOT… Il est complètement dépassé. Et il a aussi dépassé la limite. Il a été jusqu’à dire que nous avons essayé de mettre des divisions entre LUREL et lui. Mais en lisant le quotidien France-Antilles du jeudi 7 mai : qui critique avec véhémence le Congrès ?! Ce n’est pas nous mais précisément… Victorin LUREL.

Voilà donc un homme, GILLOT, tombé en pleine mer, ne sachant pas nager et à qui nous avons tendu une bouée… Pour qu’il puisse tenter de s’en sortir… Que lui restait-il à faire. En pareil cas, on n’a qu’une chose à faire après s’y être accroché : suivre le courant. Soit celui-ci vous emmènera vers la terre ferme et vous serez sauvé, soit il vous entraînera vers le large ; et là, un bateau de passage pourra vous récupérer. Mais notre homme a voulu aller trop vite : il a vu passer un requin, a pris ce dernier pour un hors bord et y a embarqué. Mais ce qu’il ignore c’est que ce requin a déjà un harpon ; qu’il a été harponné par le peuple. Que fera ce requin, sinon plonger et le noyer. C’est ce qu’il est en train faire présentement.

C’est pourquoi, sur la question de l’agression dont il a parlé, nous disons à GILLOT, qu’il lui appartient le plus rapidement possible, le plus rapidement possible, de faire un communiqué de démenti où il s’excusera devant le peuple de Guadeloupe pour ces mensonges tenus sur le mouvement.

Deuxième chose, au regard de ses déclarations faites avec LUREL parlant d’insurrection, de coup d’état, que c’est une atteinte grave à la démocratie… Nous disons non : Le peuple a parfaitement le droit de pénétrer dans l’enceinte du Conseil général, pour manifester, de façon symbolique, son mécontentement par rapport au fonctionnement des élus politiques !

Et nous tenons à préciser que si nous étions venus avec l’intention d’empêcher la tenue de ce Congrès des élus, nous aurions attendu que leur réunion démarre pour y débarquer. Nous sommes venus suffisamment tôt, bien avant l’heure prévue pour le Congrès [14H30] ; nous nous sommes installés ; avons symboliquement occupé les lieux ; gentiment, de manière contrôlée et clean…

A l’heure prévue pour la réunion nous nous sommes retirés de la salle. Pour nous placer là où se tient le public : à l’extérieur de l’enceinte ou à l’arrière de la salle – derrière l’espace réservé aux élus.

Or qu’avons-nous constaté ? Eh bien que ces messieurs ont préféré jouer aux vierges effarouchées, car incapables de supporter la sueur du peuple, la présence de milliers de personnes autour du Conseil général.

Ce peuple ils ne l’aiment que lorsqu’il est transformé en bulletin de vote… Ils ont préféré se réfugier… aux sous-sols du Conseil régional – peut-on l’imaginer - pour tenir une conférence de presse afin de vomir sur le peuple, de le mépriser et de nous faire passer pour des sauvages et des putchistes. Et allant jusqu’à parler d’insurrection.

 
Au centre : le larbin Rayapin

Ka nou pé konpwann adan on sitiasyon kon sa ?

Voilà des gens élus, face à un peuple en souffrance, face à un peuple en difficulté, qui crie au secours et leur demande ce qu’ils font, eux, après toutes ces mobilisations, après ces 44 jours… Et c’est ce comportement qu’ils décident d’adopter contre ce peuple là !

Chacun devra assumer ses responsabilités, de même qu’ils devront assumer la propagande éhontée qu’ils ont tenté de faire avec, non les média mais des hommes politiques déguisés en journalistes. Je prends mes responsabilités en le disant : il est inadmissible que RFO ait pu permettre à ERIC RAYAPIN – qui est un élu politique, de la majorité du Conseil général et du Conseil général, qui a figuré en troisième position sur la liste Moutoussamy [aux dernières élections municipales] et qui a tenu des propos d’une extrême gravité lors de cette campagne des municipales contre des citoyens figurant sur la liste de Laurent Bernier – puisse se retrouver en tant que journaliste politique en service commandé à faire des commentaires. Il faut que le peuple exige que Rayapin soit retiré des émissions politiques de RFO, pour lui confier la rubrique des faits divers et des reportages sportifs !

Je préfère encore que ce soit LUREL ou GILLOT qui fasse les reportages et couvrent de tels évènements ! Car vaut mieux avoir à faire à dieu qu’à ses saints…

Rosan Mounien,
Samedi 9 mai 2009

Source : Radyotanbou

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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 14:17
TOUS CRÉOLES !
La diaspora créole de l’hexagone, particulièrement touchée par les incidents survenus en marge des grèves de Martinique et de Guadeloupe et consciente du fait que l’avenir de ces départements passera par l’acceptation réciproque de toutes les composantes de leurs sociétés, se fédère autour de la création de l’antenne parisienne de l’association Tous Créoles !

L’association Tous Créoles ! (fondée en Martinique  en 2001 par Roger de Jaham, Hector Elizabeth et Gérard Dorwling-Carter) participe à cette démarche qui consiste à tenter de comprendre cet Autre qui est notre voisin de tous les jours et avec qui nous devons vivre.

Tous s’accordent à dire en effet que les événements qui se sont déroulés en outre mer ces derniers mois ont, pour une grande part, un fondement identitaire.  L’histoire de la Caraïbe, d’autant plus douloureuse que partiellement digérée, a notamment laissé comme stigmates des incompréhensions entre les diverses composantes (amérindiennes, africaines, européennes, indiennes, sino-vietnamiennes, libanaises, syriennes…) de ces populations.

Tous Créoles !, décidée à accepter l’héritage légué par le passé, se donne pour ambition de contribuer à l’édification d’une créolité acceptée, apaisée et affranchie de tout sectarisme. A travers des rencontres, des débats, des événements culturels (dont le calendrier est en cours d’élaboration), Tous Créoles ! a pour ambition d’œuvrer afin de permettre aux composantes de cette créolité de mieux  se connaître et se respecter, ceci dans leurs différentes singularités.

Roger de Jaham, Président de Tous Créoles ! Martinique , Nathalie Fanfant, Présidente de Tous Créoles ! Paris, les Vice Présidents, Dominique de la Guigneraye et Grégory Kromwell, vous invitent à la réunion publique qui aura lieu le mardi 19 mai à partir de 18h dans la Salle des Mariages de la Mairie du 1er arrondissement , 4 Place du Louvre.

 
Tous Créoles
Communication :
Béatris Compère - 0603242609
Touali Montredon - 0674532197
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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 02:36
Le Village est aux Abymes, demain
Le Village des états généraux de l’Outre-mer est ce mercredi aux Abymes, Espace Sonis, à partir de 16 h 30, suivis d’une conférence-débat à partir de 18 h 30, en salle de conférence.

Les ateliers
Les huit ateliers seront installés au sein de l’équipement. Une signalétique adaptée à l’entrée et au sein de l’équipement permettra de répartir les visiteurs entre les stands. Des équipements de sonorisation autoriseront des mini-débats pendant les ateliers.
Seront disponibles dans les stands : registre, flyers et questionnaires. 

Le débat
La place des jeunes dans le développement de la Guadeloupe 

Animateur : Frédéric Arron, président d’association 
Horaire : à partir de 18 h 30 (une fin tardive doit être envisagée)
Public : accès libre (200 sièges)
Le public sera dans la salle et sur la scène, afin de favoriser les échanges. Il sera possible de circuler dans la salle, les portes restant ouvertes ; le débat sera retransmis sur le parvis. 

Le Village des états généraux de l’Outre-mer est ce mercredi aux Abymes, Espace Sonis, à partir de 16 h 30, suivis d’une conférence-débat à partir de 18 h 30, en salle de conférence.

Les ateliers
Les huit ateliers seront installés au sein de l’équipement. Une signalétique adaptée à l’entrée et au sein de l’équipement permettra de répartir les visiteurs entre les stands. Des équipements de sonorisation autoriseront des mini-débats pendant les ateliers.
Seront disponibles dans les stands : registre, flyers et questionnaires. 

Le débat
La place des jeunes dans le développement de la Guadeloupe 

Animateur : Frédéric Arron, président d’association 
Horaire : à partir de 18 h 30 (une fin tardive doit être envisagée)
Public : accès libre (200 sièges)
Le public sera dans la salle et sur la scène, afin de favoriser les échanges. Il sera possible de circuler dans la salle, les portes restant ouvertes ; le débat sera retransmis sur le parvis.
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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 02:35
PETITES PHRASES d'YVES JÉGO
A propos des états généraux :
C'est un exercice difficile que celui de l'intelligence partagée, mais aujourd'hui les choses se sont bien accélérées. On a des équipes rôdées, des réunions qui accueillent beaucoup de monde, et notre site internet a recueilli plus de 500 contributions en quelques jours.


Sur l'intrusion du LKP au Congrès :
Ce n'est pas en bâillonnant la démocratie qu'on trouvera des solutions. J'espère que le LKP, pour qui la violence semble être la seule voie, comprendra qu'une fois que la grève est finie, il faut savoir passer à une nouvelle étape.


Sur l'accord sur l'augmentation des salaires de 200 euros :
L'Etat sera à la hauteur de ses engagements, nous ne piégerons pas les salariés. Il n'y a que les gens de mauvaise foi qui pensent qu'il faudrait rouvrir aujourd'hui un conflit parce qu'on ne sait pas quelle sera la situation de l'économie dans trois ans.
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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 02:34
La Semaine de la presse a débuté hier
Initialement prévue aux mêmes dates que l’opération nationale, l’édition académique de la 20e Semaine de la presse et des médias dans l'école® (SPME ou Semaine) a dû être déplacée à la semaine du 11 au 16 mai en raison des événements que la Guadeloupe a connus en début d’année civile.
Le comité de pilotage du CLEMI a choisi cette année d’inviter les équipes pédagogiques à traiter le thème de la Déclaration des Droits de l’Homme : « 220 ans après la promulgation de la Déclaration des Droits de l’Homme, qu’en est-il des libertés individuelles, du respect des différences et de la solidarité ? »
Le conseil général de la Guadeloupe a participé au jury du concours d’illustration de l’affiche de la Semaine. Après en avoir assuré la mise en forme avec l’illustration lauréate, celle-ci a été tirée à 1 500 exemplaires par le service Edition. Les différents lauréats sont visibles sur le site Internet du conseil.
Comme les années précédentes, dès le mois d’octobre, le CLEMI Guadeloupe a noué des partenariats avec les ténors des médias locaux : RFO Guadeloupe et RCI pour la télévision et la radio, France-Antilles et Sept magazine pour la presse écrite afin d’établir la programmation de la Semaine. Cependant, les actions prévues lors des prises de contact, de plus grande envergure que celles de l’année dernière à l’occasion du 20e anniversaire de la Semaine, ainsi que les visites n’ont pu être maintenues, priorité étant donnée au rattrapage scolaire. Les déplacements des professionnels dans les établissements scolaires ont toutefois été programmés, soit directement par ces derniers, soit par l’entremise du CLEMI. Radio inter s’cool, radio en milieu scolaire de l’académie, a suivi et diffusé les différents jurys et résultats des concours académiques.
 
Un travail de fourmi
Le Parc national de la Guadeloupe a proposé de réitérer le concours de productions audiovisuelles Man and Biosphère. Il s’agissait de mettre en avant les éléments qui caractérisent, définissent et distinguent les espaces naturels de la Guadeloupe d’autres régions comparables du monde tropical. Les productions devaient montrer les usages et les modes d’appropriation de ces espaces ainsi que les menaces qui pèsent sur eux et les moyens de préservation. Ce projet a reçu l’aval enthousiaste des IA-Inspecteur pédagogiques régionaux Sciences de la Vie et de la Terre, Histoire-Géographie et Etablissements et Vie scolaire. Cependant, l’amputation forcée de l’année scolaire n’a pas permis aux équipes pédagogiques de mener deux productions audiovisuelles sur des thèmes différents. Ce concours sera donc reconduit l’année scolaire prochaine. Les ateliers vidéo des collèges Les Roches gravées et Félix-Eboué, respectivement de Trois-Rivières et Petit-Bourg, seuls établissements ayant présenté une production, seront toutefois récompensés lors de la remise des prix.
Guadeloupe diffusion presse (GDP) a une nouvelle fois mis ses invendus à la disposition du CLEMI afin de confectionner les colis presse. Ceux-ci ont été réalisés à partir du 20 avril. Grâce à l’aide de l’équipe de la DAAC, ils ont pu être mis à la disposition des cinq établissements relais et de ceux de la région pontoise dès le 27 avril.
Les sociétés Ariane et La Librairie générale ont contribué aux dotations en cadeaux des différents concours de la Semaine.
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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 02:32
Escale en Guadeloupe pour Yves Jégo
Le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Yves Jégo est en Guadeloupe. Il est arrivé, hier, en fin de soirée.
Les points forts de sa visite d'une journée sont la relance de l'économie, le devenir des îles du Sud, le suivi des états généraux. Et une rencontre annoncée avec Elie Domota.
Il semble que les inondations dramatiques de la Martinique aient obligé Yves Jégo à se déplacer aux Antilles. Et comment ne pas venir dans la zone sans passer quelques heures en Guadeloupe, compte tenu de ce qui s'y passe ? C'est chose faite, aujourd'hui, avec un programme qui a changé plusieurs fois depuis la semaine dernière. Au gré des souhaits des uns et des autres de le rencontrer.
Trois moments importants de cette visite : la rencontre avec les acteurs de la relance de l'économie. C'est à l'IEDOM, ce matin, avant de quitter le continent pour Terre-de-Haut où le ministre sera reçu par les maires des îles du Sud pour un séminaire consacré à leurs problèmes (voir aussi en page 9). En fin de matinée, le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer rencontrera les présidents des ateliers des états généraux, à l'Espace régional du Raizet (voir en page 6 l'état de leurs travaux).
A ce propos, il estime que « les choses se sont bien accélérées », dans une interview parue hier dans Métro. Mi-avril, il avait reconnu que ces états généraux avaient « démarré avec un moteur diesel ».

Une rencontre avec Domota
M. Jégo a répété que Nicolas Sarkozy viendrait aux Antilles « avant la fin des Etats généraux » mais, a-t-il ajouté, « il faut cesser de faire de ce déplacement le pivot de toutes les questions, comme s'il était la seule réponse ».
Il s'est par ailleurs dit « très optimiste » sur la campagne de promotion du tourisme dans les Antilles qui propose des séjours à prix cassés jusqu'au 15 mai. « Nous attendons les chiffres des tour operators, mais on a dépassé les 130 000 consultations de séjours. Comme il n'y en a que 10 000 à vendre, nous sommes très optimistes ».
M. Jégo verra-t-il ou non Elie Domota, porte-parole du LKP, comme celui-ci l'a annoncé dimanche soir, sur RFO ? Il aura, en début d'après-midi, diverses audiences sur lesquelles la préfecture est muette. Alors, pourquoi pas une rencontre avec M. Domota que le ministre a souvent sur son portable, en dehors de toute présence médiatique, souvent perçue par l'un comme l'autre de ces hommes de pouvoir comme intrusive...
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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 02:28
TRIBUNE

Soutenons les luttes sociales mais défendons les principes démocratiques

Il s’est passé le jeudi 7 mai à Basse-Terre quelque chose de grave que nous, citoyens guadeloupéens, ne pouvons tolérer et qu’il faut éclaircir.

Le président du Conseil Général, Jacques Gillot, avait décidé de réunir en Congrès les élus de la Guadeloupe en invitant aussi de nombreux acteurs de la société civile dont Elie Domota et le LKP. Voulant apparemment tenir compte des critiques souvent adressées aux élus, Monsieur Gillot –du moins telle était son intention clairement exprimée- espérait « donner la parole aux citoyens » les invitant à « construire ensemble un projet guadeloupéen de société », selon les termes même de l’invitation adressée à tous. Il s’agissait, selon le Président du Conseil Général, d’élaborer ensemble une méthode. Il précisait qu’il recherchait là une démocratie plus « participative ».

Quoi qu’on puisse penser de l’opportunité d’un tel congrès, de ses visées politiques voire politiciennes –et nous signataires de cette déclaration ne sommes pas tous d’accord avec l’option politique des  présidents Gillot et Lurel- nous tenons à affirmer solennellement que les représentants politiques démocratiquement élus du peuple guadeloupéen ont parfaitement le droit d’élaborer, comme ils l’entendent, leur stratégie politique. Leur refuser ce droit c’est porter atteinte aux libertés démocratiques du peuple guadeloupéen. Or, c’est exactement ce qui s’est passé à Basse-Terre : un acte dont la nature profonde a consisté à refuser aux élus le droit d’exercer leur mandat électif. Mais ce fut subtil. Subtil, car cet acte s’est déguisé pour éviter qu’il ne soit perçu pour ce qu’il est : une atteinte à la démocratie qui s’apparente à une insurrection. Les habits du déguisement ? Un certain usage du temps et de l’ordre : agir avant la tenue du congrès et faire mine de ranger la salle (prétendument occupée symboliquement) pour échapper au soupçon de l’antidémocratisme. Cette occupation tumultueuse  avec intimidation du personnel administratif et déplacement de sièges et de matériels nécessaires à l’organisation de la séance excluait de fait les participants. Un débat serein pouvant difficilement être conduit dans de telles conditions, l’annulation du Congrès par le Président du Conseil général s’imposait

Le LKP joue avec le feu sur une poudrière. Envahir le Palais du Conseil Général, lieu emblématique de l’exercice de la démocratie et cela depuis les lendemains de l’abolition de l’esclavage, en affirmant lancer un « avertissement » aux élus, constitue bel et bien une remise en cause de la légitimité électorale. Nous ne pouvons qu’attirer l’attention sur l’ambigüité du terme avertissement : prévention ou menace ?

Les dirigeants du LKP se justifient en déclarant qu’ils sont pèp-la, que c’est la rue qui gouverne et avouent qu’ils veulent remplacer la démocratie représentative par la démocratie directe sous prétexte que la première serait « en panne ». Si en effet le vote n’est pas le tout de la démocratie, il en est le passage obligé, insuffisant certes, mais nécessaire. La question rectrice que nous posons au LKP : de quel droit ? La défense des travailleurs ne doit en aucun cas être attentatoire à la vie de la démocratie. Quand il décide d’envahir le palais du Conseil Général sous prétexte que la démocratie serait en panne, le LKP s’octroie un droit que le peuple souverain ne lui a pas confié. Il s’agit là d’un coup de force. Penser que la démocratie représentative est en panne est une opinion. On peut la partager ou pas. Envahir le palais du Conseil Général est un acte qui appelle une qualification. Commettre l’acte en s’autorisant de sa seule opinion est démocratiquement dangereux. Confondre imprudemment la foule et le peuple, prétendre incarner le peuple sans aucune médiation et sans aucune procédure collectivement élaborée et approuvée, voilà ce qui nous semble gravissime. Le cahier de revendications du LKP n’est pas la Constitution guadeloupéenne.

Beaucoup d’entre-nous avons soutenu les revendications sociales exprimées par le LKP et, aujourd’hui encore, on peut estimer que les revendications des travailleurs sont pour l’essentiel légitimes. Mais, avec ce triste événement de Basse-Terre, on est passé d’une revendication sociale et sociétale soutenue par une majorité de Guadeloupéens à une posture politique du LKP. Cette posture joue avec les principes fondamentaux de la démocratie et nous, simples citoyens guadeloupéens, soucieux de l’évolution positive de notre pays, quelles que soient les options politiques de chacun d’entre nous, unissons ici nos voix pour déclarer que ce jeu est dangereux. Il constitue une remise en cause voilée de ces principes démocratiques.

Donc, une ferme mise au point s’impose. Elle s’impose d’autant plus que cette remise en cause s’est avancée masquée dans l’hémicycle du palais du Conseil Général. Nous déclarons être profondément attachés aux principes démocratiques devant structurer la vie publique, l’exercice de la citoyenneté, toutes choses pour lesquelles nos ancêtres se sont battus. Seuls ces principes peuvent permettre non seulement un débat constructif et pacifique au sein de la société guadeloupéenne, mais plus important encore, sa propre survie.


Pour nous, la démocratie, c’est aussi bien la possibilité  de la liberté d’expression de toutes les opinions, fussent-elles minoritaires, le débat public, la représentation politique exprimée par le vote, ce qu’on appelle la démocratie représentative, que le droit aussi de manifester dans la rue son mécontentement. Mais un pouvoir social manifesté légitimement dans la rue –et quel que soit son succès- s’il peut renforcer positivement les choix politiques des élus, ne peut tenir lieu de pouvoir politique sauf bien sûr quand les conditions d’une vie politique démocratique ne sont pas réunies, ce qui n’est pas le cas dans la Guadeloupe d’aujourd’hui. Autrement, nous entrons dans une logique où l’autorité charismatique du leader ou du groupe l’emporte sur celle de la loi commune.

En conclusion, même si nous reconnaissons le droit qu’a LKP de faire avancer ses revendications, sans doute légitimes, nous condamnons fermement sa double prétention
 1- sa prétention à incarner à lui seul le peuple, tout le peuple, et ainsi à parler en son nom
 2- sa prétention à détenir un pouvoir directement issu de la rue et ainsi disqualifier la représentation politique. Cette disqualification ayant pour fonction de nier du coup la légitimité par le vote. Cette double prétention est grosse de toutes les dérives y compris celle de nous orienter vers le cycle mortifère de la violence et de la guerre civile ou affrontements graves entre Guadeloupéens. Est-ce l’intérêt de la Guadeloupe ? Assurément, non !

Parce que nous soutenons les luttes sociales tout en étant fermes sur les principes fondamentaux de la démocratie dans notre pays, nous tenions à mettre en lumière ce qui fait la gravité de l’événement de Basse-Terre.

Première signatures par ordre alphabétique :

Albina Tony (enseignant) ; Boucard Harry (enseignant) ; Boutin Raymond (historien) ; Cazimir-Jeanon René (Journaliste Honoraire) ; Comper Gaelle (universitaire) ; Dahomay David (enseignant) ; Dahomay Jacky (enseignant) ; Deriau-Reine Sonia (enseignante) ; Diman Delile (cadre à l’INSEE) ; Ducosson Dany (psychiatre) ; Hermantin Fred (Président de la ligue des Droits de l’homme de la Guadeloupe) ; Hermantin Evelyne (enseignante) : Lubeth Guy (enseignant) ; Maragnes Daniel (enseignant) ; Morton Claude (enseignant) ; Rolle William (Présidente le la ligue des droits de l’homme de la Martinique) ; Rovelas Jorge ; Reinette Pierre (Directeur des services au Conseil Général) ; Saad Christian (universitaire) ; Savanah Charles (enseignant) ; Toomiche Paul (ancien syndicaliste) ; Toumson Roger (universitaire)


Soutenons les luttes sociales mais défendons les principes démocratiques.



Il s’est passé le jeudi 7 mai à Basse-Terre quelque chose de grave que nous, citoyens guadeloupéens, ne pouvons tolérer et qu’il faut éclaircir.

Le président du Conseil Général, Jacques Gillot, avait décidé de réunir en Congrès les élus de la Guadeloupe en invitant aussi de nombreux acteurs de la société civile dont Elie Domota et le LKP. Voulant apparemment tenir compte des critiques souvent adressées aux élus, Monsieur Gillot –du moins telle était son intention clairement exprimée- espérait « donner la parole aux citoyens » les invitant à « construire ensemble un projet guadeloupéen de société », selon les termes même de l’invitation adressée à tous. Il s’agissait, selon le Président du Conseil Général, d’élaborer ensemble une méthode. Il précisait qu’il recherchait là une démocratie plus « participative ».

Quoi qu’on puisse penser de l’opportunité d’un tel congrès, de ses visées politiques voire politiciennes –et nous signataires de cette déclaration ne sommes pas tous d’accord avec l’option politique des  présidents Gillot et Lurel- nous tenons à affirmer solennellement que les représentants politiques démocratiquement élus du peuple guadeloupéen ont parfaitement le droit d’élaborer, comme ils l’entendent, leur stratégie politique. Leur refuser ce droit c’est porter atteinte aux libertés démocratiques du peuple guadeloupéen. Or, c’est exactement ce qui s’est passé à Basse-Terre : un acte dont la nature profonde a consisté à refuser aux élus le droit d’exercer leur mandat électif. Mais ce fut subtil. Subtil, car cet acte s’est déguisé pour éviter qu’il ne soit perçu pour ce qu’il est : une atteinte à la démocratie qui s’apparente à une insurrection. Les habits du déguisement ? Un certain usage du temps et de l’ordre : agir avant la tenue du congrès et faire mine de ranger la salle (prétendument occupée symboliquement) pour échapper au soupçon de l’antidémocratisme. Cette occupation tumultueuse  avec intimidation du personnel administratif et déplacement de sièges et de matériels nécessaires à l’organisation de la séance excluait de fait les participants. Un débat serein pouvant difficilement être conduit dans de telles conditions, l’annulation du Congrès par le Président du Conseil général s’imposait

Le LKP joue avec le feu sur une poudrière. Envahir le Palais du Conseil Général, lieu emblématique de l’exercice de la démocratie et cela depuis les lendemains de l’abolition de l’esclavage, en affirmant lancer un « avertissement » aux élus, constitue bel et bien une remise en cause de la légitimité électorale. Nous ne pouvons qu’attirer l’attention sur l’ambigüité du terme avertissement : prévention ou menace ?

Les dirigeants du LKP se justifient en déclarant qu’ils sont pèp-la, que c’est la rue qui gouverne et avouent qu’ils veulent remplacer la démocratie représentative par la démocratie directe sous prétexte que la première serait « en panne ». Si en effet le vote n’est pas le tout de la démocratie, il en est le passage obligé, insuffisant certes, mais nécessaire. La question rectrice que nous posons au LKP : de quel droit ? La défense des travailleurs ne doit en aucun cas être attentatoire à la vie de la démocratie. Quand il décide d’envahir le palais du Conseil Général sous prétexte que la démocratie serait en panne, le LKP s’octroie un droit que le peuple souverain ne lui a pas confié. Il s’agit là d’un coup de force. Penser que la démocratie représentative est en panne est une opinion. On peut la partager ou pas. Envahir le palais du Conseil Général est un acte qui appelle une qualification. Commettre l’acte en s’autorisant de sa seule opinion est démocratiquement dangereux. Confondre imprudemment la foule et le peuple, prétendre incarner le peuple sans aucune médiation et sans aucune procédure collectivement élaborée et approuvée, voilà ce qui nous semble gravissime. Le cahier de revendications du LKP n’est pas la Constitution guadeloupéenne.

Beaucoup d’entre-nous avons soutenu les revendications sociales exprimées par le LKP et, aujourd’hui encore, on peut estimer que les revendications des travailleurs sont pour l’essentiel légitimes. Mais, avec ce triste événement de Basse-Terre, on est passé d’une revendication sociale et sociétale soutenue par une majorité de Guadeloupéens à une posture politique du LKP. Cette posture joue avec les principes fondamentaux de la démocratie et nous, simples citoyens guadeloupéens, soucieux de l’évolution positive de notre pays, quelles que soient les options politiques de chacun d’entre nous, unissons ici nos voix pour déclarer que ce jeu est dangereux. Il constitue une remise en cause voilée de ces principes démocratiques.

Donc, une ferme mise au point s’impose. Elle s’impose d’autant plus que cette remise en cause s’est avancée masquée dans l’hémicycle du palais du Conseil Général. Nous déclarons être profondément attachés aux principes démocratiques devant structurer la vie publique, l’exercice de la citoyenneté, toutes choses pour lesquelles nos ancêtres se sont battus. Seuls ces principes peuvent permettre non seulement un débat constructif et pacifique au sein de la société guadeloupéenne, mais plus important encore, sa propre survie.


Pour nous, la démocratie, c’est aussi bien la possibilité  de la liberté d’expression de toutes les opinions, fussent-elles minoritaires, le débat public, la représentation politique exprimée par le vote, ce qu’on appelle la démocratie représentative, que le droit aussi de manifester dans la rue son mécontentement. Mais un pouvoir social manifesté légitimement dans la rue –et quel que soit son succès- s’il peut renforcer positivement les choix politiques des élus, ne peut tenir lieu de pouvoir politique sauf bien sûr quand les conditions d’une vie politique démocratique ne sont pas réunies, ce qui n’est pas le cas dans la Guadeloupe d’aujourd’hui. Autrement, nous entrons dans une logique où l’autorité charismatique du leader ou du groupe l’emporte sur celle de la loi commune.

En conclusion, même si nous reconnaissons le droit qu’a LKP de faire avancer ses revendications, sans doute légitimes, nous condamnons fermement sa double prétention
 1- sa prétention à incarner à lui seul le peuple, tout le peuple, et ainsi à parler en son nom
 2- sa prétention à détenir un pouvoir directement issu de la rue et ainsi disqualifier la représentation politique. Cette disqualification ayant pour fonction de nier du coup la légitimité par le vote. Cette double prétention est grosse de toutes les dérives y compris celle de nous orienter vers le cycle mortifère de la violence et de la guerre civile ou affrontements graves entre Guadeloupéens. Est-ce l’intérêt de la Guadeloupe ? Assurément, non !

Parce que nous soutenons les luttes sociales tout en étant fermes sur les principes fondamentaux de la démocratie dans notre pays, nous tenions à mettre en lumière ce qui fait la gravité de l’événement de Basse-Terre.

Première signatures par ordre alphabétique :

Albina Tony (enseignant) ; Boucard Harry (enseignant) ; Boutin Raymond (historien) ; Cazimir-Jeanon René (Journaliste Honoraire) ; Comper Gaelle (universitaire) ; Dahomay David (enseignant) ; Dahomay Jacky (enseignant) ; Deriau-Reine Sonia (enseignante) ; Diman Delile (cadre à l’INSEE) ; Ducosson Dany (psychiatre) ; Hermantin Fred (Président de la ligue des Droits de l’homme de la Guadeloupe) ; Hermantin Evelyne (enseignante) : Lubeth Guy (enseignant) ; Maragnes Daniel (enseignant) ; Morton Claude (enseignant) ; Rolle William (Présidente le la ligue des droits de l’homme de la Martinique) ; Rovelas Jorge ; Reinette Pierre (Directeur des services au Conseil Général) ; Saad Christian (universitaire) ; Savanah Charles (enseignant) ; Toomiche Paul (ancien syndicaliste) ; Toumson Roger (universitaire)



Pour signer la pétition, allez sur : link
www.mediapart.fr/club/blog/david-dahomay/110509/soutenons-les-luttes-sociales-mais-defendons-les-principes-democratiq#
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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 02:27
LE DISCOURS QUE N'A JAMAIS PRONONCÉ VICTORIN LUREL DEVANT LE CONGRÈS DE LA MÉTHODE


Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du Conseil général,
Mesdames et messieurs les conseillers généraux et régionaux,
Mesdames et messieurs ici présents,
Mes chers compatriotes,

Nous voici sur le point d’entamer un exercice nécessaire, mais singulier et délicat. Nous, les représentants élus du peuple, nous nous réunissons cet après-midi en Congrès pour discuter d’une méthode d’élaboration d’un projet guadeloupéen, alors qu’il apparaît clairement aux yeux de n’importe quel observateur que les Guadeloupéens ont encore beaucoup de mal à se parler entre eux dans un espace démocratique apaisé et dans une atmosphère sereine.

Deux mois, jour pour jour, après la signature d’un accord qui devait nous permettre de repartir sur des bases nouvelles, au terme d’une grève générale historique après laquelle, on l’a tellement dit, « plus rien ne serait comme avant » ; quatre mois ou presque, après le début de cette mobilisation populaire, qui a bouleversé bien des certitudes, ébranlé bien des convictions et défié jusqu’à présent la plupart des analyses : une partie de notre peuple est toujours en mouvement.

Des grèves se poursuivent avec leur lot de défilés, d’occupations de locaux et d’invectives entre Guadeloupéens. Ce matin même, Basse-Terre était le théâtre d’une nouvelle mobilisation syndicale qui se prolonge au moment où je parle à l’extérieur de l’enceinte du Conseil général. Cette tension toujours vive nous montre, s’il en était besoin, que la Guadeloupe peine à se relever de cette grande crise sociale. Elle nous montre aussi qu’un fossé est en train de se creuser entre ceux qui voudraient ouvrir un nouveau chapitre et repartir de l’avant, forts de l’élan et des réelles avancées générés par le mouvement social, et ceux qui estiment que la crise n’est pas encore mûre et qu’il faut coûte que coûte prolonger et prolonger encore l’instabilité pour atteindre une victoire totale par anéantissement, dont – au passage – on cache toujours soigneusement la finalité.

Or, les collectivités, les exécutifs, Jacques Gillot et moi-meme, se sont massivement engagées pour répondre aux urgences sociales. Pour la seule Région Guadeloupe, ce sont pas moins de 50 millions d’euros qui ont été mis sur la table. Nous avons immédiatement mis en œuvre l’application de notre part de l’accord du 4 mars. L’augmentation de 200 euros des bourses d’étudiants est déjà une réalité, la baisse de l’octroi de mer pour des milliers de produits est sur les rails, nous sommes sur le calendrier initial pour verser d’ici juillet notre part des 200 euros de l’accord Bino avec rappel des mois non versés depuis mars et la prime de 100 euros de vie chère sera également versée par la Région à ce moment-là. Et, nous recommandons toujours aux entreprises qui le peuvent de signer l’accord BINO.

Malgré cela, il y a une semaine, le 1er mai, le jusqu’au-boutisme, la persistance dans l’invective et l’insulte, cette Guadeloupe qui se dresse contre une autre Guadeloupe, a pris la voix du porte-parole du LKP :
 
- « Quelles que soient les méthodes que les travailleurs emploient, ils ont raison ! Quel que soit ce qu’ils peuvent faire, ils ont raison ! Quels que soient les séquestrations et les coups qu’ils peuvent foutre à ces gens-là, ils ont raison ! »

- Lurel et Gillot ? « Ils font tous partie d’une même bande de voleurs ».

- Man KOURY ? « Nous devons nous occuper de son cas. Wi, fo nou fann tchou ay ! »

- « Quand dans 6, 8 ou 3 mois ça pétera à nouveau, il faudra que chacun se dégotte un endroit où courir se cacher. Car nous n’accepterons pas les discours du type, ben oui, ce sont ces guadeloupéens…. Chacun devra choisir son camp ! »

- « Choisissez le modèle de société que vous voulez, choisissez ce que vous voulez, mais le peuple n’en fait pas partie, nous sommes en dehors. Et il faut à tout moment leur démontrer que c’est nous qui avons le pouvoir. »

Voilà donc où nous en sommes aujourd’hui, dans un « après-crise » qui ressemble furieusement aux plus « belles » heures des tensions de janvier et février.

Voilà où nous en sommes, dans une Guadeloupe où l’on ne respecte plus les personnes et où l’on foule au pied, dans l’indifférence, des principes élémentaires de la démocratie en pratiquant la menace, le mensonge, l’intimidation avec force posture de « ti mal ».

Voilà des syndicalistes qui, pour combattre des injustices, sont parfois prêts à instaurer de nouvelles injustices. Prêts à remplacer le mal par le pire.

Voilà cette Guadeloupe qui a du mal à se parler, à se respecter et qui, sur cette lancée, peut se préparer à vivre de nouvelles heures sombres.

Voilà cette posture que l’on répand, que l’on diffuse et qui consiste, en permanence, à rendre l’Autre, le patron, le voisin, le Français de France pour ne pas dire le « blanc », l’élu, l’immigré, seul responsable de nos maux.

Et voilà notre exercice singulier : discuter méthode, discuter projet guadeloupéen, sous la contrainte d’un mouvement qui, désormais ouvertement, conteste la légitimité des élus et qui, depuis la rue, refuse et promet de combattre par avance tout ce qui pourra sortir de nos travaux.

Si je suis là aujourd’hui, c’est justement parce que je crois nécessaire de réaffirmer ici solennellement que la Guadeloupe demeure et doit demeurer une démocratie.

Une démocratie au sein de laquelle les choix de société, les orientations politiques et les décisions économiques majeures se font dans les urnes, par le vote libre et sans contrainte.

Une démocratie au sein de laquelle on est libre d’avoir ses opinions et de penser différemment, sans avoir peur pour sa personne, pour sa famille ou pour ses biens.

Une démocratie dans laquelle les conflits, qu’ils soient sociaux ou civils, se règlent par le dialogue et, si besoin, devant la justice, mais pas systématiquement dans la rue.

La Guadeloupe, malgré le portrait de pays de cocagne qu’en font certains qui, eux aussi, prétendent l’aimer, possède d’abord en elle-même les ressources qui doivent lui permettre de se sortir de la crise dans laquelle elle est aujourd’hui plongée.

C’est une terre riche et fertile que nos voisins nous envient. C’est une jeunesse talentueuse et volontaire qui atteint l’excellence en de nombreux domaines et qui s’exporte dans le monde entier. C’est un esprit d’entreprise audacieux et dynamique qui nous classe régulièrement parmi les premières régions de France pour la création d’entreprises. Ce sont des femmes et des hommes qui, chaque jour, dans les associations, dans les institutions, s’emploient à faire progresser notre économie, à créer du lien social, à former les jeunes et les moins jeunes, à valoriser notre patrimoine culturel. Ce sont nos artistes et nos sportifs qui contribuent à faire rayonner la Guadeloupe par-delà nos petites frontières. Ce sont aussi des élus, oui j’ose le dire, qui savent travailler ensemble, comme la Région a su le faire avec le Département depuis 2004, pour mettre en commun leurs moyens, leur expertise et leurs ambitions afin de s’attaquer aux handicaps structurels qui sont les nôtres.

Oui !, chacun le sait, notre peuple, quand il se rassemble, est capable d’atteindre l’excellence. Il est capable de dépasser les blessures de l’histoire, de se libérer des chaînes du passé, de ne pas être l’esclave d’une mémoire douloureuse – comme le disait Frantz Fanon. Il est capable de ne pas s’attarder sur ce qu’on a fait de lui et de se préoccuper de ce qu’il fait lui même de ce qu’on a fait de lui.

Et si, comme dans bien d’autres pays, dans l’Hexagone, dans la Caraïbe toute proche, il est incontestable que notre société souffre d’injustices criantes, de situations tragiques pour des familles dans la détresse, pour une certaine jeunesse à la dérive, s’il est nécessaire de poursuivre avec constance la lutte contre toutes les profitations, contre tous les abus économiques, contre les rentes de monopoles, contre l’exploitation des salariés, et nous avons besoin de syndicats forts pour cela, il faut aussi avoir le courage de nous regarder tels que nous sommes. Il nous faut arriver à faire la part de nos forces et de nos faiblesses, sans fard, sans faux-semblants, et, surtout, arriver à faire la part de ce que nous devons attendre des autres, de l’Etat, des institutions, des élus, et de ce que nous avons, nous-mêmes, à faire sur nous-mêmes.

Il faut le faire pour dépasser l’image univoque que nous sommes en train de forger dans notre imaginaire et dans celui de ceux qui nous regardent : celle du peuple en lutte et en contestation permanentes, contre des ennemis de l’intérieur et de l’extérieur. Le peuple qui marche, résolu, déterminé, combattant, mais qui finit par ne plus savoir ce qu’il cherche en définitive.

Je m’interrogeais publiquement, il y a quelques jours : pourquoi glorifions-nous exclusivement les figures de résistance ? Certes, Delgrès est un personnage immense de notre Histoire, dont il nous reste d’ailleurs beaucoup à apprendre, mais pourquoi diable, dans notre Panthéon, n’y a-t-il pas d’autres figures ?

Pourquoi savons-nous si bien créer des liyannaj’ « contre » et beaucoup moins des liyannaj’ « pour » ?

Pourquoi savons-nous si bien combattre, alors qu’on a plus de mal à construire dans la durée ?

Pourquoi sommes-nous meilleurs dans la dénonciation que dans la proposition ?

Pourquoi avons-nous autant de difficultés avec la règle et l’autorité, aussi bien quand il s’agit de l’exercer que de la subir ?

Pourquoi l’Observatoire du dialogue social nous classe-t-il dernière région sur 26 pour le lien social, quand nous sommes à la 20ème place pour la performance économique, soit devant des régions hexagonales bien plus développées que la nôtre ?

Pourquoi cumulons nous une mortalité routière, une délinquance, un absentéisme au travail ou encore un taux de conflits sociaux records ?

Pourquoi battons-nous tous les records d’abstention aux élections ?

Pourquoi nos solidarités familiales sont-elles moins fortes aujourd’hui et si éloignées de ce que nos aînés nous ont transmis ?

Pourquoi nous, les hommes, laissons nos femmes élever seules nos enfants ? Pourquoi sommes-nous si absents ?

Peut-on sérieusement se poser ces questions et y répondre sans invoquer exclusivement le passé colonial ou le passé esclavagiste et prétendre que si nous en sommes là, nous n’y sommes pour rien ?

C’est comme si l’incroyable omniprésence dans le débat public des conflits du travail, en arrivaient à masquer d’autres réalités qui pèsent lourd sur notre lien social, sur notre vivre ensemble, sur notre vouloir vivre ensemble et sur notre savoir vivre ensemble. Pourtant, ces réalités, nous devons aussi les regarder en face et nous devons résolument y répondre.

Croyez le, c’est au moins aussi prioritaire que de résoudre tous les conflits sociaux en cours. Et, un projet guadeloupéen ne pourra faire l’impasse sur ces questions.

Il y a en effet dans notre société des non-dits, des contradictions, des frustrations, des problèmes qui, pour certains, datent de plusieurs décennies et on ne peut espérer les régler en quelques semaines, ou en quelques mois, ni même en une seule mandature du Conseil régional. On n’y arrivera pas non plus en dressant une Guadeloupe contre l’autre. Et, encore moins en fomentant un grand soir révolutionnaire qui, toujours, se traduit par des lendemains qui déchantent pour les plus faibles.

On ne peut, non plus, espérer progresser en ces domaines sans une prise de conscience, certes collective, mais qui parle d’abord à chacun d’entre nous, dans sa famille, dans sa vie de parents, dans sa vie de jeune futur adulte, dans sa vie d’aîné.

En fait, il s’agit aussi de changer l’Homme, d’évoluer vers un nouvel homme, un homo guadeloupensis.

Car, cette Guadeloupe qui a tant de mal à se parler, qui a tant de mal à se comprendre, qui a tant de mal à se respecter, il faut pourtant la rassembler.

Oui, il faut la rassembler pour que, de nouveau, elle avance et qu’elle progresse vers plus de justice, plus de tolérance et plus de lien social. Quand d’autres ont choisi d’exclure et de diviser, c’est notre responsabilité, à nous, élus du peuple, pour certains maires ou conseillers généraux depuis à peine un an, d’œuvrer à ce rassemblement sans concéder le moindre terrain à ceux qui pratiquent l’anathème et l’intolérance, avec de surcroît une curieuse conception du respect des libertés collectives et individuelles.

Un projet guadeloupéen peut évidemment contribuer à ce rassemblement. Mais, il doit s’adresser à toutes les Guadeloupéennes et à tous les Guadeloupéens, sans exclusive, et qu’il permette à chacun de pouvoir accéder à sa parcelle de bonheur, conquise dans la richesse que ce pays peut créer et non prélevée, préemptée ou confisquée au détriment de l’un ou l’autre de ses compatriotes.

La Guadeloupe est née diverse, multiethnique et multiconfessionnelle. Elle s’est construite par des bras de toutes les couleurs et un formidable métissage y est à l’œuvre. Mieux encore, une formidable créolisation la travaille. Il n’est qu’à regarder cette salle pour mesurer ce que nous sommes. La Guadeloupe est une terre accueillante qui s’enrichit, dans le moindre de ses interstices, de sa diversité et la haute idée que je me fais de mon pays me permet de dire que celui qui a fait le choix de s’enraciner ici, sans y être né, est aussi Guadeloupéen que celui qui, comme moi, y est né par hasard.

Toi l’indien, toi le béké, toi le blanc « péyi », toi le syro-libanais, toi le nègre, toi l’asiatique, toi le pied noir, que l’histoire ou la vie a conduit ici un beau jour, tu es de ce pays si tu es prêt à le bâtir, à t’y investir et à te sentir lié à cette communauté de destins que nous formons.

Ici, il y a un peuple avec ses traditions, avec sa culture, avec ses « mès et labitid », et quiconque les respecte et les partage, est le bienvenu et peut travailler, avec nous, à construire ce pays. Lorsque nous, antillais de couleurs, nous allons n’importe où dans le monde, nous n’attendons pas autre chose de ceux qui nous accueillent. Et nous nous révoltons, à juste titre, contre ceux qui ne nous acceptent pas, voire nous rejettent. Pourquoi faire à d’autres, ce que nous haïssons tant que l’on nous fasse ? Cela a-t-il un sens d’adopter la stupide loi du Talion, œil raciste pour œil raciste, dent injuste pour dent injuste ? « Si zot ka trété nou kon chyen, nou ké trété zot kon chien », eskè sé sa yo vlé pou péyi an nou ?

Parce que je sens, en ces temps troublés, que certains dans le pays sont prêt à vaciller sur ces principes et qu’ils pourraient succomber, en une période de crise économique grave, à la facilité d’identifier ce qu’il croit être à la source de ses problèmes et d’exiger d’en être débarrassé d’une façon ou d’une autre, je veux dire avec gravité que la Guadeloupe pour laquelle je me bats et pour laquelle je suis prêt à me battre encore ce n’est pas celle là.

Ce n’est pas celle des fermetures forcées de magasins, mais celle où règne un dialogue social apaisé.

Ce n’est pas celle du concours permanent de légitimité entre la rue et les élus, mais celle où la société civile participe au débat démocratique en respectant ses règles et en jouant un rôle de contre-pouvoir efficace.
Chômeurs,

Ce n’est pas celle d’une certaine culture de l’irresponsabilité qui conduit, comme dans le cas de l’ex-AFPA, certains anciens responsables de la structure à ne jamais évoquer leur propre rôle dans le naufrage de l’outil dont ils étaient les gestionnaires. Mais, celle où l’on a conscience qu’un euro, c’est un euro et qu’il faut de la rigueur de gestion dans toutes les structures, de l’association à la mairie en passant par l’entreprise ou la collectivité locale.

Cette Guadeloupe qui m’anime à chaque instant, ce n’est pas non plus celle du fantasme de l’oppression et de la répression coloniales que l’on instille désormais en permanence, alors que l’Etat n’a cessé de confier davantage de pouvoirs au niveau local et qu’il a mené avec la départementalisation, j’ose le redire ici, une forme originale de décolonisation. Tellement originale, il est vrai, que pendant plusieurs décennies, la loi de 1946 n’a pas été totalement appliquée chez nous et qu’il a fallu que les élus – comme quoi ils peuvent servir à quelque chose – arrachent progressivement l’égalité sociale.

La Guadeloupe pour laquelle je me bats, c’est celle pour laquelle nous avons élaboré, depuis 2004, Région, Conseil général, Etat, communes, avec les partenaires sociaux qui ont bien voulu travailler avec nous et les citoyens qui ont participé à nos assises territoriales, une cinquantaine de plans et de schémas pour penser et construire la Guadeloupe de demain. Cette somme considérable de travaux d’analyses, de prospective, de propositions et de plans d’action dessine les contours de notre territoire à l’horizon 2020-2030, voire même 2050.

Nous en avons effectué une synthèse que nous remettons aujourd’hui au Congrès et qui présente les différentes orientations retenues et, pour la plupart, validées par le Congrès ou par nos assemblées respectives. Ces documents stratégiques décrivent une Guadeloupe qui choisit résolument la voie d’un développement durable et solidaire, qui place l’homme et la femme guadeloupéens au centre de sa stratégie de développement, qui est poreuse au souffle du monde, mais cherche à développer ses moyens propres de production, et qui fait de l’éducation et de la formation une priorité absolue, car c’est là notre richesse essentielle.

Investir dans nos enfants, investir en l’Homme, tel est – nous le croyons – le primum movens du développement et de la modernisation.

Plus qu’un projet de société dont certains rêvent, dont d’autres parlent et que nous avons là déjà élaboré de façon très concrète, ces travaux sont à la base de ce que je préfère appeler une société de projets. C’est-à-dire que la Guadeloupe, plutôt que de s’enfermer dans une planification autoritaire de son avenir, dont on sait qu’elle résiste rarement aux aléas du monde, offre à chacun la possibilité de mener à bien son projet, sa contribution au développement du pays.

Dans cette optique, le sujet qui occupe certains esprits, à savoir la question institutionnelle n’est qu’un paramètre parmi d’autres. Le statut reste un moyen et non pas une fin et je sais gré à mon ami Jacques Gillot et à d’autres collègues de l’avoir compris.

En effet, la problématique institutionnelle est aujourd’hui à la fois plus simple et plus compliquée que jamais. Plus simple, parce que contrairement au fantasme que véhiculent les nationalistes, la France n’est plus en Guadeloupe dans une logique coloniale. Et nous sommes peut-être plus près que jamais dans notre histoire de pouvoir demander notre autonomie, voire notre indépendance si telle est notre volonté. Le gouvernement actuel et le chef de l’Etat, conscients de l’évolution de l’opinion publique hexagonale, ne fera jamais obstacle à une telle volonté, si elle est exprimée par le peuple à l’occasion d’une consultation.

Il n’y aurait donc pas de guerre de libération nationale à déclencher, ni de barricades à ériger, pour aboutir à cela, sauf si certains – peut-être – décidaient de convaincre par la force ceux qui refuseraient une telle option.

C’est donc très simple, d’autant que le champ des possibles est vaste :  du statu quo institutionnel à la séparation ou à la sécession pure et simple ; en passant par l’assemblée délibérante commune avec maintien des deux collectivités existantes dans l’article 73, ou par une collectivité unique résultant de la fusion de la région et du département, toujours dans le cadre de l’article 73 ; ou encore l’autonomie dans le cadre de l’article 74 ; sans oublier l’option d’un préambule à la Calédonienne, qui prévoirait un référendum d’autodétermination à horizon de 20 ans… Nous n’avons finalement que l’embarras du choix, si telle est la volonté du peuple.

Mais c’est aussi, tout à la fois, très compliqué. Car, si nous croyons que la lutte contre les profitations sera plus aisée dans un cadre plus autonome, il n’est qu’à méditer sur l’expérience calédonienne, où une autonomie poussée n’a pas empêché les inégalités et les injustices d’exploser.

C’est compliqué, aussi, parce que si l’on observe bien, cette question institutionnelle est peut-être celle qui nous divise le plus aujourd’hui. Entre ceux qui pensent que c’est prioritaire, et c’est leur droit, et ceux qui pensent qu’il y a d’autres urgences. Entre ceux qui militent pour le maintien dans l’article 73 dont on n’a pas à l’évidence exploré toutes les possibilités, et ceux qui veulent évoluer vers l’article 74. Entre ceux qui pensent, comme c’est mon cas, que le mandat des électeurs de 2003 et 2004 n’autorise pas à remettre cette question sur le tapis avant 2010, et ceux qui ne cessent de répéter que malgré le vote à plus de 75% des Guadeloupéens, ceux-ci se sont trompés ou, pire, ont été trompés, et ainsi en arrivent à mépriser le vote populaire. Bref, nou ja paré pou manjé nou !

C’est compliqué, enfin, parce que seul le peuple détient la clé. Et qu’il n’y a rien de plus compliqué que de conquérir sa confiance sur une question qui suscite immédiatement sa méfiance et sa circonspection.

La sagesse commande, je l’ai dit à plusieurs reprises et je le répète ici, d’adopter un calendrier réaliste, qui nous laisse le temps de faire le travail de pédagogie nécessaire pour tenter d’emporter la conviction. Un calendrier, si possible, déconnecté des échéances électorales et donc, d’éventuelles arrière-pensées que le peuple décrypte assez aisément. Et puis, il faut à mon sens une démarche qui replace les différentes instances dans leur rôle. Le seul Congrès des élus qui impulserait une évolution institutionnelle d’apparence consensuelle, venue d’en haut, sans un travail politique préalable, cela me rappelle quelque chose… Et les divers positionnements que j’ai pu entendre ces derniers jours ne laissent plus beaucoup de place au doute. Or, il me semble que nous cherchons tous à éviter un remake du 7 décembre 2003, au terme duquel les mêmes causes produiraient les mêmes effets.

C’est pourquoi je reste fidèle à mes options de toujours et à un calendrier qui respecte le temps des élections à venir et qui permet à chaque parti politique de bâtir d’ici 2010, avec ses militants et ses alliés, un programme dans lequel il fera figurer à la place de son choix sa formule d’évolution institutionnelle. Les élections ne sont-elles pas le meilleur moment pour recueillir l’adhésion du peuple sur des bases claires et précises ? A charge pour ceux qui auront été élus en 2010 et en 2011 de se donner deux ans pour proposer, dans le cadre d’un Congrès, une évolution que la population aura à donner son consentement en 2013 ou en 2014. A Saint-Martin, où la problématique était pourtant nettement moins complexe, il s’est écoulé 4 ans entre la consultation et l’élection de la nouvelle COM.

La sagesse, mais surtout l’intérêt supérieur d’une Guadeloupe qui doit se remettre au travail d’urgence, consistent donc, selon moi, à différer ce débat qui porte en lui des ferments puissants de division et de chiraj’.

Et à ceux qui voudront néanmoins ouvrir ce débat dès aujourd’hui, je répondrai calmement, sereinement : allez aux élections ! Tout comme, j’invite aujourd’hui ceux qui défendent une vision de la Guadeloupe différente de la mienne, voire différente de celles de tous les élus qui sont dans cette salle, à ne plus se cacher derrière des banderoles. La démocratie a ceci de puissant qu’elle permet à chacun de prendre ses responsabilités, de présenter devant tous les citoyens son programme, ses idées et son modèle de société. Une Nation, disait Renan, c’est un rêve d’avenir partagé. Tous ceux qui aspirent à conduire demain notre Nation guadeloupéenne en devenir se doivent de dire quel est leur rêve et quels moyens ils se donnent pour le faire partager au plus grand nombre.

Pour ma part, hier c’était et c’est plus que jamais la « Guadeloupe pour tous ». Aujourd’hui, compte tenu du contexte médian, c’est aussi « Tous pour la Guadeloupe ».

Je vous remercie.

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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 02:26
INDISCRÉTIONS
Eric
Lapidaire, la lettre d'Eric Jalton, député de la première circonscription, à savoir la Grande-Terre et Marie-Galante, terres à cannes, à Yvan de Dieuleveult, p.-d.g. de Gardel SA, la sucrerie de Guadeloupe. Ce dernier lui demandait une aide pour l'usine qui fait travailler (ouvrier de Gardel, planteurs et travailleurs de la canne) environ 5 000 personnes. Réponse de notre élu : « J'ai présenté au cours de la discussion à l'Assemblée nationale un projet d'amendement visant à réduire encore le champ d'application de cette mesure pour la réserver aux moyennes et petites entreprises de la Guadeloupe, qui sont de mon point de vue plus en difficultés qu'une entreprise de taille comparable à la vôtre. » Bref, dégagez, y'a rien à prendre !..

Eric 2
Conseil municipal réuni en urgence aux Abymes, ce mercredi, pour une rencontre avec les syndicats du LKP. Ce devrait être un moment de grande cordialité compte tenu des prises de position d'Eric Jalton au cours de la mobilisation/grève générale d'il y a quelques semaines...

Pierre
Pierre Plaisance, ex-secrétaire général adjoint de la mairie des Abymes, vient d'être promu secrétaire général en remplacement de Christian Gatoux, ancien homme lige de Daniel Marsin, ex-maire déchouké lors des dernières municipales avec pertes et fracas. Christian Gatoux, qui, comme les matous, retombe toujours sur ses pieds, est recasé à la direction de la Communauté d'agglomérations.

Pierre 2
Parlons-en, de Pierre Plaisance. Favori de Jalton père (Frédéric), il avait en douce facilité l'émergence de René-Serge Nabajoth. Qui avait remporté la mairie contre le précédent. Deus ex machina de la campagne d'Eric Jalton, il semble que certains élus de la majorité municipale l'ait pris en grippe, au point de le surnommer... Richelieu ! Plutôt flatteur, non ?

Alex
Non, Alex Lollia, leader de la CTU, qui ne s'est pas rendu à Basse-Terre avec le LKP pour prendre d'assaut le palais du conseil général (voir en page 2), n'est pas hospitalisé. Il va être hospitalisé, le 13, au CHU pour un petit problème gastrique. « Je tiens à rassurer mes amis : je n'ai pas fait, comme certains du LKP, une dépression post-coïtale... », dit-il en riant. Sacré Alex !

Victorin et Jacques
Victorin Lurel et Jacques Gillot ont-ils eu raison de ne pas aller au-devant du LKP dans l'hémicycle du conseil général, jeudi. La question se pose. Selon les observateurs, en ne recherchant pas l'affrontement de face, en continuant leur travail d'élus, ils ont choisi la bonne solution. Selon d'autres, le face à face direct, le débat, même s'il leur en coûte quelques avanies, est le seul moyen de faire exploser le truc. Le seul moyen d'en sortir, de changer la société, c'est l'élection... dit un ami. Mais l'élection, c'est risqué pour le LKP.

Pat
Hier, les journalistes de RFO ont écrit à leur hiérarchie pour se plaindre que l'humoriste et animateur de Zéy l'émission — du lundi au vendredi, de 17 heures à 18 heures avec le sympathique David Eugène — Pat ait interféré sur le travail journalistique, en recevant en direct Jacques Gillot pour qu'il s'exprime sur l'intrusion du LKP au conseil général. En prime time !
André-Jean VIDAL
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