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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 23:46
 
 
Portrait
Ange Mancini, le briscard de la négo
LE MONDE | 17.03.09 | 14h15  •  Mis à jour le 17.03.09 | 19h02
 
Négocier, l'homme sait faire. Patron du RAID entre 1985 et 1990, Ange Mancini a ramené à la
raison tant de preneurs d'otages. Mais avec des gens sensés et convenables, d'honorables
citoyens, cela prend parfois plus de temps qu'avec des forcenés : le préfet de la Martinique a passé
plus de deux cents heures à rapprocher les positions des syndicats et des chefs d'entreprise, sur
fond de grève générale dans l'île. L'air débonnaire, le regard en meurtrière, l'ex-"super-flic" a mis à
profit la seule qualité qu'il se reconnaisse : "La patience".
Elle lui fut utile. Tandis qu'on débattait sur les prix et les salaires, affleurait inlassablement
l'histoire de l'esclavage, plaie toujours ouverte des Antilles. On parlait coût de la vie pour, soudain,
d'une phrase à l'autre, se retrouver transporté deux siècles en arrière, au temps des plantations,
des pauvres hères trimant sous la chicote, des maîtres qui lâchaient leurs chiens. Le préfet a
écouté, réfréné son envie d'abréger les interminables discours. "Il fallait que les choses sortent,
tout ce qui était enfoui depuis des décennies", explique-t-il. Trop de passions devaient être
expurgées, trop de traumatismes surmontés.
Sur le site Internet du RAID, est écrite en exergue une formule de son ancien chef : "Le plus dur, ce
n'est pas de gérer l'exceptionnel, mais le quotidien." Le préfet de la Martinique n'aura guère
encouru cet ennui des jours ordinaires. Arrivé en poste le 1er août 2007, il avait été accueilli
froidement, avec une étiquette de sarkozyste, dans une île hostile au nouveau président. A la
population, il parut distant, donc hautain. Son refus de persiller ses discours de formules créoles,
comme s'y essayaient ses prédécesseurs, était vécu comme du mépris. Un cyclone, un tremblement
de terre, une épidémie de dengue et la crise du chlordécone, ce pesticide qui empoisonne
aujourd'hui l'eau et les sols dans l'île, lui avaient fait un rude baptême.
Puis la crise sociale a éclaté. Ange Mancini a décliné toutes les interviews. Dans le contexte, les
mots pouvaient devenir des mèches rapides. Un préfet dans les îles, qu'on le veuille ou non, garde
un relent de gouverneur, de fonctionnaire colonial avec casque. Lors des séances à huis clos, des
esprits malins ont tenté de le faire sortir de ses gonds, de provoquer un dérapage qui aurait
inévitablement enflammé l'île. En vain. L'amateur de chats est bien trop matois.
Il doit largement sa carrière à ce sang-froid. Fils d'un maçon italien, né à Beausoleil (Alpes-
Maritimes), il a acquis un à un ses galons sur le terrain. Débutant à 19 ans comme adjoint
administratif contractuel, il était commissaire à 29 ans, directeur adjoint du Service régional de
police judiciaire (SRPJ) d'Ajaccio à 39. Au Quai des Orfèvres, il croise Robert Broussard, qui doit
créer, au sein de la police, un équivalent du GIGN, le RAID (Recherche, Assistance, Intervention,
Dissuasion). Le commissaire divisionnaire Mancini en prend la direction. De manière empirique,
il peaufine sa techni que de négociation, cette manière "de mettre le pied dans la porte", puis
d'user de différentes ficelles du métier afin que s'entreprenne "ce chemin de l'un vers l'autre". Ses
grands coups seront la prise d'otages du palais de justice de Nantes, en 1985, et l'arrestation des
membres d'Action directe, en 1987.
Ange Mancini poursuit ensuite une carrière d'impeccable serviteur de l'Etat. Il retourne en Corse,
y gagne rang de préfet. Passe par la Guyane puis les Landes, et arrive en Martinique, sans se
douter que son art de négocier trouvera sur place un nouvel emploi. Il va appliquer les trois règles
forgées dans le passé : "Eviter un drame, garder le contact, préparer l'avenir."
Pendant les longues heures de conciliabules, dans la salle Félix-Eboué de la préfecture, Ange
Mancini a trouvé un allié inattendu : Alfred Marie-Jeanne, le président du conseil régional. L'élu
indépendantiste et le représentant de l'Etat, assis côte à côte, ont formé un étonnant attelage. Les
deux hommes ont appris à s'apprécier, à demi-mot cela va de soi. "Vous connaissez mes
convictions : pour moi, un préfet reste un préfet, explique Alfred Marie-Jeanne en lissant sa fine
barbe. Néanmoins, celui-là..." "Il est très fort, on voit qu'il a l'habitude de négocier", constate
également Claude Lise, le président du conseil général.
Ange Mancini aura 65 ans en juin. Le haut fonctionnaire n'a plus à élaborer de plan de carrière, à
flatter pour son avancement. Très en cour à l'Elysée, il a régulièrement rendu compte, sans plus. "
J'ai eu une totale liberté", assure-t-il.
Avec les syndicalistes, les rapports ont été drus mais droits. Le préfet était soupçonné de n'être
qu'un suppôt des békés, qu'un commis du gouvernement. Il lui a fallu convaincre du contraire.
"Nous l'avions mis en garde contre l'utilisation de la force, explique Michel Monrose, président
du Collectif du 5 février, qui a mené le mouvement social. Il nous a assuré qu'il ne prenait pas ses
ordres à Paris, mais agissait en son âme et conscience." Un accord s'est établi : les forces de
l'ordre ne s'opposeraient pas aux barrages tant que les grévistes resteraient non violents. Un
précepte du RAID, là encore : on parle tant qu'il n'y a pas d'atteinte à l'intégrité physique. Le
gentlemen agreement a tenu.
Il y eut bien trois nuits agitées pendant ce long mois de conflit, le fait de casseurs sans lien avec les
grévistes. Tandis que Fort-de-France bouillait, le préfet s'est effacé et le policier a repris du service,
pointant son nez au plus près des jeunes qui caillassaient ses fenêtres. Durant les échauffourées,
malgré les objurgations à plus de fermeté, Ange Mancini a gardé les gendarmes mobiles à distance
des émeutiers, appliquant le principe que lui avait enseigné naguère un vieux CRS : le maintien de
l'ordre, c'est faire des bosses plutôt que des trous.
Tandis que les escadrons de jeunots diaphanes, venus de métropole, restaient en retrait, c'est la
police nationale, formée de fonctionnaires chevronnés revenus au pays, qui a procédé aux
interpellations, en créole. Ont ainsi été évitées les images terribles d'un face-à-face Noirs-Blancs,
telles que perçues en Guadeloupe. La grève générale en Martinique s'est achevée dans des
émanations détestables de gaz lacrymogène et des accusations perpétuelles de répression
coloniale, mais sans mort d'homme. "C'est sans exemple dans l'histoire de l'île qu'un conflit aussi
long se finisse ainsi sans tués", assure l'historien Edouard Delépine.
"Cela doit être une fierté collective, estime Ange Mancini. Ce fut une expérience formidable de
voir ainsi vivre les forces vives de l'île. Peut-être avons-nous trouvé une nouvelle façon de se
parler en Martinique." M. le Préfet aimerait d'ailleurs connaître le fin mot de l'histoire : en âge de
partir à la retraite, il a demandé à prolonger son séjour d'un an.
 
Benoît Hopquin
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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 21:47
Pénurie de sucre en Guadeloupe

Il n'y a plus de sucre de canne local disponible en magasin.
L'usine sucrière de Gardel ne distribue plus ses sachets.
Il semble que l'on se trouve en ce moment face à une pénurie.
L'importation de sucre de l'extérieur fait une percée.


Comment dit-on Cocorico en créole ? Kokoriko ? Quand les salariés de Gardel — ou plutôt les syndicalistes UGTG et CGTG — ont tonné, sur les ondes, que pour éviter de pénaliser la filière canne-sucre, ils reprenaient le travail malgré la non satisfaction de leurs revendications, on a cru à un geste de civisme.
Les 5 000 planteurs de cannes, leurs ouvriers agricoles, les transporteurs de cannes, les ouvriers industriels de Gardel, les transporteurs de sucre pour le silo à Jarry, les ensacheurs, les transporteurs de sucre en sachets pour l'approvisionnement des magasins locaux, ont applaudi. Las, il a fallu rapidement déchanter.

Du sucre vendu « au prix LKP »
En effet, l'usine de Gardel est plus ou moins livrée à elle-même et le travail se fait en autogestion : chaque matin, il y a assemblée générale pour analyser les revendications, les propositions patronales, etc. Sauf qu'il semblerait qu'à part Bernard Carbon, le médiateur social, Serge Tondu, le secrétaire général de l'usine, Eric Bourillon, directeur technique, il n'y a pas grand-monde pour prendre des décisions, Ivan de Dieuleveult, p.-d.g. de la structure, étant absent du département.
Néanmoins, des négociations se poursuivent, a expliqué, hier soir, Julien Marinette, syndicaliste de l'intersyndicale UGTG-CGTG.
Donc, l'usine, sous ce régime nouveau et dynamique, ne produit plus de sucre. « Le stock est en cours d'assèchement, l'ensachage effectué ces derniers temps semblant destiné, non à la vente aux clients habituels, sous contrat, mais pour une vente spéciale, le 27, à ce qu'on appelle "un prix LKP" », affirme-t-on à Gardel.
K'es ? Nul ne sait. Nulle autorité pouvant légitimement disposer des stocks de sucre de l'usine.
Julien Marinette, qui avait parlé le premier de cette vente « au prix LKP », lors d'un meeting, il y a deux jours, s'est exclamé : « C'était pour détendre l'atmosphère ! J'ai dit, je m'en souviens, que nous donnions à la direction jusqu'au 27 pour satisfaire nos revendications, ensuite, nous ferions l'ensachage pour vendre à un prix LKP, pour payer les salariés. Bien sûr, c'était une plaisanterie. L'ensachage se fera aujourd'hui, dans le courant de la journée puisque les machines ont été lavées et séchées. Et puis, nous allons de nouveau distribuer... » Pour le compte de qui ? « Pour le compte de l'usinier », confirme-t-il.

900 000 euros de perte
Bonne ou mauvaise foi, la plaisanterie de M. Marinette n'a pas été prise comme telle et le bruit a couru que les stocks de sucre avaient été saisis par les syndicalistes, pour vendre et alimenter une caisse noire...
En attendant, chez les clients, les sachets de sucre de canne local sont rares. Seule l'usine de Grand-Anse de Marie-Galante parvient à alimenter tant bien que mal les commerces. Mais, Marie-Galante a déjà son réseau. Alors, que faire ? Pour satisfaire ceux qui aiment le sucre de canne, le sucre roux, et parce que les commerçants ont eu peur de ne plus être approvisionnés par Gardel et que la pénurie se poursuive, ils ont commencé à en importer de France. Il s'agit de sucre roux en morceaux. Du sucre d'ailleurs, venu concurrencer le sucre local. « Si on donne aux Guadeloupéens l'habitude de consommer d'autres sucres, on n 'est pas sorti de l'auberge. Déjà qu'on ne produit pas grand-chose, si on tue même la production de sucre... », disait, hier, un observateur.
« Nous estimons la perte en non vente de sucre par notre usine à environ 900 000 euros », indiquait, hier toujours, un membre de la direction de Gardel SA.

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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 21:46
Note dissonante autour  de « NEG JA PRAN» !

Depuis plusieurs  semaines, les radios locales les plus en vue, diffusent abondamment  le
dernier tube de  Jocelyne Labylle « NEG LA… ». Dans le contexte de grève générale et  de
pénurie que nous  traversons, ce single connaît un succès fulgurant, grâce à  l’appui
bienveillant de  l’opérateur de téléphonie mobile "historique » de la place, qui va  jusqu’à
inviter  ses clients, par SMS, à le télécharger pour en faire la sonnerie de  leurs portables.
Pourquoi  un tel intérêt ainsi porté par les radios et l’opérateur  téléphonique « historique »
sur cette dernière  production de la chanteuse de zouk, soudainement convertie au gwo-ka  ?
Bâti sur une mélodie  dépouillée, le chant de Jocelyne Labylle s’articule sur un  couplet
répétitif  et lancinant, qui rappelle à qui veut l’entendre que les Noirs, dont  elle se fait la
porte  parole, n’ont pas demandé « leur couleur noire », ni encore leur «  dents blanches » ou
leur « nez plat » : «  An pa mandé coulè nwè la, an pa mandé dan blan an mwen, an  pa
mandé né plat’ an  mwen… » .
Certains  auditeurs auront peut-être reconnu dans la ligne mélodique une  réminiscence de
« Diab la  prend yo », enregistré en 1969 par Mme Mavounzy , sur l’album « A la  recherche
du temps  des biguines » (Nostalgie Caraïbes). Ce détail aura peut-être  échappé à notre
nouvelle  star du gwo-ka ? Passons !
Sur cet album historique du patrimoine  musical
Guadeloupéen, Mme  Mavounzy était accompagnée par son fils, Robert, virtuose de  la
clarinette et du  saxophone. Cette réminiscence se retrouve dans le refrain, repris  par les
choeurs  (féminins) « Ay neg la ja pran », qui n’est autre que le refrain de  « Ay diab la pran
yo », de  Mme Mavounzy. Ce succès de l’époque avait du reste été repris par  d’autres
chanteurs  et groupes, dont Anzala, authentique chanteur de Gwo-ka, ou encore  les « Shleu-
Shleu »  d’Haïti, avant qu’ils ne deviennent « Skah Shah  ».
L’analyse des lyrics  de ce single amène l’auditeur attentif que je suis, à s’interroger  sur les
véritables motivations  de l’auteur des paroles. En effet, ne voilà t-il pas que cette  complainte
sur les  attributs physiques des hommes et femmes de race Noire, et sur le  mépris auquel ils
ont donné  lieu jusqu’à présent , me laisse perplexe : « Neg la ja pran an guèl  a blan…an guel
a  malaba…an guel a malpalan…an guel a neg la mem» assénés à longueur  de refrain, me
semblent  d’un anachronisme profond, à l’heure de l’intronisation du premier  président Noir
des  Etats-Unis, en la personne de Barack Obama. La vulgarité puissamment  utilisée « guel »
pour  renforcer le message ainsi véhiculé, dissimule assez mal la pauvreté  de son contenu, et
l’indigence de la  pensée du parolier. Celui-ci cherche-t-il à raviver la guerre des  races en
Guadeloupe, terre  multiethnique et multiculturelle s’il en est ? Alors que l’unanimité  semble
régner  autour des propos racistes outranciers tenus par M. Alain  Huygues-Despointes dans
le reportage de Canal  + sur les « Derniers maîtres de la Martinique », aucune  voix,
curieusement, ne  s’offusque à propos de cette chanson.
Le racisme à rebours,  diffusé par les victimes réelles ou supposées de ce racisme, reste  du
racisme, qu’on se le  dise !
La  chanteuse cherche-t-elle à nous faire découvrir que les « NEG » que  nous sommes, ces
« Damnés  de la Terre », pour reprendre le titre de l’ouvrage de Frantz Fanon,  ont subi les
pires  mépris et atrocités de la part d’autres humains ? Veut-elle nous  apprendre que les
Africains  ont été victimes de la traite négrière pendant quatre siècles  ?
Je dirai dans ce cas,  qu’elle arrive trop tard, beaucoup trop tard, et qu’il ne sert à  rien
d’enfoncer ainsi des  portes ouvertes.
La  posture victimaire de Jocelyne Labylle ne fait en réalité, que  véhiculer des relents
nauséabonds, d’un  autre âge. Elle inscrit complaisamment l'Homme Noir dans la  résignation
et  l'inaction. Avec une telle démarche, ni Toussaint Louverture, ni  Louis Delgrès, Solitude,
Makandal, Boukman,  Jean-Jacques Dessalines, Marcus Garvey, Martin Luther King,  Malcom
X, Nelson  Mandela, et bien entendu, Barack Obama, ne seraient rentrés dans  l’Histoire.
Dans les  années soixante, Guy Cornely, déclamait « En cé Neg », magnifique  poème dans
lequel il  exaltait la grandeur de l’homme Noir, être universel : « neg ki ka  péché lambi asi pwi
pwi »… Si guel an mwen  épé, cé pou ti bo ; chivé an mwen kôdé, cé pou chatouyé po… «  lè
moin ri, soley an ciel  ka femmé zié ; zétwal et la lin’ ka crié… ». An cé neg a toumblak,  neg a
charleston, neg a  calypso, neg a mambo… « Ka ki neg ? Cé mwen, cé vou, pa bizoin vini  fou…:
Neg cé lé mathématic,  neg cé la littérati, neg cé la bonne critique, neg cé osi la pinti  …An cé
Neg a  prix Nobel… »…pour ces quelques extraits de cette oeuvre magnifique,  sur laquelle il se
faisait  accompagner par le plus célèbre tandem de tambouyés , Vélo et Artème  Boisbant
(Guy  Cornely : Poèmes ; Nostalgie Caraïbes).
Près d’un demi-siècle  après ce bel hommage rendu au Nègre, et  singulièrement
Guadeloupéen, par Guy  Cornely, Jocelyne Labylle ne trouve rien d’autre à nous servir  qu’une
fausse  complainte insignifiante et rétrograde, sous le patronage de ses  généreux sponsors,
qui ont  vite compris les bénéfices qu’ils peuvent en  tirer.
Pour ma  part, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle entre le discours  de Dominique
Panol,  dont le dernier album « Son sé Love » – trop peu diffusé à mon goût  – invite ses
soeurs et  frères Noirs à l’action, au dépassement de soi, et les lamentations  pernicieuses
d’une  transfuge du zouk, qui, me semble-t-il, n’est plus dans l’air du  temps, du moins sur ce
terrain  là.
Le « message » de  Jocelyne Labylle vient brouiller un peu plus les pistes, dans le  contexte
difficile, des  mouvements sociaux en cours. Le « Neg la ja pran » se situe en  décalage par
rapport à  la soif d’appropriation -au sens large -, de son destin, par l’Homme  Guadeloupéen,
chantée  par les foules (La Gwadloup sé tan nou …). Ne nous y méprenons pas !  « Pa fè nou
pran dlo  moussach pou let » !
Patrick  Zamore
Le 11  février 2009

PS – Henri Debs a récemment fait condamner Jocelyne Labylle, pour plagiat  
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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 20:28
Yves JEGO
Secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-Mer

Déplacement aux Antilles
Jeudi 19 mars – Mardi 24 mars


Jeudi 19 mars 2009

18 h 00
Arrivée à l’hôtel de la Collectivité de St Martin

- Accueil du président du conseil territorial
- Intervention des parlementaires présents
- Intervention du président du Conseil Economique Social et Culturel
- Intervention des présidents de chacun des deux groupes de l’assemblée territoriale
- Conclusion du ministre
- Signature du livre d’or

Vendredi 20 mars 2009

08 h 45
Rencontre avec la population - Café « chez Henocq »

09 h 30
Rencontre avec des jeunes - Lycée polyvalent des Iles du Nord

10 h 15
Visite de la compagnie de gendarmerie - La Savane

- Accueil par le commandant de compagnie; visite de l’unité judiciaire (brigade de recherches)
- Réunion sur la délinquance, l’immigration clandestine et la coopération policière
- Présentation du fonctionnement et de l’organisation de la compagnie de gendarmerie: état des lieux de la délinquance et de la criminalité à Saint-Martin, difficultés et méthodes d’action de la gendarmerie et des services de l’Etat pour y faire face; problématique de la coopération
- Immigration clandestine: état des lieux, actions conduites; coopération

11 h 45
Visite de la réserve naturelle – Présentation de la réserve et de son activité

12 h 30
Déjeuner de travail avec des chefs d’entreprises représentant divers secteurs d’activité de Saint-Martin et des représentants du monde économique (dans la zone de Hope Estate) -  Restaurant « La Table de Bacchus »

14 h 40
Visite de l’entreprise Computec – Les NTIC en Outre-Mer




15 h 10
Rencontre avec le conseil de quartier du Quartier d’Orléans et présentation par la collectivité de ses projets d’aménagement du territoire (services publics, Résorption de l’Habitat Insalubre, assainissement, déchets, eau, …).

17 h 30
Point presse – Hôtel Beach Plaza

Samedi 21 mars 2009

09 h 45
Atterrissage à Saint-Barthélemy – Aérodrome de Saint-Jean
- Accueil par Michel MAGRAS, sénateur et Bruno MAGRAS, président du conseil de la collectivité de Saint-Barthélemy
- Rencontre avec les gendarmes exerçant la mission police aux frontières

09 h 50
Rencontre avec la population - Bistrot « Les Boucaniers »

10 h 35
Hôtel de la Collectivité.

- Accueil par le président du conseil territorial
- Réponse du ministre
- Vin d’honneur – rencontre informelle avec la presse locale
- Remise des insignes de chevalier de l’ONM à M. Jean Pierre Balagny

10 h 50
Rencontre avec le président de la collectivité et les parlementaires.

12 h 00
Visite de l’entreprise « Lignes St Barth » (entreprise de fabrication de produits cosmétiques pour spa à base de produits naturels issus de la Caraïbe)

Lundi 23 mars 2009

10 h 00
Arrivée à Marie-Galante

- 10h15/10h45 : Rencontre avec les pêcheurs à Capesterre
- 10h45/11h00 : Distillerie Le Bellevue à Grand Bourg
- 11h00/12h00 : Rencontre avec la population sur le marché et inauguration des locaux de la communauté de communes

13 h 00
Déjeuner de travail avec les maires et les parlementaires de Guadeloupe à Pointe-à-Pitre - Restaurant « Côté jardin »

15 h 00
Réunion de travail avec des chefs d’entreprise sur le plan de soutien à l’économie de Guadeloupe - Chambre de commerce et d’industrie de Pointe-à-Pitre

16 h 00
Réunion de travail avec les acteurs du tourisme - Chambre de commerce et d’industrie de Pointe-à-Pitre

19 h 00
Réunion-débat à Saint-François

Mardi 24 mars 2009

11 h 15
Réunion de travail avec des chefs d’entreprise sur le plan de soutien à l’économie de Martinique - Préfecture de Martinique

13 h 15
Déjeuner de travail avec les acteurs du tourisme – Hôtel La Batelière

15 h 30
Service militaire adapté – Insertion professionnelle des jeunes

17 h 30
Point presse - Aéroport

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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 20:12


LE CHANGEMENT STATUTAIRE DE LA MARTINIQUE OU LES RUSES DE L’HISTOIRE

        I – INTRODUCTION

        II – LES ENJEUX

III – L’AUTONOMIE AU TRAVERS DE L’ARTICLE 74 DE LA CONSTITUTION

        IV – LES DOM, COM ET L’EUROPE

V – PERSISTANCE DES FONDS EUROPEENS DANS LES DOM APRES 2012

VI – L’ART 74, LA VOIE DE L’INDEPENDANCE

VII – 1ère et 2ème CONCLUSIONS
                                 

par Claude GELBRAS
Expert près la Cour d’Appel de Fort de France
et du TA des Antilles Guyane
Membre de l’Observatoire des revenus et des prix

 Fort de France, le 10 février 2009



Le changement statutaire de la Martinique ou les ruses de l’histoire

Dossier à l’usage des Martiniquais pour comprendre les enjeux d’un changement statutaire

Par : Claude Gelbras, Expert près la Cour d’Appel et du TA des Antilles Guyane 1er février2009)

1- INTRODUCTION

Une fois de plus la Martinique se distingue des autres DOM en décidant, avec précipitation, au cours du récent congrès réunissant le conseil général et régional, de soumettre à référendum populaire, la transformation du département – DOM -  (art.73 de la constitution) en COM (Communauté d’Outre-Mer) régie par l’art.74 sans en tirer les conséquences sur l’organisation économique actuelle. En clair, cet article se propose de donner à la collectivité de nouveaux pouvoirs pour la gestion des affaires locales avec une grande liberté pour évoluer vers autonomie selon un cadre décidé par l’assemblée nationale -loi organique-  sur la base de revendications locales. Une assemblée unique serait alors créée à cet effet avec des instances fonctionnelles périphériques (gouvernement, conseil…) après un vote auprès d’un collège électoral qui ne satisfera personne. A l’identité législative s’ajoute la spécialité législative, expression politique d’un projet émancipateur.
C’est ainsi que les lois DEFERRE (1981-1982) de décentralisation se sont, substantiellement enrichies par la réforme constitutionnelle du 28 mars 2003 offrant à la Martinique une grande liberté dans la gestion des affaires publiques.
Ces lois marquent la volonté politique d’opérer une redistribution des pouvoirs entre l’Etat et les collectivités locales avec comme objectifs une meilleure efficacité de l’action publique et le développement d’une démocratie de proximité.
A ce jour, Il me semble toutefois, que la Martinique souffre plus d’excès de pouvoirs et d’un enchevêtrement de compétences mal réparties entre les deux assemblées, et le département, qu’un déficit de pouvoir local. L’autonomie : nous y sommes quasiment !.A cet égard, on cite souvent le cas du transport public qui ne nécessite pas moins l’intervention de 10 instances administratives (Région, DDE, Communauté de communes, Mairie, …) pour prendre toute décision sur son organisation. Le député Guadeloupéen M. Beaugendre objectait que la loi SAPIN (attribution de dessertes selon les dispositions du code des marchés publics) pouvait faire l’objet de larges dérogations à l’initiative du Conseil Général conformément aux habilitations ouvertes par l’art 73 alinéas 1 et 2. Faut il un changement statutaire pour clarifier et simplifier cette situation objectivement dommageable?. Certes, de l’avis des élus, faire accepter une habilitation dans un domaine donné (environnement, foncier…) est incontestablement un « chemin de croix » pour reprendre l’expression de l’anc. Député P. Edmond-Mariette lors d’un débat sur ce thème à l’Assemblée Nationale le 27 Janvier 2007. Sa remarque aurait pu donner lieu à un travail d’approfondissement pour procurer à l’art.73 plus de portée et de tonicité. Si cette intervention avait prospéré, l’art 73 n’aurait eu qu’un petit nombre de détracteurs. Celui-ci n’a pas eu lieu, car arrêtée net après l’échec du référendum du 7 décembre 2003 (assemblée unique remplaçant les deux exécutifs) faisant suite à la réforme constitutionnelle de mars 2003 qui apportait des clarifications et des innovations importantes pour l’ensemble de l’Outre Mer.

Elle répond à la volonté de J. Chirac qui déclarait (Martinique, le 11 mars 2000) : "Les statuts uniformes ont vécu et chaque collectivité d’outre-mer doit pouvoir désormais, si elle le souhaite, évoluer vers un statut différencié, en quelque sorte un statut sur mesure".

2 - LES ENJEUX
Retenons principalement que la Région a en charge le développement économique et l’emploi, ce qui constitue, plus que jamais, la préoccupation majeure des martiniquais en ces temps de dépression et de crise financière. La Martinique n’est pas à l’abri des contagions et des vicissitudes mondiales. Après le vote du Congrès du 18 décembre 2008 en faveur d’une consultation portant sur l’évolution statutaire, on est frappé par l’absence de débat sur les enjeux économiques et sociaux qui en résulteraient. Nos élus ont visiblement une autre vision de l’avenir de l’île plus politicienne et très éloignée des problèmes de chacun. En niant les réalités, naissent les bulles politiques – avant qu’elles n’éclatent.

On peut s’interroger sur le sens de la démarche du Congrès, sur la motivation réelle qu’elle dissimule. Il y a plusieurs réponses.
Sur le fond, se profile la question identitaire, comme si celle-ci se trouvait gommée ou refoulée par le statut actuel. Le 74 comme revanche du passé colonial et du génocide culturel ; nouvel affranchissement d’un peuple dominé ; émergence d’une idéologie libératrice, fin d’une dépendance alimentaire, etc…Je n’irai pas sur ce terrain largement occupé par certains de nos intellectuels en mal de reconnaissance et de politiciens grisés par le pouvoir. Ces leitmotivs n’occupent la scène qu’avec des acteurs vieillissants et matériellement satisfaits, pendant que la jeunesse recherche des logements, des diplômes et des emplois stables. C’est celle du MP3, des TEXTOS, de l’INTERNET, des écrans plats, de la mondialisation, en quête de nouvelles références et d’une nouvelle culture plus hybride que jamais. Le métissage culturel comme étape vers la fin de la pensée dogmatique trop largement exploitée. La fracture culturelle entre histoire et présent, entretenue, est trop conflictuelle pour qu’elle soit crédible. Les générations ne se parlent plus, elles n’ont rien à se dire. Un certain « Charles Savannah » (Madin-art) a écrit récemment, en réaction, un papier violent sur ce thème: « nationalisme égal fascisme ». Excessif…Restons près des fondamentaux sans s’égarer dans des querelles idéologiques qui, dans leur immense majorité, n’intéressent pas la population martiniquaise. Trop préoccupée, trop inquiète, trop anxieuse en ces temps périlleux.. Les vagues massives de licenciements se produisent dans tous les pays frappés par la crise y compris dans l’hexagone. N’y a-t-il pas d’autres préoccupations pour nos élus que de gloser sur les vertus supposées de l’Art. 74 quand notre chômage est 3 fois plus élevé que celui des pays qui «morflent» - pardonnez moi cette trivialité – pour cause de récession ?.
Autre raison possible, l’article 74 offrirait de nouvelles perspectives économiques et sociales permettant de sortir de notre sous développement chronique et de mettre un terme à notre chômage de masse (25%). L’art 74 comme réponse à nos handicaps structurels. On nous ferait ainsi croire que le futur pouvoir issu des urnes aurait la capacité d’attirer des capitaux, d’investir dans des filières porteuses, de créer des milliers d’emplois et d’entreprises bref de considérer les dispositions actuelles du 73 comme autant d’entraves à agir !! Illusion, naïveté ou mystification ?. Les prophètes du passé ont encore de beaux jours.

On a vite oublié que les grandes avancées dont a bénéficié l’outre mer résultent de cette identité législative –décriée par des opportunistes-  qui a permis de mettre en place des outils de développement fondamentaux pour que le niveau de vie des Martiniquais puissent être comparable avec celui de la Métropole dans tous les domaines : revenus, santé, éducation, niveau de vie, etc… Qui souhaiterait voir leur disparition source de progrès ?. Il n’en reste pas moins vrai que par un phénomène d’éviction, ces dernières années ont vu la consommation dépasser les activités de productions en termes de création de richesse. (cf les travaux des Pr  F. Celimene et B. Poirine sur les Petites Economies Insulaires ou PEI).
Je ne le nie pas : il reste donc beaucoup à faire ; la taille du marché, l’éloignement etc…rendent ce rééquilibrage nécessaire qui ne peut se réaliser qu’avec un accompagnement financier et fiscal. Nous partageons tous la même ambition: il faut progressivement passer d’une économie de la demande ou de rente (= consommation) à une économie de l’offre (= production et services, exportation). On ne peut démontrer que le passage au 74 est contributif à cette évolution car il n’y a pas d’essais cliniques possibles. Le droit à l’expérimentation (art 37-1 de la Constitution) ne peut s’appliquer en raison de la densité et la complexité de l’investissement juridique. On est donc dans l’incantatoire : « avec le 74, c’est la libération + la  prospérité ». Voire !.

Les grandes dates pour l’économie  et les particuliers : (hors les codes en vigueur)

Création des ASSEDIC et l’UNEDIC, le 31 décembre 1958 entre le CNPF, la CFTC, Force ouvrière et la CGC, sous la Présidence du Gal de Gaulle,
Création du SMIC (succédant au SMIG) par le Gouvernement Chaban-Delmas en 1970,
Création du FEDER en 1975, essentiel instrument européen d’aides figurant au DOCUP (ou PO aujourd’hui). sous le gouvernement de Jacques CHIRAC
Lois de décentralisation de 1981 (G. Deferre, Ministre de l’intérieur). Etalées sur plusieurs années, elles rompent avec plusieurs siècles de centralisme étatique ; apparition de la démocratie locale. La primauté du Préfet disparaît.
la loi emblématique de défiscalisation de 1986, Bernard PONS Ministre de l'Outre Mer
les nouvelles règles avantageuses de soutien aux productions agricoles POSEIDOM, de 2002 sous le gouvernement Raffarin,
Extension du RMI à l’Outre-Mer le 28 décembre 1993 par le gouvernement Balladur ; (Ministre du Budget : N. Sarkozy). (Le  RMI a été créé par le gouvernement de M. Rocard (PS) le 20 janvier 1989)
la LOPOM prévue pour 15 ans: Brigitte GIRARDIN en 2003 Ministre de l'Outre-Mer à laquelle devrait succéder la LODEOM (ou loi JEGO) en 2009,
les 40% de sur rémunération pour la fonction publique d’Etat et Territoriale Mis en place suite à la loi n°50-407 du 3 avril 1950, sous les gouvernements de Georges Bidault et de René Pleven,
l’alignement du SMIC réalisée en 1995/1996 (1er rattrapage au 1er juillet 1995 et 2ème au 1er janvier 1996) et de l’alignement des alloc familiales sous le gouvernement A.Juppé.

les réductions d’impôts de 30% et 40% (Réunion et Guyane)) sur le REVENU DES PERSONNES PHYSIQUES  (I R P P) applicables en Outre-Mer sont issues de la loi N° 60-1368 du 21 décembre 1960. A cette époque, Charles De Gaulle était Président de la République, Michel Debré, 1er Ministre. Toujours d’actualité même si elles sont plafonnées…
La TVA réduite dans les DOM fut mise en place le 10 avril 1954, Ministre des finances : Edgar FAURE ; Pt de la République : René COTY

(On remarquera que la quasi majorité de ces avancées ont toutes été réalisées, par des gouvernements dits de droite…). Je n’ai jamais entendu dire que les deux exécutifs souhaitaient leurs remises en cause. Cette production législative féconde et profitable pour les DOM me paraît indépassable.
Il ne viendrait à l’esprit d’aucun électeur de croire, aussi, que tout ou partie de ces dispositions puissent être contestées. Inconcevable !, sauf que l’autonomie est un mode de gestion des affaires publiques qui autorise beaucoup de choses y compris celui de revenir en tout ou en partie sur des dispositions antérieures; l’électeur doit en être informé…

Cette identité ne fait pas obstacle à des mesures d’habilitation conformes à l’art 299 du traité d’Amsterdam qui reconnaît un traitement spécifique pour l’Outre Mer (clause de subsidiarité) repris dans l’art 73, sous la  condition « de ne pas nuire à l’intégrité et la cohérence de l’ordre juridique communautaire ». Bref, être et rester européen en droit.

Singulièrement, c’est ce qu’il y a de commun entre ces deux articles de la Constitution:
Habilitation / adaptation du droit commun pour l’art 73,
 initiative législative permise pour le 74 selon les termes de la loi organique de la COM.
Dans les deux cas, des capacités normatives dérogatoires sont reconnues.
Le 73 n’est donc pas un « corset » juridique si « opprimant », il n’est pas aussi rigide qu’on le dit mais, en droit interne, c’est vrai, les habilitations ne sont pas évidentes.
La LOPOM (ou loi Girardin), est un bon exemple de la reconnaissance de nos diversités.

3 - L’AUTONOMIE AU TRAVERS DE L’ARTICLE 74 DE LA CONSTITUTION

Les juristes et les constitutionnalistes se livrent à une exégèse constante depuis 2003 née des particularismes des COM. Que dit fondamentalement cet art. 74 ?

(extrait) Art. 74.  - «Les collectivités d’outre-mer» : Mayotte, Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna ont été créées par la  HYPERLINK "http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=JUSX0200146L" \o "Nouvelle fenêtre : site Légifrance" \t "_blank" révision constitutionnelle de 2003 ; les collectivités d’outre-mer ou COM relèvent en principe du régime de spécialité: «les collectivités d’outre-mer régies par le présent article ont un statut qui tient compte des intérêts propres de chacune d’elles au sein de la République»..
Ce statut est défini par une loi organique, adoptée après avis de l'assemblée délibérante, qui fixe les conditions dans lesquelles les lois et règlements y sont applicables. Risque : instabilité juridique (cf. Polynésie)

Rappel :
Art. 73. - Dans les départements et les régions d'outre-mer, les lois et règlements sont applicables de plein droit.  Ces dispositions ne sont donc pas menacées et offrent une grande stabilité juridique. Elles peuvent faire l'objet d'adaptations tenant aux caractéristiques et contraintes particulières de ces collectivités.

b) Comme le rappelle avec beaucoup de pertinence Miguel LAVENTURE « l’autonomie est une relation réciproque : la Martinique deviendrait autonome vis-à-vis de la Métropole, et la Métropole le serait vis-à-vis de la Martinique, si l’art 74 devait s’appliquer ». Dans ces conditions et fort logiquement, l’Etat pourrait reprendre voire annuler ce qu’il a consenti pour la nouvelle collectivité ainsi créée.

Il y a donc des possibilités de reprises totales ou partielles de lois antérieures comme celles citées plus haut. On ne peut l’exclure malgré les propos rassurants des tenants du 74. On le voit bien avec la future LODEOM (ou loi JEGO) prochainement présentée au Sénat; «  Titre 1er  du projet: les DOM etc… » figurent en bonne place et bénéficient de l’essentiel du dispositif, même si des mesures d’adaptation aux COM (par principe, il faut les mentionner pour les rendre applicables) sont introduites ici et là dans la loi.

    -2, Autre explication, l’autonomie comme préliminaire à l’indépendance. Nous avons 3 parties indépendantistes ; cette vision souverainiste est donc présente dans des couches de la population. Il suffit de regarder autour de soi, dans la Caraïbes, pour comprendre que la départementalisation (DOM / ROM) – malgré ses limites– est le statut adéquat, historique mais qu’il convient certainement d’enrichir comme l’art 73 le prévoit. (cf § 3). En particulier, le débat (raté) de 2003 sur la fusion des deux exécutifs pourrait s’imposer après que le Gouvernement se soit déclaré favorable à la disparition du département (travaux de la commission Balladur). Les critiques du 73 n’enrichissent en rien la réflexion pour la défense de l’art.74. Elles démontrent au contraire, qu’il n’est pas un dispositif alternatif.
    - 3 Autre éventualité intéressante : celle défendue par cet éminent Pr Thierry MICHALON, de l’UAG, qui soutient que l’autonomie renforcée, permettrait de développer une économie identitaire. L’idée du Pr MICHALON repose sur un postulat fort simple basé sur le retour au protectionnisme. A l’heure de la mondialisation et l’ouverture des frontières, c’est inattendu ! La Martinique devenue COM et PTOM (renoncement à la manne de l’Europe) n’ayant pas de ressources financières suffisantes, élève des droits de douanes pour les produits importés ce qui résoudrait, en partie, la problématique des finances publiques et protègeraient le marché local qui pourrait ainsi se développer…Des impôts nouveaux viendront combler un déficit prévisible et la Martinique connaîtrait alors une nouvelle ère d’opulence grâce à une économie revitalisée…
En corollaire, les investisseurs étrangers se détourneraient de cette île sans potentiel ce qui obligera tous les martiniquais à travailler plus pour une économie endogène. La Martinique donnera naissance à de nouveaux stakhanovistes soyons en certains ! Voilà un projet qui fera florès…Mao n’aurait pas fait mieux.
Sur le plan pratique,  il faut préciser que le passage de l’art 73 à l’autonomie, art 74, nécessite l’accord du gouvernement, de l’Assemblée (et du Conseil d’Etat) pour organiser une consultation populaire et rédiger une loi organique.
Cette décision prise, les Martiniquais se déterminent ensuite, dans la clarté, espérons le. La question ne sera pas, manipulation oblige: 
« voulez vous rester dans le cadre actuel institutionnel régi par l’art 73, etc…»…
mais « voulez vous que la Martinique évolue vers une nouvelle collectivité autonome, etc… ». Si le oui l’emportait la Collectivité créerait avec l’Europe des liens complètement nouveaux.

4 - LES, DOM, COM ET l’EUROPE
DOM
Les DOM (Martinique, Guadeloupe, Guyane et la Réunion) sont étroitement liés à l’Europe, voire intégrés, en qualité de RUP – Régions Ultra Périphériques - et bénéficient des aides communautaires considérables, dans le cadre du P.O (ex. DOCUP).
Les DOM (dont la Martinique), Madère, les Canaries, les Açores sont donc des RUP régis par l’article 299 §2 du traité CE. Le principe «  ne pas nuire à l’intégrité et à la cohérence de l’ordre juridique communautaire »

Pour la période 2006-2013, le P.O représente plus de 2,5 milliards d’Euros pour nos 4 DOM dont près de 700 millions d’€ pour la Martinique, y compris le fonds européen pour la pêche.
Dans un premier temps, la Martinique fut aidée pour la réalisation d’équipements collectifs, ensuite, après cette étape de consolidation, on passe à des opérations productives de richesses et de PIB marchand.
Cet argent concourt à financer ou à rénover routes, hôpitaux, Hôtels de Région et du Conseil Général, ports, aéroports, projets privés, Chambre Consulaire, agriculture, transport, santé, etc…etc…Palais des Congrès, hôtels touristiques…ses subventions sont destinées à combler un retard structurel de développement.

L’Art 73 : DOM + RUP = éligibilité aux fonds européens et association aux politiques communautaires ;

S’ajoutent les « contrats de projets » (ex. contrats de plan) qui concourent également au développement local, avec la participation de l’Europe

Pour la Martinique (extrait de la convention en cours) :

Article 2 :
Pour l’ensemble de ce Contrat de Projets, l’Etat, le Conseil Régional et le Conseil Général engagent les moyens financiers suivants :
-pour l’Etat :             155,349 M € (dont 13,8 M € au titre de l’ANRU)
-pour le Conseil Régional : 167,516 M €
-pour le Conseil Général :   134,060 M €
A titre indicatif, ces dotations seront complétées par des crédits de l'Union Européenne pris sur notre PO : FEDER (190,94 M€), FEADER (46,536 M €),  FSE (7,985M €), FEP (4 M € ) ainsi que par des contributions de partenaires privés.

Au 700 M€ du PO, s’ajoutent donc les 456 M€ soit un total de 1,15 milliards € d’aides publiques pour la période 2007-2013 !

les COM

Dans ses relations avec l’Europe, les COM sont associées à l’Europe en qualité de
P T O M, Pays et Territoires d’Outre Mer depuis le traité de Rome de 1957 reconnaissant les TOM (devenus COM).
Ces COM / PTOM sont régis, dans le cadre d’un régime d’association, par les articles 182 à 188 chap. II du traité CE. Il en est ainsi pour la Polynésie, la Nouvelle Calédonie, St Pierre et Miquelon et vraisemblablement dans un proche avenir, des nouvelles collectivités de St Barth et St Martin, pour la zone française.
Cette transformation juridique n’est pas sans conséquence : il affecte également le développement économique et social.

Si le 74 gagnait, il s’agit d’un changement radical pour la Martinique:
les fonds européens (DOCUP puis P.O) disparaissent. Ces fonds sont remplacés par le FED – fonds économique de développement – négocié au cas par cas avec les PTOM. Selon les indications du Député européen Margie SUDRE, le P.O représente
300 €/ habitant/ an pour les RUP, contre 37 €/ habitant/ an pour les PTOM !, La dernière négociation couvre la période 2001-2011.
D’autres mesures sont concernées mais ne sont visibles que lorsque l’événement associé survient : (source : Margie SUDRE), cf. débat sur « l’avenir des relations entre les PTOM et UE » Maison de l’Europe, 9 octobre 2008. Manifestation qu’elle présidait. Les implications de UE, en termes financiers et d’expertises, s’estompent, dans les domaines suivants:
Risques naturels (gestion des catastrophes naturelles, …)
Changement climatique, (impacts et actions sur les écosystèmes menacés,
Mondialisation (aide à l’intégration régionale et à l’Europe)
Etc…
L’intérêt de ce colloque était de sensibiliser le Parlement Européen pour que les PTOM (COM) soit reconnus au même titre que les RUP (DOM)… (livre vert du 25 juin 2008 de la Commission Européenne), et soient des entités distinctes des pays ACP (= Afrique, Caraïbes, Pacifique). (pays émergents, souvent pauvres et en grand retard de développement bénéficiant du FED…)

Art 74 : COM + PTOM = exclusion certaine aux bénéfices des fonds européens, alignement sur les pays ACP, aides marginales du FED.

De façon logique, les COM ne bénéficieraient plus des « contrats de projets Etat-Région »  (ex. contrats de plan).

Des contraintes budgétaires s’imposeraient alors selon les dispositions de
l’Art. 72 § 2 de la Constitution : gare aux dérapages budgétaires de la COM qui devront être compensés par de nouveaux impôts ou taxes…
Bien que les COM fassent partie de l’UE, être dans le 74 et PTOM, c’est avoir « un pied dans l’Europe, l’autre en dehors ». Une COM (art 74) délaisse l’Europe qui délaisse la COM.
Des tentatives sont déployées pour que St Martin (COM) demeure « RUP » et ne soit pas exclue de l’Europe communautaire. Il n’y a aucun précédent pour que l’Europe accepte un tel compromis ; les textes seraient contournés, il faudrait, me semble t-il, une révision complète des dispositions actuelles (cf ci-dessous Martinique). Ce n’est pas seulement un problème budgétaire ; il a y des normes européennes à respecter en matière commerciale pour les produits vendus et les échanges en général. La demande de St Martin est contradictoire d’un désir d’émancipation. L’évolution vers l’art. 74 ne me parait pas intelligible , alors que St Barth assumant son choix Art 74, aspire à être PTOM….

La République, soucieuse de ne pas se désintéresser complètement de ses COM, accordera des crédits de soutien aux économies par conventions, mais au cas par cas. La Polynésie française s’est vue ainsi octroyer un crédit de 150 millions /an pour compenser la disparition du CEP (centre nucléaire d’essais du Pacifique) ; s’ajoutent le FED communautaire, plus les concours de la BEI (= Banque Européenne pour l’Investissement).

5 - PERTISTANCE DES FONDS EUROPEENS DANS LES DOM APRES 2012

Les défenseurs du l’autonomie arguent, qu’à terme, les DOM, et particulièrement la Martinique, ne seront plus éligibles aux P.O aux motifs que le PIB/ habitant de la Martinique dépasserait le seuil des 75% de PIB/h moyen de la Communauté. A ce jour, ce chiffre est vraisemblablement atteint, puisque en 2006 nous étions aux environs de 74,3% selon les critères des « zones de convergence ». Après 2012, en fait, les RUP recevront davantage ou moins, mais selon des critères nouveaux liés à des projets ciblés répondant à des caractéristiques définis par l’UE : à l’objectif
 «Convergence » succèderont d’autres évaluations:
–« compétitivité régionale et emploi »
–« coopération territoriale européenne »

Je renvoie le lecteur au site public (Caisse des dépôts et Consignations)
www.localtis.info rubrique «guide des  fonds régionaux européens ». Il découvrira – la liste est exhaustive – que toutes les Régions Françaises, sans exception, bénéficient de ces aides sans aucune condition autre que la qualité (recherche de compétitivité, intégration régionale, etc…) et la pertinence des projets.
On est dans une logique d’investissements en lieu et place d’une logique structurelle de rattrapage basée sur le PIB/habitant. Les DOM se développeront et auront aussi des projets ambitieux dans des filières porteuses (tourisme, numérique, environnement, énergies nouvelles) autres que ceux concernant des équipements collectifs qui auront été largement subventionnés dans le passé. Si nous devenons COM, nous serions privés de subventions européennes à un moment clef de notre histoire.
Extrait de  HYPERLINK "http://www.localtis.info" www.localtis.info  : (rappel : le DOCUP ou PO est composé de 3 instruments financiers principaux: FEDER (structure…), FSE (formation…) et FEADER, (agriculture))

« L'utilisation des 14 milliards d'euros réservés à la France, contre 16,5 pour 2000-2006, « devra respecter ces nouveaux enjeux, et offrira des opportunités de financement certaines « pour tous ceux qui sauront initier des projets porteurs en termes de compétitivité et d'emploi. Exemple :
« La région Paca est au sixième rang en France en matière d'innovation. Son ambition est de «  créer de nouvelles richesses, sans exclure les territoires en marge du développement. Elle « dispose pour cela de 302 millions d'euros au titre du FEDER pour la période de sept ans. ». En Paca (Provence, Alpes, Côte d’Azur), le programme FSE bénéficie de 285 millions d'euros (courants) entre 2007 et 2013 et s'articule autour de quatre axes. »
Il en est ainsi pour les 22 régions hexagonales ; la région île de France (12 millions  d’habitants), la plus riche d’Europe, n’échappe pas à la règle. Au titre du FEDER, elle percevra 130 M€ auxquels s’ajoutent  - par une péréquation du FSE national – 50 M€…
Le maintien du 73 se ferait donc sans dommage en regard des fonds européens futurs. Il y aura continuité dans le soutien de l’UE pour l’Outre Mer, à la condition que la Martinique ait des projets porteurs. Seuls les critères d’affectations auront changé.
A contrario, la relation COM / PTOM avec l’EUROPE sera fondée sur les accords de KOTONOU (ex accords de LOME) pour les pays ACP. (Afrique – Caraïbes – Pacifique). Extrait des accords de Kotonou :
Pilier V: réforme de la coopération financière
Afin de simplifier le processus et de rendre le financement plus flexible, une rationalisation des instruments de la coopération est prévue, notamment concernant le  HYPERLINK "http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/r12102.htm" Fonds européen de développement (FED). Contrairement aux conventions précédentes, le FED ne sera plus divisé en plusieurs instruments avec les systèmes d'allocation rigide. La totalité des ressources disponibles du FED sera acheminée par deux instruments:
la facilité de l'aide non remboursable, gérée conjointement par la Commission et les États ACP. Chaque pays recevra un montant forfaitaire;
la facilité d'investissement, un nouvel instrument géré par la Banque européenne d'investissement (BEI), qui pourra investir sous forme de prêts, de fonds propres et de quasi-fonds propres. Elle pourra également accorder des garanties à l'appui d'investissements privés intérieurs et étrangers.
« L’assistanat » dénoncé par nos autonomistes ou indépendantistes sera remplacé par un statut de dépendance financière amplifiée selon une répartition définie par la gouvernance des pays ACP. Est-ce mieux ?. La Martinique se trouverait ainsi rabaissée au niveau des pays émergents, livrée à elle-même, condamnée à tendre la sébile pour faire face à une situation d’appauvrissement décidée –démocratiquement ! -  par des politiciens « en situation ».

Les défenseurs de ce dispositif sont dans le passionnel, alors que plus que jamais, le choix DOM ou COM doit se faire sur des données rationnelles.
Ce qui caractérise ces fonds – le FED - est son extrême modicité comme nous l’avons mentionné.
(Au titre du PO, St Martin devrait recevoir 34 M€ ; si le FED s’appliquait, l’île bénéficierait de ….3, 4 M€ ; on comprend mieux la volonté de la toute nouvelle Collectivité de vouloir maintenir son statut de RUP…)
Mais, « l’esprit de sacrifice est le prix à la dignité retrouvée et tout ce fatras financier et économique n’ont d’autre but que de faire peur, affirment les tenants du 74 et de l’autonomie ». Cette dialectique indigente et négationniste de l’intelligence des Martiniquais, ne prospérera pas.
Des juristes avisés soutiennent cependant, qu’il n’y a pas de lien juridique entre DOM et RUP d’une part et COM et PTOM d’autre part. Pourtant, les textes depuis plus de 50 ans ont classifié et clarifié cette problématique. Une révision des règlements communautaires (y compris la Constitution ?) s’avérerait donc nécessaire si d’aventure, la relation COM et RUP devait se nouer.
Je sais bien que certains courants de pensées souhaiteraient un 74 modéré avec une stricte observance de l’identité législative. Il y a quelques milliards d’€ en jeu, je comprends cette prudence d’être RUP …sans l’être…
En Martinique le débat est d’une toute autre ampleur ; il y a une radicalité et une impatience de certains, très minoritaires, à opter pour l’autonomie. Exit l’Europe et ses subventions…
C’est le menu que nous proposerait la future Assemblée unique conseillée par d’habiles spécialistes lauréats du concours Lépine pour le développement car n’en doutons pas, l’autonomie renforcée sera le choix imposé avec une spécialisation accrue et un contrôle de la fiscalité, des impôts, des droits de toute nature…..L’art 74 permet une organisation normative radicale dans l’autonomie, l’Etat conservant ses missions régaliennes essentielles :droits de l’homme, armée, police, justice, monnaie et l’enseignement (en partenariat avec le pouvoir local).

6 - L’ART 74, LA VOIE DE L’INDEPENDANCE

La France est une et indivisible sauf pour les TOM devenus COM, qui, peuvent se prononcer par autodétermination pour la cession. (doctrine Capitant).
Cette possibilité n’est pas ouverte pour les DOM régis par l’art 73.

Inversement, Mayotte a choisi le statut départemental, DOM, afin d’être assurée de son maintien dans la communauté française.



Une posture intéressante est celle du PPM et de son Secrétaire Général, le député-maire Serge Letchimy. Oui à l’art 74 mais sans que cette transformation nuise aux intérêts de la Martinique. Le congrès du 18 décembre 2008 n’a pas permis au PPM de se prononcer sur cette option. En résumé, il s’agirait de créer une COM jouissant des avantages des DOM-RUP tout comme pour St Martin. Un 74 martiniquais sur mesure. Je doute que cette démarche puisse prospérer car il faudrait, au préalable modifier la Constitution pour admettre une nouvelle collectivité sui generis comme prévu au chapitre XIII de la Constitution, à l’instar de la Nouvelle Calédonie. Certes, on a vu que les « collectivités à statut particulier » sont bien conformes, depuis la réforme de 2003, à l’esprit de la Constitution. Mais le législateur est-il disposé à prendre cette direction complexe et incertaine ?. Cette originalité normative défendue par le PPM me paraît présenter bien des aléas, pour des raisons de cohésions régionales (peut on imaginer la Guadeloupe dans le 73 et la Martinique autonomiste ?) bien que le projet autonomiste figure dans son histoire depuis sa création. L’opposition binaire art 73 vs art 74 ferait place à un émiettement des situations au nom du droit à la différence. Est-ce aussi politiquement correct ?.

La Nouvelle Calédonie est régie pas un statut spécifique sui generis, plus ambitieux que le 74 ; Il figure au chap. XIII de la Constitution (art. 76 et 77). Après une période politiquement très chaotique, une orientation vers l’indépendance à mis fin aux troubles. Entre 2014 et 2019, le « caillou » doit se prononcer, par voie référendaire, pour ou contre l‘indépendance auprès d’un collège électoral restreint. Celui-ci exclut les expatriés qui ont moins de 5 ans de présence….(accords de Nouméa). Belle démocratie !. Il n’y a que l’art 74 pour permettre une telle dérive !.

Compétences. Le gouvernement local est compétent en matière de fiscalité, droit du travail, protection sociale, enseignement primaire. Le congrès vote des "lois de pays". L'Etat, représenté par un haut-commissaire, conserve les prérogatives régaliennes (justice, défense, maintien de l'ordre, monnaie, relations extérieures). L'accord de Nouméa prévoit également le transfert de plusieurs compétences (enseignement secondaire, droits civil et commercial) et l'adoption de "signes identitaires" : drapeau, hymne, devise) Aucun de ces dossiers n'a encore abouti)

Il n’y a pas de RMI dans cette COM ; les indemnités de chômage sont limitées à 6 mois. Semaine des 39h.

La prise en compte des particularités atteint un degré absolument exceptionnel avec le cas de la Nouvelle-Calédonie. Dans ce territoire d’outre-mer (doté lui-même de collectivités à statut particulier en vertu de la loi, avec ses régions à partir de 1985), la consultation d’autodétermination prévue en 1998 est remplacée par une consultation sur le statut prévu par l’accord de Nouméa signé le 5 mai 1998 entre les forces politiques calédoniennes indépendantistes, non indépendantistes, et l’État.
Ce projet est tellement dérogatoire qu’il nécessite une révision de la Constitution, adoptée à l’unanimité le 20 juillet 1998. Désormais la Nouvelle-Calédonie a son propre pouvoir législatif et une citoyenneté propre, fondée sur un corps électoral adapté. Elle reste dans la République (et ses provinces sont expressément qualifiées de collectivités territoriales de la République), mais son statut lui accorde tant de compétences, qui s’accroissent progressivement sur une durée prévue de quinze à vingt ans, que l’on peut parler à son égard de souveraineté partagée.


La Polynésie Française a une organisation d’autonomie très renforcée avec une spécialisation législative qui limite à l’Etat, des missions de contrôle et d’habilitation réduites; c’est la 1ère collectivité d’outre-mer (COM) qui bénéficie, après la révision constitutionnelle du 28 mars 2003, d’un nouveau statut figurant dans sa loi organique votée en 2004. C’est une quasi loi de souveraineté, qui ouvre, n’en doutons pas, la voie à l’indépendance – si la situation financière de ses comptes publics le permet… :
la Polynésie a des compétences accrues sur le plan international et peut signer des accords internationaux avec des organisations internationales,
elle peut se faire représenter, de façon diplomatique, dans des Etats,
la Polynésie peut édicter des mesures préférentielles en faveur des entreprises et des populations (le favoritisme est devenu une pratique courante, l’Etat impartial rangé au placard),
codécision entre la Polynésie et l’Etat pour des missions ne relevant habituellement que de ce dernier : entrée des étrangers, contrôle des infractions de toute nature, etc…
les institutions sont des copiées/collées d’Etat souverain ; « président de la Polynésie française », « Gouvernement » , « Assemblée », « Conseil économique et social », « journal officiel de la Polynésie française »,
Membre associé du « forum du Pacifique »,
La Polynésie française fixe les règles applicables à la commande publique de ses établissements publics (l’Etat applique le Code des marchés publics sur son domaine propre). Droit du travail : lois de pays
En Polynésie Française il n’y a ni RMI, ni indemnité de chômage.
en vertu du principe (violent) « seuls ceux qui travaillent ont droit à une rémunération… » dixit son Président. Pas de RTT, maintien de la semaine de 39h.

St Pierre et Miquelon a choisi l’Art 74 ,COM, à une époque où la filière pêche prospérait protégeant ainsi ses droits de pêche attachés à sa zone économique exclusive, des flottes de la Communauté Européenne. Après la chute de cette activité essentielle, St Pierre et Miquelon souhaiterait revenir à la situation pro ante de la départementalisation érigée en 1976. Elle pratique une assimilation législative très poussée, les habilitations ou la spécialisation n’étant appliquées qu’en dernier recours….
St Barth et St Martin sont devenus des COM suite à la consultation du 7 décembre 2003. Le statut préexistant, largement dérogatoire en matière de fiscalité et d’impôts, ont largement déterminé les populations à opter pour l’art 74.
A défaut (le Conseil d’Etat s’était anciennement prononcé en 1985 pour que ces dépendances s’alignent sur la fiscalité de la Guadeloupe) ces îles risquaient de perdre ces privilèges hérités du passé. Toutefois, à la différence de Saint-Barthélemy, Saint-Martin souhaiterait conserver le statut de région ultra-périphérique, afin de bénéficier du maintien des fonds structurels et de l'acquis communautaire.
PO actuel : 26 M€ ; demain en  l’association avec les PTOM, cette aide passerait à 2,6 M€…, Mais la partie hollandaise de l’Ile – St Marteen – est un PTOM qui s’est affranchi des normes communautaires en matière de sécurité sanitaire, environnemental ou alimentaire. Si ces deux régimes devaient perdurer, les relations commerciales et les échanges - déjà compliqués - entre ces deux « nations » s’en trouveraient durablement affectés. St Martin, COM et PTOM c’est l’assurance d’un fonctionnement harmonieux et original de l’île et des relations clarifiées avec l’Europe. L’île doit assumer son choix.
St BARTH étant largement approvisionnée par l’Amérique du Nord, a choisi d’être PTOM afin également de se soustraire aux contraintes communautaires. Ces différences normatives n’augurent rien de bon pour les échanges entres ces micro territoires. On a vu récemment des tensions très vives apparaître sur le plan fiscal entre la Guadeloupe et St Martin – tout juste devenu COM -. Que nous réserve l’avenir ?
La Réunion a définitivement clos le débat, s’interdisant constitutionnellement d’évoluer en COM. Français sans complexe, les Réunionnais ont des préoccupations  orientées vers l’immense marché d’Asie et l’Afrique (île Maurice) vécues non comme une concurrence insurmontable mais comme des opportunités en matière de coopérations régionales.
La Guadeloupe, n’a manifesté, à ce jour, aucune attirance vers sa transformation en COM. Les derniers événements qui s’y sont déroulés et la liste impressionnante des revendications du Collectif, sans réelle connotation politique, prouvent à l’évidence que l’ancrage  - du non-dit - dans le 73 constitue encore «le bon choix», « le bon plan ».
Guyane. Le Congrès du 19 décembre 2008 a marqué une nouvelle étape du débat sur l’évolution statutaire de la Guyane, avec notamment l’adoption à l’unanimité d’une résolution approuvant le principe d’une évolution statutaire sur la base de l’article 74 de la Constitution.
1ère CONCLUSION

On a vu que la transformation de la Martinique en COM a un coût élevé pour les populations : l’île serait
regroupée au sein des PTOM associés à l’Europe et  très faiblement aidée en vertu des accords passés avec les pays ACP, (FED et BEI)
perdrait les fonds européens (PO),
perdrait «  les contrats de projets »,
pourrait voir sa couverture sociale déclassée (RMI, ASSEDIC, sur rémunération, bonifications,…),
perdrait un précieux partenariat avec UE en matière de risques cycloniques, de la confrontation à la mondialisation…,
perdrait sa capacité à atteindre les standards européens en matière de niveau de vie, de santé, de performance économique, due à une vulnérabilité liée a l’absence de ressources naturelles

Malgré ce bilan qui inciterait à la plus grande prudence, le congrès de la Martinique du 18 décembre 2008– s’est largement prononcé pour une évolution statutaire selon l’art 74 mais sans en évaluer les conséquences et les retombées sur le pays.
La population ne fera pas de suivisme ayant compris que la solidarité et l’identité française ne sont pas à confondre avec un discours et une idéologie revanchardes. Ceux qui défendent ces valeurs nihilistes découvriront - si consultation il y a - une population responsable, non infantilisée, qui saura s’opposer à l’aventurisme et à un statut qui mènerait la Martinique vers la régression et l’appauvrissement. Beaucoup reste à faire certes, mais la mondialisation et la crise nous invitent, plus que jamais, à serrer les rangs. Le statut actuel reste pour longtemps encore la seule voie pour la Martinique qui ne peut se construire sans l’Europe et la France, étant bien souligné que « la Constitution tient toujours compte des particularités : pour l’article 73 « les caractéristiques et contraintes particulières de ces collectivités ». Les habilitations ou adaptations rendues possibles dans les DOM-RUP sont, sans hésitation, des orientations à privilégier au prix d’un travail parlementaire.
Le pragmatisme doit l’emporter sur les brûlures du passé !. Il y a un peuple martiniquais talentueux et volontariste mais ce n’est plus celui de 1946 !.

2ème conclusion

On a vu que toutes les régions de la République bénéficiaient,  - déniant toute crédibilité à la formule de « mendicité légale » ,– des aides européennes et de l’Etat. La crainte des martiniquais ? C’est surtout la capacité à gérer et à développer la Martinique par le nouveau pouvoir autonomiste éventuellement issu des urnes qui les interpelle.. Le cas du tourisme est exemplaire. Cette filière dont chacun croyait qu’elle portait l’avenir de la Martinique, décline d’année en année. La fusion de l’ARDTM et ODTM en CMT n’a pas permis un redémarrage du tourisme. Largement pourvu financièrement et ayant des représentations à Paris, New York et à Montréal depuis des années, on ne peut que dresser un constat  d’échec.
Le CMT est complètement contrôlé par le Conseil Général et Régional ; le « futur » pouvoir aura du mal a convaincre les Martiniquais de sa capacité à gérer l’avenir de la Martinique après un tel bilan !.
Quel Mandrake élu de la future assemblée, sera capable, dans un statut débarrassé des violences de l’Etat « colonialiste » d’attirer les touristes de tous horizons ?. Qui sera capable de repenser le tourisme et de créer une vraie industrie touristique ?. Vous noterez que St Martin et St Barth n’ont pratiquement pas d’organisme comparable au CMT. Faut il voir là une solution pour la relance du tourisme martiniquais ?
En résumé, les questions fondamentales à se poser avant de passer à l’isoloir :
l’autonomie, privée des fonds européens est elle un rempart à la crise ?
ce statut convient il à la Martinique, pour son développement et la protection d’une économie fragilisée?
ce statut est-il compatible avec la recherche (cf. la politique de la Collectivité Corse ?) de l’attractivité du territoire.
Pour ajouter au débat, osons écrire que si la preuve peut être faite qu’une Martinique autonome (ou indépendante), pourra en quelques années :
faire passer le chômage de 25% à 7% ,
sauver les filières de la banane et les autres activités agricoles,
transformer la Martinique en société de l’information et du numérique,
rénover les nombreux lycées en piteux état, y compris l’habitat
créer des emplois et des activités nouvelles,
relancer le tourisme, la croisière, construire de nouvelles marinas,
assurer le maintien des prestations sociales (budget annuel de la CAF : 500 millions d’€ pour….100 000 allocataires),
construire les milliers de logements sociaux qui nous font défaut,
développer des activités à l’export et évoluer vers une économie de l’offre,
assurer la continuité en matière de transport et proposer le haut débit à bas prix, le tout sans fonds européens, sans contrat de projets, et sans réduction (?) des 40% ou suppression des bonifications, RMI, ASSEDIC, Sécurité Sociale, etc…
sans impôts ou taxes nouveaux, alors, je suis prêt à titre individuel, à examiner toutes les solutions statutaires possibles. Cette démarche n’engageant que moi. Chacun observera, que sur la base des exemples des COM citées, ceux qui tirent leur épingle du jeu ont des mines de Nickel ou un tourisme nord américain de haut de gamme à forte valeur ajoutée. Quel sera notre Joker de demain ?
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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 20:09
Où l'on en apprend un peu plus sur le fameux article 74
Ci - dessous un lien permettant de voir et d'écouter un échange intervenu entre M Jego et Gaston Flosse :
http://www.dfa2010.com/La-Nouvelle-Caledonie-doit-assumer-les-consequences-de-l-autonomie-!-Bientot-la-Martinique_a47.html


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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 01:46


Richard Samuel


Richard Samuel, délégué général à l’Outre-mer, Chef de projet des prochains états généraux décidés par Nicolas Sarkozy, était préfet de l'Eure depuis le 30 juillet 2007. A 57 ans, ce Guadeloupéen né à Pointe-à-Pitre a un brillant parcours dans la haute administration. Elève administrateur de la ville de Paris (scolarité ENA), en 1979. Nommé sous-préfet de 2e classe à Clermont en mai 1988, puis sous-préfet de première classe un an plus tard. Il a aussi été chargé des fonctions de commissaire au développement économique de la Corse. Puis sous-préfet hors classe et sous-préfet de Vienne en mars 2003. Richard Samuel a été conseiller technique au cabinet du ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation...
Le 4 août 2005, il est nommé préfet de la Meuse. En août 2005, il est délégué interministériel du dispositif d'aide et d'accompagnement des victimes de la catastrophe du 16 août 2005, puis détaché directeur des affaires politiques, administratives et financières de l'outre-mer, haut fonctionnaire de défense au ministère de l'outre-mer.
En juillet 2006, Richard Samuel est préfet hors cadre, directeur du cabinet du ministre de l'Outre-mer et depuis juillet 2007, ce chevalier de la Légion d'Honneur, officier de l'Ordre national du mérite, était préfet de l'Eure.
Hier, il a pris officiellement ses fonctions entenant une première réunion, avec la presse, en préfecture.

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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 01:30

Définition de Chlordécone


Pesticide organochloré utilisé entre 1981 et 1993 employé pour le traitement des bananiers pour lutter contre le charançon. Appartient à la même famille que le DDT, le lindane, le mirex.
Le chlordecone est un polluant organique persistant, extrêmement rémanent dans l'environnement qui peut s'avérer très toxique.
A été classé comme cancérogène possible chez l'homme dès 1979 mais n'a été interdit qu'en 1993 et utilisé notamment aux Antilles.
Ce produit est à l'origine d'une pollution importante en Guadeloupe et en Martinique découverte en 1999. À certains endroits l'eau souterraine contient des taux de chlordecone 100 fois supérieurs à la norme.


Le joli petit film...
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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 01:20
INDISCRÉTIONS
Laurent
Laurent Dever, recteur d'académie, n'est pas disposé à répondre à d'autres questions de la presse que celles relatives au CRDP quand il visite cet établissement. Bien, mais les Guadeloupéens pensaient qu'il y avait d'autres interrogations que le fonctionnement de cette structure plus urgentes en ce moment. Notamment les dates du brevet des collèges. Sera-t-il ou non repoussé ? Cette question-là intéresse des milliers d'enfants, des milliers de parents. Et puis, il y a la finalisation des sessions de rattrapage... Cela aussi intéresse les Guadeloupéens dont les enfants sont scolarisés. Le CRDP, combien de visiteurs ?..

Eric
Eric Jalton, député de la première circonscription, est l'un des signataires d'une proposition de loi « visant à promouvoir le droit à l'éducation et à abroger la loi instituant un droit d'accueil dans les écoles primaires pendant le temps scolaire. »
Que dit l'article 1er de sa proposition de loi ? « L'Etat doit procéder au remplacement des enseignants absents pour maladie, maternité, formation ou décharge syndicale par des enseignants, afin d'assurer le droit à l'éducation... » Et quand ces mêmes enseignants remplaçants sont malades, que fait-on ? On les remplace par des enseignants, etc.

Yves
Yves Jégo passera trois jours dans les collectivités du nord, Saint-Martin et Saint-Barthélemy (vendredi, samedi, dimanche). Il passera une journée en Guadeloupe, deux jours en Martinique. Rien pour la Guyane ? Il sera à Marie-Galante lundi matin, puis à Pointe-à-Pitre, pour une réunion en CCI avec Colette Koury, pour la relance de l'économie et à Saint-François, avec Laurent Bernier, pour un discours, lundi après-midi, avant de quitter la Guadeloupe mardi matin par le premier avion. Ça, c'est un déplacement !

Nicolas
Le préfet de département de la Guadeloupe, Nicolas Desforges, ira-t-il à Saint-Martin, accueillir le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer ? Il semble que la question se pose, les anciennes « îles du nord  », transformées en collectivités d'outre-mer ayant un préfet délégué, Dominique Lacroix. Même si M. Desforges est toujours préfet des « îles du nord »...
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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 01:17
Bond de l'euro à 1,35 dollar après les annonces de la Fed

L'euro est passé au dessus de 1,35 dollar mercredi soir, atteignant son plus haut niveau depuis deux mois et signant l'une de ses plus fortes progressions face au dollar, après l'annonce des nouvelles mesures de la banque centrale américaine.
Vers 21h45 GMT (22h45 à Paris), la monnaie européenne valait 1,3516 dollar pour un euro contre 1,3013 dollar mardi soir.
Elle est montée jusque 1,3534 dollar, signant sa plus forte progression en valeur depuis son introduction en 1999 --mais pas en pourcentage-- et remontant à son plus haut niveau depuis le 9 janvier.
La banque centrale américaine a pris de court le marché des changes en annonçant une intensification de sa politique d'"assouplissement quantitatif" destinée à dégripper les marchés en créant massivement de la monnaie.
Elle va notamment acheter jusqu'à 300 milliards de dollars de bons du Trésor à long terme au cours des six prochains mois, alors que les cambistes ne tablaient que sur une nouvelle déclaration d'intention.
La baisse des rendements des obligations du Trésor américain qui devrait suivre va retirer aux investisseurs l'une de leurs principales motivations d'acheter du dollar.
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