21 septembre 2009
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OPERATION CORAIL 2009
Le 11 septembre 2009, une quinzaine de spécialistes se sont retrouvés pour une troisième nuit entre Vieux-Bourg et Port-Louis sur des fonds de 10-12 mètres pour récupérer la ponte de coraux
de deux espèces, Montastrea faveolata et Montastrea annularis.
Récit d'une opération rare par Philippe Godoc, de l'Aquarium de la Guadeloupe.
Photo : Franck MAZEAS
Cette nuit là, l’équipe est composée de huit plongeurs collecteurs, d’un caméraman sous-marin,
d’un éclairagiste, d’un photographe sous-marin, d’un chef plongeur chargé de la sécurité et
d’une caméraman chargée des images de surface.
Ils sont tous scientifiques et plongeurs. Ils viennent d’Océanopolis (Brest), de l’Aquarium de La Rochelle, de l’Aquarium de la Guadeloupe et de la DIREN Guadeloupe. Tout ce petit monde et l’imposant matériel qui l’accompagne tiennent difficilement sur les deux bateaux de l’Aquarium.
Franck Mazéas, de la DIREN Guadeloupe, est catégorique : ce sera pour cette nuit ! Il a, après
des années d’observations, conclu que ces deux espèces pondent chaque année après la pleine
lune du mois de septembre vers 21 h 15. C’est pourquoi ils sont tous là pour cette trosième
nuit en mer.
« Nous sommes sur site vers 17 h 30 pour la pose de filets fixes au dessus de deux massifs. Après
un casse-croûte, la mise à l’eau a lieu à 20 h 45, raconte Philippe Godoc, de l'Aquarium. Chacun a une fonction bien précise sous l’eau et à bord. Les plongées précédentes n’ont pas été de trop pour bien coordonner la manip. Nous sommes tous prêts à 21 h 10, chaque équipe est devant son massif corallien, la caméra tourne, les projecteurs sont allumés. »
21 h 15, 21 h 20, 21 h 30… rien.
« Même si nous ne pouvons pas nous parler sous l’eau, poursuit M. Godoc, une certaine tension commence à s’installer. L’impatience est manifeste, elle se lit sur les visages. Et si on s’était trompé ? Voilà des milliers d’années que ce cycle de la vie se produit, va-t-on l’observer cette nuit ? La pollution humaine a-t-elle changé les paramètres de l’horloge naturelle ? Tout cet
investissement matériel et humain pour rien ? »
Des petites perles blanches
A 21 h 35 quelques dizaines d’œufs s’échappent d’un premier massif. L’excitation est à son
comble. Des petites perles blanches de quelques dixièmes de millimètres sont expulsées.
Elles sont vite récupérées par les plongeurs dans des épuisettes à mailles très fines.
« A 21 h 40, explique Philippe Godoc, la totalité des massifs expulsent des millions d’œufs. Un véritable feu d’artifice ! Nous ne pouvons pas le voir dans l’obscurité de la nuit, mais nous savons que l’ensemble des massifs de coraux de la Guadeloupe et d’une bonne partie de ceux de la Caraïbe, fait de même au même instant. La mer se rempli d’œufs qui s’illuminent sous les projecteurs. C’est comme la voie lactée sous la mer. »
Chaque équipe se dépêche de prélever ce qu’il peut, sachant que la prochaine fois ne sera
que dans un an. De nombreux poissons disputent aux plongeurs les œufs de coraux dont ils
se régalent.
« A 22 heures tout redevient calme. C’est fini. Les œufs sont ramenés au bateau, mélangés au
sperme des autres massifs de la même espèce et rapidement ramenés à l’Aquarium. »
Les premières observations au microscope rassurent les scientifiques. « On observe déjà les
divisions cellulaires, preuve que la nature fait son œuvre malgré notre intervention. Les œufs
sont placés dans des incubateurs flottants, dans les aquariums du laboratoire », conclut M. Godoc.
La soirée se finit vers 3 heures (du matin) devant une coupe de Champagne pour fêter ce
premier succès. Les visages sont marqués par la fatigue mais chacun a dans les yeux le
spectacle extraordinaire que la nature a encore offert cette nuit.
REPÈRES
Bientôt un film
Les images tournées par Yves Gladu sont extraordinaires. Un film sera bientôt produit
racontant cette mission.
Couvés
Des techniciens se relaient jour et nuit devant les incubateurs pour surveiller l’évolution des 270 000 larves récoltées. Elles sont régulièrement comptées et observées au microscope. Les paramètres physicochimiques de l’eau des bassins sont contrôlés. La moindre erreur peut provoquer la perte de la récolte. Les larves vont flotter pendant quelques jours puis couler pour se fixer et fonder une
nouvelle colonie.
Trois labos spécialisés
Cette phase sera le travail conjoint des trois labos des aquariums de Brest, La Rochelle et
Guadeloupe. Les larves sont partagées entre ces trois établissements. Si tout va bien, dans
quelques semaines, on pourra observer les premières planulas fixées sur des supports
en céramique. La croissance du corail est très lente, à peine quelques centimètres par an, il faudra donc être patient.
Un élevage de coraux
A plus long terme et après avoir valider le bon protocole, on peut rêver que ces opérations
se fassent à grande échelle. Des coraux élevés en aquarium pourront peut être un jour être
réimplantés en mer sur des zones abîmées par les pollutions humaines. Mais pour cela, il
faudra avant tout redonner à nos eaux leurs qualités originelles et ça, c’est une autre
histoire.
Adresse
Aquarium de la Guadeloupe
Place Créole
97190 Gosier
Ouvert tous les jours de 9 à 19 heures
Adultes : 9.00€
Enfant - de 12 ans : 6.50€
Enfant - de 5 ans : Gratuit
Le 11 septembre 2009, une quinzaine de spécialistes se sont retrouvés pour une troisième nuit entre Vieux-Bourg et Port-Louis sur des fonds de 10-12 mètres pour récupérer la ponte de coraux
de deux espèces, Montastrea faveolata et Montastrea annularis.
Récit d'une opération rare par Philippe Godoc, de l'Aquarium de la Guadeloupe.
Photo : Franck MAZEAS
Cette nuit là, l’équipe est composée de huit plongeurs collecteurs, d’un caméraman sous-marin,
d’un éclairagiste, d’un photographe sous-marin, d’un chef plongeur chargé de la sécurité et
d’une caméraman chargée des images de surface.
Ils sont tous scientifiques et plongeurs. Ils viennent d’Océanopolis (Brest), de l’Aquarium de La Rochelle, de l’Aquarium de la Guadeloupe et de la DIREN Guadeloupe. Tout ce petit monde et l’imposant matériel qui l’accompagne tiennent difficilement sur les deux bateaux de l’Aquarium.
Franck Mazéas, de la DIREN Guadeloupe, est catégorique : ce sera pour cette nuit ! Il a, après
des années d’observations, conclu que ces deux espèces pondent chaque année après la pleine
lune du mois de septembre vers 21 h 15. C’est pourquoi ils sont tous là pour cette trosième
nuit en mer.
« Nous sommes sur site vers 17 h 30 pour la pose de filets fixes au dessus de deux massifs. Après
un casse-croûte, la mise à l’eau a lieu à 20 h 45, raconte Philippe Godoc, de l'Aquarium. Chacun a une fonction bien précise sous l’eau et à bord. Les plongées précédentes n’ont pas été de trop pour bien coordonner la manip. Nous sommes tous prêts à 21 h 10, chaque équipe est devant son massif corallien, la caméra tourne, les projecteurs sont allumés. »
21 h 15, 21 h 20, 21 h 30… rien.
« Même si nous ne pouvons pas nous parler sous l’eau, poursuit M. Godoc, une certaine tension commence à s’installer. L’impatience est manifeste, elle se lit sur les visages. Et si on s’était trompé ? Voilà des milliers d’années que ce cycle de la vie se produit, va-t-on l’observer cette nuit ? La pollution humaine a-t-elle changé les paramètres de l’horloge naturelle ? Tout cet
investissement matériel et humain pour rien ? »
Des petites perles blanches
A 21 h 35 quelques dizaines d’œufs s’échappent d’un premier massif. L’excitation est à son
comble. Des petites perles blanches de quelques dixièmes de millimètres sont expulsées.
Elles sont vite récupérées par les plongeurs dans des épuisettes à mailles très fines.
« A 21 h 40, explique Philippe Godoc, la totalité des massifs expulsent des millions d’œufs. Un véritable feu d’artifice ! Nous ne pouvons pas le voir dans l’obscurité de la nuit, mais nous savons que l’ensemble des massifs de coraux de la Guadeloupe et d’une bonne partie de ceux de la Caraïbe, fait de même au même instant. La mer se rempli d’œufs qui s’illuminent sous les projecteurs. C’est comme la voie lactée sous la mer. »
Chaque équipe se dépêche de prélever ce qu’il peut, sachant que la prochaine fois ne sera
que dans un an. De nombreux poissons disputent aux plongeurs les œufs de coraux dont ils
se régalent.
« A 22 heures tout redevient calme. C’est fini. Les œufs sont ramenés au bateau, mélangés au
sperme des autres massifs de la même espèce et rapidement ramenés à l’Aquarium. »
Les premières observations au microscope rassurent les scientifiques. « On observe déjà les
divisions cellulaires, preuve que la nature fait son œuvre malgré notre intervention. Les œufs
sont placés dans des incubateurs flottants, dans les aquariums du laboratoire », conclut M. Godoc.
La soirée se finit vers 3 heures (du matin) devant une coupe de Champagne pour fêter ce
premier succès. Les visages sont marqués par la fatigue mais chacun a dans les yeux le
spectacle extraordinaire que la nature a encore offert cette nuit.
REPÈRES
Bientôt un film
Les images tournées par Yves Gladu sont extraordinaires. Un film sera bientôt produit
racontant cette mission.
Couvés
Des techniciens se relaient jour et nuit devant les incubateurs pour surveiller l’évolution des 270 000 larves récoltées. Elles sont régulièrement comptées et observées au microscope. Les paramètres physicochimiques de l’eau des bassins sont contrôlés. La moindre erreur peut provoquer la perte de la récolte. Les larves vont flotter pendant quelques jours puis couler pour se fixer et fonder une
nouvelle colonie.
Trois labos spécialisés
Cette phase sera le travail conjoint des trois labos des aquariums de Brest, La Rochelle et
Guadeloupe. Les larves sont partagées entre ces trois établissements. Si tout va bien, dans
quelques semaines, on pourra observer les premières planulas fixées sur des supports
en céramique. La croissance du corail est très lente, à peine quelques centimètres par an, il faudra donc être patient.
Un élevage de coraux
A plus long terme et après avoir valider le bon protocole, on peut rêver que ces opérations
se fassent à grande échelle. Des coraux élevés en aquarium pourront peut être un jour être
réimplantés en mer sur des zones abîmées par les pollutions humaines. Mais pour cela, il
faudra avant tout redonner à nos eaux leurs qualités originelles et ça, c’est une autre
histoire.
Adresse
Aquarium de la Guadeloupe
Place Créole
97190 Gosier
Ouvert tous les jours de 9 à 19 heures
Adultes : 9.00€
Enfant - de 12 ans : 6.50€
Enfant - de 5 ans : Gratuit
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