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Revue de l'actualité politique locale

LES DOCKERS, DES NABABS ? 22/02/09

La vie de nabab des dockers de Fort-de-France
 
Lu sur LExpansion.com
 
Ils contrôlent l'unique port de la Martinique et ont un salaire moyen de
6000 euros par mois.
 
Quel est le seul parking de la Martinique où l'on ne fait pas la différence
entre les voitures de la direction et celles des salariés ? Réponse : celui
du port de Fort-de-France. Si cette boutade fait sourire les Martiniquais,
c'est qu'elle a du vrai. Un simple coup d'œil au parking en question le
confirme d'ailleurs aisément : on dirait un showroom de 4X4 rutilants !
 
Rien d'étonnant à cela : les 130 dockers du port de Fort-de-France sont la
corporation la mieux payée de l'île. Leurs salaires, à la fois décriés et
enviés, sont en effet hors normes. Ils oscillent entre 4 000 et 9 000 euros
par mois pour 35 heures de travail par semaine. Soit nettement plus que le
salaire moyen d'un docker de la métropole (3 000 à 3 500 euros).
 
L'explication est très simple : les dockers contrôlent le poumon économique
de la Martinique. « En dehors de quelques produits agroalimentaires,
l'essentiel de ce qui est consommé sur l'île transite par le port de
Fort-de-France, le seul du département », souligne Charles Apanon, le
directeur de l'IEDOM en Martinique, la « banque centrale déléguée » à
l'outre-mer. Les dockers le savent et ils en usent et en abusent. Les
blocages quasi quotidiens de l'année 2003 ont certes disparu. Mais le
trafic n'est jamais à l'abri de mouvements intempestifs. En mars, les
portiqueurs ont débrayé pendant quinze jours pour demander une augmentation
de… 1 200 euros par mois ! Pourtant, leur salaire mensuel moyen avoisine
déjà 5 500 euros.
 
La tactique est payante. La rémunération des dockers a doublé depuis la fin
des années 90. « Comme la banane, le principal produit d'exportation du
port, est une denrée très périssable, les dockers ont un énorme pouvoir de
nuisance », insiste Jean-Charles Cren, président du syndicat des
manutentionnaires du port de Fort-de-France. Il leur suffit de croiser les
bras pendant quelques jours pour mettre en péril toute la filière bananière
qui fait vivre près d'un salarié martiniquais sur cinq. Résultat : les
revendications salariales des dockers sont sans limite et si on les refuse,
c'est le blocage assuré. Dans ce cas, c'est toute l'économie de l'île qui
est grippée au bout de quelques jours. Les organisations patronales sont
particulièrement inquiètes. « A cause de la surrémunération des dockers,
nous avons le port le plus cher du monde ! », insiste Patrick
Lecurieux-Durival, président du Medef martiniquais. Or, dit-il, « on ne
peut pas être en position de monopole et ne pas avoir de service minimum ».
 
 
Un discours auquel reste insensible José-Jean Baptiste, le patron des
dockers, surnommé « le dictateur ». Il a d'ailleurs été publiquement
dénoncé au printemps 2005 par un autre syndicaliste. Marc Pulvar (décédé),
le patron de la Centrale syndicale des travailleurs martiniquais (CSTM,
gauche indépendantiste) n'a pas hésité à parler de la « mafia des dockers
», soulignant notamment qu'un tiers d'entre eux font partie de la même
famille élargie ; ils sont en effet recrutés parmi les enfants, les frères
ou les cousins.
 
Dès qu'un conflit se profile sur le port, les politiques restent muets. Au
nom de la préservation de la paix sociale, des augmentations de salaires
sont régulièrement accordées. « Mais quand on fait ça depuis 20 ans, on
arrive à des coûts de manutention surréalistes », s'inquiète Jean-Charles
Cren. Du coup, regrette-t-il, « 130 personnes vivent sur un petit nuage et
prennent l'île en otage ».
 
Yves-Michel Riols, envoyé spécial à Fort-de-France
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