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Revue de l'actualité politique locale

REFLEXIONS SUR L'APRÈS-CONFLIT 23/04/09

Réflexions transmises par un correspondant anonyme
 
 
PROTOCOLE DE FIN DE CONFLIT :
Le mouvement du LKP qui a bloqué la Guadeloupe du 20 janvier au 4 mars 2009 a produit l’accord "Bino" et le
protocole de fin de conflit du 4 Mars :  C’est sur ces deux éléments qu’il faut se baser pour mieux
comprendre et définir ce mouvement sur lequel beaucoup de choses ont été dites.
L’accord Bino, à part son préambule sur lequel il faudra revenir, définit que les entreprises verseront 50 euros, l’Etat 100 euros (provisoirement), les collectivités 50 euros(provisoirement).
L’accord du 4 Mars comporte 165 points alors que la plateforme déposée le 20/01 en comportait 119 donc 46 point
supplémentaires.
Pourquoi ?
Voici les rubriques traitées :
• Prestations sociales, minimas sociaux et salaires
• Baisse des prix produits de première nécessite
• Baisse des prix des carburants
• Baisse du prix de l’eau
• Logement
• Transport
• Education
• Formation professionnelle et emploi des jeunes
• Droits syndicaux
• Services publics
• Production : volet agricole et volet pêche
• Aménagement du territoire et infrastructure
• Culture
• Dispositions finales et diverses.
On aurait aimé imaginer qu’il s’agisse du projet de société que la Guadeloupe aurait fait pour elle même ....
Pas du tout, ce sont les domaines dans lesquels la Guadeloupe exige qu’on fasse pour elle. 
« fé sa ban mwen ! »
L’Etat (et ses administrations) est concerné 104 fois.
Les collectivités locales et divers organismes locaux sont concernés 78 fois.
....88 fois, l’un ou l’autre est sollicité financièrement d’une manière ou d’une autre.
Chaque fois qu’elles sont citées, les entreprises ou les employeurs que sont les administrations, le sont financièrement d’une manière ou d’une autre.

 « Ban mwen l’agent »
La situation que traduit ces documents illustre effectivement que ceux qui les ont promus sont toujours dans le schéma de l’économie de plantation (préambule de l’accord Bino) où il y a un « patron » plein de privilèges et de sous, et une masse de travailleurs opprimés.
Il est évident que les choses ont sensiblement changées au cours du XXè siècle, mais surtout, les craquements qui annoncent, non pas des évolutions, mais des ruptures imminentes ne sont absolument pas prises en compte.
Mais pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple, même si c’est faux : c’est un excellent levier.
Ainsi, sur 182 points (104+78), l’Etat, la Région, le Département sont d’accords pour modifier immédiatement leurs budgets, leur organisation, leurs projets, leurs tâches, leur politique.
Si tel est le cas, ce n’est pas un protocole de fin de conflit qu’ils auraient dû signer, mais leur démission. 
Ou bien notre organisation démocratique est incapable de correspondre aux attentes du peuple, 
Ou bien on fait exprimer au peuple des attentes qui ne sont pas démocratiques. Mais dans les deux cas il y a un problème fondamental. 
À l’exception des 50 euros payés par les entreprises, les énormes budgets mobilisés pour l’exécution de l’accord, sont des fonds publics, par définition budgétés, ce qui veut dire qu’ils sont limités et déjà affectés.
Les sommes réaffectées hâtivement pour calmer le LKP vont entraîner des coupes sombres dans les projets mûrement choisis et programmés en fonction de l’intérêt supérieur de la communauté,
ou augmenter les prélèvements. On parle là de 25 millions pour le Conseil Général, environ 50
pour le conseil Régional, soit en coût direct 75 millions sur les finances locales : une paille !
Si c’est la pression de la rue qui dicte la politique et les budgets, "la pwofitasyon" ce sont alors les élus payés qui ne servent à rien. Résultant de l’accord Bino, on voit (pour la première fois à ma connaissance) l’argent public faire irruption dans les salaires : Grève ou pas, les élus ont-ils le droit d’utiliser l’argent public pour abonder (même sous forme de prime), ce qui est demandé par le LKP : une augmentation de salaire ?
Outre ce financement anormal, voire illégal, il est évident que cet accord entraîne :
Un effet inflationniste immédiat.
Un renforcement de la dépendance de l’économie à l’argent du
contribuable.
Un pallier de plus franchi dans l’économie virtuelle.
Une accentuation du clivage entre nos territoires et leurs voisins tant pour le niveau de vie que pour l’assistanat. 
Une attractivité des produits de métropole renforcée (coûts de production moins élevés). On voit bien que cette mesure n’a donc qu’un seul effet : la démagogie.... Car les effets cités plus haut son justement les axes contre lesquels le LKP dit se battre. Sans oublier les milliers d’emplois et les banqueroutes que le blocage va laisser derrière lui.

Une grève ?
Ainsi nommée par l’ensemble des acteurs, à commencer par le LKP, suivi par l’ensemble des interlocuteurs.... pourquoi ? 
Une grève c’est : Un Mouvement collectif pris à l'initiative de tout ou partie du personnel d'une entreprise, destiné en général à contraindre l'employeur à la négociation des conditions de travail et de rémunération.
J’y ai vu plutôt : 
La sédition : Trouble contre l'ordre public, contre l'autorité légale, qui est concerté, a des meneurs et n'est pas l'action d'un rassemblement fortuit. 
La subversion : Action visant à saper les valeurs et l’ordre établi. 
Un mouvement populiste : Mouvement politique mené par un homme fort, fondé sur le recours au peuple, orienté vers la dénonciation de ce qui menace le peuple en question, et appelant à un changement, à une régénération.
Si, dès le début, ils avaient mis les bons mots sur les évènements, MM Lurel, Gillot, Desforges et Jégo ne seraient pas tombés dans le piège du LKP et auraient évité de passer pour des "incapables". 
Si on soigne une migraine alors qu’il s’agit d’une méningite, on se fait moins de soucis, mais on décède. 
Le populisme, c’est quoi ? 
Un mouvement populiste voit généralement le jour quand on perçoit mal le projet commun, quand les valeurs et les institutions en place s’essoufflent, et quand les égoïsmes sont exacerbés dans une population qui se paupérise. Dans ce contexte, un leader charismatique rencontre une attente sécuritaire (providentielle ?) face à des menaces qu’il n’est pas difficile de cibler. Le Leader charismatique est le pivot du système. Tout repose sur son discours caractérisé par une grande violence symbolique, un nationalisme radical, une opposition systématique entre le peuple, (la masse des travailleurs, est toujours désignée comme un tout homogène, une communauté, parée de toutes les vertus et qui
incarne les vraies valeurs nationales) opposé aux ennemis chargés de tous les maux. C'est une action sociale et politique abrupte et rapide, dont l’objectif est de changer de régime politique, sans plan stratégique net ni idéologie structurée, mais parfaitement rôdée à la manipulation des foules, à la controverse politique et idéologique, aux rapports de forces. Avec un langage simple, avec peu de termes techniques, facilement compréhensibles par tous, il développe une réthorique pleine de bon sens populaire, promet ce qui rassemble une frange déstabilisée de la population, exacerbe une bi-polarisation de la Société (les bons contre les mauvais) et fait l’éloge du peuple à
travers sa culture, son histoire, ses blessures, son folklore, ses martyres pour donner tout son poids à l’identité nationale à laquelle il promet de redonner toute la place qu’elle n’a pas.
Après cette brève définition faut-il envoyer les sous-titres pour vous aider à faire le rapprochement avec des personnes ou des faits ?.... En Amérique du Sud et en Afrique, les mouvements populistes qui sont arrivés au pouvoir n’ont jamais engendré de démocratie, mais on a vu de solides dictatures durer… Durer très longtemps. Seule la nationalisation des ressources vives du pays a permis de mettre en oeuvre les politiques annoncées. 
À part en nationalisant des dettes, comment peut-on se payer une telle aventure en Guadeloupe ? Cette brève analyse permet de comprendre que le blocage de Février n’est qu’une première étape et que la suite est clairement balisée si l’on n’arrive pas à infléchir le cours des évènements. 
Dans le même temps, les évènements ont administré la preuve que la mouvance LKP avait sous son contrôle : 
Les administrations,
La distribution des produts pétroliers,
Le trafic portuaire, 
Le trafic aéro portuaire, 
L’électricité, 
Les transports terrestres personnes et marchandises, 
La distribution des biens de consommation,
Les principaux médias,
La santé,
Les hordes de voyous, 
Des commandos de makoutes... 
Désolé si le tableau est inquiétant, mais il vaut mieux avoir une vue objective du champ de bataille et des forces en présence : il s’agit bien d’un rapport de forces !
 *****
Au-delà de l’évènement créé par le LKP, la seule question importante et urgentissime, c’est l’indépendance de la
Guadeloupe : 400 000 habitants, avec 40% de fonctionnaires (25% en France 20% dans le reste de l’Europe) et 30% de chômeurs., RMI et autres.
Quand on importe 100 €, on n’exporte que 7€ 95% de ce que l’on consomme est importé.
La France est encore plus en faillite aujourd’hui que quand M. Fillon l’annonçait l’an dernier.... et la dette publique voisine avec le crime contre l’humanité à l’encontre des générations futures.
Comment imaginer sereinement de continuer de dépendre à 70% du contribuable d’un État malade et à 95% de compagnies de transports incontrôlables ? Dans un tel contexte, le moindre faux pas entraînera famine et guerre civile. Une révolution serait suicidaire.
Aussi, plutôt que de dresser les uns contre les autres, il faut courageusement réunir autour d’une table toutes les compétences et dessiner le plan de la Guadeloupe de demain capable de s’assumer autant qu’elle le peut. Ça va changer : au lieu de demander de sous, il va falloir bosser !.... et en plus faire preuve d’imagination car la marge de manoeuvre est bien mince : 
Quelles sont les ressources de la Guadeloupe ? 
La canne échappe totalement à notre contrôle : le sucre est sous contrôle de Bruxelles, et son prix doit baisser de 36% sur 8 ans. Nos unités sont gravement déficitaires alors que le prix n’a pas fini de baisser. 
La banane n’a aucune visibilité dans le cadre de l’OCM. 
Le tourisme est sabré chaque fois qu’il semble rebondir. La crise internationale va-t-elle préserver ce secteur ? Rien n’est moins sûr.
Toute l'activité de production se heurte à l’étroitesse du marché :
Face à une offre mondialisée, comment imaginer produire un quelconque bien de consommation localement sans s’appuyer sur une protection douanière ou normative, et sans bénéficier d’exonérations ou subventions quelconques ? 
Les « nouvelles technologies » sont apparues comme une solution possible à un certain moment mais on a vite vu que le « nomadisme » profitait à l’ensemble du monde et le marché est actuellement dominé par des pays émergeants : sommes nous au niveau ? 
C’est pourtant avec ce contexte compliqué qu’il faut trouver un moyen de conserver, autant que faire se peut, le niveau de vie que nous connaissons, ce qui semble être l’option minimum. 
Qui peut relever le défi ? le LKP ou les « pwofitasyoneurs » puisque le décors bipôlaire est planté ? Ni l’un ni l’autre. Surtout pas, l’un contre l’autre. Peut-être l’un avec l’autre....... Ce qui supposerait que l’une et l’autre des deux parties soient disposées à s’asseoir autour d’une table pour construire. 
Peut-on attendre d’un mouvement, subversif, séditieux, populiste, qu’il devienne un partenaire valable pour construire quelque chose, avec qui que ce soit, qui ne lui est pas complètement inféodé, surtout quand il se sent fort ? On a bien vu tout au long des « négociations » le LKP esquiver ostentatoirement toutes les mains tendues et brandir la menace jusqu’à l’absurde.
En refusant de participer aux Etats Généraux, (ça peut changer disent certains ?) le LKP confirme son positionnement: Pas besoin de se gratter la tête pour savoir quel avenir pour le pays : le schéma est tracé : c’est une dictature populiste (choisir le modèle dans la liste...) 
Pas besoin de savoir comment financer un quelconque développement puisqu’ils feront main basse sur toutes les
richesses disponibles au profit de «l’appareil», quelque soit le sort du peuple qu’il dit défendre ou d’une économie qui sera confisquée. 
Surtout ne pas s’impliquer dans un quelconque plan avec les institutions en place ou le camp désigné comme responsable de tous les maux : ce serait se priver du pouvoir de briser à volonté les tentatives de redressement qui déjà sont sur la route. Face à cette posture simpliste mais terriblement efficace en termes de nocivité, la tâche de ceux qui doivent reconstruire n’est pas facile.
 
De plus, pour reconstruire, il faut des bases solides : des fondations.
 
Au cours des évènements nous avons vu : 
Entrave à la liberté de circulation, 
Entrave à la liberté de travailler, 
Pressions sur les personnes, 
Intimidations physiques et morales, 
Exactions diverses et multiples, 
Pillages, 
Émeutes, 
Partialité des médias
 
Les discours incantatoires du Préfet n’ont eu aucun effet : le LKP a fait ce qu’il voulait quand il voulait et l’a fait savoir. 
 
La seule consolation est qu’il n’y a pas eu de mort à cause des forces de l’ordre : c’est une attitude on ne peut plus minimaliste. 
 
Comment aujourd’hui rétablir un fonctionnement conforme à "l’État de droit" que la constitution garantit et que le Préfet est là pour faire respecter ? 
 
Comment, dans ce contexte, élaborer un plan de relance et de développement réaliste ? 
 
Avant d’écoper, il faut commencer par colmater les voies d’eau, non ? 
 
Autrement dit, il revient à l’Etat d’apporter les garanties qu’il saura faire respecter "l’Etat de droit" dans l’île et qu’il est en mesure de contenir les mouvement séditieux et subversifs, faute de quoi, tout projet est voué à l’échec.
 
À moins qu’il ne se résigne : 
 
À faire le jeu de ceux qui descendent dans la rue,
 
À jouer le Père Noël indéfiniment aux frais du contribuable,
 
À quitter la scène de la Guadeloupe ?
 
Parce que c’est plus facile et moins coûteux. 
 
Les réactions enregistrées au cours du mois de Mars semblent montrer que tous les acteurs contournent soigneusement le sujet central : Courage fuyons ! 
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