Revue de l'actualité politique locale
A Monseigneur Thomas Gullickson
Délégué Apostolique
11 Mary Street
P.O.box 854
Port of Spain
Trinidad and Tobago.
Supplique pour la nomination en Guadeloupe d’un vrai et bon évêque.
Pointe-à-Pitre, le 31 mai 2009.
Monseigneur,
Je suis Guadeloupéen. Je suis aussi un chrétien de confession catholique, ancien professeur de philosophie, ancien journaliste, animateur d’un site internet Le Scrutateur.
Je vis dans mon île natale, dépourvue d’évêque depuis plus d’un an, et dirigée, sur le plan religieux par un administrateur diocésain M.Jean Hamot.
Je voudrais dans cette lettre, rester bref, autant que faire se peut, et aller à l’essentiel tout en me tenant à votre disposition pour toute information complémentaire, tout en sachant que par votre position vous devez être au courant, aussi bien que moi, sinon mieux, quoiqu’autrement.
Partons d’un fait récent : la campagne ancienne, réitérée, permanente de la hiérarchie locale sur la nécessité pour les fidèles catholiques de se mettre en règle en ce qui concerne le paiement du denier de l’Eglise.
La hiérarchie pourrait intervenir sur d’autres points importants de la vie quotidienne. Par exemple répondre aux multiples attaques dont notre foi est l’objet, sur le plan dogmatique, sur le plan historique, etc, par des sectes, des associations, ou des personnes prétendument laïques, en fait anti religieuses. Elle pourrait se préoccuper d’armer spirituellement, intellectuellement les fidèles Guadeloupéens dans un temps où la seule piété ne suffit pas à porter le message.
Mais elle porte son attention, principalement sur la perception du denier de l’Eglise, et l’insertion de celle-ci dans le champ des luttes sociales.
Notez que je comprends fort bien l’importance de ce denier de l’Eglise. Nous vivons sur la terre des hommes, au milieu des réalités. Il faut bien vivre, et davantage : assurer la mission. Il faut que vivent les institutions, scolaires, caritatives, etc. Il faut que vivent les prêtres, que soient convenablement traités les religieux et religieuses âgés, que l’âge ou la maladie ont marginalisé.
Je conviens de tout cela; je souscris à ces inquiétudes de notre hiérarchie, devant la diminution de plus en plus sensible du soutien financier des fidèles à la vie matérielle de leur Eglise.
Pourtant les Guadeloupéens sont de « braves gens »; ils sont pieux, et généreux. Généreux, y compris matériellement, par leur soutien concret à toutes sortes d’actions caritatives (Téléthon, etc).
Pourtant…le denier de l’Eglise……??!!!
Peut-être y aurait-il lieu pour la hiérarchie de s’interroger sur les causes de cette défection depuis plus de 25 ans.
Et si ce n’étaient pas l’indifférence ou l’égoïsme des catholiques qui étaient à l’origine de la baisse de participation financière de ces fidèles, dont quelques-uns parlent même, depuis quelque temps, de « grève du denier de l’Eglise » en ce qui les concerne. Une détermination qui inquiète et exaspère ceux qui semblent plus experts dans l’art de l’apprentissage par les autres de l’examen de conscience, que dans l’exercice personnel de la même pratique.
Et s’il y avait, dans le peuple chrétien de la déception à l’égard de ses pasteurs, sinon de tous, du moins de ceux qui (sous des apparences parfois bonasses) dirigent d’une main de fer, pour parler par euphémisme, non pas l’Eglise en Guadeloupe, mais « l’Eglise de Guadeloupe » comme ils disent.
Et si l’on regrettait (sans le clamer, car le Guadeloupéen est personne discrète, modérée, réservée, dans son rapport à ses pasteurs) le prêchi-prêcha substitué à la prédication forte et fervente. Et si l’on réprouvait l’autoritarisme de petits chefs, exercé à l’encontre de beaucoup qui n’entrent pas dans leurs vues (si hautes, à leurs yeux!) : de laïcs pourtant dévoués et efficaces, et même de prêtres. Les catholiques Guadeloupéens, pourtant si réservés en général, se sont manifestés très nombreux à la suite des brimades subies par exemple par les pères Antile, Pierre Fertin, Flower, mais aussi tant d’autres d’origine métropolitaine, mais aussi africaine ou haïtienne, dès lors qu’ils n’entraient pas dans les vues étroites et/ou politiciennes de nos clercs dirigeants.
Et si, les mêmes causes engendrant les mêmes effets, c’était cet état de carence de « l’élite » dirigeante ecclésiastique qui expliquait, même partiellement, l’effondrement catastrophique du nombre des candidats au sacerdoce dans notre diocèse? Car on sait le rôle essentiel de l’exemple dans la naissance d’une vocation. Et l’appel de Dieu passe aussi par le comportement de ses serviteurs.
Dans notre Eglise, en Guadeloupe, la « pastorale » produit semble-t-il, plus de vocations de syndicalistes extrémistes, que de vocations religieuses. Pas grave! diront certains, gagnés aux théories, pourtant condamnées par l’Eglise universelle, de théologies dites de « libération ».
Parlons clair.
Vous n’ignorez pas, Monseigneur Gullinckson, que la Guadeloupe vient d’être secouée par un mouvement « social » très déstabilisateur. Le fer de lance de ce mouvement a été un collectif dénommé LKP.
Je précise, immédiatement, pour éviter tout malentendu, que je ne conteste à personne le droit (judicieux ou non, c’est une autre question!) d’être hostile ou favorable à ce mouvement social et/ou politique, que j’estime pour ma part, en l’occurrence, nuisible pour la Guadeloupe, son économie, son avenir, sa cohésion sociale.
J’ai dit « à personne », et cette remarque s’applique aux catholiques, aux prêtres, aux évêques. Chaque catholique, peut-être « de gauche » ou de droite », partisans de la France, ou partisan d’une rupture avec celle-ci. Ce sont des « options libres » comme on dit, même si l’on peut librement, par manque de réflexion, par lâcheté aussi, s’abandonner aux pires aberrations politiques ou sociales. Des chrétiens naguère, s’abandonnèrent « librement » aux monstruosités que furent le nazisme et le communisme.
Ces pauvres gens étaient des chrétiens, mais ce ne fut certes pas en tant que chrétiens qu’ils se ruèrent « librement » dans la servitude.
Ce qu’en revanche je ne puis accepter de quiconque, s’agit-il d’un pape, a plus forte raison quand il s’agit d’un « administrateur diocésain», c’est d’être cloué au pilori, par lui, dans le cadre de ses fonctions sacerdotales officielles, pour cause de dissentiment circonstanciel avec ses passions individuelles.
C’est pourtant ce qui vient de se passer en Guadeloupe, où M. Jean Hamot, « administrateur diocésain », dans une sorte de « méditation » pascale (!) publiée dans Eglise « de » Guadeloupe, organe catholique officiel de presse en Guadeloupe, se livre à la basse besogne politicienne que voici, et que je livre, monseigneur Gullickson, à votre réflexion :
« Nous venons de vivre une crise, des moments historiques qui ont mis la Guadeloupe au centre du monde. Pendant des jours et
des jours, tous les Medias nationaux et internationaux ont fait de notre pays la « une de leurs journaux télévisés, de leurs informations ». Des hommes et des femmes de bonne volonté se sont
levés et ont dit Non à toutes ces forces de mort qui pourraient se résumer par ce slogan « Non à la profitation ».(Pwofitasyon). Cette période a été pour nous un vrai chemin de croix et nous
avons pris la route de Pâques par anticipation, le carême a commencé pour nous avant l’heure.
Au sein du collectif Lyannaj kont pwofitasyon) (LKP), de nombreux militants chrétiens ont manifesté la présence de l’Eglise. Ils nous ont aidés à découvrir la souffrance de nombreux guadeloupéens
à cause de la « cherté de la vie », qu’il était important de développer le vivre ensemble, la solidarité et qu’une autre Guadeloupe est possible, comme l’avait déjà souligné la commission «
Justice et paix », dès le début des événements. La situation a même été décrite sous forme de parabole en parodiant la parabole du bon samaritain. La Guadeloupe blessée gisait au bord de la
route. Arrive le mouvement LKP qui la prend en charge, invite à se poser des questions sur son état, la soigne et propose des chemins de guérison. Sommes-nous suffisamment à l’écoute de cette
crise. Quelles seront les conséquences pour nous pour le pays, pour l’Eglise ? ».
En vérité, Monseigneur, ce langage est surprenant. Nous vivons en Guadeloupe, ce département français, où comme dans toute société, des disfonctionnements peuvent être constatés, de même que des injustices, et d’autres problèmes.
Mais enfin, il est malhonnête, profondément malhonnête, surtout par comparaison de la Guadeloupe avec les pays de son environnement caraïbe, et même avec de très nombreux pays du reste du monde, de la prendre pour un modèle « d’exploitation coloniale« , le paradigme mondial de l’injustice, comme l’assènent, à qui veulent les entendre, les représentants marxistes ou marxisants du LKP, et depuis peu certains hiérarques « catholiques » .
Or écoutons M. Hamot. Si le LKP est assimilable au « bon Samaritain » (sic!), et si la Guadeloupe est le substitut tropical du voyageur qui s’en allait de Jérusalem à Jéricho, et qui fut laissé pour mort par les brigands qui le détroussèrent, à qui donc est imputable le rôle de ces brigands, sinon à ceux (catholiques ou non) qui ne partagent pas les objectifs du LKP, et donc aussi, à moi, Excellence!
En vérité, il y a plus de 25 ans que ce diocèse est en proie aux agissements de ces prêtres, formés dans l’ambiance qui suivit, dans l’Eglise catholique, les évènements de mai 1968, et qui prétendirent interpréter le grand concile Vatican II à la lumière de l‘anarcho-marxisme alors ambiant.
Divers courants religieux, dont je ne ferai pas aujourd’hui l’historique pour ne pas alourdir encore cette lettre déjà trop longue, furent à l’origine des théologies dites de « libération », lesquelles furent condamnées par Jean-Paul II et le cardinal Ratzinger, aujourd’hui, Benoit XVI.
Si besoin était, je ferais l’historique détaillé de ce dévoiement, et de son déploiement feutré, mais constant en Guadeloupe.
Ce dévoiement qui fait le diocèse de Guadeloupe dériver dangereusement, et qui me fait venir à vous en qualité de porte paroles de catholiques de tous milieux sociaux et ethniques, pour vous demander, instamment, et humblement, de presser les autorités vaticanes pour que nous soyons dotés, en Guadeloupe, et le plus vite possible, enfin! d’un évêque, d’un bon, d’un saint évêque.
Daigne votre excellence agréer , les sentiments dévoués et respectueux d’un homme qui parle peut-être un langage dru. Mais c’est parce qu’il a médité ces paroles de l’Evangile : « que votre oui soit oui, que votre non soit non ».
Edouard Boulogne.