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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 22:17
« Voilà, Monsieur Domota, des faits, des chiffres, des réalités »
Quelques réflexions suscitées par l'interview d'Elie Domota parue dans France-Antilles (édition du 16 juin 2009).
Se disant pris à partie par le leader de l'UGTG, Ivan de Dieuleveult, p.-d.g. de gardel SA, a souhaité s'exprimer dans nos colonnes.


Monsieur Domota, vous avez une formation en économie et gestion, mais vous ne semblez pas vous en souvenir quand vous répondez aux journalistes en particulier, à propos de Gardel, ou alors votre dogmatisme vous aveugle et vous faire perdre tout sens de la réalité économique. Vous faites des déclarations péremptoires, fracassantes et totalement fausses. Il est vrai que vos propos ont pour seul but de tromper et de manipuler l'opinion publique guadeloupéenne.
Il est donc nécessaire de fournir aux lecteurs de France-Antilles de vraies informations et de rectifier vos propos totalement et volontairement faux.
Tout d'abord, Gardel n'a pas dit « qu'elle avait perdu 10 millions». Gardel a dit qu'après une simulation au 31 juillet, date de clôture de son exercice comptable, il y avait un risque que la perte soit de l'ordre de 10 millions.
Gardel communiquera ses chiffres définitifs en octobre.
Néanmoins, avec l'historique, des modèles de simulation, en observant la chute dramatique de la richesse depuis le démarrage, nous élaborons des hypothèses crédibles.
Nous en tirons la conclusion que le risque de terminer l'exercice au 31 juillet avec une perte qui avoisinera les 10 millions a une probabilité élevée.
Il ne faut pas s'en étonner pour diverses raisons, la première d'entre elles est directement imputable aux « événements » du premier trimestre 2009 qui ont secoué la Guadeloupe pendant 44 jours, mais deux mois pour Gardel et même deux mois et demi à la CTM.
Vous faites remarquer que Gardel est en bonne place dans la liste des entreprises qui bénéficient de fonds Européens. C'est tout à fait exact : il s'agit de 10,833 millions en 2009 et ce sera 11,456€ en 2010 et les années suivantes, jusqu'en 2015.
Dire que Gardel reçoit beaucoup d'argent de l'UE, sans dire à quoi il est destiné et, plus grave affirmer que c'est « une pompe à fric pour enrichir les actionnaires », c'est un propos diffamatoire, c'est une grossière manipulation de l'opinion qui doit être vigoureusement dénoncée.

« Cet argent va directement dans la poche des planteurs »

Les 10,8 millions de 2009 sont destinés à faire face à la diminution de 17% du prix de référence du sucre de raffinage, baisse décidée par l'UE dans le cadre de la réforme de l'OCM sucre (organisation commune du marché du sucre).
Les 11,5 millions de 2010 et les années suivantes sont destinés à compenser la diminution de 36% du prix de référence des sucres de raffinage.
Cet argent va directement dans la poche des planteurs, car il est destiné à aider les usines à maintenir le prix de la canne à un niveau constant.
Sans cette aide, la baisse dirigiste du prix du sucre devrait être répercutée sur le prix d'achat de la canne. Les revenus du planteur, déjà insuffisants, seraient amputés de 40%.
L'UE a compris que la réforme qui était supportable par les betteraviers européens qui pouvaient se restructurer, ne pouvait pas s'appliquer sans contre partie dans les DOM.
La restructuration des unités sucrières étant déjà réalisée depuis des années dans les DOM.
C'est ainsi qu'ont été mis sur pied ces régimes d'aides aux filières canne-sucre des DOM.
Cette aide sert également à s'acquitter de la cotisation à la production.
Cette taxe, bien qu'elle s'appelle "cotisation à la production" est assise sur les quotas de sucre détenus et non sur les quantités de sucre produites.
Gardel a un quota de 100 600 tonnes de sucre et paye 1,207 millions de taxe chaque année, à ce titre.
Enfin il faut payer pour envoyer le sucre au raffinage. Entre le transport du sucre au silo de Jarry, les frais de stockage, la mise à bord du vraquier et le fret proprement dit c'est entre 95 et 100€/tonnes. Avec des quantités de sucre vrac de l'ordre de 55.000T, quand on ne démarre pas avec 2 mois de retard comme cette année, ce sont plus de 5 millions pris dans l'aide POSEI
Gardel fonctionne avec des fonds publics, il ne peut en être autrement.
Il en va de même pour les Planteurs, car savez vous que l'Etat verse chaque année aux Planteurs via les quatre SICA : 20,160 millions.
Les planteurs seraient-ils eux aussi "une pompe à fric", pour reprendre votre expression.

« La canne retient les terres, lors des cyclones et il n'y aucune alternative crédible »

Ensuite, Monsieur Domota, vous déclarez que si 44 jours de grève (en fait deux mois complets à Gardel) suffisent à ébranler une entreprise comme Gardel « il faut réfléchir pour passer à autre chose ».
Très bien, mais à quoi ? Il ne suffit pas de parler, il faut agir, il faut proposer des solutions concrètes et réalistes.
Même des planteurs UPG bon teint comme Alain Gayadine ou Georges Magdeleine, que j'apprécie pour leur intelligence, la grande connaissance de la filière, la qualité de leurs analyses et leurs qualités humaines, ne cessent d'affirmer que « il faut aller vers plus d'autonomie alimentaire en Guadeloupe. Il faut développer les cultures vivrières et les produits locaux », mais ils disent aussi que « cette diversification doit se faire autour du poto mitan de la canne. La canne doit rester le revenu de base de l'agriculteur guadeloupéen ». Voilà ce qu'ils disent. La canne retient les terres, lors des cyclones et il n'y aucune alternative crédible, aujourd'hui pour les 10 000 Ha plantés en cannes à sucre destinées à l'usine Gardel.
En outre, pour que l'opinion publique gaudeloupéenne soit complètement informée, sachez qu'aucun des actionnaires n'a jamais reçu le moindre dividende ni les administrateurs le moindre jeton de présence et qu'ils n'en recevront jamais aucun. Gardel est malheureusement structurellement déficitaire, malgré toutes ces aides.
Depuis trois ans l'entreprise ne se portait pas si mal, les résultats étaient faiblement négatifs. Les investissements, la modernisation, la formation des opérateurs, le développement des sucres spéciaux et la conquête de marchés export, avaient permis d'améliorer nos comptes. Cette campagne qui s'annonçait très prometteuse nous aurait permis de dégager un résultat bénéficiaire.

« Le démarrage trop tardif de la campagne va faire plonger Gardel »


Au lieu de quoi, le démarrage trop tardif de la campagne va faire plonger Gardel.
On ne démarre pas une campagne sucrière en Guadeloupe avec 2 bons mois de retard sans le payer cash. Nous n'avons broyé à la mi-juin que 280 000 tonnes de cannes sur les 618 000 tonnes estimées par la chambre d'agriculture.
Si nous pouvions tourner à une cadence moyenne de 5 100T/J, nous en aurions encore pour 67 jours de roulaison, soit plus de 72 jours calendaires, la campagne devrait aller jusqu'à la fin août !
C'est très improbable à cause des terrains gorgés d'eau et de la richesse qui chute chaque jour. Nous avons démarré le 16 avril à 9,76 de richesse, deux mois plus tard nous en sommes à 7,76. Dans 10 jours les cannes de Basse Terre seront à moins de 5 de richesse et celle de Grande Terre a moins de 6.
Au cours de cette campagne nous n'expédierons que deux bateaux de 12 000 tonnes de sucre vrac au lieu de 4 les autres années.
2 bateaux de 12 000 tonnes en moins à 430€/T ça fait 10,32 millions de recette en moins.
Comme quoi, deux mois de grève qui entraîne un démarrage beaucoup trop tardif de la campagne, la perte de richesse, la moindre production de sucre, font plonger les comptes de Gardel dans un gouffre abyssal !
Cela s'explique très simplement et c'est une évidence.
Il faut y ajouter les deux mois de ventes perdues sur le marché local : 1 million de recettes en moins.
Enfin nous avions la possibilité de vendre 8 000 tonnes de sucre de bouche à l'export, valorisé entre 650 et 800€/T, prenons une moyenne de 700€/T, nous allons péniblement en produire et vendre 2 000 tonnes. 6 000 tonnes en moins à 700€/T c'est encore une perte de recette de 4,2 millions.

« Gardel ne cache rien, parce que Gardel n'a rien à cacher »

Voilà Monsieur Domota des faits, des chiffres, des réalités et non des déclamations mensongères et manipulatrices. Nous aurions dû afficher un résultat bénéficiaire, au lieu de ça la situation sera catastrophique et nous conduira probablement à une procédure d'alerte.
Pour ceux qui ont cru à vos propos et qui douteraient encore de la réalité économique et financière de Gardel, pour ceux qui ont pu se laisser influencer par des déclarations mensongères sur du fric planqué dans des paradis fiscaux ou dans des super marchés, sachez que chaque année nos bilans, liasse fiscale, etc. sont déposés au tribunal de commerce et qu'ils peuvent être consultés par toute personne qui en fait la demande.
Ils peuvent également les obtenir sur internet y compris le rapport de gestion.
Gardel ne cache rien, parce que Gardel n'a rien à cacher.
Fermer Gardel c'est mettre 350 personnes au chômge, c'est priver la Guadeloupe de 10 millions de masse salariale injectée dans le tissu économique chaque année.
C'est mettre 3 500 planteurs à la rue et 9 à 10 000 personnes avec leur famille.
Ces éléments doivent aussi être pris en compte pour avoir une vision complète de la situation.
Ils expliquent pourquoi l'Europe et l'Etat ont décidé de mettre des fonds publics pour faire fonctionner la filière canne sucre des DOM et l'économie de la Guadeloupe.
Il n'y a là, rien de scandaleux.
Ivan de DIEULEVEULT
p.-d.g. de Gardel SA
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commentaires

E
Dommage que Jalton soit trop occupé à se demander comment il a pu oublier de s'occuper de l'enveloppe de subventions promises, qui sera retournée à l'envoyeur faute de projets. Cette lecture de la lettre d'IdD aurait pu l'éclairer quant à l'intérêt de maintenir Gardel en vie.
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