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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 14:12

INTERVIEW
Roberto Fernandez Retamar, poète cubain
« Notre but, c'est la liberté de l'homme »
Invité d'honneur du Congrès des écrivains, qui s'ouvre aujourd'hui, Roberto Fernandez Retamar est une célébrité des arts et des lettres.
Qu'est-ce qu'il y a de révolutionnaire en vous ?
Ce qui est révolutionnaire en moi, c'est la volonté de lutter pour un monde meilleur. Un monde de justice, de beauté, de paix. Je ne sais pas en fait si c'est ça être révolutionnaire. Voyez-vous, j'avais 28 ans quand il y a eu la révolution à Cuba. C'est là que moi, enseignant et écrivain, puisque j'ai écrit très tôt dans ma vie, j'ai pris conscience que la vie pouvait être révolutionnaire.

La poésie, c'est la liberté. Comment conciilier ce désir de liberté qui vous anime et l'oppression castriste ?
Je suis écrivain. A 20 ans, j'étais professeur et je ne comprenais rien à la politique. C'était la Cuba de Batista. Une dictature. On ne peut pas s'imaginer comment la société était bridée. et puis ,il y a eu la révolution et la possibilité de voyager, de découvrir d'autres mondes. A Cuba, je ne trouve pas que la vie soit si étroite. Je pense au contraire que la vie est, si vous me permettez l'expression, très vivante. La société est très dynamique. J'ai connu la Cuba prérévolutionnaire. Je peux comparer avec la Cuba révolutionnaire. Grâce à cette Cuba-ci, j'ai pu voyager, connaître le reste du monde. La révolution cubaine dure depuis plus d'un demi-siècle, avec des bonnes choses et des erreurs. Mais, qui ne fait jamais d'erreurs ? Notre but, en fait, comme en poésie, c'est bien la liberté de l'homme.

« On est Caribéen comme on est un être humain »
Si vous deviez nous faire aimer les îles de la Caraïbe au travers de ses auteurs, lesquels nous recommanderiez-vous ?
J'ai beaucoup d'admiration pour les gands écrivains de Trinidad et Tobago. Les jacobins noirs, de Cyril Lionel Robins James, est passionnant. N'oubliez pas que nous sommes les héritiers de la grande aventure haïtienne. Haïti est pour moi un pays admirable. Et pourtant, il y a 45 ans j'ai été témoin de la pauvreté extrême en Haïti. Et malgré cette misère, il y a une volonté de s'instruire, il y a une envie de culture, de littérature. Qui se traduit par des écrivains amirables. Ainsi, Jacques Roumain, l'auteur inoubliable de Gouverneurs de la rosée, pour lequel Nicolas Guillen, écrivain cubain, a écrit une élégie il y a longtemps. En République Dominicaine, il y a Juan Bosch, qui a publié en 1970 De Christophe Colomb à Fidel Castro, la Caraïbe une zone impériale. Et puis, modernes, il y a Maryse Condé, Moi Tituba, sorcière noire de Salem, Ernest Pépin, L'Homme au bâton...

Quand avez-vous pris conscience de votre caribéité ?
On est Caribéen comme on est un être humain. Sans s'en rendre compte. Jacques Roumain, Juan Bosch, Aimé Césaire, Edouard Glissant, m'ont fait prendre conscience que j'étais caribéen. A Cuba, à Porto Rico, en République Dominicaine, nous avons conscience que nous sommes latino... mais nous sommes aussi caribéens et pourtant, en 1956, nous étions à Londres avec mon épouse et une dame anglaise m'a demandé si je connaissais la Jamaïque. A ma grande honte, j'ai du avouer que je ne connaissais pas cette île qui est à 60 kilomètres de Cuba !

S'il fallait emporter un seul ouvrage de Fernandez Retamar sur une île déserte, lequel serait-il ? Et si vous étiez abandonné sur une île inhabitée, quel ouvrage d'un auteur connu ou moins connu aimeriez-vous avoir avec vous ?
Je crois qu'il faut emporter la Bible, pour sa diversité. Un livre de moi ? Caliban cannibale ! Todo Caliban ! (rire) En fait, je suis jaloux du personnage, qui est beaucoup plus connu que moi !..
Propos recueillis par André-Jean VIDAL


Directeur de la Nueva revista cubana (1959-60) puis de la revue Casa de las Américas et du Centro de estudios martianos de La Havane (1965), conseiller culturel à Paris, puis professeur à Yale et à l'université de La Havane, c'est un essayiste (la Poésie contemporaine à Cuba, 1954 ; Idée sur l'esthétique, 1961 ; Caliban cannibale, 1971) et un poète à l'écoute du monde contemporain (Avec les mêmes mains, 1962 ; À ceux que cela pourra intéresser, 1970 ; Jeanne et autres poèmes personnels, 1979).

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