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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 15:53
Trois jours après le séisme,
la colère monte à Haïti où l'aide tarde à venir

MORTS-HAITI-.jpg
Colère et désespoir gagnaient vendredi la population haïtienne confrontée à une nouvelle journée de chaos, trois jours après le séisme qui aurait fait jusqu'à 50.000 morts, l'aide internationale n'arrivant qu'au compte-gouttes vu les difficultés logistiques.
Dans les rues de la capitale, Port-au-Prince, les sinistrés déambulent au milieu des ruines, de la violence et de la puanteur des cadavres, rendue encore plus insoutenable par la chaleur tropicale qui règne dans l'île.
Désorganisés, sans matériel, sans entraînement, les sauveteurs improvisés ne croient pas au miracle, alors que le temps presse pour dégager les survivants.
"Elles vont mourir, elles vont mourir", se lamente Jean Rald Rocher, 30 ans, en fouillant avec les moyens du bord les gravats d'un magasin de la capitale où deux femmes gémissent faiblement.
300.000 personnes, selon une estimation l'ONU, se retrouvent sans toit dans la seule capitale, une ville de 2,8 millions d'habitants où 10% des habitations ont été détruites. 3,5 millions de personnes, toujours selon l'ONU, vivaient dans la région la plus meurtrie par le tremblement de terre, c'est-à-dire Port-au-Prince et ses environs.
Une trentaine de pays participent déjà aux opérations d'aide sur place, selon le département d'Etat américain, et l'ONU a annoncé vendredi qu'elle avait reçu 268,5 millions de dollars de promesses d'aide internationale.
Mais les difficultés sur le terrain sont immenses. L'aéroport de Port-au-Prince, équipé d'une seule piste, est engorgé. Les communications sont en piètre état et les déplacements entravés par des routes détruites ou bloquées.
Les défaillances des structures locales et la menace des pillages s'ajoutent aux obstacles logistiques. Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, qui prévoit de distribuer une aide d'urgence à 2 millions de sinistrés, a annoncé vendredi que ses entrepôts à Port-au-Prince avaient été pillés.
Les Etats-Unis ont toutefois annoncé vendredi avoir obtenu l'accord des autorités cubaines pour survoler leur espace aérien, ce qui devrait permettre l'établissement d'un pont aérien accélérant l'arrivée des secours.
Un porte-avions américain à propulsion nucléaire, l'USS Carl Vinson, est arrivé dans la zone vendredi, selon le chef des opérations navales de l'US Navy, l'amiral Gary Roughead.
Ce bâtiment, qui dispose d'un système de purification d'eau, de dizaines de lits médicalisés et de trois salles d'opération, doit servir de base flottante pour les rotations d'hélicoptères, un élément du dispositif de secours essentiel pour soulager l'aéroport.
Sur le terrain, plusieurs équipes de secouristes venues des Etats-Unis, de France, de République dominicaine ou du Venezuela sont à pied d'oeuvre pour tenter de retrouver des survivants dans les décombres.
Dans les débris de l'hôtel Montana à Port-au-Prince, des sauveteurs français ont secouru jeudi sept Américains et une Haïtienne, tandis que des secouristes américains sauvaient une Française.
L'insécurité est l'un des principaux problèmes pour les équipes de secours. "Il y a des pillages et des gens armés, parce que c'est un pays très pauvre et qu'ils sont désespérés", observait Delfin Antonio Rodriguez, chef des opérations de la défense civile dominicaine.
Difficulté supplémentaire, les sauveteurs risquent de devoir travailler en l'absence de toute coordination de la part des autorités locales, les principales infrastructures du pays étant détruites.
De 40.000 à 50.000 personnes pourraient avoir péri, selon une estimation de la Fédération internationale de la Croix-Rouge.
"Au cours des dernières heures, 7.000 personnes ont été enterrées", a déclaré jeudi soir le Premier ministre péruvien Velasquez Quesquen depuis l'aéroport de Port-au-Prince où il coordonnait l'aide de son pays, après s'être entretenu avec le président haïtien René Préval.
Les cadavres continuent de joncher les rues. "Nous avons passé la journée à ramasser des cadavres (...) Il y a tant de corps dans les rues que les morgues sont pleines, les cimetières sont pleins", a témoigné le chanteur américano-haïtien Wyclef Jean, venu prêter main-forte à ses compatriotes.
L'ancien président Jean-Bertrand Aristide, en exil en Afrique du Sud, s'est dit vendredi prêt à rentrer dans son pays. M. Aristide a dominé la vie politique haïtienne pendant près de 15 ans avant d'être contraint de quitter son pays en 2004, confronté à une insurrection armée et des pressions internationales.
Vendredi, la France, qui a dit craindre la disparition de 20 à 30 de ses ressortissants, a demandé l'annulation du restant de la dette d'Haïti au Club de Paris, qui regroupe les principaux créanciers publics.
La veille au soir, une réunion au sommet avait eu lieu à la Maison Blanche entre des représentants de différentes agences et administrations américaines.
Un conseiller à la sécurité nationale du président Barack Obama devait partir dans la foulée pour Haïti avec un responsable du Pentagone pour assurer la coordination des secours.
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