19 mars 2010
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23:09
« Tout pour la Guadeloupe est notre feuille de route ! »
Hier, Victorin Lurel a été élu président de la Région Guadeloupe.
Il souhaite faire de sa devise de campagne celle de l'état d'esprit qui doit régner au sein de la Région.
Blaise Aldo présidera la commission des Affaires européennes.
Marie-Luce Penchard s'est vu confier une mission... Cédric Cornet aussi.
Réconciliation. Le maître mot martelé à plusieurs reprises, hier, par Victorin Lurel. « La campagne est terminée, la Guadeloupe nous regarde ! », a-t-il dit.
Hémicycle plein. « On ne peut pas prendre le risque de laisser entrer plus de monde », dit une jeune femme à l'entrée. Les élus prennent place. un peu isolée, Marie-Luce Penchard, nouveau conseiller régional. Deux gardes de corps se tiennent un peu plus loin. La ministre de l'Outre-mer observe la salle. Elle est rejointe par Blaise Aldo.
Harry Durimel, des Verts Guadeloupe, n'a pas avalé la pilule : « Ç'a m'a fait mal quand j'ai lu le gros titre de Domota "Ils n'ont rien compris". Il n'avait qu'à se présenter ! Je refuse qu'on dise que tous ceux qui étaient dans la rue pendant 44 jours n'ont rien compris ! »
Devant lui, ses invités, ses parents. Fiers et discrets. Harry Durimel, qui sait qu'il a apporté sa notoriété à la liste Lurel, va mal digérer, plus tard, que Gabrielle Louis-Carabin démissionne de sa troisième vice-présidence au profit de Justine Bénin (mais elle reste conseiller régional). « Bénin n'a aucune expérience ! », murmure-t-il.
Pour l'heure, il explique que c'est la crise sociale, environnementale, l'urgence d'agir concrètement, qui ont fait son engagement au côté du président sortant.
Jeux de mains...
Beaucoup de nouvelles têtes — une vingtaine. Dans les travées, Maryse Etzol, flamboyante, superbe Junon. Sophie Dagonia, belle jeune femme discrète, sourire aux lèvres, un magnifique dauphin tatoué sur le haut du dos, entre des épaules de sportive. Audry Cornano fait une entrée remarquée, béquilles (au moment du vote, l'urne sera déplacée jusqu'à son siège) et sourire un peu forcé. Il a eu un problème de santé. « Ça va aller... », dit-il visiblement très contrarié qu'on s'occupe de lui.
Christian Baptiste, qui a fait un très beau score à Sainte-Anne, face à Blaise Aldo, sourit quant on l'appelle Monsieur le maire.
Des applaudissements nourris. Victorin Lurel fait son entrée. Il disparaît derrière un double rang de photographes. La star !
Il prend place au côté de Gabrielle Louis-Carabin.
Jeux de mains... Victorin Lurel se lève pour saluer le préfet Fabre, Jacques Gillot, président du conseil général (qui va présenter, dans quelques minutes, la candidature de M. Lurel à la présidence de la Région), Marie-Luce Penchard, Blaise Aldo (sourires crispés).
Une fois élu — 31 voix sur son nom, six bulletins blancs, u bulletin nul, deux enveloppes vides —, MLP et M. Aldo vont le congratuler au pied du perchoir. Sourires plus détendus. La salle est debout, applaudissements nourris.
« L'urgence ce n'est pas l'évolution institutionnelle... »
Deux vainqueurs, dira M. Lurel dans son discours fondateur de cette mandature : la Guadeloupe et l'espoir (voir ci-contre).
Un hommage à sa mère, son épouse Francette, Henri Bangou et José Moustache (ils sont là !). Hommage à Jacques Gillot.
La réconciliation, « c'est le message adressé par le peuple guadeloupéen ». Victorin Lurel veut, comme il l'a été au moment du vote (il a réuni sur son nom des socialistes, bien sûr, mais aussi des centristes, des gaullistes de droite), être l'homme du consensus à la Région. C'est pour cela qu'il propose que soit confiée la commission des Affaires européennes à Blaise Aldo. L'homme qui connaît bien les couloirs de la Commission européenne puisqu'il a été député européen. Cédric Cornet se voit lui aussi confier une mission. Des élus de la minorité (M. Lurel n'emploiera jamais le mot opposition) sont présents dans la commission permanente, dans les autres commissions.
L'évolution institutionnelle ? Victorin Lurel balaie toute équivoque. « Ce n'est pas la priorité des Guadeloupéens. Le débat est tranché par le vote de dimanche dernier. L'urgence est économique et sociale. » Il rappelle que face aux crises que vit la Guadeloupe, l'Etat,la Région , le département doivent conjuger l'action afin de faire bouger la Guadeloupe. « Tous pour la Guadeloupe est notre feuille de route ! », conclut-il.
André-Jean VIDAL
COMMENTAIRE
Bien joué !
« Il a bien joué ». Le commentaire est d'un spectateur. Un vieux routier de la politique. Pas un élu, mais un de ces quasi anonymes qui suivent régulièrement les campagnes électorales depuis leur plus jeune âge.
Il, c'est Victorin Lurel, élu sans problème par 31 voix/41, contre quelques enveloppes vides, des bulletins blancs, hier à la tête de l'exécutif régional. Comment a-t-il bien joué, Victorin Lurel, élu par 78 261 Guadeloupéens dimanche dernier ? En impliquant son opposition, qu'il appelle minorité. Blaise Aldo se voit ministre... pardon, président de la commission des Affaires européennes. Pour qui a été député européen (et un excellent parlementaire, défendant les dossiers de la banane, entre autres), c'est un job idéal. Et puis, Blaise Aldo a déjà, à plusieurs reprises, flirté avec la gauche locale. Au nom du pragmatisme. Blaise Aldo est désormais pleinement responsable des affaires européennes, ce qui veut dire les dossiers (souvent à implication financière) pour lesquels l'Europe est compétente. Et ils sont légions.
Son adversaire politique Marie-Luce Penchard, conseiller régional en Guadeloupe, ministre à Paris, se voit assigner une mission : « témoigner de la consistance des dossiers que nous soumettons à Paris et nous expliquer la politique gouvernementale dont la logique nous échappe parfois. » De l'humour ? Sûrement. Victorin Lurel ne se fait pas trop d'illusion sur les rapports qu'il sera amené à avoir avec la ministre de l'Outre-mer.
Cédric Cornet ? Lui aussi a sa mission, « dont, a précisé M Lurel, nous définirons ensemble le contours » : « S'occuper d'un Plan d'urgence pour la jeunesse en errance. » Mais il ne sera pas, comme il l'a cru un moment (Impétueux jeune homme !) président d'une commission Jeunesse. C'est Hugues Ramdini le président de celle-ci.
Les jaltoniens ? Leur chef de file a démissionné le 18 mars. Ils intègrent les commissions, comme membres.
A.-J. V.
Hier, Victorin Lurel a été élu président de la Région Guadeloupe.
Il souhaite faire de sa devise de campagne celle de l'état d'esprit qui doit régner au sein de la Région.
Blaise Aldo présidera la commission des Affaires européennes.
Marie-Luce Penchard s'est vu confier une mission... Cédric Cornet aussi.
Réconciliation. Le maître mot martelé à plusieurs reprises, hier, par Victorin Lurel. « La campagne est terminée, la Guadeloupe nous regarde ! », a-t-il dit.
Hémicycle plein. « On ne peut pas prendre le risque de laisser entrer plus de monde », dit une jeune femme à l'entrée. Les élus prennent place. un peu isolée, Marie-Luce Penchard, nouveau conseiller régional. Deux gardes de corps se tiennent un peu plus loin. La ministre de l'Outre-mer observe la salle. Elle est rejointe par Blaise Aldo.
Harry Durimel, des Verts Guadeloupe, n'a pas avalé la pilule : « Ç'a m'a fait mal quand j'ai lu le gros titre de Domota "Ils n'ont rien compris". Il n'avait qu'à se présenter ! Je refuse qu'on dise que tous ceux qui étaient dans la rue pendant 44 jours n'ont rien compris ! »
Devant lui, ses invités, ses parents. Fiers et discrets. Harry Durimel, qui sait qu'il a apporté sa notoriété à la liste Lurel, va mal digérer, plus tard, que Gabrielle Louis-Carabin démissionne de sa troisième vice-présidence au profit de Justine Bénin (mais elle reste conseiller régional). « Bénin n'a aucune expérience ! », murmure-t-il.
Pour l'heure, il explique que c'est la crise sociale, environnementale, l'urgence d'agir concrètement, qui ont fait son engagement au côté du président sortant.
Jeux de mains...
Beaucoup de nouvelles têtes — une vingtaine. Dans les travées, Maryse Etzol, flamboyante, superbe Junon. Sophie Dagonia, belle jeune femme discrète, sourire aux lèvres, un magnifique dauphin tatoué sur le haut du dos, entre des épaules de sportive. Audry Cornano fait une entrée remarquée, béquilles (au moment du vote, l'urne sera déplacée jusqu'à son siège) et sourire un peu forcé. Il a eu un problème de santé. « Ça va aller... », dit-il visiblement très contrarié qu'on s'occupe de lui.
Christian Baptiste, qui a fait un très beau score à Sainte-Anne, face à Blaise Aldo, sourit quant on l'appelle Monsieur le maire.
Des applaudissements nourris. Victorin Lurel fait son entrée. Il disparaît derrière un double rang de photographes. La star !
Il prend place au côté de Gabrielle Louis-Carabin.
Jeux de mains... Victorin Lurel se lève pour saluer le préfet Fabre, Jacques Gillot, président du conseil général (qui va présenter, dans quelques minutes, la candidature de M. Lurel à la présidence de la Région), Marie-Luce Penchard, Blaise Aldo (sourires crispés).
Une fois élu — 31 voix sur son nom, six bulletins blancs, u bulletin nul, deux enveloppes vides —, MLP et M. Aldo vont le congratuler au pied du perchoir. Sourires plus détendus. La salle est debout, applaudissements nourris.
« L'urgence ce n'est pas l'évolution institutionnelle... »
Deux vainqueurs, dira M. Lurel dans son discours fondateur de cette mandature : la Guadeloupe et l'espoir (voir ci-contre).
Un hommage à sa mère, son épouse Francette, Henri Bangou et José Moustache (ils sont là !). Hommage à Jacques Gillot.
La réconciliation, « c'est le message adressé par le peuple guadeloupéen ». Victorin Lurel veut, comme il l'a été au moment du vote (il a réuni sur son nom des socialistes, bien sûr, mais aussi des centristes, des gaullistes de droite), être l'homme du consensus à la Région. C'est pour cela qu'il propose que soit confiée la commission des Affaires européennes à Blaise Aldo. L'homme qui connaît bien les couloirs de la Commission européenne puisqu'il a été député européen. Cédric Cornet se voit lui aussi confier une mission. Des élus de la minorité (M. Lurel n'emploiera jamais le mot opposition) sont présents dans la commission permanente, dans les autres commissions.
L'évolution institutionnelle ? Victorin Lurel balaie toute équivoque. « Ce n'est pas la priorité des Guadeloupéens. Le débat est tranché par le vote de dimanche dernier. L'urgence est économique et sociale. » Il rappelle que face aux crises que vit la Guadeloupe, l'Etat,la Région , le département doivent conjuger l'action afin de faire bouger la Guadeloupe. « Tous pour la Guadeloupe est notre feuille de route ! », conclut-il.
André-Jean VIDAL
COMMENTAIRE
Bien joué !
« Il a bien joué ». Le commentaire est d'un spectateur. Un vieux routier de la politique. Pas un élu, mais un de ces quasi anonymes qui suivent régulièrement les campagnes électorales depuis leur plus jeune âge.
Il, c'est Victorin Lurel, élu sans problème par 31 voix/41, contre quelques enveloppes vides, des bulletins blancs, hier à la tête de l'exécutif régional. Comment a-t-il bien joué, Victorin Lurel, élu par 78 261 Guadeloupéens dimanche dernier ? En impliquant son opposition, qu'il appelle minorité. Blaise Aldo se voit ministre... pardon, président de la commission des Affaires européennes. Pour qui a été député européen (et un excellent parlementaire, défendant les dossiers de la banane, entre autres), c'est un job idéal. Et puis, Blaise Aldo a déjà, à plusieurs reprises, flirté avec la gauche locale. Au nom du pragmatisme. Blaise Aldo est désormais pleinement responsable des affaires européennes, ce qui veut dire les dossiers (souvent à implication financière) pour lesquels l'Europe est compétente. Et ils sont légions.
Son adversaire politique Marie-Luce Penchard, conseiller régional en Guadeloupe, ministre à Paris, se voit assigner une mission : « témoigner de la consistance des dossiers que nous soumettons à Paris et nous expliquer la politique gouvernementale dont la logique nous échappe parfois. » De l'humour ? Sûrement. Victorin Lurel ne se fait pas trop d'illusion sur les rapports qu'il sera amené à avoir avec la ministre de l'Outre-mer.
Cédric Cornet ? Lui aussi a sa mission, « dont, a précisé M Lurel, nous définirons ensemble le contours » : « S'occuper d'un Plan d'urgence pour la jeunesse en errance. » Mais il ne sera pas, comme il l'a cru un moment (Impétueux jeune homme !) président d'une commission Jeunesse. C'est Hugues Ramdini le président de celle-ci.
Les jaltoniens ? Leur chef de file a démissionné le 18 mars. Ils intègrent les commissions, comme membres.
A.-J. V.