20 août 2009
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Tensions en Nouvelle-Calédonie avant la manifestation pro-Jodar de samedi
Une manifestation en faveur du syndicaliste emprisonné Gérard Jodar est organisée samedi à Nouméa par un collectif qui entend dénoncer aussi la "bipolarisation" sociale de l'archipel, où des tensions persistent après les violences du début du mois d'août.
La "marche pacifique" du "Collectif pour la défense des droits et des libertés et pour la libération des syndicalistes" se tiendra trois jours avant le procès en appel de Gérard Jodar, président de l'Union Syndicale des travailleurs Kanaks et des Exploités (USTKE, indépendantiste), condamné à un an d'emprisonnement pour un coup de force fin mai sur l'aéroport de Nouméa.
Outre l'USTKE, le collectif regroupe des élus de l'Union calédonienne (UC) membre du FLNKS, le comité autochtone Rhéébu Nuu, des associations de jeunes des quartiers défavorisés.
Il refuse toute comparaison avec la manifestation qui avait rassemblé plus de 25.000 personnes, en majorité d'origine européenne, le 12 août.
Sous le slogan "Si y a pas toi, y a pas moi", cette "marche citoyenne" contre les violences et les blocages émaillant des manifestations de l'USTKE avait été soutenue par les chefs d'entreprises et le gouvernement local.
"La situation sociale et politique est particulièrement préoccupante. C'est pourquoi nous appelons à la mobilisation de tous pour trouver des solutions", a expliqué Alain Trupit, un responsable du collectif, membre de l'USTKE. "Les ambitions d'émancipation sont en péril et il est nécessaire que l'ensemble de la population vienne dire sa désapprobation".
Au sein du collectif, les jeunes sont particulièrement remontés. "Ici c'est Kanaky", lance le responsable d'une association de quartier. "On en a marre de vous, tous les Blancs qui débarquent et vont manifester en ville. Nous, quand on va manifester, on se fait tabasser".
Un jeune Kanak renchérit: "on en a marre de regarder les Porsche se pavaner dans Nouméa, marre des petits boulots et des stages alors que les patrons n'embauchent que ceux qui ont des diplômes et des qualifications".
Face à la radicalisation de ce discours, qu'elle dit comprendre, l'USTKE appelle à une réponse concrète urgente. "Nos enfants nous disent qu'ils n'ont pas leur place, la bipolarisation entre Kanaks et non-Kanaks est un phénomène réel", ajoute un responsable.
Le collectif demande l'application rapide des signes identitaires - nom du pays ou drapeau - qui n'ont toujours pas été choisis, et l'adoption d'une loi du pays sur l'emploi local, dont le principe est inscrit dans l'accord de Nouméa de 1998, qui a prévu les étapes d'une émancipation sur vingt ans.
Les incidents des dernières semaines inquiètent la population, soucieuse de ne pas revivre les violences des années 1980, alors que la réconciliation est en cours et que le Caillou connaît depuis vingt ans une croissance économique supérieure à 4% annuels.
Le partage inégal des fruits de cette croissance est l'un des socles des tensions. Selon les statistiques fiscales, 25% des foyers calédoniens vivent en deçà du seuil de pauvreté relative, quatre fois plus qu'en métropole.
Pour le procès en appel de Gérard Jodar, l'USTKE a prévenu qu'elle n'entendait pas rester inactive.
En attendant sa comparution, le syndicaliste a été privé de parloir jeudi pour avoir, selon sa femme "accordé une interview à Libération" (ndlr publiée lundi). Selon elle, le prochain droit de visite est prévu samedi, jour de la marche du collectif.
Une manifestation en faveur du syndicaliste emprisonné Gérard Jodar est organisée samedi à Nouméa par un collectif qui entend dénoncer aussi la "bipolarisation" sociale de l'archipel, où des tensions persistent après les violences du début du mois d'août.
La "marche pacifique" du "Collectif pour la défense des droits et des libertés et pour la libération des syndicalistes" se tiendra trois jours avant le procès en appel de Gérard Jodar, président de l'Union Syndicale des travailleurs Kanaks et des Exploités (USTKE, indépendantiste), condamné à un an d'emprisonnement pour un coup de force fin mai sur l'aéroport de Nouméa.
Outre l'USTKE, le collectif regroupe des élus de l'Union calédonienne (UC) membre du FLNKS, le comité autochtone Rhéébu Nuu, des associations de jeunes des quartiers défavorisés.
Il refuse toute comparaison avec la manifestation qui avait rassemblé plus de 25.000 personnes, en majorité d'origine européenne, le 12 août.
Sous le slogan "Si y a pas toi, y a pas moi", cette "marche citoyenne" contre les violences et les blocages émaillant des manifestations de l'USTKE avait été soutenue par les chefs d'entreprises et le gouvernement local.
"La situation sociale et politique est particulièrement préoccupante. C'est pourquoi nous appelons à la mobilisation de tous pour trouver des solutions", a expliqué Alain Trupit, un responsable du collectif, membre de l'USTKE. "Les ambitions d'émancipation sont en péril et il est nécessaire que l'ensemble de la population vienne dire sa désapprobation".
Au sein du collectif, les jeunes sont particulièrement remontés. "Ici c'est Kanaky", lance le responsable d'une association de quartier. "On en a marre de vous, tous les Blancs qui débarquent et vont manifester en ville. Nous, quand on va manifester, on se fait tabasser".
Un jeune Kanak renchérit: "on en a marre de regarder les Porsche se pavaner dans Nouméa, marre des petits boulots et des stages alors que les patrons n'embauchent que ceux qui ont des diplômes et des qualifications".
Face à la radicalisation de ce discours, qu'elle dit comprendre, l'USTKE appelle à une réponse concrète urgente. "Nos enfants nous disent qu'ils n'ont pas leur place, la bipolarisation entre Kanaks et non-Kanaks est un phénomène réel", ajoute un responsable.
Le collectif demande l'application rapide des signes identitaires - nom du pays ou drapeau - qui n'ont toujours pas été choisis, et l'adoption d'une loi du pays sur l'emploi local, dont le principe est inscrit dans l'accord de Nouméa de 1998, qui a prévu les étapes d'une émancipation sur vingt ans.
Les incidents des dernières semaines inquiètent la population, soucieuse de ne pas revivre les violences des années 1980, alors que la réconciliation est en cours et que le Caillou connaît depuis vingt ans une croissance économique supérieure à 4% annuels.
Le partage inégal des fruits de cette croissance est l'un des socles des tensions. Selon les statistiques fiscales, 25% des foyers calédoniens vivent en deçà du seuil de pauvreté relative, quatre fois plus qu'en métropole.
Pour le procès en appel de Gérard Jodar, l'USTKE a prévenu qu'elle n'entendait pas rester inactive.
En attendant sa comparution, le syndicaliste a été privé de parloir jeudi pour avoir, selon sa femme "accordé une interview à Libération" (ndlr publiée lundi). Selon elle, le prochain droit de visite est prévu samedi, jour de la marche du collectif.