LUTTE CONTRE LA DELINQUANCE
POINT DE SITUATION AU 30 SEPTEMBRE 2012
(NB : LES CHIFFRES ÉVOQUÉS SONT TOUS AU 30 SEPTEMBRE ET CONCERNENT LA GUADELOUPE, HORS ÎLES DU NORD)
LA LUTTE CONTRE LA DELINQUANCE
Les chiffres de la délinquance en Guadeloupe
a. La délinquance générale est en baisse
Sur les neuf premiers mois de l'année, la délinquance générale (DG) est en repli de 3,4%. Si cette tendance devait se confirmer jusqu'à la fin de l'année nous enregistrerions alors une plus forte
baisse qu’en 2011, année durant laquelle la délinquance générale avait déjà diminué de 3,08 %.
Ces chiffres cachent cependant de fortes disparités, qu'il faut expliquer.
Ces bons résultats sont essentiellement dus à une baisse du nombre de cambriolages (-12,8%) et à la chute des infractions économiques et financières (-41%). Cela montre l'efficacité des forces de
l'ordre : en effet, la lutte contre les cambriolages constituait l'objectif n°1 assigné en début d'année par le préfet aux forces de l'ordre.
C'est une centaine de cambriolages qui ont été évités par l'action des services
En outre, les neuf premiers mois de l'année 2012 sont marqués par une baisse des atteintes aux biens (AAB) (- 2,2 %) par rapport à la même période de 2011.
b. Une violence plus grande à l'égard des personnes : la hausse des vols à main armée
En dépit de ces chiffres positifs, la Guadeloupe est le 5ème département le plus concerné par les atteintes aux personnes : les atteintes volontaires à l'intégrité des personnes (AVIP)
progressent de 2,5%.
Cette hausse s'explique principalement par la hausse des vols à main armés (VAMA) : + 44% sur les neuf premiers mois.
En outre, la violence à l'égard des personnes progresse en raison de la forte augmentation des menaces et chantages ainsi que des violences intra-familiales (16% : 823 cas depuis le début de
l'année).
Par ailleurs, même si le nombre d'homicides baisse fortement dans les îles du Nord (8 homicides de moins cette année), il faut relever une hausse des homicides et des tentatives d'homicides en
Guadeloupe continentale (19 homicides contre 17 l'année passée à la même époque).
c. Un sentiment d'insécurité qui va au-delà de ce que les chiffres font apparaître
Les formes de violence sont donc de plus en plus radicales. Elles sont de forte intensité, spontanées, avec des passages à l'acte immédiats, souvent pour des motifs futiles.
La progression de la circulation et de l'usage des armes à feu illustrent la radicalisation des délinquants et accroît le sentiment d'insécurité des guadeloupéens.
De fait, l'île a connu ces derniers mois des faits de violence fortement médiatisés qui ont attisé le sentiment d'insécurité dans l'opinion.
Eu égard à ces résultats et à l'objectif de sécurité, l’État et les forces de l'ordre font preuve de détermination pour répondre aux préoccupations des citoyens, agir et s'adapter aux menaces sur
le terrain.
L'action de l’État
a. L'activité des forces de l'ordre
L'activité des forces de l'ordre a nettement progressé sur le premier semestre 2012 avec une augmentation des infractions relevées par l'action des services (les IRAS) en hausse de 25% depuis le
début de l'année. De ce point de vue, la Guadeloupe est d'ailleurs la collectivité qui obtient les meilleurs résultats outre-mer.
Signe des résultats encourageants enregistrés par l'activité des forces de l'ordre, le taux d'élucidation des faits de délinquance générale passe de 38,8% au 30/09/2011 à 41,3% cette année, soit
une progression de 2,4%.
b. La diversité des contrôles et des champs d'action
Tous les services de voies publics ont été mobilisés, y compris pendant les grandes vacances : de nombreuses opérations de lutte contre la délinquance (OLD) sont effectuées chaque
mois, tant en zone gendarmerie qu'en zone police.
Compte tenu de l'objectif prioritaire de réduction des cambriolages, ont été mis en place :
des contrôles de zone ciblant les créneaux horaires et les lieux les plus touchés par ce type de délinquance,
une cellule départementale d'action contre les cambriolages (cellule anti-cambriolage, CAC) : la réunion CAC permet aux forces de l'ordre (gendarmerie et police) de partager les
renseignements afin de rapprocher d'éventuels groupes de malfaiteurs qui pourraient sévir sur la Guadeloupe et principalement sur la zone Grande Terre,
des opérations voisins / commerçants vigilants,
les opérations tranquillité vacances lors des périodes de congés.
Conséquence directe de ces efforts, le nombre de cambriolages a considérablement baissé, tandis que les arrestations ont été facilités et le taux d'élucidation a nettement progressé.
Compte tenu de la progression des VAMA, notamment avec armes à feu (+44%), le nombre d'opérations de sécurisation a fortement augmenté ces dernières semaines avec pour objectif un meilleur
contrôle des armes en circulation : la lutte contre les VAMA est devenue une priorité (cf infra).
La lutte contre l'économie souterraine est également au cœur des activités des forces de l'ordre, notamment en zone police. Pour ce qui est des stupéfiants, l'effort pour démanteler les réseaux
de quartiers est maintenue ; pour ce qui est du proxénétisme, des contrôles ont lieu régulièrement mais aucun réseau n'a pour l'instant pu être établi.
A noter également la fermeture de huit établissements de nuit, de six avertissements et de treize procédures en cours début septembre : en décidant souvent de fermetures longues (deux mois),
l’État n'hésite pas à être ferme vis-à-vis des établissements où peuvent se développer des formes de délinquance croisées.
Face à l’émergence de nouvelles formes de délinquance, les forces de l'ordre s'adaptent, mettant en place des dispositifs d'action renouvelés et propres à répondre aux types de délinquants et aux
formes de violence rencontrées.
c. Une approche partagée entre les différents partenaires
Au-delà des deux cellules associant police et gendarmerie (cellule anti VAMA -cf infra- et cellule CAC notamment), de nombreux partenariats existent pour coordonner les acteurs de la lutte contre
la délinquance.
Des opérations conjointes, associant police et gendarmerie, ont été menées de manière à cadrer géographiquement le département ; elles seront très prochainement institutionnalisées, pour
plus de régularité (cf infra, institutionnalisation d'une CORAT).
En zone police, là où la délinquance est la plus aigüe, la coordination est essentielle. En dehors du Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CISPD) regroupant
les communes de Pointe-à-Pitre, des Abymes, de Baie-Mahault et du Gosier, il faut noter l'existence de réunions de coproduction en sous préfecture de Pointe-à-Pitre sous l’égide du Sous Préfet et
du Procureur de Pointe-à-Pitre. A vocation hebdomadaire, elles sont l’occasion de réunir l’élu municipal chargé de la sécurité, les chefs des services de police et de gendarmerie des quatre
communes, les chefs de police municipale, le référent sécurité du rectorat, le directeur de la PJJ, le chargé de mission du CUCS et le responsable du Port Autonome de Guadeloupe.
Le Sous Préfet de Pointe-à-Pitre a également lancé un travail de concertation avec les sociétés de gestion de logements sociaux et de transports en commun de la zone pointoise pour permettre de
reprendre pied dans certains immeubles ou quartiers. Des réflexions ont également été menées avec des associations de locataires pour améliorer les dispositifs de contrôles sur réquisitions.
Les priorités pour la fin de l'année 2012
a. La création d'une Zone de sécurité prioritaire
Lors de sa visite en Guadeloupe, le Ministre des Outre-mer a annoncé le principe de la création d'une Zone de sécurité prioritaire en Guadeloupe, pour donner aux forces de l'ordre les
possibilités de s'attaquer aux formes de délinquance là où celle-ci est la plus aiguë.
Dans un courrier du 14 septembre au Ministre de l'Intérieur et au Ministre des Outre-mer, il a ainsi été proposé de créer une Zone de Sécurité Prioritaire couvrant les quartiers de
l'agglomération pointoise concentrant les plus grandes difficultés. Ce sont des quartiers formant un continuum urbanistique, concentrent une violence de forte intensité, et voient se développer
une économie souterraine difficile à juguler : les contours devraient être dévoilés très prochainement.
b. L'institutionnalisation d'une CORAT
Une Coordination Opérationnelle Renforcée dans les Agglomérations et les Territoires (C.O.R.A.T.) va être institutionnalisée dans les prochaines semaines. Elle permettra :
d'améliorer la coordination quotidienne des actions entre la police et la gendarmerie,
de mieux identifier et combattre des phénomènes de délinquance communs aux deux zones de compétence,
de mieux réagir face à une situation urgente et exceptionnelle,
d'optimiser l'emploi des services spécialisés et des capacités spécifiques.
Cette CORAT se traduira par des mesures concrètes adaptées aux spécificités de la Guadeloupe. Ainsi, il est déjà prévu que chaque année, au moins quatre opérations de terrain ciblées associent
police et gendarmerie. La première d'entre elles aura lieu d'ici la fin de l'année 2012.
c. La lutte contre les VAMA
On observe ce mois-ci un changement de tendance avec une baisse caractérisée des vols à main armée (17 faits en septembre 2012, 23 en 2011) : ceci est le résultat des efforts mis en place
par les forces de l'ordre pour endiguer la progression des VAMA. Ces efforts sont notamment :
la création d'une cellule « vols à main armée » (VAMA) commune à la police et à la gendarmerie permettant de mieux coordonner l'action des forces de l'ordre. Cette cellule anti VAMA a
été mise en place fin juillet et s'est réunie quatre fois depuis. Des échanges d'information sont réalisés et un tableau est constitué au fur et à mesure des actes commis. Les premiers retours
sont satisfaisants en termes d'analyse espace – temps – mode opératoire,
des contrôles routiers induisant le déploiement de moyens conséquents, plusieurs fois par semaine, sur des endroits stratégiques et aux horaires les plus sensibles. Au cours du seul mois
d'août, la présence des gendarmes sur le terrain a ainsi augmenté d'un tiers.
Photo des saisies réalisées lors d'une opération de lutte anti-délinquance de 3 heures, début septembre.
Il convient de noter enfin que les unités de recherches ont démantelé plusieurs équipes ces derniers mois, solutionnant ainsi une trentaine de faits qui devraient impacter le taux de résolution
en matière de VAMA (actuellement environ 25 %). Ces vagues d'arrestations expliquent certainement la baisse des faits enregistrées ces dernières semaines.
d. La lutte contre la circulation des armes à feu en Guadeloupe
Face à un recours de plus en fréquent aux armes y compris dans un cadre intra familial et par des individus de plus en plus jeunes souvent inconscients du caractère irréversible de leur geste,
nous sommes en train d'élaborer, en liaison avec les magistrats du parquet partenaires, une action de sensibilisation des populations sur le danger des armes en Guadeloupe. Ce travail implique la
mobilisation de l'ensemble des acteurs de la sécurité. Les modalités et le calendrier de cette campagne médiatique vous seront communiqués avant la fin de l'année.
e. La mise en place d'un dispositif d'alerte pour femmes en très grand danger
Face à l'augmentation des violences infra familiales et en partenariat avec la Région Guadeloupe et le Conseil Général, il a été décidé en état major de sécurité de doter les femmes victimes de
violence et qui courent un réel danger du fait des menaces dont elles font l'objet de la par de leur conjoint, d'un téléphone portable avec géolocaliseur directement relié aux centraux
téléphoniques de la police et de la gendarmerie.