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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 14:24

INDISCRETIONS
Gugusses
Alors que jamais les Guadeloupéens, à l'instar des Hexagonaux, ont aussi peu prisé les politiques, 84 Guadeloupéens et Guadeloupéennes se présentent aux cantonales dans 19 cantons (contre 126 il y a quatre ans !). Les sortants se représentent et voient devant eux, soit des adversaires de toujours soit des têtes nouvelles. Car, chez nous, dès lors qu'on intègre une association, c'est qu'on espère, au travers d'elle, se faire un nom, émerger un jour... Devenir. Quand aux électeurs, ils ne sont qu'un peu d'huile dans les rouages...

Luc
Luc Chatel, ministre de l'Education, a reçu, à Baillif, en compagnie de Marie-Luce Penchard, ministre de l'Outre-mer, régionale de l'étape, et de Jean Fabre, préfet, sa première leçon de créole (voir notre précédente édition). Ravi de se retrouver au milieu des touts-petits, au fond de la classe. La leçon lui a été traduite, à l'oreille, non par MLP qui maîtrise pourtant parfaitement le créole mais par Harry Christophe, inspecteur d’académie. La leçon portait sur le carnaval. Papyion volé sé volé nou ka volé !..

Claire
Claire Richer est nommée directeur de la communication et de la marque Outremer Télécom. Elle est membre du conseil d’administration depuis 2008. Claire Richer est en charge de la communication média et hors média, de la communication corporate et de la communication produits. Diplômée de Sciences Po Paris (1988), et de HEC Paris (EMBA 2011), Claire Richer a une vingtaine d’années d’expérience dans le marketing et la communication, en agence (réseau Publicis-1990), en entreprise (Groupe Suez-1992, Groupe Lucien Barrière-1995), en consultante indépendante (1997), et chez Outremer Telecom depuis 2000. Bravo, Claire !

Marie-Luce
Ah, le malpalan ! Après avoir écrit que c'était Lucette Michaux-Chevry qui avait organisé la réunion pour marie-Luce Penchard avec les associations du sud Basse-Terre (voir notre précédente édition), je me devais de faire mon mea culpa. Non, Lucette Michaux-Chevry, maire de Basse-Terre, sénateur, n'est pour rien dans le planning que s'est concocté toute seule Marie-Luce Penchard, ministre de l'Outre-mer. Mme l'ancien ministre était à un enterrement au moment où Mme Penchard décomptait pas moins de 75 personnes venues assister à son think tank... J'avais dit une quarantaine ? Malpalan !

Marie-Luce
Marie-Luce Penchard viendra en Guadeloupe « tous les mois ». Pour faire vivre son groupe de réflexion. Génération Vérités, nous a-t-elle dit hier, n'a pas été créé « pour faire de moi une vedette », mais pour faire avancer les choses avec les Guadeloupéens. Il semblerait que Mme Penchard n'ait pas l'intention de se mêler des prochaines cantonales... Elle sera en Guadeloupe mi-mars...
André-Jean VIDAL

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 14:24

Canne : les négociations sont achevées

Il n'aura pas fallu moins de douze réunions pour solder les négociations annuelles obligatoires (NAO) de la branche canne-sucre-rhum. Pour une augmentation de salaire de 3,10%.
Côté syndical, une délégation de dix personnes, conduite par Julien Marinette, de l'UGTG, Clotaire Rimbon, de la CGTG.
Côté patronat, Bernard Carbon, un habitué de l'exercice, qui représente l'ensemble de la filière, à savoir l'usinier et les rhumiers.
Tandis que la pluie persistait, rendant le début de la coupe de la canne difficilement envisageable, patronat et syndicats ont pris le temps des propositions et contre-propositions.
Pour arriver à un accord, hier, en milieu d'après-midi, portant sur pusieurs points.
Tout d'abord, une augmentation des salaires de 3,10%, plus de tickets restaurants (+76%), une prime de transport réhaussée de 15%, une prime d'ancienneté revalorisée de 4% de la grille à partir de la douzième année de présence, jusqu'à la 42e année. Ensuite, et jusqu'à la 46e année, la revalorisation est de 24, 25, 26%.
Ensuite, l'accord a porté sur des discussions sur la modernisation de la convention collective, la mise en place d'une mutuelle pour la branche, l'intégration de la formation dans le texte de la convention collective, ce qui induit une obligation pour le patronat.
La question est posée du début de la coupe. Quand les terres seront moins boueuses, d'ici la fin de la semaine, si le soleil brille.

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 14:23

INDISCRETIONS
Ségolène
Ségolène Royal, du PS, ancienne candidate à la présidentielle de 2007, est en visite aux Antilles. D'abord en Martinique, où elle a passé une partie de son enfance dans une institution religieuse (son père était militaire), puis en Guadeloupe (où ses amis ont, paraît-il, bourré les urnes pour emporter sa désignation comme candidate du PS à la présidentielle). Un retour sur les terres de ses exploits...

Ségolène 2
Mme Royal rencontrera, demain, de manière conviviale les militants et sympathisants socialistes à l’Hôtel Impératrice. Auparavant, elle aura visité des installations vertes, ce qu'elle devrait faire tout au long de son séjour qui se poursuivra en Guadeloupe en milieu et fin de semaine.

Marie-Luce
Marie-Luce Penchard a passé le week-end en Guadeloupe, en attendant l'arrivée de Luc Chatel, ministre de l'Education, dont elle va cornaquer les pas dans le département. Qu'a-t-elle fait ? Une réunion avec les associations du sud Basse-Terre, concoctée avec Lucette Michaux-Chevry, maire du chef-lieu. Une trentaine de personnes y assistaient.

Guy-Luc
Résumé de la visite de Luc Chatel par Guy-Luc Belrose, de la FSU : « 155 suppressions de postes en Guadeloupe : l'Éducation en danger, le ministre vient se promener ! Pourtant, comme si de rien n'était, le ministre vient se promener en Guadeloupe, dans deux établissements modèles, alors que la plupart des établissements sont surchargés et dans un état de vétusté déplorable. Le ministre envoie son directeur de cabinet recevoir les syndicats à Basse-Terre, alors que lui-même visite le lycée hôtelier, qui a bizarrement vu le retour des moyens supprimés, au moment où la visite ministérielle s'annonçait... »

Jocelyn
Lors de son assemblée plénière du 17 février, l’Assemblée des conseils économiques et sociaux régionaux de France (ACESRF) a renouvelé ses instances. Jocelyn Jalton, président du CESR de Guadeloupe, a été nommé membre du bureau. L’entrée de Jocelyn Jalton au bureau de l’ACESRF est une bonne nouvelle, avant l’assemblée plénière décentralisée de cette association qui se tiendra, pour la première fois, en Guadeloupe, du 3 au 5 juillet prochains.

Alain
Alain Sorèze, ancien secrétaire fédéral du PS, actuel président du CROSGUA, se présente dans le premier canton de Pointe-à-Pitre. « Ils sont nombreux les Guadeloupéens qui ne font plus confiance aux élus, aux discours, à la politique. Face à cette situation (chômage, délinquance en hausse), la résignation et le renoncement sont encore pires. Surtout lorsque ceux qui sont en responsabilité donnent le sentiment de rechercher davantage le cumul de mandats, motivé par des ambitions personnelles sans proposer aux Guadeloupéens de nouvelles perspectives claires et courageuses pour construire un avenir meilleur... » Alain Sorèze n'a pas d'ambitions personnelles, sauf de faire un retour en politique !

Didier
La politique de soutien à l’agriculture des départements d’outre-mer fustigée. Dans son rapport annuel, la Cour des Comptes, que préside  Didier Migaud, souligne le niveau élevé des aides, leur orientation vers les cultures d’exportation (banane et canne à sucre) au détriment de la diversification agricole et de l’autosuffisance alimentaire, enfin leur caractère « hors norme » pour la banane. La Cour relève également le décalage des aides avec les objectifs de développement durable. De plus, ces aides ne parviennent pas à maintenir l’emploi ni à rééquilibrer la balance commerciale des départements d’outre mer. Ce qui veut dire qu'il y en a qui s'engraissent ? Qui donc ?..
André-Jean VIDAL

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 14:21

Michèle Lacrosil a cent ans
Hier, l'auteur antillais de Sapotille et le serin d'argil, premier à être publié chez Gallimard, a fêté son anniversaire.

Née le 21 février 1911 à Basse-Terre, Michèle Lacrosil est la romancière guadeloupéenne de référence des années 1960. Elle enseigne en Guadeloupe, avant de s'installer à Paris au début des années 50. Mariée au scientifique Henri Galliard (un parasitologue réputé mondialement), elle sera une amie de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir. Ses romans décriventune Guadeloupe en proie aux problèmes raciaux. Dans son premier roman, publié chez Gallimard, Sapotille s'enfuit de Guadeloupe pour échapper à des humiliations incessantes du fait de sa couleur.
« Sapotille, après une enfance difficile marquée par le racisme immédiat et élémentaire des bonnes sœurs chez qui elle reçoit une éducation soignée (celles-ci qui embrassent les petites blanches n’imaginent même pas d’embrasser une noire et manifestent leur dégoût devant une telle perspective, glissent une dragée directement dans la bouche des petites blanches, mais la donne avec répugnance à Sapotille en la lui plaçant dans la main, lui refusent les prix ou récompenses que lui devraient son travail et ses qualités intellectuelles, au prétexte d’indiscipline), connaît aussi les difficultés engendrées par sa couleur dans ses relations masculines : le beau mulâtre Patrice, dont elle tombe amoureuse, n’imagine pas un instant de l’épouser mais en revanche voudrait bien se divertir avec elle ; elle épouse un officier noir, Benoît, qui a jeté son dévolu sur elle, mais son mariage se solde par un échec : il la brutalise, la bat et voudrait seulement qu’elle soit obéissante, se plie à ses désirs, mais n’ait aucune existence personnelle : ici se révèle une certaine conception de la femme dans la société antillaise que l’auteur dénonce aussi vigoureusement que le racisme », écrit Marie-Christine Hazael-Massieux, professeur de l'Université de Provence, spécialiste de littératures francophones.

Un auteur reconnu... aux Etats-Unis !
Dans Cajou, son deuxième roman, Michèle Lacrosil pose ce qu'il est convenu d'appeler une « expérience des limites » de la laideur et de la couleur. Son dernier roman, Demain Jab-Herma, montre la Guadeloupe de 1952 à travers un conflit social dans une sucrerie où Blancs venus de France, Blancs-pays, Nègres et Mulâtres sont confrontés aux préjugés de races. Dans son œuvre, Michèle Lacrosil témoigne, sans préjuger ni juger.
Marie-Christine Hazael-Massieux, toujours, nous en dit plus sur cet auteur : « Ceux qui se sont intéressés à Michèle Lacrosil ont surtout, dans une perspective littéraire, insisté sur la dénonciation du racisme, sur sa défense de la femme (tout particulièrement de la femme noire). De fait un certain nombre d’articles ou travaux sur l’auteur guadeloupéenne ont été produits dans les universités américaines : il est d’ailleurs étonnant de voir que c’est principalement aux Etats-Unis (ou au Canada) que Michèle Lacrosil est citée dans les recensions littéraires concernant les années soixante, souvent évoquée aux côtés de Simone Schwartz-Bart, Maryse Condé, Jacqueline Manicom (ou Marie Chauvet, elle, en Haïti) parmi celles qui ont mené un combat de femmes pour la dignité de la femme. En France, Michèle Lacrosil demeure une inconnue pour la plupart des universitaires français travaillant sur les littératures francophones... »
Michèle Lacrosil a poursuivi une carrière d'enseignant parisien, tout en écrivant. Actuellement, malgré son grand âge, l'auteur prépare un nouveau roman.
André-Jean VIDAL


* Sapotille et le serin d'argile (Gallimard, 1960).
* Cajou (Gallimard, 1961).
* Demain Jab-Herma (Gallimard, 1967).

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 22:35


DEMOCRATIE MEDIATIQUE
Par Michel EYNAUD

 
« Dans un temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire » (G ORWELL)


Après la Tunisie, l’Egypte a chassé un Président qui y régnait autoritairement depuis des dizaines d’années. Et les rues commencent à se remplir dans de nouveaux pays. Nul ne peut affirmer que l’aspiration à la démocratie engendrera à coup sûr la démocratie. Mais il n’y a pas de doute que l’aspiration à la démocratie passe par la libération de l’information.


Il y a la mondialisation qui aliène et tue, c’est celle de la finance qui spécule et délocalise, c’est celle de la marchandisation de la santé ou de la culture, celle de la pollution de l’eau et de l’air, ou celle de la traite des êtres humains. Mais il y a aussi la mondialisation qui libère, c’est celle de l’information. Que ce soit pour la révolution du jasmin en Tunisie ou celle qui lui a succédé en Egypte, comme pour celles qui se préparent encore, c’est le partage de l’information qui a permis de fédérer les protestations.

Les enjeux de l’information

Tous les régimes totalitaires le savent. Pour asservir les peuples, il faut essayer de maîtriser l’information, il faut tenter de contrôler les médias. Le journal officiel, à la télévision, à la radio ou dans les kiosques à journaux, doit distiller une « vérité » dont les ingrédients mêlent propagande, endoctrinement, désinformation, manipulation. Bref  il s’agit d’influencer les consciences en évitant la diversité des points de vue pour matraquer avec la pensée unique.

Quand les consciences sont trop rétives et s’éveillent, les matraques physiques débarquent, pour « mettre du plomb » dans les cervelles et les corps. Quand les « empêcheurs de penser en rond » se multiplient,  les intellectuels et les  journalistes finissent en prison, en camp de rééducation, de concentration, voire contre un mur face à un peloton d’exécution.

L’émergence des réseaux sociaux

Mais l’ère de la Pravda (« la vérité »…) est révolue. Aujourd’hui appartient aux réseaux sociaux de l’Internet. Les dictateurs ne s’y trompent pas : ils filtrent, censurent, déconnectent… mais les réseaux se reconstituent, les sites miroirs se dupliquent, les protections se contournent. « Twitter » ou « Facebook », « You Tube » ou « WikiLeaks », « WebTv » ou  « blogs » personnels, sont devenus autant d’espaces de partage et d’échange d’informations. Les manifestants se donnent désormais  rendez-vous à la vitesse de l’éclair, les photos circulent, les vidéos se propagent. Les foules deviennent plus conscientes, plus réactives, et la rue devient plus efficace car aucune barrière ne peut limiter le cyber-espace. Même quand les médias d’état sont aux ordres, les réseaux sociaux alimentent en temps réel les médias internationaux, et les paraboles ramènent l’information que l’on avait rêvé de mettre sous le boisseau.

Il y a de grands dangers dans cette instantanéité de la circulation de l’information, notamment celle de la propagation incontrôlée et de la désinformation, de la rumeur et de la calomnie, du fait divers monté en épingle, du secret d’état explosif ou de l’intimité des personnes. Mais il en est de même pour tout outil : selon la main qui le manie, selon les plans qu’il sert, il peut construire ou détruire. Cependant il est d’autant plus dangereux qu’il est réservé à une « élite » qui le confisque, alors qu’il se domestique et se régule quand un grand nombre se l’approprie. Les médias deviennent un outil majeur de la démocratie si chacun accède à l’information : pour la produire comme pour l’utiliser.

De nouvelles coopérations

La démocratie médiatique se fortifie des médias sociaux, car ils utilisent l’intelligence collective dans un esprit de collaboration. Ils viennent contrarier les relations « verticales » subies des rapports de force économiques, politiques ou policiers, en multipliant les interactions volontaires entre des individus se choisissant et se reconnaissant comme partenaires.

L’explosion de ces nouveaux moyens de communication sociale, entre individus ou entre groupes, ouvre une multiplicité d’espace de collaboration, de communication, où chacun peut créer, organiser, modifier,  des informations, des idées, des désirs. On peut les reproduire, les commenter, les combiner, les enrichir de ses propres productions, les contester, les récuser… On a aussi le devoir de les critiquer et les confronter. On peut se contenter du brassage virtuel des images défilant sur son écran, comme on peut se donner rendez-vous dans le monde réel. On peut alors aussi déchanter face à des escrocs ou des prédateurs, comme on peut participer à une révolution !

Les révolutions d’aujourd’hui peuvent combiner à la fois les paysans ruinés par la sécheresse ou la spéculation, poussés à l’émeute par la faim, ou la jeunesse éduquée et informée en quête de liberté, de consommation et de démocratie. Mais surtout les révolutions d’aujourd’hui rassemblent au-delà des frontières pour parler d’avenir quel que soit le poids du passé. La liesse des tunisiens ou des égyptiens chassant des dictateurs corrompus est aussi celle de tous les peuples en quête de liberté et de justice.

Démocratie sociale

Il est sans doute encore trop tôt pour tirer toutes les leçons des révolutions du monde arabe. Mais leur analyse ne peut pas ne pas nous concerner aussi. On y trouve en effet une composante sociale dont bien des aspects nous intéressent : les inégalités criantes  et les hausses des prix, là-bas favorisées par les spéculations sur les matières premières agricoles, ici poussées par les situations de monopoles. Si les uns étaient surtout gangrenés par la corruption, tandis que nous sommes minés par la « pwofitasyon », tous nous sommes victimes du modèle économique néolibéral, dont le prix à payer est socialement insoutenable. Une autre composante est plus politique : la paix avec Israël a été payée au prix fort d’une manne financière  distribuée par les américains pour mieux faire oublier la politique coloniale de leur allié. Les dollars ont endormi le nationalisme des décideurs… mais les vrais décideurs sont toujours les payeurs… et ils ne sont pas fidèles. Les convergences d’intérêt sont trop transitoires pour asseoir des politiques durables, et encore moins pour fédérer les nations. Là-bas comme ici.

Mais la composante la plus intéressante dans les révolutions en cours en Afrique du Nord, c’est bien la place de la démocratie. On n’y a pas vu des leaders  dogmatiques appelant à la dictature du prolétariat, ni des prophètes incitant à l’installation d’une théocratie islamique. On n’y a pas constaté de flambée de violence, de pogroms, d’appel à la vengeance, de purification ethnique. Il n’y a pas eu de tribun pour prôner la croisade, pour évoquer le « choc des civilisations » ou la « lutte des classes et des races »… On a surtout vu une jeunesse éduquée, informée se mobilisant et s’auto-organisant en dépit de la faible structuration des partis d’opposition, de la maigre tradition de société civile autonome. On a assisté à la construction d’une conscience collective dans la circulation de l’information, mais aussi dans le débat, et dans l’occupation d’un espace public ouvert à tous. Notamment aux femmes, plus autonomes car plus éduquées, plus inventives. L’étude reste à faire des slogans, mots d’ordre, affiches, et autres banderoles, qui ont construit une parole commune qui aura été plus forte que le bruit des bombes lacrymogènes et des bottes de l’armée.

 Démocratie partiale

Quel que soit l’avenir de ces révolutions, les dictateurs potentiels auront sûrement quelque mal à brider les aspirations à la liberté de conscience qui s’y sont exprimées. Et le monde y a beaucoup à apprendre, y compris dans une France qui se dit « patrie des droits de l’homme »… mais dont les dirigeants ne rechignent pas à bénéficier des cadeaux des dictateurs et de leurs amis (des diamants de Giscard aux voyages en jet de MAM, les exemples ne manquent pas). Tout comme elle n’a jamais non plus hésité à faire des affaires avec les partenaires les plus douteux, le chiffre d’affaire ayant la vertu de faire oublier les principes des droits de l’homme (et Rama Yade l’a appris en son temps à des dépens, face aux chinois ou aux lybiens, tandis que MAM faisait récemment scandale avec la fourniture de matériel de répression au régime tunisien en déliquescence).

Le principal ennemi de la démocratie réside moins dans le nombre de dictateurs qui restent à « déchouké » que dans l’emprise de la logique néolibérale. En France l’état UMP est devenu un état partial : pendant que les uns bénéficient de cadeaux fiscaux, pendant que les banquiers sont subventionnés, on stigmatise les autres. On expulse les ROMS, on interne les malades mentaux, on dénonce les juges. Les représentants du pouvoir exécutif ne ratent pas une occasion pour distiller dans les médias les condamnations simplistes de boucs émissaires successifs. La recette est simple : alimenter la vindicte populaire en la polarisant sur des substituts pour éviter qu’elle ne se concentre sur la cause réelle de ses maux.

Menace néolibérale

Les attaques contre les services publics que l’on restructure à la hache en ne renouvelant pas les postes de fonctionnaires ou en recomposant les administrations et les territoires, vont aussi avec les attaques contre les agents du service public. Les fonctionnaires seraient des privilégiés qu’il faut précariser, les juges seraient coupables de négligence, les psychiatres seraient laxistes, les enseignants inefficaces, etc. En réalité on invente des failles dans le service public et on accuse de fautes ses agents alors qu’on rogne leurs moyens et qu’on les assaille de missions de plus en plus impossibles. Quand ne les menace pas de punition, on promet au grand public de nouvelles lois… sans moyen pour les appliquer. La partialité de l’état néolibéral se cache derrière une véritable cavalerie législative et médiatique, dans une escalade de la fuite en avant et de la dénonciation. Faut-il le rappeler : le principal auteur d’un crime est son auteur et ses complices. Et parmi ses complices il y a peut-être aussi ceux qui démantèlent le service public, ses organisations, ses valeurs (universalité, accessibilité, etc), ceux qui réduisent ses effectifs.

L’instrumentalisation des médias a conduit récemment  le chef de l’état à mettre globalement en cause le corps des magistrats, en réponse à l’émotion suscitée par un fait divers dramatique, plutôt que de faire la juste analyse de sa politique pénale et des moyens qu’il lui attribue. Au lieu d’être le garant de l’unité de la République dans le contexte d’une société tourmentée et préoccupée par la gestion des risques, il stigmatise une de ses composantes les plus essentielles. On parle là de sécurité, mais c’est pour semer encore plus d’insécurité, l’insécurité de la stigmatisation des juges aggravant l’insécurité du rationnement des moyens de la justice, tout comme la stigmatisation de la psychiatrie s’associe aux carences du rationnement des soins et du manque de psychiatres, de soignants, de structures.

Les lobbies du néolibéralisme communiquent beaucoup. Chaque élection ou chaque réforme est d’ailleurs l’occasion d’escalades verbales destinées à influencer l’opinion par la manipulation  d’émotions plus ou moins archaïques. Tous les leaders populistes font de même. Les médias demeurent donc un enjeu majeur de la démocratie : celui d’un contre-pouvoir générateur de liberté de parole et de conscience, constructeur d’opinion, et même faiseur de révolutions. Mais les médias, quels qu’ils soient, ne serviraient à rien s’ils n’étaient utilisés et maîtrisés par des citoyens capables de s’approprier et critiquer leurs contenus.

 L’enjeu essentiel demeure donc de former et d‘éduquer notre jeunesse : c’est à elle seule que l’avenir appartient, et c’est à nous de lui offrir l’accès aux outils dont elle a besoin.  

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 14:53

INDISCRETIONS
Stéphanie et Steve
Stéphanie et Steve James, de F comme Femmes, ont été invités à  participer au Pan African Film Festival pour y présenter leur documentaire consacré au Chevalier de Saint-Georges et intitulé Le Mozart Noir à Cuba. 
Le PAFF est le plus grand festival indépendant du film noir aux Etats-Unis. En 2011, le PAFF présentera 110 des meilleurs nouveaux films produits aux Etats-Unis, en Afrique, en Europe, dans la Caraïbe, le Pacifique Sud, l’Amérique Latine et le Canada, réalisés par des, ou parlant de, personnes d’origine africaine. Une belle consécration pour nos réalisateurs !

Bernard
Bernard Carbon, qui représente la partie patronale dans les négociations annuelles de la flilière canne-sucre-rhum, est bien mêlé, comme on dit chez nous. Il proposait une augmentation globale de 3,3%, pour couvrir l'inflation, une augmentation de 10% de la prime de transport, de 4% de la prime d'ancienneté, de 25% de l'allocation ticket-restaurant. Ben non, les syndicats n'ont pas voulu. C'est pas assez ! A noter que, pendant ce temps, parce que la récolte ne commence pas, chaque année, avant mi-mars (au lieu de début février) la filière sucre se casse le nez et qu'un de ces jours, il se pourrait qu'il n'y ait plus de négociations du tout. Faute de patrons... et de salariés.

Jean-Michel
Il s'appelle Jean-Michel Jean-Baptiste. C'est le représentant des dockers de la Martinique. Les dockers pratiquaient des cadences minimales sur le port depuis quelques semaines. « Notre rythme de travail », disaient-ils, paralysant quasiment toutes les activités. Le tribunal a dit que c'était une grève perlée. Sur RCI, hier matin, M. Jean-Baptiste était remonté comme une pendule, parlant de « justice coloniale, d'entrée en guerre »... Bref, il croyait couillonner tout le monde sans se douter qu'en face, il y a des gens qui en ont assez d'être pris pour des couillons... Il faut donc s'attendre à ce que ça durcisse à Fort-de-France !

Jacques
Jacques Gillot, à la sortie de la réunion avec Nicolas Sarkozy (sur l'avenir institutionnel de la Guadeloupe), a laissé parler Victorin Lurel. Depuis, on ne l'a guère entendu... alors que M. Lurel a pris des coups de tous les côtés parce qu'il s'est dit satisfait des discussions. Alors, on a cru que c'était une ruse de M. Gillot de laisser M. Lurel se mettre en avant et en prendre plein la g... Mais non, ce sont les meilleurs amis du monde dès lors qu'il s'agit de faire avancer les choses.

Valérie
Dans le programme de Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, figure une rencontre avec MM. Letchimy et Alexandre... Pas de trace d'une rencontre avec M. Lurel... Elle a réaménagé son programme... au dernier moment. Que fait-elle sauter ? La visite du Camp Jacob, un des grands chantiers régionaux... Est-ce parce qu'elle n'a plus le temps d'aller en Basse-Terre ? Non... Puisque ce vendredi elle sera à Bisdary, à l'institut volcanologique...

Jacques et Victorin
On va encore en faire des gorges chaudes (Assez ! Assez !) de voir, lors de la campagne des cantonales,Victorin Lurel soutenir un candidat tandis que Jacques Gillot en soutiendra un autre dans la même circonscription. Si M. Lurel détient une majorité homogène, M. Gillot a une majorité composite. Il doit donc faire avec. Ainsi, dans le Nord de la Grande-Terre, M. Gillot soutiendra Jean-Marie Hubert, de l'UPLG, tandis que M. Lurel, qui est tout le temps critiqué par M. M-HUbert, soutiendra Jacques Marie-Claire. Ailleurs, ils soutiendront tous les deux le sortant : Elie Califer à Saint-Claude, René Noël à la Désirade, etc. C'est la politique !
André-Jean VIDAL

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 14:53

INDISCRETIONS
Valérie
Aujourd'hui et demain, Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, sera en Guadeloupe. Elle visitera l'UAG, pour inaugurer un bâtiment, puis vendredi le lycée de Baimbridge, pour s'entretenir avec les élèves de prépa, avant de gagner Basse-Terre où elle fera une visite au sommet du morne Hoüel, où Jean-Bernard de Chabalier lui ouvrira les portes de l'observatoire volcanologique et sismique...

Marie-Christine
Marie-Christine Quidal, secrétaire générale de l'UPLG, interviewée par RFCI, mardi matin, donne son avis sur la rencontre Sarkozy/Lurel et consorts à l'Elysée. Elle parle en français, pour dire que « après le Congrès de la honte, on a eu une rencontre honteuse... » Bref, rien de transcendant. Mais, elle se souvient toutn d'un coup qu'il faut faire Gwa et balance quelques phrases en créole, pour dire la même chose que ce qu'elle avait dit en français. Ah, posture !..

Amédée
Heureux de revenir devant les micros, Amédée Adelaïde ! Mardi matin, toujours sur RCI, il a dit sa satisfaction que les élus guadeloupéens n'aient rien obtenu à Paris, lors de la rencontre avec le chef de l'Etat. Statu quo.

Victorin et Jacques
Quoiqu'on puisse penser de cette rencontre entre les Guadeloupéens et le président de la République, les observateurs retiendront que nos élus ont fait en sorte que rien ne bouge d'ici 2014... voire plus loin encore. Depuis qu'ils ont dit qu'ils souhaitaient avoir le temps de la réflexion, d'informer les Guadeloupéens, de peaufiner le projet guadeloupéen, etc. il se sera passé six ans. A ce rythme, ils seront en maison de retraite quand il se passera sans doute quelque chose. C'est un peu... l'adage « après moi le déluge ! »

Lisa
Canal 10 est diffusé sur Free depuis mardi matin. Potentiel : 3,5 millions de télespectateurs sur l'Hexagone. Elisa Rodriguez, patronne de la chaîne guadeloupéenne est aux anges. Elisa Rodriguez et Canal 10 dont Alain Méar, du CSA disait, il y a peu, beaucoup de bien... Il est vrai qu'Elisa tout comme son père, notre regretté ami Michel, veut pérenniser ce bébé Rodriguez !
André-Jean VIDAL

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 14:52

INDISCRETIONS
Nicolas
Non, les élus guadeloupéens reçus, hier, par Nicolas Sarkozy, à l'Elysée, n'ont pas reçu une claque, comme le prédisaient les mauvaises langues... Entrevue cordiale d'un président de la République qui n'a pas voulu couper le cordon ombilical qui le relie, par-delà les oppositions partisanes, à Victorin Lurel, dont il sait qu'il fait son taf. M. Sarkozy a reconnu que le nombre d'élus du droit commun (43) était un problème et que, sans aller jusqu'à 60 ou 65, comme demandé par les Guadeloupéens, il fallait y réfléchir. Même chose pour le mode de scrutin pour élire les conseillers territoriaux. Là, si le mode choisi n'est pas celui des autres collectivités françaises, il risque d'y avoir intervention du Conseil constitutionnel...

Nicolas 2
Nicolas Sarkozy a ensuite dit qu'il reconnaissait la validité du travail du Congrès mais qu'il n'y aurait aucune initiative avant l'application effective de la réforme nationale, en 2014. Il s'est dit prêt à attendre que les élus de Guadeloupe fassent des propositions soit vers une évolution spécifique soit par le maintien dans le cadre du droit commun.

Lucette et Daniel
Un peu fâchés, deux sénateurs, Lucette Michaux-Chevry et Daniel Marsin, de voir que leur proposition d'une collectivité unique n'a pas été retenue. Là, la Guadeloupe se dirige vers le droit commun ou, si les élus le souhaitent, une assemblée unique avec maintien de la Région et du Département...

Victorin
Le bruit court que la Région aurait des difficultés financières. En attestent les coupes dans certains budgets — notamment celui de la culture et du sport. Non, répond-on, dans l'entourage de Victorin Lurel, président de Région, il s'agit, comme l'avait annoncé le président lors du discours de politique générale, de revoir certaines dépenses compte tenu d'un budget qui ne reçoit pas d'augmentation de dotations. Ainsi, pour ce qui est du budget des sports, le meeting d'athlétisme se fera, mais avec une dotation budgétaire moins importante, les services de la Région invitant les patrons de la ligue à faire appel à un sponsoring privé...

Joël
Joël Beaugendre, maire de Capesterre-Belle-Eau, a enfin fait nettoyer la nouvelle route de Fonds-Cacao. Les touristes, jusqu'à présent, voyaient au loin les montagnes de la Basse-Terre et les chutes du Carbet et sur le côté droit de la route, après le rond-point, un énorme tas d'ordures... C'est désormais à oublier.

Amélius
Il paraît qu'Amélius Hernandez, patron du Siaeag (gestion de l'eau), fait des économies. On évite, désormais, les grands raouts d'il y a deux ans, avec force plats, champagne et cotillons, pour fêter le passage à la nouvelle année. Là, ça a été plus modeste... mais sur un site sympathique, Lakasa. Un bon point pour Mémé !
André-Jean VIDAL

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 16:00

Bonjour,
 
Vous trouverez plus bas le lien internet vers la 3ième lettre du « Plan Banane Durable Caraïbes » (PBDC).
 
Comme vous le savez, ce projet de collaboration entre producteurs de banane des îles de la Caraïbe a pour objectif de développer et de diffuser les pratiques culturales les plus respectueuses de l’environnement.
 
La mauvaise nouvelle depuis la dernière lettre du PBDC est l’arrivée de la cercosporiose noire en Martinique en septembre 2010. L’éradication n’ayant pas été possible, les planteurs de Martinique mettent tout en œuvre pour contrôler cette terrible maladie du bananier comme les planteurs de Saint Vincent et de Sainte Lucie le font depuis respectivement décembre 2009 et janvier 2010.
 
Côté bonnes nouvelles, la collaboration a déjà permis une bonne diffusion des bonnes pratiques grâce à de nombreux échanges entre les partenaires et la recherche continue sur les variétés résistantes à la cercosporiose et les plantes de couverture.
 
Ces recherches constituent l’avenir à court et moyen terme de la production de banane durable dans la Caraïbe.
 
Bonne lecture.
 
http://www.bananedurable.com/pbdc/lettre_durable3.html

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 15:59

INDISCRETIONS
Emmanuelle
Emmanuelle a constaté que, sur son compte, il y avait un nouveau dépôt, de 879 euros, versé par la CAF. Elle est passée par le site internet de la CAF pour savoir de quoi il s'agissait : un petit cadeau de l'Etat ? Elle ne rêve pas. Il s'agissait en fait d'une prime de naissance ou d'adoption ! Par le biais du site, elle les a informés qu'elle n'avait pas accouché, pas adopté ces dernières semaines. Elle a rendu les sous. Depuis trois semaines, pas de nouvelles. Elle a réservé cette somme. Hier, elle a rappelé. On lui a répondu qu'elle doit écrire un courrier en recommandé avec accusé de réception qui explique son histoire. « Le site internet ne sert à rien », commente Emmanuelle. La PMI du conseil général l'a, entre-temps, félicitée pour cette naissance...

Serge, Alfred
Lors de son passage en Martinique — et maintenant encore —, le président de la République, Nicolas Sarkozy, a nettement dragué les élus de gauche que sont Serge Letchimy, président du conseil régional, et Alfred Marie-Jeanne, qui bouffe du Français à tous ses petits-déjeuners tout en paradant à l'assemblée nationale en costume cravate... L'un comme l'autre, par opportunisme (des sous, des sous), ont succombé au charme du chef de l'Etat. Surprenant quand on sait que celui-ci est un tantinet dévalorisé Outre-mer. Alors, quelle embrouille entre ces trois-là ?..

Jacques, Victorin, Marie-Luce
Pour ce qui est d'internet, il y a 53 000 occurrences pour Victorin Lurel, 103 000 pour Jacques Gillot, 4,2 millions de résultats pour Marie-Luce Penchard. Comme quoi, un destin national, celui de ministre, ça donne du corps à un curriculum vitae !..

Julien, Clotaire
Julien Marinette, de l'UGTG, et Clotaire Rinçon, de la CGTG, ont engagé, jeudi, leur huitième négociation avec le patronat du secteur canne-sucre-rhum. C'est Bernard Carbon, médiateur, qui a assuré la représentation patronale. Discussions serrées pour savoir si les augmentations de cette année couvriraient l'inflation. L'an passé, celle-ci était de 3,3% hors énergie (celle-ci a vu ses tarifs augmenter de 20%). Pour contrebalancer, les patrons ont augmenté le nombre de tickets restaurant, la prime de transport, la prime d'ancienneté, voire les salaires. Deux propositions qui grosso modo compensent mais dont l'acceptation par les syndicats conditionne le démarrage de la campagne 2011.

Jean-Bertrand
Jean-Bertrand Aristide va-t-il revenir en Haiti ? L'ancien président s'est vu délivrer un passeport diplomatique. René Préval, avant de quitter son fauteuil de président, souhaite sans doute laisser une situation inextricable à son successeur. Qui de Mme Manigat ou de M. Marthély aura à gérer les deux incontrôlables que sont les deux présidents en exil revenus ou en passe de revenir au pays, Aristide et Duvalier ?
André-Jean VIDAL

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