Lettre ouverte aux Baie-Mahaultiennes et Baie-Mahaultiens
Le verdict du 1er tour des élections législatives dans la 3ème circonscription est tombé : les électeurs auront à trancher le 16 juin prochain entre Ary Chalus et Max Mathiasin pour élire leur
nouveau député. Aussi, attaché à la commune de Baie-Mahault où j’ai longtemps enseigné et où je demeure plus que jamais électeur, je voudrais en conscience, bien que modestement, éclairer le
choix difficile des Baie-Mahaultiennes et des Baie-Mahaultiens.
Je commencerai pas leur dire que samedi prochain je voterai, sans hésitation aucune, Max Mathiasin. Et ce sont autant des arguments de principes et une volonté de clarté en politique que mon
appartenance au Parti socialiste, qui guident aujourd’hui mon choix.
Néanmoins, il me semble important de préciser ici que lors des municipales de 2008 et des cantonales de 2011, j’avais sans ambiguïté voté pour Ary Chalus. Car il ne fait pas de doute dans
l’esprit de nombreux Baie-Mahaultiens qu’Ary Chalus est un élu de proximité efficace, à l’écoute et au service de ses administrés. Pour autant, les qualités requises pour être un bon maire,
sont-elles les mêmes attendues pour être un député compétent ? Assurément, non. Et il y a incontestablement une maturité politique des électeurs guadeloupéens, qui discernent avec acuité les
enjeux et les qualités requises, propres à chaque type de mandat électoral.
En l’occurrence, être un député de la Nation exige de vous que vous ayez une connaissance approfondie du fonctionnement des institutions de la République et de l’appareil d’Etat ; que vous soyez
au fait des grands enjeux socioéconomiques et politiques nationaux, européens et internationaux, et tout particulièrement dans la situation actuelle de crise financière majeure ; que vous ayez
une solide culture générale – pour ne pas dire une certaine érudition – et des talents oratoires devant vous permettre de vous exprimer avec prestance à la tribune de l’Assemblée nationale ; que
vous ayez des convictions et un positionnement politiques clairs et cohérents, nécessaires dans une assemblée au fonctionnement essentiellement bipartisan. Autant d’aptitudes et de compétences
que possède mon camarade socialiste Max Mathiasin, que je côtoie depuis plusieurs années déjà, et dont je suis convaincu qu’il a l’aura d’un député de premier plan. D’autant que les députés de
Guadeloupe sont toujours plus aux yeux de leurs compatriotes que de simples parlementaires nationaux, tant nous voyons en eux – et à juste titre – une vitrine nationale de l’excellence
guadeloupéenne, et plus largement antillaise.
Aussi, j’appelle d’ores et déjà de mes voeux un débat public contradictoire entre les deux hommes, afin que les électeurs par eux-mêmes puissent en juger.
Quoi qu’il en soit, affirmer sempiternellement et jusqu’à récemment n’être ni de gauche ni de droite mais pour la Guadeloupe, constitue à mes yeux le degré zéro de la politique, et masque en
réalité des tactiques politiques qui à force de n’être plus que politiciennes, ne servent plus que des ambitions et des intérêts bassement personnels, au détriment de l’intérêt général. La preuve
la plus manifeste étant bien entendu ce vaudeville tragi-comique de l’adhésion envisagée de Baie-
Mahault à la communauté d’agglomération Cap Excellence, mais repoussée sine die afin de ne pas alarmer les électeurs du Nord Basse-Terre !
Si l’on croit en François Hollande et en son programme, notamment en faveur du « développement solidaire des Outre-Mer », alors il faut lui assurer une majorité stable et cohérente à l’Assemblée
nationale. Je n’ai aucun doute sur le positionnement du premier fédéral Max Mathiasin, socialiste de la première heure en Guadeloupe, aux côtés de Victorin Lurel. Mais je m’interroge par contre
sur la fidélité aux idéaux de gauche d’Ary Chalus, « hollandais » timide de la toute dernière heure, habitué des fluctuations de positionnement politique, n’hésitant pas à pratiquer un populisme
souvent poussé à l’extrême (n’avait-il pas confié sur une radio locale qu’il trouvait intéressants certains des propos de Marine Le Pen ?), et qui avait cru bon de recevoir en grande pompe à
Baie-Mahault l’ex-ministre de l’Intérieur Claude Guéant, après ses propos sur la hiérarchie des civilisations, et alors même que tous les élus de gauche de Guadeloupe avaient boycotté cette
visite ministérielle.
A bon entendeur, salut !
David Dahomay, militant socialiste, électeur de Baie-Mahault. 11 juin 2012.
RÉPONSE DE TEDDY BERNADOTTE
Mépris de classe et élitisme antidémocratique
David Dahomay, militant socialiste, « électeur baie-mahaultien », qui omet de mentionner son rôle de conseiller du Prince, se fend d’une modeste
lettre. Tout cela, au nom de la clarté en politique, du militantisme politique et de son amour immodéré pour la population baie-mahaultienne. Il pose le problème de la reproduction sociale des élites cher à Bourdieu.
Cette lettre teintée de mépris pour un homme, Ary CHALUS, qui s’est autant investi lors des dernières élections régionales, lors de la crise sociale de 2009
et qui s’investit au profit de son pays, vaut son pesant de « pistaches ».
Issu d’une famille de huit enfants ancrée à gauche, père chauffeur et mère sans emploi, fils et petit-fils de socialistes, des hommes fidèles aux valeurs
progressistes et dont la flamme ne s’est jamais éteinte après avoir passé 24 années dans l’opposition. Formé à la très dure école de l’opposition baie-mahaultienne, je me sens très concerné par
votre lettre et autorisé à vous répondre. Ma formation politique, je l’ai construite dans la rue, en opposition au régime en place, aux côtés d’un homme qui est mort pour que notre ville puisse
vivre. Et contrairement à certains, ma première victoire politique je l’ai connue à l’âge de 30 ans, en 2001. C’est très certainement cette histoire différente, faite d’opposition, de combats
perdus qui me donne une autre perception de la politique. Et qui me fait dire que, pour certains, l’appartenance à un parti, très souvent, ne cache qu’une volonté farouche
d’atteindre ses ambitions personnelles.
David Dahomay s’érige en donneur de leçons et dresse le portrait du parfait député, j’aimerais commencer par lui poser la question suivante. Enseignant en
mathématiques, n’ayant aucune expérience des collectivités locales, est-il la personne la mieux qualifiée en Guadeloupe pour exercer la fonction qu’il occupe à la Région ? De quelle
expérience peut-il se prévaloir ? Est-il titulaire d’un concours de la fonction publique territoriale ? C’est une réponse qui intéressera les nombreux jeunes guadeloupéens diplômés et
lauréats de concours et qui ne parviennent pas à se faire recruter. Il est important que nous le sachions, car vous êtes, me semble-t-il, conseiller du Président du Conseil Régional en charge de
la jeunesse guadeloupéenne, qui, comme chacun le sait, se porte comme un charme.
D’où parlez-vous ?
Le théorème de la clarté politique, que vous appelez de vos vœux, ne doit-il s’appliquer qu’à Ary CHALUS, et les règles que vous édictez, ne sont-elles en
vigueur que dans la troisième circonscription ?
Votre récent intérêt pour la chose publique et la vie politique locale devrait vous conduire (dans les prochains épisodes) à nous éclairer sur les différentes
stratégies qui animent votre parti : Jocelyn SAPOTILLE (PS) pactisant avec une élue (UMP) pour battre un candidat de gauche, des candidats socialistes ne bénéficient pas de l’investiture du
parti ?
Au pays de David DAHOMAY, la cohérence politique est-elle à géométrie variable ?
Dans une famille politique existe-t-il des enfants légitimes pour lesquels on trempe sa plume dans son encrier pour les défendre, et des enfants bâtards que
l’on peut sacrifier sur l’autel de ses ambitions personnelles ?
Le roi David nous apprend que le député doit avoir certaines qualités « connaissance approfondie du fonctionnement des institutions, être au fait
des grands enjeux socio-économiques, une solide culture générale, pour ne pas dire une certaine érudition, et des talents oratoires devant vous permettre de vous exprimer avec prestance à la
tribune de l’assemblée nationale ».
De manière subtile, il nous indique qu’un parlementaire, en somme ; doit être un diplômé sorti d’une grande école, faire partie de l’élite républicaine
pour représenter la Nation. Ce faisant, il élimine d’un trait de plume, Pierre Bérégovoy, Premier Ministre et l’un des plus grands ministres des finances de la République. Il élimine également,
François Louisy, grand sénateur socialiste qui n’aurait jamais connu la gloire sous le régime de David DAHOMAY.
Au moment, où l’abstention augmente, où la population se détourne de la vie politique parce qu’elle considère que les représentants du peuple ne les
représentent pas, David DAHOMAY nous parle du député comme les mères de famille parlent du gendre idéal. Des gens bien comme il faut, qui parlent bien.
Encore un effort M. DAHOMAY. Comme nous parlons législatives, je m’en vais vous proposer un amendement : rétablissons le suffrage censitaire
et exigeons le suffrage capacitaire avec les diplômes des candidats pour concourir au poste le plus noble qu’il soit, celui de représentant du peuple. Oui, rendons à la noblesse ce qui lui
appartient : le pouvoir. Et donnons au peuple du pain et des jeux.
Oui, vos propos me font penser à ceux que l’on a proférés à l’encontre du camarade/candidat François Hollande : flamby, la fraise des bois, celui qui
n’avait pas le gabarit, celui dont le camarade socialiste Laurent FABIUS n’imaginait pas exerçant la fonction. Ce candidat devenu Président de la République, que tout le monde aime tant
aujourd’hui. Moi, le premier.
A ce militant de salon, enfermé dans sa tour d’ivoire depuis les hauteurs du Houelmont, je voudrais dire que les baie-mahaultiens ont longtemps
attendu le soutien de militants courageux pour combattre la dynastie de droite qui régnait alors sur cette ville et dont votre camarade socialiste Max MATHIASIN était le prince
consors. Telle sœur Anne, ils n’ont rien vu venir.
M. DAHOMAY, j’ai la faiblesse de croire que nous pouvons tous participer à la construction de ce pays. Ceci, que nous soyons, fils d’un grand philosophe
agrégé, fille d’un ténor du barreau ou encore fils de chauffeur comme moi.
Oui, Ary CHALUS, agent EDF, peut participer à la construction de son pays. Il a le droit et même le devoir de continuer à faire des propositions pour notre
jeunesse, comme les Etats Généraux de la Jeunesse. Pour que des individus comme vous, en panne d’inspiration, les reprennent à leur compte avec plus de moyens et moins de succès.
Je relève qu’Ary CHALUS serait un populiste. Etre proche du peuple, de la population et de ses préoccupations est en effet un crime et tranche singulièrement
avec votre conception de la politique, qui semble d’abord renvoyer à l’humanisme théorique.
S’agissant de Marine LE PEN, la critique est tellement grotesque qu’elle ne mérite pas d’être relevée. S’agissant de la visite du Ministre de l’intérieur
Claude GUÉANT qui s’est rendu à la police et à la gendarmerie de Baie-Mahault, après s’être rendu à Pointe-A-Pitre et à Saint-Claude, là encore, votre indignation est-elle à géométrie
variable ? Le Maire de Baie-Mahault a reçu un Ministre de la République en visite officielle comme il le fait depuis une dizaine d’années. Il l’a reçu comme l’exige le protocole républicain
et cela dans les mêmes conditions que le maire socialiste Elie CALIFER lors de la pose de la première pierre de la caserne de Saint-Claude. M. CALIFER, un homme fort appréciable, est-il également
à ranger au rang des populistes ? M. Gueant a été reçu comme l’a été l’auteur du discours de Dakar, et cela à maintes reprises. Mais, je vous le concède, ses propos étaient inqualifiables et
ils ont été unanimement condamnés.
M. DAHOMAY, comme vous faites la police des valeurs, il ne fallait pas laisser un populiste comme Ary CHALUS s’engager dans les élections régionales de 2010,
profiter de sa « populisme-arité ». Il est vrai qu’il eut été difficile de se reposer sur votre (seul) popularité.
Voyez-vous, M. DAHOMAY, je suis particulièrement fier de servir aux côtés d’Ary CHALUS, parce que j’ai l’intime conviction qu’il possède des valeurs sociales
très fortes et authentiques. Militant associatif, élu de proximité, je crois que ce sont ces valeurs qui l’ont conduit à prioriser la lutte contre l’habitat indigne, à lutter contre la fracture
numérique en offrant les premiers espaces publics numériques, et à s’investir concrètement et personnellement au profit de notre jeunesse pour favoriser l’égalité des chances.
Et, même si vous tentez d’y mettre un peu plus de formes, une odeur nauséabonde émane de vos propos lisses et policés. On y perçoit ce même racisme de classe,
la même description d’Ary CHALUS, « le petit électricien allant de poteau en poteau », pour paraphraser votre candidat. Ces propos rejoignent les commentaires de la presse hexagonale à
l’arrivée d’Hégésippe Légitimus.
Il y a bien longtemps, qu’Ary CHALUS n’est plus le petit élu de proximité auquel vous voulez le réduire, titulaire d’un master en ingénierie sociale, il a
montré qu’il possédait des qualités, l’audace, l’initiative, et qu’il pensait à l’échelle de la Guadeloupe. Sa volonté d’investir l’économie de l’intelligence en faisant du Morne Bernard, un pôle
d’excellence et d’adapter le droit du littoral à nos réalités locales en témoigne.
Vous êtes le symbole de ce mépris de classe, celui de la Guadeloupe d’en haut, qui va à la rencontre du peuple, le temps d’une élection, une pince sur le nez.
Ary CHALUS a la chance de ne pas faire parti de votre milieu, de votre cercle. C’est une chance pour lui, c’est une chance pour la Guadeloupe.
Vos propos me ramènent à ceux que l’on tenait à l’encontre d’un autre fils de notre ville, Paul MADO, petit plombier, cet autre baie-mahaultien, ce grand fils
de la Guadeloupe. Ils me rappellent ceux que l’on tenait à l’encontre de Guy CONQUET, autre vieux nègre aujourd’hui vénéré et grâce auquel vous avez très certainement un ka dans votre
salon.
Guy CONQUET, Paul MADO, Ary CHALUS représentent cette Guadeloupe d’en bas, cette Guadeloupe authentique, cette Guadeloupe véritable, cette Guadeloupe
populaire dotée d’une intelligence intrinsèque. En vérité, votre militantisme aussi récent que la foi des convertis sur le chemin de Damas, vous empêche de voir que la Guadeloupe a besoin de tous
ses enfants.
Oui, à la Guadeloupe pour tous !
Le choix des baie-mahaultiens est facile. Ils feront le choix d’un homme qui a toujours été à leurs côtés, respecté les engagements pris à leur égard, et
animé d’un amour sincère et profond de son pays.
Goliath DAHOMAY, le degré zéro de la politique c’est considérer que vous êtes la lumière et que nous sommes le néant. En bon
conseiller vous auriez pu éclairer sur le fait d’écrire que « tous les crimes sont commis par des guadeloupéens d’ascendance africaine ». Des propos qu’auraient pu tenir Claude Guéant
où Marine le Pen.
Je suis de gauche et je soutiens Ary CHALUS parce que, comme lui, je crois que :
« La Guadeloupe aura besoin de tous ses enfants pour relever les nombreux défis qui nous attendent, l’esprit d’unité doit être à tout
moment à l’ordre du jour.
Oui ! D’autres voix ont le droit de se faire entendre. C’est la démocratie qu’il faut encourager !
Oui ! D’autres personnalités ont le droit et même le devoir de proposer des solutions pérennes pour sortir de la crise, car nul ne détient à lui seul
toute la vérité !
Le socle de la majorité présidentielle doit être enrichi de personnalités qui ne perdent jamais de vue les intérêts supérieurs de la Guadeloupe qui doivent
toujours supplanter les intérêts partisans.
Dans le cadre de cette élection, deux écoles de pensée sont en opposition : celle qui tente de réduire notre pays à un courant de pensée, un
premier cercle, et celle qui, considère que le salut de notre pays réside dans le génie propre de chaque guadeloupéen.
Oui ! La Guadeloupe est l’affaire de tous et ne peut être limitée aux seuls intérêts d’un parti, d’une même famille, d’un même clan.
En cela, il m'apparaît important de lutter contre toute dérive hégémonique d’un parti sur la vie politique de la Guadeloupe, car la diversité constitue de
tout temps un facteur indéniable de richesse ».
Ary Chalus est l’exemple de trajectoire qui donne un peu de vraisemblance à une démocratie en réalité dévoyée où une oligarchie
représente et décide pour tous. David Dahomay ne se rend pas compte que Chalus donne son vrai sens au mot d’ordre « La Guadeloupe pour tous » !
Laissez les baie-mahaultiens en paix, et prenez bien soin de la jeunesse guadeloupéenne.
Teddy BERNADOTTE, véritable électeur baie-mahaultien