Au sort des Açores !
Un hélitreuillage, celui de Bertrand Quentin (Côte d'Or II) aux prises avec de fortes douleurs à la poitrine, un retour au port, celui d'Hervé de Carlan (Délirium), qui déplore la casse de sa
poutre avant : après deux jours de course, la Route du Rhum-La Banque Postale donne toute la mesure du niveau d'exigence d'une traversée océanique en solitaire. Pour les autres concurrents, la
course se poursuit à un train d'enfer autour de l'anticyclone des Açores, véritable juge de paix de cette édition 2010. Ascension par le Nord pour les uns, plongée au Sud pour les autres : d'une
catégorie à l'autre, tous ont maille à partir avec ce vaste système de hautes pressions qui transforme l'Atlantique en immense échiquier.
Ultime : Cammas leader, Quentin hélitreuillé
Souffrant de fortes douleurs à la poitrine et d'une grosse fatigue, Bertrand Quentin (Côte d'Or II) a été hélitreuillé depuis son trimaran par la marine espagnole et pris en charge par les
médecins à l'hôpital de Rubela. Pendant ce temps, la course continue sur un rythme soutenu en tête de la catégorie Ultime. De nouveau aux commandes depuis mardi 8h, Franck Cammas (Groupama 3) a
repris les devants à la faveur de son option sud autour de l'anticyclone des Açores.
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Franck Cammas (Groupama 3) : « J'ai eu des conditions qui favorisent mon trimaran, car j'ai eu du portant avec du bon vent et avec un bateau aussi puissant, on fait moins de changements de voiles
par soucis de stabilité. J'ai sûrement fait moins de manœuvre, ce qui m'avantage. Après, passer un front c'est une autre histoire. »
Sidney Gavignet (Oman Air Majan) : « On va manger du près jusqu'à plus soif mais c'est comme ça. Si on mange du près pour ressortir de l'autre coté, c'est bien, mais il y a beaucoup
d'incertitudes, c'est la seule chose qui est sûre. Tous les choix ont des logiques, on ne peut pas dire qu'untel ou untel a tort ou raison, il faut avoir de la réussite tout simplement. »
IMOCA : Quatre leaders en deux jours
Preuve une nouvelle fois de l'intense régate que se disputent les neuf solitaires de la classe Imoca, Armel Le Cléac'h (Brit Air), en tête depuis ce matin, est le quatrième leader différent en
moins de deux jours de course. Alors qu'une grande majorité de concurrents tire des bords de près au large du golfe de Gascogne, Michel Desjoyeaux (Foncia) et Arnaud Boissières (Akena Vérandas)
ont franchi aujourd'hui le cap Finisterre et filent plein sud au portant pour contourner l'anticyclone. La prudence est de mise pour savoir quelle option se révélera payante dans les prochains
jours. En attendant, les deux groupes ne sont pas logés à la même enseigne. Les partisans du nord tirent des bords de près en attendant le passage d'un front, tandis que les deux sudistes
glissent au portant vers le soleil.
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Armel Le Cléac'h (Brit Air) : « Je passe pas mal de temps à la table à carte. La route idéale n'est pas toute tracée. La météo des prochains jours est assez changeante au vu des fichiers et ce
n'est pas simple de trouver la route idéale, avec l'anticylone des Acores qui bouge pas mal, une zone de transition dépressionnaire complexe derrière et un sub-tropical qui se met en place. »
Michel Desjoyeaux (Foncia) : « Je pense qu'en routage pur, les deux routes sont très proches. Par contre, quand tu vois tous les ennuis qu'il peut y avoir là-haut, ça ne me tentait pas trop . .
Quand tu vois ce qui les attend pendant deux jours ce n'est quand même pas très enthousiasmant. »
Multi50 : Chacun sûr de son choix
Ce mardi, la flotte des Multi50 s'étale sur 300 milles en latéral. D'un côté, au plus près de la route directe, Lalou Roucayol (Région Aquitaine – Port Médoc), Philippe Laperche (La mer révèle
nos sens) et l'actuel leader Lionel Lemonchois (Prince de Bretagne) naviguent actuellement au près, dans une mer toujours formée avec 15-16 nœuds de vent. A terme, leur objectif est de
mettre cap plein ouest et de tirer parti de ces vents de travers pour faire la différence avec leurs camarades de jeu positionnés plus au sud, le long des côtes portugaises et légèrement ralentis
depuis cet après-midi. A noter par ailleurs, qu'Hervé de Carlan, victime en fin de matinée d'une avarie, a prévenu la direction de course qu'il se déroutait vers Erquy, son port d'attache. Le
skipper de Delirium a indiqué qu'il avait cassé la poutre avant de son catamaran mais que tout allait bien.
Yves Le Blévec (Actual) : « Pour l'heure, je ne peux rien dire sur mon choix. On verra ça dans quelques jours ou à l'arrivée. Je regarde évidemment les autres au nord mais je n'y peux pas
grand-chose. Je reste concentré sur ma trajectoire. Le bateau va bien. Les conditions étaient dures avec du vent et de la houle, ce n'était pas confortable mais il fallait aller vite. On est en
course quand même ! On est en train de traverser l'anticyclone, ça mollit et c'est assez pénard. Cela permet en tous les cas de se mettre dans l'ambiance du bord, de se reposer et de manger.»
Lalou Roucayrol (Région Aquitaine – Port Médoc) : « Les conditions sont top : il y a du soleil, 12 nœuds de vent, je suis toujours au près dans une mer forméel. Cette nuit, elle était vraiment
désordonnée, là c'est calme et ça aide à rentrer vraiment dans la course. Pour se mettre en jambe, il y a toujours une journée ou deux où tu es moins efficace. Là, je suis vraiment en mode
course. De plus, j'ai bien mangé. C'est reparti ! »
Class 40 : Ruyant devant !
Quelle course ! De toute évidence la flotte des Class 40 tient toutes ses promesses : après deux jours de mer, on assiste à une régate sur le golfe de Gascogne d'une très belle intensité. La plus
belle preuve est sans nul doute le mano à mano que livrent Thomas Ruyant (Destination Dunkerque) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat). Ce duel est arbitré par un 3è larron, Nicolas Troussel
(CMB), désormais bien décalé au sud. La flotte, toujours aux prises avec des conditions météo complexes, s'éparpille dans tous les sens avec des options Nord et Sud de plus en plus marquées…
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Jean-Edouard Criquioche (Groupe Picoty) : « J'étais dans les bras de Morphée, ils ne voulaient pas me lâcher ! J'ai tenté un truc au Sud, ça n'est pas passé donc je me suis gentiment remis dans
les rangs avec mes petits camarades. J'ai une bastaque cette nuit qui a lâché, ça a fait un bruit terrible. Et juste en coupant la bastaque cassée, je me suis coupé les mains. Ce n'est rien, mais
au lieu de cicatriser en une semaine comme ça le fait à terre généralement, il faudra plus longtemps. Mais je n'ai pas appelé le docteur Chauve, ni même ma mère !
Depuis hier, les vents sont assez tournants, une mer chaotique et on essaie de se faire un petit passage là dedans. Ca tape, ça secoue, on essaie de prendre nos marques. Les glissades ? Ca
n'apparaît même pas sur mon ordinateur ! »
Eric Defert (Drekan Energie-Groupe Terralia) : « Ça va très bien. J'ai pris un casier au départ la première nuit. Hier, j'ai réussi à bien remonter. Je fais attention, c'est un peu tendu, ça se
joue un peu de chose. Ma stratégie est plus évolutive que bien établie. Mais la course est tr ès rythmée et passionnante. Je suis d'ailleurs en train de doubler Jorg Riechers… »
Damien Seguin (Des Pieds et Des Mains) : « Ça se passe de mieux en mieux. On s'est tiré une bonne bourre sur les côtes de Bretagne. Ça s'est calmé maintenant. Ce matin j'étais un peu empétolé
dans une petite bulle qui était au milieu de mon chemin. La pointe de la péninsule ibérique, ce sera dans une quinzaine d'heures.
J'ai réussi à faire des bons repas à grignoter des choses qui me font du bien à la tête aussi. Et là, je vais aller faire une petite sieste. »
Catégorie Rhum : Dans un mouchoir de poche
En tête depuis le coup d'envoi de cette neuvième Route du Rhum - La Banque Postale, Andrea Mura avoue un terrible mal de mer depuis dimanche. Installé sur la route Nord dans ce jeu commun à
toutes les flottes du contournement de la bulle, il garde le rythme et devance d'un peu plus de dix milles, les monocoques de Luc Coquelin (Pour le rire médecin) et Pierre-Yves Chatelin
(Destination Calais) et le trimaran Acapella de Charlie Capelle. Au sud, ATNinc.com d'Etienne Giroire a informé la direction de course qu'il se déroutait vers la ville espagnole de Ribadeo,
située dans la province de Lugo en Galice, afin de monter dans son gréement. Un pit-stop qui ne devait pas durer plus d'une heure.
Andrea Mura (Vento di Sardegna) : « Je suis barbouillé. Depuis le départ, je n'ai pas mangé, c'est un problème. Je n'ai pas de force donc c'est un peu difficile de monter et descendre les voiles.
Il me faudra trois jours pour faire passer le mal de mer. Je n'ai pas utilisé l'ordinateur pour parler avec les autres concurrents, ce n'est pas possible. Quand tu as le mal de mer tout est
difficile. »