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3 mai 2009 7 03 /05 /mai /2009 15:22
UN DOCUMENT EXPLOSIF !

Rapport complémentaire au rapport du CESR sur le prix des produits pétroliers en Guadeloupe, dit rapport Brissac

Rapport remis au Président du Conseil Régional
Préambule


Le CESR a mené depuis 2007 une lourde investigation qui vise à mieux appréhender les mécanismes de fixation et de variation des prix des produits pétroliers en Guadeloupe.

Un premier rapport, remis à l’Observatoire des Prix de la région Guadeloupe et à la Région Guadeloupe s’est attaché à présenter l’historique qui conduit maintenant à la situation de monopole de fait de la SARA aux Antilles, démontrer la structure des prix des produits pétroliers et leurs mécanismes de variation et tenter de comprendre par une étude comparative les raisons de l’augmentation constante des prix des carburants et les distorsions importantes existantes entre le marché antillo-guyanais, la Réunion et la France hexagonale.

Ce premier rapport s’est attaché à présenter une décomposition des prix aussi sincère que possible, notamment en identifiant les parts respectives du prix plancher, des taxes, des marges de gros et de détail, de raffinerie et de stockage. Le rapport contient par ailleurs plusieurs préconisations dans ses conclusions sur lesquelles nous reviendrons.

Néanmoins, des zones d’ombre persistent. Le rapport est loin d’être terminé. Les éléments recueillis auprès des services de DDCCRF, de la Direction des Ressources Energétiques, de la Direction des Douanes et de la SARA elle-même, ramenés à des constatations de terrain, des données officielles et aux témoignages des professionnels du secteur, laissent fortement à penser que l’opération « transparence » est loin d’être achevée.

L’opacité continue de prévaloir dans les relations entre la SARA qui est, pour l’essentiel, une Société commerciale et non la Société industrielle originelle, ses fournisseurs et ses clients (90 % d’entre eux sont ses actionnaires) et le non respect dans bien des cas des règles de la libre concurrence.

Des éléments de fait incontestables tendent à démontrer que les règles de fixation et de variation des prix qui ont été clairement mises en lumière par le rapport sus mentionné ne sont pas opérantes.

Plusieurs causes permettent d’étayer cette affirmation :

- • L’origine géographique du carburant importé ;

- • La part de carburant importé raffiné ou brut ;

- • La part de carburant importé directement par les actionnaires de la SARA, la SARA et les importateurs indépendants ;

- • Le rôle de la SARA en Guadeloupe et ses rapports commerciaux avec ses actionnaires ;

- • L’influence de la dilatation des hydrocarbures.
1- L’origine géographique du carburant importé.

Durant de nombreuses années, et profitant de sa situation géographique privilégiée, la SARA s’est approvisionnée en pétrole brut depuis le Vénézuéla, un quart seulement des produits provenant d’Europe du Nord.

Suite à des tensions géopolitiques avec ce pays tiers, la SARA a été contrainte de s’approvisionner de manière plus massive depuis l’Europe. En parallèle, des normes environnementales plus contraignantes sont venues renforcer les relations d’importations depuis l’Europe et entraîner des investissements importants pour le stockage et la mise aux normes des carburants.

Le décret n°2003-1241 du 23 décembre 2003 réglemente le prix des produits pétroliers dans les départements de Guadeloupe et de Martinique. Il a modifié les décrets n°88-1046 et n°88-1047 du 17 novembre 1988.

Il institue les règles de variation de prix des produits pétroliers. Deux types de variation sont institués (art. 2, 3, 4 et 5 du décret)

- UNE FOIS PAR AN

    * Le prix maximum hors taxes de sortie raffinerie, hors passage en dépôt
    * Le prix maximum hors taxes de passage en dépôt
    * Le prix maximum de vente en gros et au détail TTC sont modifiés dans chaque département pour tenir compte de l’évolution du coût du transport maritime et logistique, la protection de l’environnement, l’évolution des règles en matière de sécurité….

- A CHAQUE LIVRAISON

    * Le prix maximum hors taxes de sortie raffinerie, hors passage en dépôt
    * Le prix maximum de vente en gros et au détail TTC sont modifiés dans chaque département par arrêté préfectoral pour tenir compte des variations des droits et taxes, des évolutions reprises aux articles 2 à 5 du décret, notamment le cours du brent daté et la parité euro/dollar.

Aussi, le prix du carburant varie à chaque livraison, non seulement en fonction de la parité euro/dollar, mais aussi en fonction du lieu d’approvisionnement en produits bruts ou finis.

Or, il est constant que le cours du brent daté varie selon que les produits proviennent d’Europe, de la zone Amérique ou du Moyen-Orient. La provenance des produits étant établie selon les données fournies par la SARA, l’autorité préfectorale, chargée de procéder aux variations de prix en fonction des valeurs publiées par les sociétés de cotation des différentes zones, ne dispose donc que de la bonne foi de la SARA pour effectuer les ajustements nécessaires. S’il revient à ses services que les produits importés proviennent d’Europe, le Préfet appliquera le cours de la zone. Or, la diversité des origines géographiques des produits importés laisse perplexe quant à la juste appréciation de la valeur de référence du brent daté transmise au Préfet, tout comme la fréquence des approvisionnements qui dépassent largement les chiffres communiqués (10 approvisionnements par an). Cet élément a une incidence certaine sur les prix à la consommation puisque la variation des prix est assise sur une base incertaine, à savoir le prix réel d’achat des produits pétroliers sur les marchés internationaux.

Au titre de l’année 2006, le tableau ci-après récapitule les quantités et la provenance des produits pétroliers sur le marché guadeloupéen.

Cliquez sur la photo pour la visualiser dans sa taille originale.

Les données contenues dans ce tableau nous ont été aimablement communiquées par la Direction des Douanes de Guadeloupe

L’analyse des quantités de pétrole en provenance de pays tiers tels les USA, Iles Vierges (USA), Aruba, Venezuela, Sainte-Lucie, Trinidad ( 376 470 t, soit 41,64 %) désoriente l’observateur et vient battre en brèche l’affirmation que le marché guadeloupéen est en grande partie alimenté par le brut raffiné par la SARA en Martinique et l’Europe.
Au surplus, s’agissant d’importation en provenance de pays tiers et compte tenu de l’opacité du système, il est très probable que cette marchandise échappe totalement aux droits de douanes.
2 - La part de produits pétroliers raffinés ou brut.

Deux éléments indiscutables permettent d’affirmer que la Guadeloupe est d’ores et déjà un territoire d’importation de produits pétroliers finis.
- Tout d’abord les effectifs de la SARA en Guadeloupe (25 salariés contre 250 en Martinique), nous indiquent très clairement qu’aucune activité de raffinage n’est effectuée sur place.
- Ensuite, la SARA n’est pas assujettie au paiement de la Taxe Générale sur les Activités Polluantes en Guadeloupe, alors qu’elle l’est en Martinique où effectivement, il existe une activité de raffinage.

Sur une période allant du 1er janvier au 31 novembre 2008, il est donc à constater que 1,61 millions d’Hl de GO et 1,13 millions d’Hl de SSP sont constitués exclusivement de produits finis.

Là encore, les conséquences ne sont pas anodines.

Dans le mécanisme de variation des prix tel qu’institué par le décret de 2003 précité, le prix plancher (prix de référence) est négocié une fois par an dans sa composante « coût de production » et à chaque livraison dans sa composante « coût matière première ». Sa révision se fait par application d’une formule qui intègre pour 63 % la variation du brut et pour 37 % la variation des produits finis importés.

Cette formule devient parfaitement inopérante dès lors que le carburant importé est quasi-exclusivement un produit fini. En tenant compte de cet élément de fait, la variation du prix plancher devrait s’effectuer uniquement à raison des variations des prix des produits finis importés.
3 - La part de carburant importé directement par les actionnaires de la SARA, la SARA et les importateurs indépendants

Comme il a été démontré précédemment, la Guadeloupe n’importe que des produits pétroliers finis et dont la provenance est diverse.

Rappelons pour mémoire que l’actionnariat de la SARA se décompose comme suit :
- Total : 50 %
- Shell (RUBIS) : 24 %
- Esso : 14,5 %
- Texaco : 11,5 %

Si l’on se réfère aux données chiffrées officielles et vérifiables que le rapporteur a pu consulter, il est clairement établi que des dizaines de personnes morales et physiques importent du carburant en Guadeloupe. Dans des quantités négligeables on retrouve des artisans boulangers ou des coureurs automobiles. A un niveau supérieur, on compte 3 compagnies de distribution de carburants qui disposent d’enseignes en Guadeloupe mais qui ne sont pas actionnaires de la SARA. Il s’agit de CAP, WIPCO et GPC. (environ 29 millions Hl)

Il en va différemment pour la SARA et ses actionnaires qui eux importent et distribuent 90 % des produits pétroliers de Guadeloupe. Néanmoins, ce qui paraît paradoxal et attise la curiosité, c’est la part respective des actionnaires de la SARA et de la SARA elle-même. D’aucun pourrait imaginer que la SARA importe la totalité du carburant pour le compte de ses actionnaires alors qu’il en va totalement autrement.
Importateurs    Volume (en litres)
Cap    18 517 641
Esso    126 977 934
SARA Cab    59 903 997
Rubis AG    51 954 009
Rubis Cab    9 512 027
Texaco    1 662 619
Total    183 811 210
Wipco    11 220 872
TOTAL    403 656 312

Au vu des volumes de carburants importés par la SARA sur cette période de référence (1er janvier au 31 décembre 2007) et des volumes importés par ses actionnaires, plusieurs interrogations naissent quant à la nature juridique de la SARA et des vraies relations qu’elle noue avec ses actionnaires.
4 - Le rôle de la SARA en Guadeloupe et ses rapports commerciaux avec ses actionnaires.

En raison de la quantité de produits pétroliers importés par la SARA elle-même et ses actionnaires, il est opportun de s’interroger sur la nature juridique de la SARA et les services qu’elle serait tenue de rendre et qu’elle rend en réalité à l’égard de ses actionnaires.

Tout d’abord, compte tenu de la spécificité de son activité, la SARA relève de la catégorie de l’Entrepôt Fiscal de Stockage (EFS).

a/ De l’octroi à la SARA en Guadeloupe d’un régime d’entrepôt sous Douane au statut inadapté, en lieu et place du régime douanier applicable en la matière, c’est-à-dire, l’Entrepôt Fiscal de Stockage – EFS.

La question du statut des entrepôts de produits pétroliers de la SARA en Guadeloupe interpelle à plus d’un titre. En effet, en Guadeloupe, le stockage des produits se fait sous un régime d’entrepôt douanier traditionnel, voire spécifique tandis qu’en Guyane, existent des Entrepôts Fiscaux de Stockage, comme le prévoit la réglementation douanière européenne qui s’applique à l’ensemble du territoire douanier communautaire – DOM compris. Les entrepôts en l’espèce dans les DOM doivent donc, relever du statut des EFS.

Or, les règles de fonctionnement de l’EFS sont beaucoup plus contraignantes que le régime d’entrepôt en vigueur en Guadeloupe. Elles prévoient, entre autres, la tenue d’une comptabilité des matières plus rigoureuse, des contrôles de stocks (recensements) plus strictes, les manipulations autorisées… Il s’agit d’une situation particulièrement négligée, source potentielle d’irrégularités et de fraude douanière et fiscale.

Qu’en est-il réellement des contrôles des dépôts de la SARA en Guadeloupe (le barèmage, en langage douanier) ? Des contrôles réglementaires prévus par la législation (10 en moyenne annuelle) ? Des contrôles inopinés des services spécialisés de l’Etat ? Quand on sait qu’entrent directement dans les entrepôts de la SARA Guadeloupe des produits finis communautaires mais aussi des produits finis tiers importés par différentes compagnies de distribution dont la majorité d’entre elles sont actionnaires de la SARA. Quid du rôle en la matière des autres services de l’Etat et notamment de la DRIRE ? Que dissimule le maintien en Guadeloupe, de ce régime douanier dérogatoire, voire approximatif, en lieu et place du régime douanier de l’EFS applicable en pareil cas ?

Enfin, à titre général, pourquoi les accises (impôts de consommation) ne sont pas harmonisées dans les DOM ?

NB : Á noter que c’est le régime douanier de « l’usine exercée » qui est en vigueur à la SARA en Martinique, du fait de l’activité industrielle de la raffinerie.

Le régime de l’EFS permet à la SARA de stocker en suspension de taxe spéciale de consommation (TSC), d’octroi de mer et d’octroi de mer régional. C’est donc un régime dit de « privilèges de taxation ». L’ensemble des taxes ci-avant est liquidé à la mise à la consommation.
Cependant dans les faits, il apparaît que la SARA se comporte plutôt comme un entrepôt sous douanes. Cet élément se révèle fort intéressant puisqu’à la différence d’un EFS, le régime de l’entrepôt sous douanes est un régime d’exonération totale de droits et taxes. Ainsi, les droits de douanes normalement exigibles pour les produits en provenance de pays tiers ne sont donc pas perçus.

Quel est le rôle véritable de la SARA en Guadeloupe ?

Comme nous l’avons démontré précédemment, la SARA est à la fois importateur de produits pétroliers, mais son activité principale se concentre plus vers le stockage puisque cet établissement est le seul qui dispose des équipements en Guadeloupe pour stocker les hydrocarbures en grande quantité.

Les actionnaires de la SARA importent et distribuent le carburant pour leur propre compte, mais l’entreposent dans les cuves de la SARA.

Le rôle de la SARA au regard de ses actionnaires (hormis l’activité de stockage) se résume à la simple déclaration en douanes par décade de la quantité de carburant sortie de ses cuves. Chaque compagnie pétrolière actionnaire ou non dispose de son propre crédit d’enlèvement ; de ses obligations cautionnées déposées auprès du Receveur Régional des Douanes, et s’acquitte donc des droits et taxes en vigueur par décade auprès des services des Douanes. La SARA ne s’acquitte jamais de cette taxation pour autrui.
Aussi, la SARA ne serait qu’un prestataire de services comme le démontre par ailleurs le rapport du CESR précité. Cette structure permet à ses actionnaires d’effectuer des économies d’échelle grâce à la mutualisation des frais d’approche, mais elle a à la fois des intérêts contradictoires et conjugués à l’égard des actionnaires. Conjugués du fait de l’actionnariat commun, mais contradictoires puisque chaque entité est un importateur.

Il reste qu’une activité de la SARA, fort méconnue du public mérite quelques observations. Il est patent que la SARA est un importateur de produits pétroliers. Mais c’est aussi un exportateur et pas uniquement en direction de la Guyane française.
Pays de destination    Poids (kg)
France                            65 233 181
France                            34 027 066
Aruba                              7 712 949
France                             4 649 208
France                             4 351 074
Trinidad et Tobago           3 715 158
Bahamas                      3 561 310
France                            2 760 474
Guadeloupe                2 451943
Trinidad et Tobago          2 406 659
France                            2 268 620
Avitaillement Echanges pays tiers    2 203 556
France                           2 065 342
France                          1 011 766
France                             873 505
Avitaillement Echanges pays tiers    731 693
France                             503 298
France                            448 206
Avitaillement Echanges intra comm.    206 306
France                              89 904
France                              80 441
Avitaillement Echanges intra comm.    60 644
France                                7 622
France                               3 637
France                               2 537
TOTAL                           141 426 099

La Guadeloupe exporte donc (année de référence 2007) plus de 141 426 t de carburants, ce qui est loin d’être négligeable. Elle exporte pour des raisons évidentes en raison des besoins en avitaillement des bateaux, notamment ceux des paquebots de croisière, et pour les aéronefs qui effectuent les liaisons transatlantiques (exportation vers la France). Ces quantités sont raisonnables et transparentes.

On peut légitimement s’interroger sur les raisons qui président à l’export de carburants vers des destinations telles Aruba, Trinidad ou les Bahamas (17 394 t). Le rapporteur abonde dans le sens des conclusions du rapport du CESR qui indique que la Guadeloupe sert de zone de stockage et de transit de carburants.

b/ De la rupture, voire de la dilution des responsabilités au stade de la sortie des produits pétroliers d’entrepôt sous Douane par chacune des compagnies de distribution

Dans la quasi-totalité des raffineries de France hexagonale, il existe un opérateur principal, exemple TOTAL France, qui cumule à la fois les activités de raffinerie (opérateur fabricant –usine exercée), d’entrepôt - EFS - et de Commissionnaire en Douane agréé. C’est d’ailleurs le cas de la SARA en Martinique. La loi stipule que « le titulaire de l’entrepôt fiscal est l’entrepositaire agréé qui en assure l’exploitation. Il est habilité, par l’Administration des Douanes, à effectuer au nom et pour le compte des autres entrepositaires agréés dont il détient les produits, les formalités douanières et fiscales de réception, de détention, de manipulation et d’expédition de ces produits ».

En Guadeloupe, la SARA, titulaire de l’entrepôt, ainsi que les compagnies de distribution qui commercialisent, elles-mêmes leurs produits, sont-elles entrepositaires agréées ? Ont-elles souscrit, à ce titre et individuellement, un engagement (engagement général pour la SARA) cautionné auprès de la Direction Régionale des Douanes ? N’y a-t-il pas rupture ou dilution des responsabilités au niveau des sorties d’entrepôt ? La SARA n’assurerait-elle pas un rôle de couverture fiscale au profit des compagnies de distribution de produits pétroliers qui sont, pour la plupart, ses propres actionnaires ? Quelles sont les règles de fonctionnement de ce régime d’entrepôt bien « particulier » ?
5 - L’influence de la dilatation des carburants.

Pourtant connus de beaucoup, les effets de la dilatation des hydrocarbures demeurent souvent éludés.

Les normes internationales imposent que le carburant soit livré à 15°C. C’est donc dans ces conditions que la SARA reçoit ses différentes livraisons et que le carburant est par la suite stocké dans des cuves réfrigérées.
Le phénomène de dilation se produit dès la sortie des cuves. Des études menées en Nouvelle-Calédonie par des professeurs de physique-chimie démontrent de manière non équivoque que le carburant SSP et GO subit une dilatation de l’ordre de 2 % entre 15°C et 30°C pour le SSP et d’environ 1,5 % pour la même variation de température pour le GO.
Ces proportions semblent parfaitement fiables si on compare les éléments d’un bon transfert (document fourni par la SARA à chaque livraison à un camion-citerne) que votre rapporteur a pu consulter, mais ne peut reproduire dans le présent rapport.

L’exemple est consternant :
- Un camion-citerne est livré à 15°C pour 158 079 l de SSP. Quand ce même carburant est mesuré à 30°C, le camion-citerne dispose de 161 018 l, soit 2 939 l de plus (environ + 2 %). Ce même camion-citerne est livré à 15°C pour 160 904 l de GO. A 30°C, le camion-citerne dispose de 163 000 l, soit 2 096 l de plus (environ + 1,25 %).
Ramené aux quelques 4 millions d’Hl qui correspondent au volume des carburants mis à la consommation en Guadeloupe chaque année, le phénomène de dilatation est loin de comporter des conséquences anodines. A qui profite cette manne providentielle pudiquement intitulée dans le jargon du milieu « marge collatérale » qui sont en fait des bénéfices collatéraux occultes tirés par les compagnies de distribution de produits pétroliers (à la fois, importateurs et distributeurs), des distorsions en matière de coefficient d’évaporation ?

Lors de leur mise à la consommation en Guadeloupe, les produits pétroliers, à l’exception des contingents exonérés, supportent la taxe spéciale sur les carburants (TSC), la taxe d’octroi de mer (OM) et de l’octroi de mer régional (OMR).

A leur sortie d’entrepôt au moment du dédouanement, les produits soumis aux taxes précitées sont taxés à une température de référence de 15°C comme le prévoit la loi. Ainsi, les compagnies de distribution acquittent les taxes sur base ad valorem et volumique à cette température. Or, dans les DOM, et en Guadeloupe, en particulier, les compagnies de distribution facturent leur clientèle au moment de la livraison, à une température moyenne de 25°C.

Pour faire simple, cela se traduit en général, du fait de l’augmentation de la masse volumique :

   1. par l’acquittement, par la compagnie de distribution, à l’Administration des Douanes, de 100 € de taxes au moment du dédouanement, alors que cette même compagnie répercute et perçoit de son client 102 € de taxes. D’où un gain de 2 € perçu de manière occulte qui échappe à la Douane et au final aux Collectivités locales ;
   2. de la perception, de manière occulte, du produit de la vente du supplément de carburant qui en résulte.
      Serait-ce la principale justification de la multiplicité des compagnies de distribution (8 en Guadeloupe et en Martinique, 4 en Guyane) qui déclarent et commercialisent elles-mêmes leurs produits à leur sortie d’entrepôt, là où, en France hexagonale, opère un seul entrepositaire agréé ?

En complément, le présent rapporteur a axé ses investigations sur des anomalies, dont certaines ont été signalées mais non développées dans le rapport supra. Les constatations relevées suscitent de nombreuses interrogations qui devraient faire l’objet, à tout le moins, d’une prise en considération pour une vérification approfondie, par les missions d’enquête gouvernementale et parlementaire dépêchées sur place.
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30 avril 2009 4 30 /04 /avril /2009 01:30

Les Antilles agricole vient de sortir
Après quelques mois de non-parution, lié à la mobilisation, le numéro 16 (janvier-février-mars) des Antilles agricole, le magazine de l'agriculture et de la ruralité, vient de paraître.
Au sommaire, une interview fleuve de Jacques Gillot, président du conseil général, qui prône la diversification agricole. En vedette, dans un beau papier, Luc Poumaroux, « battant et passionné ». Membre du groupement de planteurs LPG, il exploite à Cambrefort/Capesterre-Belle-Eau une plantation de 220 hectares dont 85 exploitables, en banane, ananas et élevage. Il raconte ses débuts et l'intégration toute récente de son exploitation au réseau des fermes Angélis (respect de l'environnement).
Un dossier spécial banane, un article sur la diversification, consacré à un fruit remarquable, le caïmite, un zoom, entretien avec Jérôme Frouté, directeur de la DAF Martinique, un volet élevage, un autre formation, un troisième sur la pêche. D'autres fiches pratiques.
En vente en librairie au prix de 4,90 euros.
Voir aussi le site www.lesantillesagricole.com
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30 avril 2009 4 30 /04 /avril /2009 01:24
INDISCRÉTIONS
Marie-Luce
Marie-Luce Penchard serait-elle une inconnue juste bonne à faire du vent ? C'est ce que certains croient à Paris... ou ici. Les deux arguments utilisés pour tenter de ternir l’image de cette femme sont qu'elle est une inconnue, mais elle a fait toutes ses études à Basse-Terre et elle s’est rendue en métropole pour ses études supérieures comme tout le monde... Quant à sa filiation, c'est Fabienne Loubli, ulcérée par ce rappel perpétuel, qui nous donne les arguments : « Tout le monde est "fils ou fille de". Eric, fils de Frédéric aux Abymes, Jacques, fils d'Henry à Pointe-à-Pitre, Laurent, petit-fils de Lucien à Saint-François, Jean, fils de Nicolas à Paris, Charles, petit-fils du Général... »
Sans commentaire.

Jean-Jacques
Jean-Jacques Ambroise, directeur de la direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DDCCRF), a été salement vilipendé dans les hautes sphères au moment de désigner le bouc émissaire qui laissait les prix des denrées pratiqués par la grande distribution enfler démesurément... sans que l'Etat s'en mêle. Tout le monde a sauté à pieds joints sur la pauvre carcasse du fonctionnaire. Certains ont même demandé sa tête. M. Ambroise est toujours en Guadeloupe, a lancé une série de contrôle, boosté autant que faire se peut son administration qui aligne des effectifs scandaleusement squelettiques. Des infractions ont été constatées, notamment dans des lolos qui pensaient faire en 44 jours le bénéfice d'une année ordinaire. Dans certaines grandes surfaces aussi... Pourvu que cela dure !

Jacques
Jacques Gillot, président du conseil général, a donné une interview à Antilles agricole, magazine de l'agriculture et de la ruralité, qui vient de paraître. « L'avenir de l'agriculture passe par une diversification rationnelle ». Discours qui rassurera le LKP qui prône la consommation de produits tannou. Ignames, madère, etc. Miam, miam ! Sauf que les ignames viennent toujours... de Vendée ! Et qu'il faudrait huit fois la surface de la Guadeloupe pour nourrir de légumes Gwada les Guadeloupéens...

Pancho
Notre dessinateur Pancho, qui éditorialise l'actualité sous forme d'une vignette quotidienne, le Poil à gratter, a été pressenti pour participer au Salon international de la caricature, du dessin de presse et d'humour à Saint-Just-le-Martel, cette année.

Alex
Mardi 5 mai, à 20 h10, Alex Robin présente sur RFO le débat de la rédaction : Quelles sont les perspectives de l’industrie touristique Guadeloupéenne ? Le matin, à Paris, le gouvernement présentera son plan de relance du tourisme dans nos régions. Le soir, les acteurs locaux viendront sur ce plateau télé pour un débat d’une heure quinze. Il sera curieux de prendre l’avis des professionnels après les annonces gouvernementales. L'occasion de mesurer leur capacité de réaction face à la crise qui vient d’accentuer les difficultés de ce secteur clé de l'économie locale. A voir.
André-Jean VIDAL
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29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 02:00
INDISCRÉTIONS
Elie
Sur le site de l'UGTG — ugtg.org —, un pavé : « A la demande de l'Etat, le Medef prépare un coup d'Etat en Guadeloupe ! », titre le webmaster. Suit un document qui serait signé de Willy Angèle, synthèse d'une réunion secrète avec le préfet de région, Nicolas Desforges. Ou c'est vrai et, comme le doc aurait été diffusé seulement aux administrateurs du Medef, il y a un traître dans la pièce... ou c'est un vaste bluff et l'auteur peut écrire des — mauvais — romans d'espionnage !

Jacques, Victorin, Jeanny
Il y a 128 000 occurrences sur Internet pour Jacques Gillot (on ne comprendra pas la Fromagerie Gillot), 230 000 occurrences pour Victorin Lurel, 749 000 pour Jeanny Marc ! Baste, qui dit que nos élus, même de Deshaies (Guadeloupe) ne sont pas connus ?

Eric
Eric Jalton, maire des Abymes (et député), est aux prises, en ce moment, à une triple préoccupation : tout d'abord, les syndicats le pressent et le budget en personnel est prêt d'exploser avec les récentes augmentations; ensuite, qu'en est-il des promesses du président Lurel d'aides pour des travaux d'infrastructures maintenant que le torchon brûle entre les deux hommes; enfin, on parle de plus en plus de dissensions au sein du conseil. Avant de faire voter les budgets, il va falloir resserrer les boulons... sans que cela grippe !

Martial
Ouf ! Cessez de faire tourner le pauvre journaliste en bourrique ! Didier qui démentait ce qui avait été certifié par Harry (voir nos précédentes éditions) ! Oui, Martial Arconte, mèt a manniok du conflit social, directeur adjoint du travail, a bien été fait chevalier de la Légion d'Honneur... à la demande de Paris (Qui, Jégo ou Fillon ?) après que le LKP lui eut décerné, durant le conflit, des honneurs remarqués. Le journaliste bat sa coulpe !
André-Jean VIDAL
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29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 01:58
1er mai : Olivier Besancenot (NPA) défilera avec le LKP

Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), défilera le 1er mai avec le collectif LKP en Guadeloupe pour « mettre l'éclairage sur l'endroit où ça a été le plus combatif ces derniers temps », a-t-on appris mardi auprès d'un cadre de la direction du NPA.
« Après quelques journées de repos », M. Besancenot « défilera avec le LKP à la Guadeloupe le 1er mai » et rencontrera son porte-parole Elie Domota, a déclaré Pierre-François Grond (NPA). La manifestation aura lieu à Petit-Canal.
« C'est une manière aussi pour le 1er mai de mettre l'éclairage sur l'endroit où ça été le plus combatif ces derniers temps et puis où il y a une victoire », a précisé M. Grond, alors que le NPA appelle depuis plusieurs semaines à reproduire en métropole le mouvement guadeloupéen de grève générale et prolongée.
M. Besancenot doit rester en Guadeloupe jusqu'au week-end avant de se consacrer à la campagne électorale des européennes où il est porte-parole national et troisième sur la liste du NPA en Ile-de-France.
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28 avril 2009 2 28 /04 /avril /2009 22:31
Autonomie, transports, culture... Les Etats généraux se précisent

CALENDRIER - Cela se confirme, "les débats locaux seront menés jusqu’à la fin du mois de juillet" et "la restitution nationale de ces débats aura lieu fin septembre" ; "Le premier conseil interministériel de l’outre-mer se tiendra à la fin du mois d’octobre" et "arrêtera une première série de décisions issues des travaux des Etats généraux et déterminera les modalités de leur mise en oeuvre" (information du gouvernement, 22 avril).

LA REUNION - Alors que les Etats généraux doivent s'ouvrir mercredi 29 avril à La Réunion, la thématique culturelle semble abordée avec plus d'intensité sur cette île. Ainsi, le G.R.A.H.TER (Groupe de Recherches sur l’Archéologie et l’Histoire de la TErre Réunionnaise) souhaite "promouvoir une clarification et une nouvelle répartition des rôles entre l’Etat, les collectivités locales, le secteur privé et le tissu associatif" - de manière un peu absconse cependant, puisque la seule donnée concrète indiquée est celle-ci : "La coopération régionale en matière culturelle ne peut que coûter très cher. Le moindre déplacement dans l’océan Indien a un coût élevé." Certes.
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NOUVELLE-CALEDONIE - Les Etats généraux pourraient se tenir sur le "Caillou" après les élections provinciales, qui auront lieu dimanche 10 mai : "La Nouvelle-Calédonie a déjà fait ses Etats généraux avec les accords de Matignon et l’accord de Nouméa", a estimé le secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, Yves Jégo, mais l'Etat proposera aux nouveaux élus de "participer à cette réflexion même si cela ira sans doute moins loin" (Les Nouvelles Calédoniennes, 23 avril).
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GUYANE - Les Etats généraux sont entamés mais la composition des commissions est contestée à l'intérieur même de la majorité présidentielle : "Muriel Icaré, vice-présidente du conseil régional qui émarge à l'UMP, Madeleine Akatia, adjointe au maire de Papaïchton et Christiane Ichoung-Thoé-Finance, présidente de la centrale syndicale CFE-CGC Guyane et déléguée nationale de l'UMP, déplorent l'absence des jeunes, des femmes à la tête des commissions, et la sous-représentativité discriminatoire et cantonnée aux représentations classiques, comme la culture des populations traditionnelles de Guyane" (France-Guyane, 22 avril). - Le débat semblant tourner autour du passage à l'article 74 et à l'autonomie, un correspondant de l'ACCD'OM en Guyane, Serein, s'y oppose dans les termes suivants : "L'Etat français, dans un contexte d'affaiblissement de son autorité, semble se satisfaire de toute action visant à se décharger de ses responsabilités. Quand au gouvernants locaux, ils se réjouissent d'avance d'une pareille éventualité, car cela augmentera leur pouvoir et emprise sur la scène intérieure. C'est un pari risqué et le peuple guyanais n'a pas la garantie de la réussite d'une pareille entreprise." Il ajoute : "Le mot d'ordre du mouvement n'était pas "Changeons de Statut". Mais "Halte a la vie chère !" "Halte aux marges abusives !". Cette question éminemment politique en dit long sur le déphasage navrant entre réalité du terrain et discours politique. Que ce soit politiquement, économiquement, socialement, la Guyane n'est pas mûre pour pouvoir prétendre à une telle évolution.  La Guyane est un territoire d'avenir, et avec pareille vision politicienne a sa tête, le restera longtemps..." (23 avril). - Un autre correspondant de l'ACCD'OM, Remy, développe une vision contraire : "Le seul service que l'on pourrait rendre à la Guyane c'est de lui donner son autonomie totale... Il y en a marre de tous les jours entendre que c'est la faute à l'Etat, il nous faut des millions d'euros pour ici, pour là... Arrêtons de réfléchir et mettons nous au travail" (24 avril).
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HEXAGONE - Les Etats généraux ont étés officiellement lancés, le 22 avril, à Paris. Michèle Alliot-Marie et Yves Jégo ont de nouveau fustigé le refus de participer des collectifs ultramarins (LKP guadeloupéen, Collectif du 5 mars martiniquais, Cospar réunionnais...). Le ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales a notamment estimé que «les absents seront assez sévèrement jugés par la population», s'étonnant de «voir certains prétendre qu’il y aurait des décisions déjà prises» (France-Antilles, 22 avril). - Par ailleurs, le délégué général de l'ACCD'OM, Lilian Malet, estime que "l'Outre-mer souffre d’un problème de reconnaissance en métropole, et trop souvent, des décisions prises manquent de concertation". Il ajoute : "Nous voulons la création d’une instance de représentation de l’Outre-mer au niveau national, l’APCDOM (Assemblée permanente des collectivités et départements d'outre-mer). Ce projet a été transmis aux pouvoirs publics, mais il est resté sans réponse. Toutes les collectivités seraient représentées. Cette instance de concertation peut faire des propositions et donner son avis sur les projets qui lui sont soumis" (JIR, 25 avril 2009). - Enfin, un correspondant de l'ACCD'OM dans l'Hexagone, Jocelyn, évoque la question du sport sous l'angle suivant : "Un jeune Guadeloupéen de 19 ans, footballeur, a été détecté par le responsable d'un club de province de l'Hexagone et a donc participé à une sélection. Il a dû acheter son billet d'avion, assez cher, et il doit, la sélection ayant été faite, rentrer à la Guadeloupe. Pas de résultat sur place" (24 avril). Jocelyn souhaite également un numéro de téléphone spécial pour informer sur les dispositifs existant pour les Ultramarins de l'Hexagone.
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MAYOTTE - Les Etats généraux ont également été lancés le 22 avril, signale le journal Malango qui précise que M’hamadi Abdou, premier vice-président du conseil général, désigné à la tête de l’atelier sur les prix, les circuits de distribution et le pouvoir d’achat, a d'emblée mis l'accent sur les importateurs qui s’entendent pour "provoquer des pénuries régulières". Un correspondant de l'ACCD'OM, Djaveur, estime que "dès que les prix du carburant augmentent, tous les autres suivent derrière et quand le prix du carburant baisse, ils ne suivent pas mais restent constant... A mon avis il faut mettre en place un organisme ou un contrôle sur l'inflation des prix pour que le pouvoir d'achat de Mayotte augmente ce qui aura aussi un impact positif sur le développement de Mayotte" (23 avril).
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GUADELOUPE ET MARTINIQUE - Alors que Daniel Marie-Sainte, vice-président du conseil régional de Martinique et responsable de l'atelier sur la gouvernance, a rappelé le vote du congrès des élus du 18 décembre dernier "pour l'ancrage d'une collectivité nouvelle à l'article 74" (France-Antilles, 23 avril), Afrik.com pose une question qui se multiplie, de façon plus agressive, dans divers forums hexagonaux : "La Guadeloupe et la Martinique vivent-elles un simple mouvement de grogne sociale ou sont-elles déjà engagées dans une logique de rupture avec l’Etat français ?" (22 avril 2009). - Concernant les difficultés de la Martinique, un correspondant de l'ACCD'OM, Eric, évoque la question des transports : "En Martinique, il y avait un projet de tramway entre Fort de France et Le Lamentin. Rien n'a été fait, faute de réelle volonté. Beaucoup de gens laisseraient la voiture au garage et surtout beaucoup qui n'ont pas les moyens d'avoir une voiture apprécieraient un tram en site dédié, rapide et régulier" (22 avril). - Sur un autre registre, une correspondante de l'ACCD'OM en métropole, Nanoni, originaire de Guadeloupe, évoque un certain consumérisme de ses compatriotes ("On préfère être vu au beau centre commercial en ayant le caddie plein au lieu de fréquenter les supermarchés discounter") et leur supposé racisme ("Le LKP qui dénonce la discrimination à l'embauche, tout cela existe sûrement comme partout ailleurs, mais ce qui n'existe pas ailleurs, c'est le racisme entre Guadeloupéens et Haïtiens. Ces derniers sont exploités par les premiers qui se croient supérieurs, ils sont traités comme des moins que rien"). - Célinet, correspondant de l'ACCD'OM en Guadeloupe, propose - est-ce en réponse ? - de "faire une enquête auprès des anciens pour transmettre aux jeunes notre mémoire" et de "cultiver et créer plus de partenariats avec les universités locales et internationales pour diffuser notre culture et s'enrichir de leurs" (26 avril).
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POLYNESIE FRANCAISE - Les Etats généraux se profilent : "C'est pour bientôt", assure Oscar Temaru, même s'il reconnaît que les derniers événements politiques (l'alliance avec Gaston Tong Sang et le remaniement ministériel) lui ont laissé peu de temps pour y songer (Les Nouvelles de Polynésie, 23 avril 2009).
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SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON - RAS ?
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28 avril 2009 2 28 /04 /avril /2009 22:12
DE LA DEPRECIATION ACTUELLE DE L’EDUCATION UNIVERSITAIRE SUR l’ORIGINE DE LA CRISE

La crise en français, le credit crunch en anglais. La première est une
expression d’ordre médical, la seconde est d’ordre financier, mais aussi
psychologique et moral.
La krisis (du grec), ni bonne ni mauvaise, est le moment de vérité lorsque nous
attendons le résultat, positif ou négatif, d’une situation malsaine, ne pouvant
savoir ce qui adviendra. Durant ‘la crise’ (ou la dépression) actuelle, nous ne
savons pas, ne pouvons pas savoir, quel en sera le résultat. Un modèle a sans
doute été abandonné et nous attendons la construction d’un autre.
Le crédit n’est pas uniquement un terme financier. Il désigne aussi cette
confiance (du latin : credere, croire, avoir confiance) sur laquelle il est fondé.
Car nous ‘faisons crédit’ seulement à une personne digne de confiance,
‘solvable’ (credit-worthy en anglais). Ceux qui confient leur argent à une
banque croient que leurs fonds sont immédiatement accessibles et cela dans
tous les cas de figure ; ils ont foi dans la valeur intrinsèque de l’argent
fiduciaire (du latin : fiducia, confiance), tels des billets de banque, appuyés sur
des promesses (I PROMISE TO PAY THE BEARER écrit sur les billets en
sterling), appuyés par des gouvernements, eux-mêmes parfois soutenus par
une foi en Dieu : IN GOD WE TRUST sur le dollar U.S.
Y a-t-il quelque chose de naïf dans l’idée de faire confiance, dans l’idée d’avoir
foi en quoi que ce soit ou en qui que ce soit au-delà de soi-même? Il semble que
nous avons besoin de pouvoir faire ce ‘saut de foi’, de pouvoir prendre ce
risque. La vie sociale collective, un aspect important de ce qui définit
l’humanité, ne serait pas possible sans la confiance. Cette chose fragile, une
fois perdue, est difficile à récupérer, peut ne jamais être récupérée.
La crise a discrédité plus que des individus, traders ou banquiers. Elle a
discrédité les élites, les institutions (Trust funds, banques de crédit), les
gouvernants, les partis politiques, les intellectuels, qui ont construit, maintenu, 
et fait vivre cette idéologie néolibérale.
II
LE MOMENT NEOLIBERAL
Le “moment néolibéral” est probablement passé. Il a perdu tout crédit. Nous ne
faisons pas confiance à sa monnaie idéologique.
Les gens étaient venus à croire au projet néolibéral qui plaçait l’économie au
centre de la société, qui niait même l’existence de la société (à l’instar de
Madame Thatcher), la remplaçant par la masse d’individus économiques,
chacun s’occupant de son intérêt propre. 
Car le néolibéralisme n’était pas seulement une hyperactivité impatiente,
agressive, orientée vers le court-terme : un Etat entrepreneurial minimal, car
‘nocif ou inutile’ (des recettes basses, le secteur public réduit en taille et en
ambition), le marché comme régulateur absolu (la dérégulation financière pour
permettre aux capitaux de circuler, la libéralisation des flux de produits
commerciaux), l’individu rationnel responsable de ses actes (dont son ‘choix’
d’être chômeur, d’un niveau élevé d’emprunt personnel), etc….
Les chefs idéologiques, tels Von Hayek et Friedman de l’université de Chicago,
avaient une notion radicale de la liberté qui instruit les libéraux. Pourquoi ne
puis-je devenir dentiste sans un diplôme officiel qui reconnait le fait d’avoir
terminé avec succès une formation appropriée (si je suis un mauvais dentiste
je n’aurai bientôt plus de clients) ? ; pourquoi devrais-je porter une ceinture de
sécurité si je ne veux pas (c’est ma vie) ? ; pourquoi ne devrais-je pas vendre
l’un de mes poumons au plus offrant sur Internet (ce sont mes affaires) ;
pourquoi ne devrais-je pas acheter et vendre des enfants lorsque tant de
couples veulent adopter ? Ces questions, difficiles, au sujet de l’intérêt privé ou
de la liberté individuelle, et de la légitimité de limites publiques à leur égard, ont
souvent émergé du contexte de la Guerre froide qui prit fin en 1989-1991. 
III
UNE ‘RUPTURE’ DE LA BULLE NEO-LIBERALE FRANCAISE ?
Les politiques du Président et du gouvernement français, construites durant
les dernières années néolibérales, devaient représenter une ‘rupture’ décisive
avec le système français précédent moins franchement enthousiaste à l’égard
du modèle ‘Anglo-Saxon,’ en dépit de ses rapprochements avec ce dernier
depuis 1985 (début du démantèlement du contrôle des échanges et de la
déréglementation des marchés, par l’institution du marché à terme des
instruments financiers-Matif, par l’unification des marchés monétaires et leur
ouverture aux ménages, entreprises, banques, par la création des obligations
assimilables au Trésor-OAT…). Cependant, le projet présidentiel néolibéral de
2007 est évidement mal ajusté aux conditions de 2009.
Le discours a changé quelque peu durant les derniers mois. Les ‘réformes’
néolibérales passées et actuelles du gouvernement français sont vaguement
drapées dans ce que le magazine américain Newsweek a identifié comme un
vocabulaire néo-marxiste (‘We are all Socialists now,’ February 7, consulté le
25 février 2009 sur newsweek.com/id/183663/page/1). Time magazine note que
le Président Sarkozy manie à présent le bâton de Marx contre les excès du
Capitalisme (dans Les Echos du 29 janvier 2009 sous le titre ‘Nicolas Sarkozy
héritier de Karl Marx’).
Un changement de discours peut représenter une première étape vers des
mutations de politique plus radicales. Cependant, de nouvelles politiques sont
nées à partir de nouvelles idées. Un système d’idées, une idéologie, nécessite
des années de fabrication et d’assimilation. Il est compréhensible que les
vieilles idées meurent de manière difficile et ont tendance à informer l’action
hâtive du gouvernement français en ce moment. 
En même temps que le gouvernement français agit de manière inconsidérée
sans les fondements d’une pensée renouvelée, bien mûrie, et à long terme, il
tente de protéger et de soigner les nombreuses ‘ruptures’ néolibérales qu’il a
introduites entre mai 2007 et la crise néolibérale présente. Le discours ne peut
pas cacher l’incohérence de fond, le manqué fatal d’unité. 
IV
LE MARCHE DE L’EDUCATION
Les projets du gouvernement français actuel à l’égard de l’éducation, de la
maternelle jusqu’à l’université, viennent du bagage idéologique de la pré-crise,
lorsque N. Sarkozy fut élu afin de créer la ‘rupture’ qui permettrait à la France
de la ‘vieille’ Europe de rattraper le modèle ‘Anglo-Saxon’.
Dans une perspective néolibérale, l’éducation est un service destiné à être
transféré aux mains des entrepreneurs privés. En 2000, selon l’UNESCO,
‘l’industrie’ de l’éducation valait 2 mille milliards de dollars. La plus grande des
650 institutions de l’éducation supérieure à but lucratif des Etats-Unis,
l’Université de Phoenix, Arizona, emploi 285 personnel à plein temps, 17 000 à
temps partiel (Kathleen Lynch, ‘International League Tables and rankings in
higher education : an appraisal’, in The Transformation of higher education in a
global era, Université du Littoral, colloque 2007, à paraître ; les citations
suivantes proviennent de la même source).
Selon les néolibéraux, ‘la confiance [c’est nous qui soulignons ici et par la
suite] dans l’intégrité professionnelle [des enseignants-chercheurs] et dans le
contrôle par les pairs’ devait être ‘remplacée par des indices de performance’.
‘La vie des étudiants [était] dirigée de plus en plus vers l’intérêt personnel et
l’acquisition de qualifications’ [en anglais credentials, du latin : credere, croire].
Le gain escompté était les profits. La perte potentielle était de ‘compromettre la
confiance du public dans l’intégrité académique de la recherche et de
l’enseignement universitaires.’
V
FAISANT CONFIANCE A L’UNIVERSITE
Quel crédit est accordé à l’université, quelle confiance ? Si nous pouvons
croire aux sondages, le public en France garde confiance dans ses
chercheurs, ses enseignants, mais moins dans ses élites dirigeantes. Par
exemple, une enquête présentée lors du Forum Mondial de Davos 2009 indique
que les 4 475 personnes interrogées (représentatives du quart de la population
la plus riche, de niveau d’éducation universitaire, issues de 20 pays) avaient
perdu confiance dans beaucoup d’institutions et leurs dirigeants respectifs. En
France, 67% avaient perdu confiance dans les entreprises, 87% donnaient peu
de crédit aux dirigeants d’entreprises. Seuls 34% gardaient la confiance dans
les politiques. En tant que sources d’informations qui méritent confiance, les
médias en France reçurent en moyenne 39%. Aucune source d’information ne
gagna plus de 50% sauf les chercheurs universitaires et autres experts (59%).
Une certaine élite en France (à l’instar des autres pays représentés dans
l’étude) a perdu foi dans les institutions économiques, politiques, médiatiques
et leurs dirigeants. Elle croit uniquement à la production intellectuelle de ses
chercheurs et de ses experts. (A qui pouvons nous faire confiance ? ‘59% des
personnes interrogées âgées de 35 à 64 disent : […] un universitaire ou un
expert […] serait extrêmement ou très crédible,’ p. 14, in edelman.co.uk/files/
trust-barometer-2009.pdf, consulté le 23 février 2009).
Pourquoi dans ce cas la communauté universitaire accepterait-elle de bonne
grâce d’être ‘réformée’ par des dirigeants politiques en disgrâce, et cela d’une
manière qui selon toute probabilité la mènerait vers la perte de ce crédit, de
cette confiance dont elle bénéficie? Pourquoi voudrait-on que le public français
soit soupçonneux et défiant à l’égard de l’éducation, de la formation, de la
recherche, autant qu’il l’est du gouvernement, de la finance, du monde des
affaires, des médias? Et à un moment où il existe par ailleurs si peu
d’institutions considérées comme porteuses d’espoir ?  
VI
UNE PAUSE POUR REFLECHIR
Personne ne sait, personne ne peut savoir, où mènera la crise actuelle, ce qui
remplacera le modèle néolibéral effondré, quels choix politiques, quel modèle
de développement (humain), quel paradigme, seront choisis. Un jeu avec ses
règles a été abandonné, un autre reste à inventer, avec ses nouvelles règles.
Certains néolibéraux arguent que le problème n’a pas été trop de dérégulation
mais trop peu. Cependant, dans l’immédiat, il paraît improbable que soit adopté
un néolibéralisme encore plus radical qui pousserait plus loin encore la logique
du libéralisme économique classique.
La hâte insistante avec laquelle le gouvernement français tente de créer une
nouvelle ‘rupture’ dans le système éducatif est étonnante. Face à un niveau
élevé d’incertitude au sujet du contexte à venir, avec tant de variables
inconnues, une telle hâte n’est-elle pas irresponsable ?
Dans l’immédiat, la communauté universitaire ne devrait pas s’empresser de
coopérer avec le gouvernement, ni suivre avec enthousiasme les actions
‘aveugles’ de ce dernier qui, dans l’absence de vision neuve, tient à des
souvenirs de ce qui est maintenant du passé. La communauté universitaire
devrait prendre du recul, observer, discuter, questionner, proposer des
alternatives. Elle ne devrait pas permettre au gouvernement de profiter du
choc de l’effondrement du crédit afin d’imposer des ‘réformes,’ qui seraient
peut-être mal adaptées à la nouvelle configuration économique et politique
globale à venir, qui nécessiteraient en conséquence d’être ré-réformées
bientôt.
VII
QUEL SERVICE PUBLIC ?
En dépit de ce que beaucoup ont fini par croire, la France ne présente guère
l’exemple d’une nation en déclin, sauf en comparaison avec sa situation au
XVIIIe siècle lorsqu’elle comptait 20% de la population de l’Europe. La France
reste l’un des meilleurs modèles d’une société humainement réussie. L’un des
ingrédients de ce succès est le niveau et la qualité du service public, de
l’infrastructure publique, de la recherche et de l’innovation publique, c’est-à-
dire d’une forme de richesse et de risque partagés.  
Peut-être parce que le secteur public existe afin d’aider à partager les risques
de la vie associés à l’enfance et à la vieillesse, l’infirmité et la mauvaise santé,
le chômage, la pauvreté, le logement, les tempêtes et les inondations? Ou
parce que le service public existe afin de travailler pour le moyen et le long
terme et non pas uniquement pour le présent immédiat : afin d’organiser
l’espace municipal, d’autres espaces publics, et les liens entre eux ; afin de
protéger et d’améliorer l’environnement de tous ; afin de développer et de
coordonner le transport et la santé ; afin d’encourager la recherche, en
réponse à nos questions mais aussi à celles qui concerneront nos enfants et
nos petits-enfants ?
Peut-être le secteur public montre à quoi peut servir un système
démocratique ? (pourquoi un système ‘démocratique’ inspirerait-il autrement la
confiance de ses citoyens ?) Peut-être le secteur public existe pour les moins
puissants, les moins riches, au moins autant que pour les puissants et les
riches, les ‘self-made’ hommes et femmes? Parce que la liberté a besoin de
l’égalité afin de créer la communauté fraternelle ?
L’objectif d’une vie humaine pleinement épanouie n’est pas ou ne devrait pas
être seulement économique. Des indices de bien-être humain ou de bonheur ou
de développement humain ont été proposés comme étant plus complets qu’un
indice uniquement orienté vers l’économie, tel le Produit National Brut. Car
mettre l’économie au centre de l’existence humaine mène seulement à la
question combien (de profit), et non aussi pourquoi : quelle qualité de vie.  
La plupart des français serait d’accord que l’argent ne peut tout acheter :
l’amour, l’amitié, par exemple. Ils seraient probablement d’accord aussi avec
l’idée qu’un individu isolé, rationnel, calculateur, du genre homo economicus,
est moins pleinement développé, et tristement pathologique, lorsqu’il est
rencontré (rarement) dans la vie réelle des relations humaines.
On trouvera là, peut-être, la fondation pour une ‘réforme’ du secteur public : la
tentative explicite par les membres du secteur public d’être des serviteurs du
public, de servir le public avec une attention bienveillante ; avec un sens de la
qualité potentielle d’une relation qui n’est pas fondée ultimement sur des
critères commerciaux ; avec un sens élevé de la chose publique, la res
publica ; avec un sens avancé de l’utilité, du niveau élevé de civilisation, de la
valeur, de travailler pour la communauté qui partage une histoire et un avenir.
Des serviteurs publics au service de la communauté que constitue la 
République : l’idée était devenue presque ridicule durant la période néolibérale
lorsque le secteur public était l’ennemi intérieur, le ‘mammouth,’ avec son trop
plein de ‘gras’ ; lorsque les usagers étaient devenus des ‘clients’ ; lorsque le
salaire social, qui mutualise beaucoup des risques de la vie, était devenu des
‘coûts sociaux’ que les gouvernements cherchaient à réduire en faveur des
entreprises et du sacrosaint intérêt des (grands) actionnaires ; lorsque les
impôts qui permettent la création de tant de richesses et de prospérité
publiques étaient perçus comme un fardeau non justifié dont devaient être
protégés les individus les plus prospères ; lorsque le secteur public était pour
les losers, le secteur privé pour les battants et les gagnants.
Si le secteur public travaille dans le sens du bien public, le bien commun de la
nation, alors le serviteur public tend à travailler pour l’intérêt national. Non pour
un gouvernement ou un président particulier et de passage. En fait, ces
derniers sont eux-mêmes des serviteurs de la République (et non des patrons)
choisis pendant une période limitée afin d’interpréter les meilleurs intérêts de
la nation.  
N’est-il pas dans l’intérêt de la nation que le plus grand nombre possible de ses
citoyens ait le niveau le plus élevé d’éducation, de formation, de santé, de
protection, d’aide durant des périodes de difficulté ? Une telle masse de
citoyens, bien éduqués, bien formés, en bonne santé, confiants, sachant qu’ils
appartiennent vraiment à une communauté qui partage un destin, tendra vers
une société humainement florissante dans toutes ses facettes, non seulement
économiques, non uniquement financières, ou matérielles. 
VIII
QUELLE EDUCATION PUBLIQUE?
En qualité d’enseignants à l’université nous ne sommes pas les serfs de nos
étudiants; ceux-ci sont des citoyens comme nous-mêmes, nos égaux en
dignité. Ils ne sont pas nos clients, nos chalands; nous n’avons rien à leur
vendre. Ils sont membres de la communauté que nous servons. Nous les
aidons à avancer comme on nous a aidés, vers ce qui leur permettra de
s’épanouir pleinement en tant qu’êtres humains, notamment en esprits
informés, critiques, capables de comprendre des sujets complexes. Nous
devrons être fort satisfaits d’enseigner notre public, les plus avancés, les plus
mûrs, les plus jeunes qui chancèlent lors de la transition vers l’université, en
visant à les aider tous à avancer aussi loin qu’ils le peuvent et qu’ils le veulent.
L’enseignement n’est pas une punition comme il est sous-entendu dans les
projets du gouvernement. En notre qualité de chercheurs, de penseurs
professionnels, nous devons réfléchir non seulement à nos objets de
recherche mais aussi à notre façon d’enseigner.
Nos collègues, personnel ‘non enseignant,’ ne sont pas que des ‘fournisseurs
de service’ à notre égard. La bibliothèque, l’administration, les services
techniques, ne sont pas périphériques à la communauté universitaire mais font
partie de cette communauté ; ils ne représentent pas de la ‘graisse’ à être
enlevée, ‘outsourcée’.  
Nous devons être conscients que le système éducatif est un ensemble. Ce qui
porte préjudice à un niveau le fait aussi à d’autres niveaux. Nos collègues des
niveaux Primaire et Secondaire de l’Education Nationale sont responsables
pour la préparation de ceux qui deviendront nos étudiants, notre responsabilité,
notre public à servir, dans les années à venir. Ce qui dessert ces collègues et
leurs élèves desservira l’ensemble de la communauté universitaire. De la
même manière, les projets de ‘réforme’ du recrutement et de la formation des
futurs enseignants à l’université concernent directement les enseignants du
Primaire et du Secondaire actuellement en service. Ainsi que les élèves et
leurs familles.
La communauté universitaire n’est pas une opération coûteuse qui perd de
l’argent, mais un investissement national. Elle n’a pas besoin d’être une
entreprise à but lucratif (ce qui ne signifie pas qu’elle n’a pas à penser aux
coûts). Est-ce que la voie à suivre est celle des universités anglaises dont les
frais d’inscription seront de 3 225 £ pour l’année 2009-2010, mais qui arguent
pour une augmentation rapide jusqu’à 5 000 £ par an (Universities UK Report,
CRA International Consultancy, publié le 19 mars 2009, in news. bbc.co.uk/2/hi/
uk_news/education/7946912.stm, consulté le 6 avril 2009) ? Est-ce que le
chemin à suivre est d’externaliser le travail des collègues de catégorie C, ce
que paraît suggérer le Ministre responsable ? Est-ce que la voie d’avenir est de
donner à l’université davantage de responsabilités mais sans les moyens
financiers adéquats ? Ou de nourrir une douzaine de ‘champions’ et d’affamer
les petites universités? Ou de diriger chaque université par un ‘patron’ assisté
par des experts (en management, ressources humaines, comptabilité…) afin
de faire augmenter les marges de bénéfices ?  
IX
QUEL BOUC EMISSAIRE ?
Pas plus que les autres membres du Service Public, la communauté
universitaire n’a pas été gagnante durant la période néolibérale. Nous n’étions
pas les golden boys, les traders ; nous n’avons pas cherché à l’être. Nous
n’avons pas non plus cassé le modèle néolibéral : nous ne sommes pas
coupables.
Pas gagnants avant, devons-nous être traités de losers ou de boucs
émissaires à présent ? Les banques doivent-elles être soutenues tandis que
l’éducation en général, depuis la crèche jusqu’à l’université, est coupée, taillée,
‘réformée’, rendue davantage comme une entreprise, plus ‘profitable’? Les
serviteurs du public devraient-ils être montrés du doigt comme bénéficiaires
d’une ‘vie facile, hyper protégés,’ aux dépens de nouveaux chômeurs, des
nouveaux pauvres, du working poor, des victimes du projet fracassé de créer
une France Incorporated? Le Service Public est-il responsable? Le Service
Public devrait-il être critiqué, attaqué, fragmenté, réduit, puni ?
Bling bling : ‘le port ostentatoire d’objets chers tels des bijoux, des montres,
des lunettes de soleil de marque, des chaussures. Par extension du sens, tout
comportement ostentatoire impliquant des restaurants chers, des yachts et
des limousines, des vacances exotiques….’ Ceci fut le visage de la ‘réussite’
néolibérale, le visage sans vergogne de l’ère qui a commencé du point de vue
politique avec Reagan, Thatcher, Pinochet, et qui s’est terminée avec Bush,
Blair, et beaucoup de figurants enthousiastes de dernière heure.
Les membres de la Fonction Publique devraient refuser les attaques contre
leur travail et leur statut. Ils peuvent compter sur le soutien de leurs
concitoyens, car les français ont été moins convaincus des bénéfices du
néolibéralisme que d’autres nations. N’ont-ils pas rejeté ‘la concurrence libre et
non faussée’ en 2005 ?
X
UN HAPPY END ?
La crise du système économique est associée à celle du système politique : le
transfert du pouvoir de ce dernier et ultimement des électeurs, vers le
système économique, non plus contrôlé par, mais derrière les représentants
politiques, dictant les règles aux législateurs qui les convertissent en lois. Ceci
n’est pas la ‘démocratie’ des actionnaires. C’est la réduction de la démocratie
politique à des élections formelles périodiques de ‘chefs’, tous convaincus que
‘il n’y a pas d’alternative’ au néolibéralisme. Il s’agit de la confiscation de la
démocratie.
Ceci n’est pas inévitable, pas ‘naturel’. Le système en faillite fut décidé et
construit par des êtres humains, tels que feu les membres néolibéraux de
l’université de Chicago. Dans un état qui désire sincèrement devenir
démocratique (ce qui n’est pas une voie facile), il ne faut pas tenter de cacher
les choix politiques de la nation. De tels choix exigent un esprit de débat public,
ouvert, contradictoire, afin que les citoyens puissent décider en connaissance
de cause. Les élites peuvent vouloir contourner la démocratie, qui est une
contrainte, qui n’est pas parfaite, mais qu’il faudrait mieux tenter d’améliorer,
en tant que processus à adapter, toujours à réformer, et non une donnée
établie pour l’éternité ; en tant que faisceau d’éléments à entretenir sans fin,
selon l’époque, et non un objet monolithique à adorer.  La démocratie peut
reculer comme elle peut avancer. C’est un choix. Des choix.
Dans le sillage du néolibéralisme naufragé, qui n’est pas adapté aux eaux
dangereuses vers lesquelles il avait été dirigé, vers lesquelles nous avons été
dirigés, il devrait avoir une période de débat, intense, ouvert, national.  
Durant le débat autour du Traité dit ‘constitutionnel’ (2005) les citoyens
français se sont montré capables de débat intense, de discussion
encourageante d’un point de vue démocratique. Il y a une alternative au
néolibéralisme. Il existe des alternatives. Les idées discréditées doivent être
mises à l’épreuve, mises au défi. De nouvelles idées doivent être créées. De
nouveaux projets, de nouvelles actions, sortiront des nouvelles idées. La
communauté universitaire est l’un des plus importants fabricants d’idées.
Nous avons un rôle à jouer maintenant.
Et puisque l’élection d’un Président ne peut pas être considérée comme un
chèque en blanc, d’autant plus dans les circonstances actuelles, très
différentes de celles de 2007, et comparable par certains aspects à une
situation d’urgence nationale, le débat national devrait être suivi par le choix
par la nation d’un programme approprié de gouvernement, qui serait peut-être
le début d’une meilleur réponse à la crise, qui peut représenter une opportunité
non pas de détruire, mais de recréer, au-delà de la communauté universitaire,
la communauté imaginée qu’est la nation.
 
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28 avril 2009 2 28 /04 /avril /2009 21:52
BELLE-ILE EN MER-MARIE-GALANTE  
Le film de la course...

 
Un record, une édition atypique qui s'est jouée sur des routes proches où les concurrents ont dû faire preuve d'opportunisme, un final sur le fil du rasoir et le couronnement d'un navigateur dont tout un chacun reconnaissait le talent mais qui, jusque là, n'avait pas encore réussi à accrocher une grande victoire dans une épreuve majeure du circuit solitaire en Figaro Bénéteau… Cette édition 2009 a tenu toutes ses promesses : le plateau était d'évidence restreint compte tenu de la situation économique générale, mais d'une telle homogénéité, qu'il a proposé une course haletante du début à la fin.
 
Dimanche 5 avril : un départ en douceur
C'est dans les tous petits airs que la flotte de la Transat BPE s'élance au pied de la Citadelle de Le Palais. D'emblée, les ténors pointent aux avant-postes : Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) emmène la flotte dans son sillage, suivi de près par Gildas Morvan (Cercle Vert), Franck Le Gal (Lenze) ou bien encore François Gabart (Espoir Région Bretagne). Mais le grand beau temps qui accompagne les concurrents n'est qu'un leurre. Tous savent que la traversée du golfe de Gascogne risque d'être mouvementée.
 
Lundi 6 avril : bataille tactique au près
Malgré un début de nuit proche de l'idyllique, les concurrents rencontrent vite des conditions plus musclées. Le vent monte en s'orientant progressivement au sud-ouest. D'ores et déjà, la flotte se divise : à l'ouest un petit groupe composé de Franck Le Gal, Thierry Chabagny et Isabelle Joschke (Synergie) part à l'assaut du premier front attendu quand la majorité cherche à suivre la route la plus courte vers la pointe de l'Espagne. Erwan Tabarly (Athema), Nicolas Troussel (Financo) et Armel Tripon (Gedimat) mènent la danse, tandis que Gildas Morvan, à la faveur d'une route plus serrée que ses adversaires, se positionne au centre du plan d'eau à égale distance des deux extrêmes.
 
Mardi 7 avril : un autre Finisterre
Il ne s'agit pas là du département qui nourrit au lait près de la moitié de la flotte des solitaires engagés sur cette Transat BPE, mais bien de ce cap qui marque une véritable frontière météorologique entre les régimes perturbés d'ouest et les alizés portugais. Nicolas Troussel comme Eric Drouglazet (Luisina) ont-ils plongé au sud trop tôt ? Toujours est-il qu'ils vont devoir tirer des bords le long de la côte nord de Galice quand leurs adversaires positionnés plus à l'ouest peuvent envisager de passer d'un bord. Et déjà, les premiers pépins techniques se profilent : Franck Le Gal, victime de rupture de drisses de voiles d'avant concède un terrain précieux. Yannig Livory (CINT 56) contacte quant à lui la direction de course pour signaler qu'il ne peut plus recharger son iridium ; d'ici peu le navigateur lorientais va entrer en solitude sans moyens de communication avec la terre.
 
Mercredi 8 avril : les quatre de l'ouest contre l'homme du sud
Le cap Finisterre est maintenant dans le sillage de la tête de flotte. Anticipant sur la prochaine rotation des vents au nord-ouest, quatre navigateurs ont franchement opté pour une route au large. Thierry Chabagny en capitaine courageux ouvre la route devant Gérald Veniard (Macif), Adrien Hardy (Agir recouvrement) et Yannig Livory (CINT 56). François Gabart, quant à lui, a choisi de plonger au sud le premier. Le vent est toujours fort, la mer formée ; la sortie du golfe de Gascogne n'a rien d'une sinécure.
 
Jeudi 9 avril : courage, glissons
Cette fois-ci, toute la flotte a touché la bascule de vent qui va leur permettre de plonger vers le sud et de contourner l'anticyclone des Açores. La route du nord est bouchée et le scenario de 2007 qui avait vu un décalage de près de 1000 milles entre les deux concurrents les plus extrêmes, ne semble pas en passe de se reproduire. Pour l'heure, il s'agit avant tout de s'accrocher. Rivés à la barre de leur monotype, les solitaires enquillent les milles à plus de 10 nœuds de moyenne dans une mer chaotique. Un exercice de haute voltige qui n'est pas sans conséquence.
 
Vendredi 10 avril : adieu Droug
La nouvelle est tombée dans l'après-midi : Eric Drouglazet abandonne. Le skipper de Luisina a failli sancir. Sous un grain à plus de quarante noeuds de vent, alors qu'il manœuvrait pour affaler son spi, le vainqueur du Trophée BPE 2005 n'a pu empêcher l'étrave de son Figaro Bénéteau d'enfourner jusqu'au pied de mât. Plusieurs milliers de litres d'eau se sont alors engouffrés dans la cabine, noyant tous les instruments électriques et l'électronique de bord. Privé de pilote et de tous moyens d'anticiper sa navigation, le navigateur de Nevez choisit d'abandonner… Une décision qui témoigne de son grand sens marin, même si l'on imagine que renoncer n'est jamais simple pour un compétiteur. D'autres navigateurs ont laissé des plumes dans ces conditions plus que difficiles : Armel Tripon a dû passer plusieurs heures dans son mât quand Franck Le Gal devra effectuer une marche arrière par plus de trente-cinq nœuds de vent suite à un bout flottant entre deux eaux qui s'était enroulé dans sa quille.  Ils ne le savent pas encore, mais le retard pris ne sera jamais rattrapé. Nicolas Troussel dans un départ au lof a endommagé sa girouette de tête de mât. A petite cause, grands effets : le tenant du titre ne pourra plus utiliser son pilote en mode vent. Un handicap certain au vu d'une course qui va se jouer aux allures portantes : un spi mal réglé et ce sont des dixièmes de nœuds qui s'envolent quand le résultat n'est pas sanctionné par un coquetier quand le spi s'enroule autour de l'étai.
 
Samedi 11 avril : le péril jeune
Ils sont les deux benjamins de la flotte mais n'ont aucun complexe. Adrien Hardy au nord, François Gabart au sud, ont choisi de se positionner aux extrêmes de la flotte. Lequel des deux aura raison ? C'est l'heure des choix stratégiques : tout le monde s'apprête à mettre de l'ouest dans son sud, mais qui saura trouver le bon timing ?  Le profil de cette cuvée 2009 se dessine : il n'y aura pas de grands écarts latéraux entre les concurrents, mais la victoire risque de se jouer sur la capacité des uns et des autres à saisir la moindre opportunité tactique.
 
Dimanche 12 avril : à frôler Madère
Ils sont maintenant trois solitaires aux avant-postes sur la route du sud. Gildas Morvan, Erwan Tabarly et François Gabart vont passer à quelques milles à peine de Madère dont ils pourront admirer le sommet noyé dans les nuages…  A nouveau, François Gabart prend l'initiative et empanne pour plonger encore plus au sud. Un choix stratégique qui lui vaudra notamment l'admiration d'un Gildas Morvan encore étonné de ce mélange de culot et de maturité. Au nord-ouest, Adrien Hardy prend le parti de raser la bordure de l'anticyclone quitte à s'y bruler les ailes.
 
Lundi 13 avril : dans l'attente
Toute la flotte navigue maintenant sous spinnaker. Ils ne l'affaleront plus avant de contourner Marie-Galante. L'alizé n'est pas encore bien établi. La problématique est simple : plus on est proche de la courbure de l'anticyclone, meilleur est l'angle pour gagner dans le sud-ouest. En revanche plus on est au sud, plus on peut espérer des vents soutenus. Angle ou pression, tel est le dilemme…
 
Mardi 14 avril : Nicolas Troussel prend la tête
Les cloches de Pâques ont déposé un joli cadeau dans le cockpit de Financo. Mais son skipper sait ce qu'il advient des œufs en chocolat… Une fois dévorés, il n'en reste rien. Ce qui justifie la prudence de Nicolas qui considère cette place comme un cadeau provisoire. Il est encore bien tôt pour espérer capitaliser les quelques milles chèrement acquis. Avantage provisoire aux tenants de la route nord… qui gardent un oeil inquiet sur les hommes du sud.
 
Mercredi 15 avril : Erwan marque un point
Ils appellent ça un « pif-paf ». La manoeuvre consiste à opérer un petit décalage à la faveur d'une petite bascule de vent. Une jolie trajectoire opérée à la faveur de la nuit par Erwan Tabarly qui, grâce à ce petit zigzag, fait coup double. D'une part, il se replace devant François Gabart et d'une autre, il prend l'initiative sur la route du sud empêchant du même coup Gildas Morvan de venir se recaler, au risque de glisser dans le tableau arrière d'Athema. C'est ce qu'on appelle, marquer son territoire.
 
Jeudi 16 avril : temporisation et contre-attaque
En tête de flotte, le doute s'installe. Les modèles météo laissent encore planer une certaine incertitude sur la pertinence des différentes options. Chacun temporise, cherche à réduire les écarts latéraux. Gildas Morvan, fort d'une stratégie qui avait déjà failli lui réussir lors de la Transat AG2R 2008, s'est positionné sur une route centrale en essayant de trouver le bon compromis entre une route plus courte et un différentiel de vitesse faible par rapport à ses compères du sud. Plus à l'arrière, certains commencent à jouer d'options radicales, tel Armel Tripon qui n'hésite pas à plonger jusqu'à des latitudes proches de l'archipel du Cap-Vert. Le skipper de Gedimat, en allant chercher la pression, la met sur ses adversaires directs.
 
Vendredi 17 avril : le retour du Géant Vert
Malgré une résistance acharnée, Nicolas Troussel a fini par céder sa place de leader à Gildas Morvan. Le skipper de Cercle Vert ne la lâchera plus jusqu'à vingt-quatre heures de l'arrivée. Petit à petit, les hommes du sud grignotent le terrain perdu. Mais surtout, une certaine forme de routine bienheureuse s'est installée sur la flotte qui profite des surfs sous spi, du soleil et d'une carène à plat sur l'eau… Adrien Hardy, calé au nord de la flotte, reprend des couleurs et du vent après deux jours passés à se débattre dans des vents erratiques. Le piège de l'anticyclone qui s'était refermé sur lui s'ouvre un peu.
 
Samedi 18 avril : plus que six
C'est comme pour les élections. Au premier tour on choisit, au deuxième, on élimine. De petites avaries en choix stratégiques inadaptés, de pertes de vigilance en minutes de sommeil en trop, la flotte s'est maintenant divisée en trois groupes. Six navigateurs peuvent encore prétendre à la victoire : Gildas Morvan, Nicolas Troussel, Erwan Tabarly, Gérald Veniard, François Gabart et Thierry Chabagny. Trois semblent décrochés : Louis-Maurice Tannyères, Yannig Livory et Victor Jean-Noël… Armel Tripon, Franck Le Gal, Isabelle Joschke comme Adrien Hardy peuvent espérer encore décrocher un accessit.
 
Dimanche 19 avril : Gildas sans souci, Isabelle a des ennuis
Tout va bien pour le leader de la course. Petit à petit, Gildas Morvan creuse son sillon vers une victoire attendue… Tranquille comme Baptiste, le skipper de Cercle vert affiche une sérénité impressionnante…  Ses adversaires attendent toujours leur heure, mais pour le moment, le Champion de France 2008 réalise quasiment le sans-faute. En milieu de flotte, Isabelle Joschke souffre depuis plusieurs jours : en butte à des problèmes d'énergie, la navigatrice se doit d'économiser sur tout… Du coup, elle doit barrer environ dix-neuf heures sur vingt-quatre… La jeune navigatrice avouera quelques jours plus tard à la vacation souffrir fréquemment d'hallucinations et de coups de pompes à répétition.
 
Lundi 20 avril : à l'ouest, rien de nouveau
Pourquoi faudrait-il qu'il se passe toujours quelque chose sur une course ? Ce lundi est désespérément calme… Chacun continue de glisser sous les alizés retrouvés. Peu de changements au classement, pas de grandes décisions stratégiques, c'est la pause.
 
Mardi 21 avril : le sud pointe son nez
Erwan Tabarly, François Gabart, Armel Tripon ; les hommes du sud ont enclenché la surmultipliée. Ils progressent en moyenne à un, voire deux nœuds plus vite que leurs adversaires. Le suspense est relancé, d'une part pour le podium, mais aussi pour la première place. Même si Gildas Morvan tient tête, sa marge de manœuvre risque d'être ténue.
 
Mercredi 22 avril : Erwan la menace
Pour Gildas Morvan, le danger s'identifie de plus en plus clairement… Il viendra d'Erwan Tabarly qui continue de progresser à vitesse grand V. Toujours dans le sud, François Gabart pointe le bout de l'étrave et fragilise les défenses de Nicolas Troussel et de Gérald Veniard. Néanmoins, Gildas garde confiance : les prochaines heures devraient lui permettre de se recaler correctement à la faveur d'une bascule du vent vers l'est.  Pour les places d'honneur, Franck Le Gal, Armel Tripon et Isabelle Joschke continuent de se battre comme des chiffonniers. Naviguant parfois à vue, les trois solitaires y trouvent là une motivation supplémentaire.
 
Jeudi 23 avril : il court, il court le furet
Il est passé par ici, il repassera par là… Tel le furet de la chanson, la perspective de la victoire oscille au gré des fichiers de vent entre les deux leaders de la flotte. Il semble que l'écart pourrait être inférieur à quinze minutes… une misère au vu du nombre d'heures passées à régler le bateau, à barrer jusqu'au bout de la fatigue, à compulser les fichiers météo pour élaborer une stratégie gagnante.
 
Vendredi 24 avril : un grain relance la donne
Alors qu'il semblait que la victoire avait choisi son camp, un grain instable est venu tout bouleverser. Pendant deux heures, Gildas Morvan s'est vu contraint d'avancer à deux nœuds, voire moins. Et pendant ce temps, Erwan Tabarly a continué de progresser à près de dix nœuds. Tant et si bien, que le skipper d'Athema a pris la tête du classement provisoire pour un petit mille. Une seule certitude : rien n'est certain…
 
Samedi 25 avril : la lutte finale
Après une journée au coude à coude où les deux solitaires ont navigué à vue, la victoire a choisi son camp. Cette fois-ci, c'est Erwan qui s'est vu ralenti par un grain permettant à son adversaire de reprendre l'avantage. Il n'en fallait pas plus pour le skipper de Cercle Vert qui s'impose finalement avec moins de cinq minutes d'avance sur Erwan Tabarly. On aurait aimé un match nul tant la bataille fut acharnée… Mais la voile n'accepte pas de renvoyer deux adversaires dos à dos et ce, malgré toute l'estime qu'ils peuvent se porter. François Gabart complètera le podium… Suivront ensuite Nicolas Troussel, Gérald Veniard puis Thierry Chabagny. Armel Tripon et Franck Le Gal se livreront à un duel d'anthologie pour la septième place. Isabelle Joschke ira au bout de sa fatigue pour aller chercher la neuvième place, suivie par Adrien Hardy au cœur de la nuit marie-galantaise.
 
Samedi 26 avril : clap de fin
Victor Jean-Noël aux premières lueurs de l'aube, puis Yannig Livory qui mettra fin à son long parcours de solitude, précéderont donc Louis-Maurice Tannyères qui clôturera donc cette édition 2009 qui aura attendu jusqu'aux dernières heures pour décider de son vainqueur.
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28 avril 2009 2 28 /04 /avril /2009 16:57
COUP D'ÉTAT OU ÉTOURDERIE ?

Sur le site de l'UGTG — ugtg.org — , un pavé : « A la demande de l'Etat, le Medef prépare un coup d'Etat en Guadeloupe ! », titre le webmaster. Suit un document qui serait signé de Willy Angèle, synthèse d'une réunion secrète avec le préfet de région, Nicolas Desforges. Ou c'est vrai et, comme le doc aurait été diffusé seulement aux administrateurs du Medef, il y a un traître dans la pièce... ou c'est un vaste bluff et l'auteur peut écrire des — mauvais — romans d'espionnage !

Voici le document tel que visible sur le site en question, que nous publions sans en changer un mot :

A LA DEMANDE DE L’ETAT,
LE MEDEF PREPARE UN COUP D’ETAT EN GUADELOUPE !
 
Dans une note confidentielle adressée aux administrateurs du MEDEF Guadeloupe, le Président du MEDEF,
toujours au service des pwofitan et autres békés détaille la stratégie de déstabilisation et de prise du pouvoir
par la frange la plus réactionnaire du patronat. Cette même frange des patrons de la Guadeloupe qui en plein
conflit s’était regroupée au WTC dans ce qui se voulait être une démonstration de force ; et donc
volontairement médiatisée...
UN MOFWAZÉ DU LKP EST NÉ ! IL S’APPELLE ANTILLES ALLIANCE 2030.
Il a pour père, l’Etat français, en la personne du Préfet de Guadeloupe ; et pour mère, le MEDEF, en la
personne de son représentant local.
En effet, en lisant le document joint, nous apprenons qu’à la demande du Préfet, représentant de l’Etat et sous la
houlette de Willy ANGELE, Franck MENADIE, Jean Luc LUBIN, Maryse MAYECO, le MEDEF s’apprête à
instaurer en Guadeloupe son nouvel ordre économique et social. Un nouveau régime politique, entièrement au
profit et aux mains des patrons, des banquiers, des spéculateurs et des pwofitan à l’instar des tentatives de coups
d’état des milieux patronaux, industriels et financiers du Vénézuela et de la Bolivie. Et dire qu’ils parlent
d’états généraux du Peuple Guadeloupéen... Manti a yo !!!
Car, dans ce document, il est notamment question de « réunion informelle et confidentielle » avec le préfet. Yo
ka monté konplo kont Pèp Gwadloup !!!
Le représentant local du MEDEF confirme que les Etats généraux sont bien destinés à donner une légitimité au
projet STRACOM de l’Etat qui visait précisément « à définir ou orienter la politique de l’Etat envers la
Guadeloupe pour les 20 prochaines années. »   
Après avoir souligné l’« URGENCE ABSOLU » (sic) de la situation, il poursuit son développement en insistant
sur la nécessaire « réorganisation du MEDEF territorial ». Objectif avoué et écrit noir sur blanc : «  en faire un
véritable contre-pouvoir voir (sic) un véritable pouvoir  » !!!
Décidément peu avare en confidences il avoue avoir obtenu le soutien et l’appui de l’Etat et explique au cercle
étroit des administrateurs du « MEDEF territorial » qu’il faudra « trouver auprès des entreprises le budget
permettant de financer la réalisation de ce dossier »  !!!
Dossier de « projet de territoire », qui n’est que le paravent servant à désigner le véritable projet de société
qu’entend nous imposer le MEDEF... par le biais d’un cheval de Troie à caractère associatif…
Un tel projet - mené avec l’indéfectible complicité et approbation de l’Etat français – nécessiterait de trouver -
comme sur les continents africain ou latino américain - quelque jeune loup ambitieux aux dents longues, a pa
sa ki ka manké isidan ; ou quelque poids lourd ayant l’apparence d’un V.L.... pour donner l’indispensable
couche de vernis démocratique à ce qui apparait d’ores et déjà comme une stratégie visant à la préparation d’un
coup d’état par la frange la plus réactionnaire et esclavagiste du patronat.
Car ne nous faisons aucune illusion : les valises d’argent et les montants évoqués par le représentant du
MEDEF dans ce document seront décuplés voire centuplés une fois la course électorale lancée. 
Denis GAUTIER de SAUVAGNAC n’aurait pas rêvé meilleure engeance... : Aux armes, citoyens ?!…
Ce n’est pas de la fiction.

Suivent quatre documents attribués à Willy Angèle
visibles sur link



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28 avril 2009 2 28 /04 /avril /2009 16:18
Chers Amis,
Au nom de la nation mauricienne toute entière, je tiens à remercier du fond du cœur tous les Réunionnais et les Antillais qui ont récemment fait grève et incendié leur département. Nous espérons que la Nouvelle Calédonie vous emboîtera le pas très bientôt. Madagascar est venu également à notre secours depuis quelques temps. 
Nous vous encourageons à continuer à œuvrer pour la destruction de vos pays et des biens publics. Anéantissez ce qui reste de vos moribondes économies artificielles. Taguez encore plus vos murs et exigez de la métropole ou de la communauté internationale, qu’elle repeigne tout gratos. Demandez et obtenez plus d’euros svp pour pouvoir consommer sur place et aller en vacances. Pressez l’état (c-à-d vous-mêmes) comme un citron-les-hauts au nom de la justice sociale.
Et surtout, surtout, envoyez-nous vos touristes !!
Comme en 2002 aux élections malgaches, 2004 avec le Tsunami en Indonesie et Thailande, 2006 lors du Chikungunya, 2007 avec le choléra, 2008 avec les cyclones et les raz de marées,  voici 2009 avec ses problèmes de pauvreté,  de grâce, continuer à faire fuir vos visiteurs, vous débordez d'imagination et nous surprenez presque chaque année ! Qu'allez vous trouvez pour 2010 ? Vu d'ici on a même quelquefois l'impression que vous ne voulez pas travailler. Mais soyez tranquilles, on s'occupe de tout.
Surtout, avant de les faire partir, dites-leur que juste à coté, nous les attendons avec les bras chargés de fleurs. Pas de passeport ? No problem : ils peuvent entrer avec leur carte d’identité. Ici, ils ne seront pas accueillis par Police de l’Air et des Frontières, flingues à la ceinture. Pas de tracasseries inutiles ! Ils seront reçus avec le sourire. Plage, shopping, activités, hospitalité !
Merci de penser à nous qui n’avons aucun état riche pour nous payer des frasques idéologiques d’un autre âge.
Merci pour l’ile Maurice. On sait qu’on peut compter sur vous.
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