Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 15:17
Partager cet article
Repost0
10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 15:15
La Réunion se prépare à son tour à une mobilisation générale contre la vie chère

Cela fait plusieurs jours déjà que des responsables d’associations qui luttent contre la hausse des prix, sont en contact avec des syndicalistes de la Martinique et de la Guadeloupe. Les réunions se sont multipliées la semaine dernière à La Réunion. C’est aujourd’hui que les syndicats locaux appelleront à la mobilisation générale.

C’était dans l’air du temps. “Ce n’était qu’une question de jours”, nous répondait à chaque fois, les responsables d’associations et de collectif d’associations qui militent depuis des années contre le chômage, la précarité, la hausse des prix et… la fatalité de la vie chère.
La semaine dernière, ces “militants” se sont réunis au premier étage de la mairie de La Possession. Il s’agissait de conforter la démarche avant de passer la main à l’intersyndicale. Cela a été fait hier lundi. C’est donc ce matin au siège de la CGTR, rue général de Gaulle à Saint-Denis qu’aura lieu l’annonce officielle de la prochaine mobilisation générale, comme en Guadeloupe ou en Martinique.
Ce mouvement s’appuiera certainement sur la capacité des fonctionnaires réunionnais “frustrés” après les multiples réformes (suppression continue de postes dans la fonction publique, réforme de l’Indemnité temporaire de retraite et celle des lycées, la fusion ANPE – Assedic, … etc).
C’est sans doute pour cette raison que Jean-Claude Bénard, héros de la mobilisation des fonctionnaires contre la suppression de la surrémunération en 1997, a été choisi comme porte-parole de cette nouvelle mobilisation générale.
Les revendications locales rejoignent celles de la population antillaise : baisse du prix des carburants et des produits de consommation (au moins sur 100 produits comme en Guadeloupe), hausse des minima sociaux et des salaires…
Plus que jamais l’application du RSA (Revenu de solidarité active) sera demandée. En effet, Yves Jégo, secrétaire d’Etat à l’Outre mer, travaille déjà à son application en Guadeloupe, alors que la loi votée en 2008, avait prévu son entrée en vigueur dans les Dom, seulement à partir de 2011.
Cette mobilisation générale inquiète les pouvoirs publics. Ainsi vendredi Jean-Hugues Ratenon, d’Agir pou nout tout, a été “invité” pour un entretien sur la situation de la Guadeloupe... à la caserne Vérines à Saint-Denis. Le Panonnais n’a répondu ni à la convocation écrite, ni à l’appel téléphonique.
Il est vrai que le président d’Agir pou nout tout avait à deux reprises, dévoilé ses intentions et celles du collectif des associations sur le site de Zinfos, et ce de manière explicite. Tout d’abord dans un article (du 18 novembre 2008) intitulé : “Seule la mobilisation de l’opinion publique fera baisser le prix du carburant”.
Jean-Hugues Ratenon disait en substance : “La population réunionnaise a intégré ces éléments (de la fixation du prix du carburant), cela signifie que notre niveau d’information est suffisant pour savoir pourquoi il faut se mobiliser”.
Nous écrivions alors : En fait, la mobilisation a déjà commencé. Le président d’Agir pou nout confirmait ainsi : “Des artisans, des agriculteurs, des automobilistes se concertent déjà. Le collectif et l’association Agir pou nout tout seront à leur côté…”
Il y a deux semaines dans un article signé Ludovic Robert, c’était le 27 janvier, Jean-Hugues Ratenon, enfonçait le clou lors d’une conférence de presse devant la préfecture : “Il faut s’habituer à descendre dans la rue…”

Mardi 10 Février 2009
Jismy Ramoudou
Partager cet article
Repost0
10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 01:28


Le scandale des prix du carburant aux Antilles et en Guyane enfin étalé au grand jour

On en parlait, il est attendu. En attendant voici quelques extraits du pré-rapport sur les pratiques commerciales autour de l'essence aux Antilles...

Victorin LurelL, député et président du Conseil régional de la Guadeloupe, a pris, hier, prend connaissance « avec un vif intérêt » des conclusions du pré-rapport de la mission d’inspection sur les  prix du carburant aux Antilles et en Guyane et réclame des décisions très rapides du gouvernement pour mettre un terme à une situation dommageable pour la population de ces territoires.
« Ces premières conclusions révélées dans la presse — Lire l'excellent article signé Béatrice Gurrey sur le site Lemonde.fr — étalent en effet au grand jour le scandale de la fixation des prix du carburant en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane », que dénonce Victorin Lurel depuis près de 5 ans « pour son opacité, pour sa non-régulation par l’Etat et pour la spoliation des ménages antillo-guyanais par la SARA, l’entreprise filiale de Total qui jouit du monopole d’approvisionnement en carburant de ces trois territoires ultramarins. »

Opacité...
De nombreux points soulevés par le pré-rapport confirment les études déjà effectuées en Guadeloupe par le Conseil économique et social régional, en particulier :
- l’impossibilité pour les services de l’Etat de justifier les bases de calculs sur lesquels repose l’évaluation du prix administré des carburants ;
- l’opacité sur le coût réel des approvisionnements de la SARA, notamment en matière de répartition entre les importations de pétrole brut et de pétrole déjà raffiné ;
- le caractère « fantaisiste », pour le moins, de plusieurs composantes du prix telles que le « passage en dépôt », le coût du transport vers la Guadeloupe ou les coûts salariaux.
« Si l’on ajoute à ce constat accablant d’autres éléments dont nous disposons sur des « frais de siège » indus,  sur l’effet « dilatation » des carburants en fonction de la température ambiante et sur la taxe de récupération des huiles usées pour un service jamais rendu, c’est effectivement la crédibilité même du système de fixation du prix des carburants qui est totalement remise en cause dans nos territoires », affirme Victorin Lurel.
Le député réclame du secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves Jégo, « qu’il aille au bout de ses intentions d’obtenir réparation du préjudice auprès des tribunaux ».
Partager cet article
Repost0
10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 01:20

Victorin Lurel inquiet des signaux qu’adresse le gouvernement depuis Paris


Victorin Lurel, député et président du Conseil régional de la Guadeloupe, a dit hier « sa vive inquiétude au vu des signaux qu’adresse le gouvernement ce lundi », après la suspension soudaine des négociations suite au départ, dimanche, pour Paris du secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves Jégo.

Après avoir quitté la table des négociations pour formaliser des « solutions durables » pour sortir de la crise sociale qui paralyse la Guadeloupe depuis trois semaines, après avoir indiqué qu’il souhaitait « apporter une réponse à l’économie, aux entreprises, (...) notamment sur le soutien aux charges » (déclarations à l’AFP), Yves Jégo affirme désormais que le dernier point restant à régler est un « conflit entre salariés et employeur » et « ne concerne pas l’Etat ».
Cette amorce de revirement dans la position gouvernementale revient à dire une chose en Guadeloupe et à tenir un tout autre langage à Paris. Combinés aux déclarations du député UMP Frédéric Lefèbvre sur le fait qu’il « ne peut pas y avoir deux lois de la République », ces signaux sont très inquiétants, car l’attente des Guadeloupéens mobilisés est immense, et que des solutions concrètes ont été formulées, en matière d’exonération de charges et de négociations salariales, lors de la dernière séance marathon de négociations entre samedi et dimanche dernier.
Pour Victorin Lurel, « l’égalité entre l’Hexagone et l’Outre-mer français est bien sûr un principe républicain intangible, mais celle-ci ne doit pas être à sens unique au moment où éclate au grand jour des inégalités flagrantes et choquantes entre les situations ultramarines et hexagonales. »

« Un échec cuisant pour le gouvernement »
« Quand les monopoles installés dans nos territoires ne sont aucunement régulés par l’Etat, quand les prix des biens et services essentiels sont, sans contrôle, soit le fruit d’ententes illégales entre un petit nombre d’entreprises, ou bien la conséquence directe de marges purement prédatrices, quand tout est plus cher dans les outremers que dans l’Hexagone alors que les salaires dans le secteur privé sont inférieurs, c’est un échec cuisant pour un gouvernement qui poursuit depuis 2002 une politique libérale d’Etat minimum », déplore Victorin Lurel.
« S’il s’agit d’établir une égalité stricte entre l’Hexagone et des territoires insulaires en retard de développement, encore faut-il au moins que cette égalité soit réelle. Le gouvernement doit dès lors prendre l’engagement de réguler les abus de position dominante, les profits indus, les marges suspectes et les atteintes au droit du travail. Ainsi, les Guadeloupéens et les autres habitants des outremers pourront bénéficier de biens et de services à des justes prix, comparables à ceux de l’Hexagone. Sans cela, une politique différenciée se justifiera pour répondre précisément de manière différenciée à des situations différentes », conclut le député.

Partager cet article
Repost0
10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 01:18
Jacques Gillot demande au Gouvernement
de tenir ses engagements envers le peuple guadeloupéen




Le sénateur Jacques Gillot s'est « déclaré, hier, profondément indigné après les déclarations d’Yves Jégo ce jour dans la presse nationale, au sortir de sa réunion avec François Fillon, au terme de laquelle il affirme « que la question de la revalorisation des bas salaires ne relève pas de la compétence de l’Etat. »
En agissant de la sorte, indique le parlementaire, «le gouvernement se discrédite aux yeux du peuple guadeloupéen alors même qu’Yves Jégo s’était formellement engagé, par la voix du Préfet de Région le 28 janvier au WTC, puis dans le cadre du pré-accord négocié dans la nuit de samedi à dimanche et qui devait initialement être signé lors du rendez-vous prévu dimanche 8 février à 17 heures en Préfecture. »
Le président Gillot a « demandé solennellement au gouvernement d’assumer ses responsabilités et de tenir ses engagements vis-à-vis du peuple guadeloupéen, en contribuant aux côtés du patronat à la revalorisation des bas salaires. C’est au gouvernement et au patronat qu’il appartient d’apporter une réponse concertée aux demandes du peuple guadeloupéen, qui seule permettra un retour à la paix sociale. »
Jacques Gillot a réitéré son appel « au calme et au maintien de la mobilisation du peuple guadeloupéen dans la dignité. »
Partager cet article
Repost0
10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 01:15
Partager cet article
Repost0
10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 01:13
INDISCRETIONS
Jacques
Pétage de plombs ? On ne sait pas trop ce qui lui a pris, quand il a su que le secrétaire d'Etat Yves Jégo retournait à Paris, mais Jacques Gillot a appelé spontanément les Guadeloupéens à descendre dans la rue. S'il n'a pas dit « et tout casser », c'était perceptible à la voix. Plus tard, l'ancien étudiant militant de l'Ageg des années 70 a repris ses esprits et dit qu'il faut descendre dans la rue, manifester, mais « dans le calme. » Commentaire d'une dame, qui l'a entendu : « Ce n'est pas à un élu de s'exprimer ainsi, de demander aux gens de descendre dans la rue quand la situation est aussi difficile... » Si elle le dit...

Victorin
Victorin Lurel a démontré une fois de plus qu'il sait se maîtriser, en restant particulièrement calme à l'annonce du départ d'Yves Jégo. C'est même le seul, quand on lui a posé la question, qui a reconnu qu'il avait été prévenu. Les autres ont préféré n'en rien dire... Et pourtant, la préfecture les a joints sur leurs portables, qui dans le car (Elie Domota), qui dans sa voiture (Jacques Gillot).

Yves 1
Pour quitter Basse-Terre, dimanche après-midi, tandis que les esprits s'échauffaient, Yves Jégo a utilisé un hélicoptère sanitaire, celui de la Protection civile. Alors, rapatriement sanitaire pour le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer ? Accueilli à sa descente d'avion par Marc-Olivier Fogiel, interviewer sur Europe 1 (http://www.europe1.fr/Info/Actualite-France/Societe/Guadeloupe-Yves-Jego-a-Paris-pour-quelques-heures/(gid)/200921). Etrillé !

Yves 2
Yves Jégo, qui parlait depuis l'aéroport sur son portable la bouche pleine (un sandwich avant de prendre l'avion ?), ne semblait pas autrement troublé de quitter la Guadeloupe aussi rapidement. « Mais qu'est-ce que c'est que tous ces cris ? Je vais à Paris rencontrer le Premier ministre et je reviens... Je ne comprends pas toute cette agitation, ce sont des postures. Je reviens, je reviens ! » En tout cas, l'émotion des Guadeloupéens ne lui a pas coupé l'appétit !
André-Jean VIDAL
Partager cet article
Repost0
10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 01:12
PROPOS CHOISIS

Elie Domota, porte parole du Collectif liyannaj
Fò nou ni répons pozitiv anlè lé pwen rivandikasyon. Nou détèminé.

Sé patwon ègzijé léta bay lajan.

Nous ne voulons plus de négociations mais des réponses.

Jacques Gillot, président du conseil général
Il fallait montrer sa colère vis-à-vis de ce choc (le départ d'Yves Jégo). L'Etat semblait nous avoir entendus. Après une nuit complète, le ministre part. Prévenu une heure avant la réunion, on a l'impression d'être méprisé. Mais, on n'a pas l'intention de tout casser.

Dire que je veux la Guadeloupe morte, c'est pour montrer ma désapprobation. M. Jégo n'a quand même pas pris un taxi pour aller de Paris à Courbevoie !

J'ai rencontré le préfet, M. Domota, M. Lurel. Nous sommes dans un département français. il faut que l'Etat joue son rôle.

Du calme, de la dignité, de la détermination pour que l'Etat nous prenne au sérieux.

Christophe Louis, président de la Cgpme
80 % des entreprises de Guadeloupe n'ont pas les moyens de donner 200 euros de plus aux salariés. Il faut le soutien de l'Etat. Il y a une impossibilité technique que nous n'avons pas trouvée le moyen de répondre.

M. Jégo a agi de façon cavalière de partir que nous ne comprenons pas. La situation est dramatique.

Victorin Lurel, président du conseil régional
M. Jégo m'a déçu. J'ai été le dernier à le voir, dimanche matin. Il m'avait dit qu'il se faisait fort d'avoir l'accord de Matignon pour ce qui est des mesures à prendre et des financements. Il est parti, comme ça, sans prévenir. Seulement trois quarts d'heure avant le début de la réunion où nous devions nous retrouver. Nous voulons une mobilisation qui préserve le pays. Nous voulons de la détermination, mais aussi la paix.

M. Jégo est condamné à revenir avec des solutions à la hauteur des attentes de la population. Il en va de la crédibilité de l'Etat en Guadeloupe.

Yves Jégo a compris la situation, il a pris conscience des réalités de la Guadeloupe. Il a été étonné, je le sais. Il a compris que le problème était compliqué.

Lucette Michaux-Chevry, sénateur
Les choses vont se débloquer. Il faut rester optimistes malgré la situation difficile. Il y a une incompréhension entre la France et l'Outre-mer. Nous sommes sous un régime de droit commun que nous avons voulu. Le gouvernement est dans une situation difficile. Il faut que les collectivités demandent l'expérimentation pour que le système de calcul des bas salaires soit différent de celui de la France hexagonale.

Il y a des problèmes en Outre-mer. Tout bouge et il faut faire un point général de la situation.
Partager cet article
Repost0
9 février 2009 1 09 /02 /février /2009 16:12
JEGO SUR EUROPE 1... C'EST ÉDIFIANT

Hier matin, Marc-Olivier Fogiel a interviewé le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer dès son arrivée à Paris.

A écouter, sans retard.

link

www.europe1.fr/Info/Actualite-France/Societe/Guadeloupe-Yves-Jego-a-Paris-pour-quelques-heures/(gid)/200921
Partager cet article
Repost0
9 février 2009 1 09 /02 /février /2009 12:51
LUTTONS  FERMEMENT MAIS CORRECTEMENT           
CONTRE  LE  RACISME


  L’émission de Canal + rediffusée vendredi 6 février 2009 sur la puissance des Békés de marti-nique a sans doute surpris plus  d’un téléspectateur  par l’arrogance et la sérénité cynique de cette caste raciste et endogamique. Disons tout de suite que les Blancs-Créoles de Guadeloupe ne sont pas éloignés de leurs « cousins de l’île-soeur », sauf qu’ils sont plus faibles économiquement et ethniquement plus éclatés. Il y a encore, ici et là, chez nous, quelques anciens « békélands »  (jadis à St-Claude), mais ce sont surtout les Français qui, aujourd’hui, par le biais de sociétés immobilières, tentent de « se regrouper », à St-François, à St-Rose ou sur la Côte-sous-le-Vent…
    Le racisme négrophobe, comme toutes les autres ségrégations de par le monde, est très ancien.
L’émergence et l’évolution des sociétés de classes (esclavagisme, féodalisme et capitalisme) ont toujours généré des idéologies, parfois érigées en  doctrines (cf. l’antisémitisme, le nazisme), prêchant le mépris, l’intolérance et la ghéttoïsation à l’égard de groupes humains. FANON a écrit
« Lorsque l’on parle des Juifs, c’est de toi qu’on parle ! ». En Afrique, l’esclavagisme tribal fournit à Rome, durant des siècles, des esclaves et des fauves pour ses jeux de cirque. Le réservoir humain de l’Europe fut également les pays slaves, d’où l’on a tiré d’ailleurs de mot « esclave ». Les Vénitiens et les Arabes du Sud furent de zélés commerçants esclavagistes. La colonisation de masse, européenne, du Nouveau Monde mit en place un esclavage-de-plantation avec la béné-diction de l’Eglise, l’Afrique subsaharienne devenant le second réservoir humain. Mais tout comme les hommes ignoraient l’existence des microbes jusqu’à la fin du 19e siècle, ceux-ci ont cru longtemps à l’existence des races. Les livres français de géographie de l’après-guerre expo-saient, avec des images, les quatre races humaines, la « rouge » et la « noire » étant généralement les dernières citées! Le Congrès international d’anthropologie de Nice, en 1982, a balayé tout cela
    Donc, les propos de M. Alain Hughes-Despointes ne seraient pas indécents pour tous les racistes du Monde, c’est-à-dire pour tous ceux qui croient, dur comme fer, à l’existence des races et qui, souvent, peuvent avoir des diplômes de sociologie ou être des scientifiques compétents dans leur domaine. Récemment, à la Télé, Lilian THURAM déclarait qu’il suffirait d’enseigner très tôt aux enfants qu’il n’y a qu’une seule race sur terre pour que recule progressivement le racisme. Pas si simple. Nombreux sont ceux qui, même lorsqu’ils sont convaincus de cette vérité, n’en sont pas persuadés et préfèrent conserver des postures  affectivement, voire passionellement racistes. SARTRE a bien voulu justifier la Négritude en tant que « racisme anti-raciste ». Autre-ment, l’Ecole refuse d’être clair sur ce point : elle dit lutter contre le racisme non point au nom de l’unicité de la race humaine, mais indirectement au nom de la sempiternelle « égalité des races » ! Pourquoi donc le Guadeloupéen refuse d’admettre cette évidence ?
    PARCE QU’il croit que cette vérité-là renforcerait le camp de ses oppresseurs en lui enlevant un argument défensif du genre « Je suis Noir, et après ? », « Ce Noir vous em… ! »
    PARCEQUE le racisme a tellement façonné et modélisé sa victime jusqu’à lui faire admettre qu’il est nègre et qu’il existe une « Afrique noire », une « culture noire » (cf. SENGHOR), etc…
    PARCEQUE la force économique de l’Europe et de ses anciennes colonies de peuplement (USA-Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) inonde le Monde de ses images, de son esthétique et de ses critères de beauté, au point que les Afro-Américains ont eu l’idée de lancer ce slogan « Black is beautiful », ce qui est juste en terme de thérapie anti-raciste. Ils ont également développé une cosmétologie et une capilliculture de type africaniste afin d’empêcher que des femmes africaines ou de la diaspora se décrêpent agressivement leurs cheveux pour ressembler au modèle féminin européen, afin d’empêcher que ces femmes soient obligées de porter une perruque dès 40 ans !
    Et c’est souvent le regard de l’Homme qui contraint ces femmes-à-cheveux-grennés à démélaniser leur chevelure, voire à tenter « criminellement » de se blanchir la peau (cf. Sénégal,
 République Dominicaine, etc.). Quand on interroge les ados guadeloupéennes, elles vous disent que les garçons prêtent une plus grande attention aux filles à la peau claire et/ou à cheveux lisses.
Alain Hughes-Despointes a osé parler de dysharmonie chez les enfants de couples « mixtes ». En Guadeloupe, tout un stock lexical a façonné notre histoire : mulâtre (venant de mulet !), mulatresse, bâtard (en créole bata), métis, chabin, câpre, etc… Cette hiérarchie colorimétrique correspondait à une hiérarchie sociale où l’esclavagiste « blanc » se trouvait au sommet. C’est lui qui régnait sur ce cheptel imprévu et « involontaire ».  L’esprit du Code Noir a toujours tenté d’interdire, non seulement ce « mélange » mais tout mariage entre maître européen et esclave africaine. L’inverse était généralement puni de mort. C’est vrai que l’avènement d’un Yanick NOAH, d’un Harlem DESIR ou d’un Barrack OBAMA n’était pas concevable jadis. Toutefois, sur le plan biologique, le sperme africain est rigoureusement semblable au sperme européen. Car, quant au fond, tout homme est métis, par la génétique de son père et de sa mère, point trait !
La mélanisation de sa peau ou la couleur bleue de ses yeux a une histoire qu’expliquent les anthropologues. Les Européens et les Sibériens sont des ex-Africains qui se sont démélanisés par le faible éclairement solaire, le froid de la dernière glaciation et les vents violents (cf. bridage des yeux, rigidification du faciès, agrandissement du cartilage nasal, etc.). Cela dit, ces gens-du-Nord ont beaucoup perdu de leurs aptitudes à gérer l’espace, à vivre toute l’année dehors, à danser. C’est ce qui explique la domination toute relative (j’en conviens) des Africains et ceux de la dias-pora africaine dans les sports de vitesse pure ou d’improvisation rapide (boxe, basket, escrime). Ces aptitudes, mêmes différentes entre frères et sœurs, participent pour 15 % d’inné au côté des acquis de l’éducation familiale et sociale. LEVI-STRAUSS disait qu’il pouvait y avoir plus de points communs entre un Bushman du Botswana et un Norvégien, qu’entre un Angolais et un Camerounais ! C’est pourquoi il faut lutter contre tout un vocabulaire issu du racisme : il n’existe pas de discriminations raciales (ce qui supposerait une discrimination entre races), mais de discri-nations racistes. L’élection d’OBAMA  n’a pas auguré d’une ère « post-raciale » aux USA, mais tout simplement l’aboutissement d’un long processus de luttes anti-racistes. C’est en cela qu’OBAMA est une victoire sur le racisme et que celle-ci donne espoir à tous ceux qui le subissent.
     Le formidable mouvement revendicatif et identitaire du LKP a, par la bouche de DOMOTA, dénoncé la situation d’apartheid raciste qui existe en Guadeloupe tant au niveau de l’emploi et de l’ascenseur social que de l’invasion de Français, fonctionnaires ou pas, qui occupent des positions dominantes dans la prétendue économie du pays. Ces Français prennent vite, comme en Algérie, un comportement de colons et se mettent à vivre « à part » comme les Blancs-Créoles. C’est nou-veau, car la plupart du temps les Guadeloupéens hésitent à briser ce tabou. Ils commencent toujours par affirmer ne pas être racistes, alors que ce sont « les autres » qui le sont. Ce complexe (et c’en est un) se retrouve dans l’usage du Créole et du Français. Il faut souvent qu’ils disent, en guise d’introduction : « Es an pé pwan’y an kréyol ? » (Est-ce je peux parler créole ?) ou encore « An ka pwan zépon natirèl an mwen ! » (Je prends ma langue de combat ! ). A contrario, l’on a bien remarqué que DOMOTA s’est mis à ne parler que créole après le départ du Préfet et de son staff de fonctionnaires français, sans demander aucune autorisation, car ils savaient ne s’adresser qu’à des Guadeloupéens.
    C’est pourquoi, sans en faire un sine qua non, notre manière de parler et de discuter doit être éducative. La Guadeloupe n’est pas, comme le dit souvent LUREL, un « pays de toutes les cou-leurs », un « peuple multiracial » voire pluriethnique. Chez nous, il y a des Hommes qui sont majoritairement guadeloupéens, par leur culture commune, par leur histoire et leur bilinguisme. Il y en a d’autres (désolé de le dire) qui, minoritairement, continuent à pratiquer un racisme négrophobe, souvent à travers un paternalisme patronal qui exclut tout « homme de couleur » du capital qu’ils ont hérité pourtant du travail des esclaves ou des ouvriers d’après 1848. Ce sont eux (y compris les Békés) qui bloquent le développement de la Guadeloupe, qui font perdurer le système colonial d’antan. Ils se disent pourtant guadeloupéens et ils le sont malgré tout, mais à leur manière. Que faire ? Il est sûr que les aspects anticapitalistes de la lutte du peuple et le contrôle progressif de notre économie les emmèneront à choisir le camp de la guadeloupéanité.
 Titor DEGLAS (08.02.09)

                                                                                     
 

 

      
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de André-Jean Vidal
  • : Revue de l'actualité politique locale
  • Contact

Texte Libre

Recherche

Liens