PRÉSIDENCE
DE LA
RÉPUBLIQUE
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EMBARGO AU PRONONCÉ
DISCOURS DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Vœux à la France d’Outre-mer
Petit-Bourg (Guadeloupe) – Dimanche 9 janvier 2011
Mes chers compatriotes de la France d’Outre-mer,
Je suis particulièrement heureux de revenir sur cette terre de Guadeloupe que je connais bien. Avant toute chose, permettez-moi d’évoquer le drame qui vient d’endeuiller la France. J’ai appris
hier, dans l’avion qui m’emmenait de Fort-de-France à Pointe-À-Pitre, l’assassinat de nos deux compatriotes au Niger. C’est la nation toute entière qui s’associe à la douleur des familles et des
proches des victimes. C’est la nation toute entière qui condamne cet acte barbare et lâche. Ce crime odieux ne fait que renforcer notre détermination à lutter sans relâche contre le
terrorisme.
Je veux également dire aux Guadeloupéens -- qui sont venus aujourd’hui si nombreux -- ma solidarité avec les familles des cinq victimes des inondations qui ont frappé votre île cette semaine. Je
veux leur exprimer ma profonde sympathie en ce moment douloureux.
La dernière fois que je suis venu m'exprimer devant vous, c'était pendant les « états généraux de l'Outre mer », alors que nous étions en train de trouver les moyens de sortir,
ensemble, d'une situation de blocage qui paralysait votre territoire. Je sais que vous avez été profondément meurtris par ces événements. La Guadeloupe, pendant ces semaines de tourmente, a eu
peur de voir son destin basculer dans une direction que ses habitants ne souhaitaient pas.
La Guadeloupe est un territoire de tumultes, de fierté, de combats. C’est aussi un territoire où l’écrasante majorité de ceux qui y vivent est profondément respectueuse des institutions, attachée
à son lien fort avec la République et désireuse de vivre en paix, comme partout ailleurs en France. Pendant toute cette période troublée, j’ai reçu un abondant courrier de Guadeloupe. J’ai été
très attentif aux messages que vous m’avez adressés. J’ai compris votre inquiétude et votre souhait que soit restaurée l’autorité de l’État. J’ai entendu votre demande d’un Etat qui vous protège,
un Etat qui vous accompagne dans le développement de votre territoire. Désormais, il faut de la stabilité, de l’apaisement en Guadeloupe.
Votre économie, déjà fragile, a subi les effets de la crise internationale. La crise sociale de 2009 a heurté de plein fouet votre territoire, démultipliant les effets négatifs de la crise
économique. La société guadeloupéenne cherche à reconstruire ses repères, à retrouver le chemin de la confiance, du progrès, de la réconciliation. Les Guadeloupéens veulent se retrouver et
restaurer l’image de la Guadeloupe que certains ont malheureusement abîmée. Je veux vous dire que l'État mettra la même force à trouver avec vous ce chemin, qu'il en met à lutter contre ceux qui
souhaitent déstabiliser ce territoire, contester la légitimité de ses institutions démocratiques, et forcer le peuple à choisir un destin qu'il ne veut pas.
Je souhaite le dire avec force aux Guadeloupéens : je ne laisserai personne proposer et décider de votre avenir sans votre consentement. Je n'ai, en la matière, qu'une seule certitude : la
Guadeloupe c’est la France, et les Guadeloupéens veulent rester Français. Aussi longtemps que je serai Président de la République, rien ne sera fait qui puisse remettre en cause votre attachement
à la République.
C'est d’ailleurs pour que les choses soient claires que j'ai souhaité venir présenter ici, en Guadeloupe, mes vœux à l'ensemble des Français d’Outre-mer.
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Mes chers amis, l’année 2010 n’a pas été facile mais elle a été particulièrement riche pour nos Outre-mer :
- accompagnement de la Martinique, de la Guyane et de Mayotte dans la modernisation de leurs institutions ;
- engagement de la réforme électorale en Polynésie ;
- tenue d’un Comité des signataires de l’Accord de Nouméa historique
- renégociation des Accords de Matignon, à La Réunion, pour favoriser les grands projets d’infrastructure ;
- mise en œuvre des décisions arrêtées dans le cadre du premier Conseil interministériel de l’Outre-mer de l’histoire;
- sortie des derniers textes d’application de la Loi pour le développement économique des Outre-mer ;
- et tant d’autres réformes que je ne peux pas toutes énumérer, comme le lancement de la télévision numérique terrestre (TNT) sur l’ensemble de l’Outre-mer, par exemple.
Peu à peu, et grâce à notre action en commun, le visage de nos territoires est en train de changer. Marie-Luce PENCHARD, Ministre chargée de l’outre-mer, y a beaucoup contribué. Nous sortons
progressivement d’une relation avec Paris qui était trop souvent fondée à la fois sur une certaine forme de paternalisme et un sentiment de culpabilité issu d’une histoire, de part et d’autre mal
assumée.
Pour ma part, vous le savez, j'ai confiance en la France d’Outre-mer. Je connais les ressources de nos territoires, et les grandes capacités des Ultramarins. C'est pourquoi j'ai souhaité
accompagner les Outre-mer dans la compétition mondiale, non pas en vous isolant d'un monde qui, tôt ou tard, aurait fini par vous rattraper, mais au contraire en vous permettant de valoriser vos
atouts, de mettre en avant vos forces, d'utiliser tous vos talents. C’est la meilleure façon de vous protéger. La vieille idée d'un État qui pourrait ériger une cloison infranchissable entre les
territoires Français d'Outre-mer et le reste du monde est une chimère. C'est une idée dangereuse qui maintient nos territoires dans un lien de dépendance à la métropole et qui, au bout du compte,
ne rend service à personne. A force de trop vouloir vous préserver, de trop vous isoler, on avait fini par vous étouffer. J'ai souhaité rompre avec tout cela, même si la facilité aurait été de
continuer à vous tenir le discours habituel, celui consistant à dire qu’on aime l’Outre-mer sans pour autant aller au fond des choses…
J'ai voulu créer un lien nouveau entre la métropole et ses Outre-mer, plus fort qu'auparavant parce que désormais fondé sur la confiance réciproque, et les responsabilités partagées. Il nous
fallait sortir, je crois, de ce rapport de non-dit. Nous sommes désormais devenus des partenaires responsables, entretenant des relations fondées sur le respect. C'est un bouleversement
historique, et c'est une grande fierté pour nous que d'avoir enclenché une telle dynamique.
Bien entendu, ce partenariat nouveau rend nos relations plus exigeantes qu’auparavant, du côté de l'État comme du côté des territoires d’Outre-mer. Vous pouvez compter, vous le savez, sur la
solidarité de l’État quand vos territoires sont dans la difficulté. Et quand l’État - comme c’est le cas aujourd’hui - doit faire des efforts pour réduire ses déficits, vous y participez au même
titre que n'importe quel autre territoire de la République dans cette période compliquée. Là encore, c’est une question de responsabilité. Il serait beaucoup plus confortable, pour moi, de dire
«on ne touche pas à l’Outre-mer, on ne vous demande pas d’efforts ». Certains n’auraient alors pas manqué de stigmatiser l’outre-mer comme un fardeau… Mais faire cela, ce serait considérer que
l’Outre-mer est à part dans la République, qu’au fond, il n’est pas tout à fait dans la France… Je ne veux pas de cela.
Il est donc vrai que des efforts vous ont été demandés. Dans la dernière loi de finances, nous avons dû aménager les dispositions relatives à l’énergie photovoltaïque Outre-mer, ou encore limiter
l’avantage fiscal sur une partie de la défiscalisation. Je veux rappeler à cet égard que, dans ces deux cas, c'est le plus souvent sur le contribuable métropolitain, en quête d'optimisation
fiscale, que va peser la quasi-totalité de l'effort. Dans le même temps, nous avons protégé le financement du logement social, qui est une priorité à mes yeux, et nous avons rendu plus
opérationnelle l’aide à la rénovation des chambres d’hôtel.
Pour moi les choses sont claires, la défiscalisation demeure l’outil le plus efficace pour le financement du développement économique outre-mer, en l’état actuel du réseau bancaire. Il faut
simplement accepter d’en aménager les paramètres pour nous adapter au nouveau contexte budgétaire de la France. L’essentiel, c’est de trouver les moyens de soutenir vos projets, c’est
d’entreprendre afin de créer de la richesse, seule manière de générer de l’emploi durable notamment pour nos jeunes d’outre-mer.
C’est pourquoi, nous avons essayé d’avancer avec pragmatisme : l’Outre-mer doit participer à l’effort national, mais il faut que l’effort soit réparti de manière aussi juste que possible. Sur les
dix milliards d’économies qu’il a fallu trouver pour le budget de cette année, nous avons demandé à l’ensemble des Outre-mer un effort spécifique d’environ 300 millions d’euros. C’est un effort
qui tient compte du poids démographique des outre-mer dans l’ensemble national. C’est un effort qui ne remet nullement en cause la politique économique de l’État à l’égard des territoires.
*
Ce partenariat nouveau trouve, de la même manière, sa traduction en matière institutionnelle.
A Mayotte, les électeurs ont massivement souhaité devenir un département de la République à part entière. Les lois qui l’organisent ont été votées à la fin de l’année dernière et Mayotte sera,
officiellement, le 101e département français au mois de mars prochain.
En Martinique et en Guyane, les électeurs m’ont demandé de fusionner le département et la Région en une collectivité unique. C’était il y a un an, presque jour pour jour. Le texte est prêt, nous
attendons l’avis du Conseil d’État la semaine prochaine. Le projet de loi sera présenté au dernier Conseil des ministres de ce mois.
En Guadeloupe, vos élus réunis en Congrès le 28 décembre dernier, viennent de demander à l’État des adaptations à la loi portant réforme des collectivités territoriales. Celle-ci, vous le savez,
régit désormais le droit commun des collectivités locales pour la France entière. Vos élus souhaitent que soient appliquées en Guadeloupe des règles spécifiques, distinctes de celles du reste de
la France. Ils demandent davantage de sièges de conseillers territoriaux et un mode de scrutin qui fasse une large place à la représentation proportionnelle. Les élus guadeloupéens n’ont donc pas
fait le même choix que les élus martiniquais et guyanais, qui ont souhaité une collectivité unique, approuvée d’ailleurs par une large majorité d’électeurs. C’est leur droit, j’ai toujours dit
qu’en matière institutionnelle les différences d’organisation entre chaque territoire ne me posaient aucun problème. Je note toutefois que c’est bien le passage à la collectivité unique, en
Martinique et en Guyane, qui a permis l’adoption de règles particulières. La question posée est donc, en réalité, de savoir jusqu’où l’on peut adapter le droit de la République outre-mer sans
passer par l’une des évolutions institutionnelles explicitement prévues par notre Constitution et qui nécessitent toutes le consentement des électeurs. C’est bien sûr une question de droit mais
c’est aussi une question de principe. C’est pourquoi je considère qu’il faut analyser toutes les conséquences de cette proposition et ne pas répondre à chaud. J’ai donc proposé à vos élus que
nous nous retrouvions à l’Élysée pour évoquer cette question le 14 février prochain.
En Polynésie française, j’ai décidé d'engager une réforme électorale importante afin de permettre à ce territoire d’être correctement gouverné par ses responsables politiques. Toutes les
alliances y ont été essayées sous les yeux de Polynésiens qui regardent, impuissants, le spectacle de leurs dirigeants qui s’entre-déchirent sur fond de crise sérieuse de l’économie. C’était le
rôle de l’État que de mettre de l’ordre dans cette situation. Nous l’avons fait, et la Polynésie sera dotée d’un nouveau système électoral avant la fin de cette année.
Vous le voyez, je ne crois pas en la vision d’un Outre-mer figé et uniforme. Je crois à la souplesse, à l’adaptation des politiques locales aux réalités locales. L’unité de la République ne
signifie pas l’uniformité : on peut être égaux sans être semblables. Je crois en la maturité des citoyens d’Outre-mer et de leurs responsables politiques pour définir leur stratégie de
développement. Ce que je souhaite, c’est que chaque collectivité d’outre-mer, chaque territoire, trouve sa juste place au sein de notre République.
Pour moi, l’État doit garder et gardera toujours son rôle de contrôle, d’arbitre et de garant de l’unité de notre Nation. Et à ceux qui veulent faire croire que nous organisons le
« largage », je veux répondre clairement qu’il n’en sera jamais question tant que je serai Président de la République. C’est un engagement fondamental et personnel que je prends
devant vous. Je connais la crainte historique des Ultramarins de voir la métropole s’éloigner d’eux et je voulais donc être très clair sur ce sujet.
A cet égard, certains de nos concitoyens, dans les départements français d’Amérique, ont exprimé leur inquiétude sur la fusion du Département et de la Région, ainsi que sur la modernisation du
système des habilitations législatives qui permet à vos collectivités d’intervenir dans le domaine de la loi pour la faire mieux correspondre à vos réalités. Face à la nouvelle collectivité
unique, beaucoup souhaitaient que l’État adapte ses capacités d’intervention. C’est pourquoi, comme je l’avais indiqué lors de mon discours à l’aéroport Aimé CESAIRE de Fort-de-France en juin
2008, j’ai tenu à ce que le pouvoir de substitution des Préfets soit renforcé dans les collectivités qui peuvent mettre en œuvre les habilitations législatives.
Cela veut dire, très concrètement, que les Préfets pourront agir à la place des collectivités locales - si celles-ci sont défaillantes - dans un certain nombre de domaines fondamentaux. Cela
pourra être le cas, par exemple, de la gestion des déchets ou de la mise en place des transports collectifs si les rivalités politiques continuent de paralyser, sur certains territoires, l’action
publique dans des domaines si essentiels pour la vie de nos concitoyens. A plus de responsabilité pour les collectivités locales, doit répondre plus de pouvoir d’intervention de l’État, si ces
collectivités locales n’exercent pas leurs compétences.
Ajoutons que, comme je m’y étais engagé, j’ai essayé, cette année, de faire en sorte que l’État sur vos territoires ressemble un peu plus à la diversité des populations dont il a à s’occuper.
C’est ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie, j’ai tenu à nommer auprès du représentant de l’Etat un sous-préfet issu de la communauté kanak. Il m’a aussi semblé souhaitable de désigner des
« sous-préfets en charge de la cohésion sociale » qui sont, pour la plupart, des originaires d’Outre-mer. C’est ainsi également que, désormais, chaque nomination de haut niveau
Outre-mer se fait avec l’accord écrit de la Ministre de l’Outre-mer. Et l’Administration doit dorénavant faire la démonstration, pour chaque nomination d'importance sur vos territoires, qu’il
n’existait pas d'Ultramarin ayant les compétences requises pour assumer le poste. C'est toujours la compétence qui prime, mais à même niveau de compétence, nous donnons la priorité à celui qui
est originaire d'Outre-mer. Nous allons maintenir ce système pendant quelque temps, jusqu'à ce que les choses se rééquilibrent significativement.
Écoutez, quand je faisais une réunion en Préfecture il y a encore un an, il était frappant de voir combien les services de l’État étaient, disons pour ne choquer personne, "uniformes". Les choses
sont en train d’évoluer. Tout cela ne se fait pas sans mal, mais enfin nous sommes en train d’y arriver… D’autres actions sont menées, comme la réforme du passage des concours de grandes écoles
qui permet une meilleure équité face aux épreuves. Je ne peux pas tout citer mais enfin, progressivement, l’État s’ouvre un peu sur la diversité des profils, et c’est une bonne chose.
*
Ce nouveau partenariat entre la métropole et l'Outre-mer, il trouve également tout son sens dans le domaine économique.
Vous le savez, je crois beaucoup aux capacités de développement endogène de vos territoires. Le développement endogène ce n’est pas, comme j’ai pu le lire, ici ou là : « débrouillez-vous
tout seul ». Quand on fait de la politique, il faut être responsable et ne pas dire n’importe quoi. Favoriser le développement endogène, c’est simplement réduire la part de produits qui viennent
d’Europe ou d’ailleurs pour être consommés sur place, c’est vous donner les moyens de créer des entreprises capables d’alimenter votre territoire et, pourquoi pas, votre environnement régional.
C’est, finalement, créer davantage de valeur ajoutée locale. Au fond, le développement endogène c’est aussi un élément d’identité, un élément de fierté pour chacun de nos Outre-mer.
Simplement, si c’était facile, cela aurait déjà été fait depuis longtemps. Ma conviction, c’est qu’on n’a jamais réellement concentré les moyens de l’État et des collectivités locales sur cet
objectif. Je présidais hier, en Martinique, une table ronde sur l’avenir du tourisme. Écoutez, c’est fantastique de voir combien, quand tous les acteurs se mettent d’accord, l’État, la Région, le
Département et les professionnels, on arrive à faire bouger les choses. Hier, chacun a fait l’effort de dépasser ses blocages historiques pour enfin se dire que, après tout, sur une île de la
Caraïbe, on pouvait peut-être envisager de faire du tourisme une priorité. Chacun a reconnu, sans arrière pensées historiques et politiques, que le tourisme doit être un axe fort du développement
économique des Antilles, de la baisse du chômage et, au final d’un renforcement de l'identité du territoire.
Ce que nous avons fait hier s’agissant du tourisme, il faut le faire dans tous les secteurs. C’est pourquoi j’ai tenu, conformément aux engagements du Conseil interministériel sur l’outre-mer de
novembre 2009, à nommer trois Commissaires au développement endogène : un pour nos deux départements de l’Océan indien, un autre pour la Guyane et enfin un troisième pour les Antilles, Jean-Rémy
CAUQUIL. Je l’ai emmené avec moi dans l’avion et il commence à travailler dès aujourd’hui à vos côtés.
Ces Commissaires au développement endogène, ils viennent tous du privé. Ce sont tous des spécialistes du développement économique, reconnus et réputés. Ils sont là à la disposition des acteurs
locaux. Rattachés directement à la Ministre de l’Outre-mer - donc à haut niveau dans la hiérarchie de l’État -, ils ont pour mission de fédérer les initiatives, de faire se rencontrer les
projets, de mobiliser des financements auxquels nous n'avons pas l'habitude de recourir, d’apporter leur savoir-faire en matière d’ingénierie. Ils vont rencontrer tous les acteurs locaux, qu’il
s’agisse de ceux de l’État, des collectivités locales, des corps consulaires, des syndicats patronaux et salariaux, des chefs d’entreprises. Alors on me dit «ça ne marchera pas», ils vont être en
concurrence avec les Régions, les Préfets vont leur faire la guerre, les acteurs locaux ne vont pas faire appel à eux… Soit. On peut toujours partir du principe que rien ne marchera jamais. Mais
il n’est pas impossible d’imaginer un autre scénario, dans lequel tout le monde essaierait, sur ce sujet du développement économique, de tirer dans le même sens. Moi, je vous mets à disposition
un « catalyseur » de vos énergies, un professionnel dont la spécialité est d’entreprendre. A vous de vous saisir de cette opportunité.
Le partenariat en matière économique, c’est aussi ce qui a présidé à la création des Zones franches globales d’activité, qui sont pleinement opérationnelles depuis le milieu de l’année dernière.
Cela n’a pas été facile, mais je vous l’avais promis en 2007. Vous avez vous-même choisi les secteurs sur lesquels vous souhaitiez faire porter l’effort de l’État. C’est la première fois que ça
se passe ainsi. Avant, c’était l’État qui décidait que dans telle zone on pouvait bénéficier d’allègements fiscaux, à la rue près… Ici, l’État vous a dit : je mets en place les outils, à vous de
décider comment et sur quels secteurs vous souhaitez les utiliser. C’est, à son échelle, une petite révolution. Je suis convaincu que ça va marcher et que personne ne reviendra dessus. J’en suis
convaincu parce que j’ai profondément confiance en vos propres capacités.
Et je pourrais continuer encore longtemps à illustrer la nouvelle politique que nous menons avec vous, depuis 2007, au service des Outre-mer : partenariat en matière agricole avec des crédits
particuliers pour favoriser la diversification des productions, partenariat en matière de relations internationales avec le développement des compétences des collectivités locales
d’Outre-mer…
Quand même, quand on regarde nos territoires, comment ne pas y voir des opportunités extraordinaires?
La Guyane et ses 700 kilomètres de frontière avec le géant Brésilien… Nous inaugurerons cette année le pont qui relie, au dessus de l’Oyapoc, nos deux pays!
La Réunion, si dynamique, qui est notre porte d’entrée sur l’Océan indien…
La Guadeloupe et la Martinique qui rayonnent sur tout l’Arc caribéen, aux côtés de Saint-Barth et Saint-Martin…
La Polynésie, vaste comme l’Europe, avec ses paysages parmi les plus beaux du monde…
La Nouvelle-Calédonie et ses fantastiques ressources minières…
Mayotte au cœur de la zone stratégique du canal du Mozambique…
Saint-Pierre-et-Miquelon qui assure une présence française à quelques kilomètres du Canada…
Wallis-et-Futuna qui étend notre influence dans le Pacifique…
Et même nos Terres Australes et Antarctiques Françaises avec leur biodiversité unique au monde…
Comment peut-on encore se demander, comme je l'entends encore, ici ou là :"à quoi sert l'Outre-mer" ? Comment ne pas voir la somme des chances à saisir ? Comment ne pas considérer le message
universel de la France qui fait qu'il existe quelque chose de commun entre un petit garçon de Rodez et une petite fille de Mamoudzou ?
Cette nouvelle vision pour l’outre-mer, c’est avec vous que nous allons la construire. A partir de vos choix, de vos priorités et de votre environnement régional. En effet, il ne s’agit pas pour
moi, pour l’État, de vous imposer un schéma qui ne serait pas le vôtre mais au contraire de mieux vous accompagner dans vos choix de développement.
Mes chers amis, je crois que rarement dans l'histoire de notre République on aura autant fait pour l'Outre-mer. Quand je me suis repenché, pour préparer cette rencontre, sur la somme des choses
que nous avons réalisées ensemble, je dois dire que j'ai été particulièrement impressionné par la densité de ce travail et par notre aptitude – collective - au changement. J'ai besoin - nous
avons encore besoin - de temps pour aller au bout de cette révolution douce que nous menons depuis un peu plus de trois ans maintenant.
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Mes chers amis, 2011 sera une année toute particulière : ce sera « l’Année des Outre-mer ».
Comme vous le savez, j'ai décidé de consacrer l'année qui vient à la découverte et l'appropriation de l'Outre-mer par l'ensemble des Français. Dans toute la France, on va montrer la diversité des
Outre-mer, lutter contre les idées préconçues et mettre en avant la richesse de nos territoires.
Il faut que chaque Français, à la fin de l’année 2011, ait une vision plus réaliste de vos territoires. C’est la tâche qui a été confiée à Daniel MAXIMIN qui a beaucoup travaillé, en lien avec la
Ministre de l’Outre-mer et le Ministre de la culture, au programme de cette « Année des Outre-mer ». Ce programme, très riche, vous sera dévoilé dans sa totalité, ce mercredi, lors
d’une conférence de presse à Paris, retransmise en direct sur toutes les antennes d’« Outre-mer Première » (ex RFO).
Cette « Année des Outre-mer », je l’ai voulue avant tout populaire. J’ai souhaité qu’elle s’installe dans les écoles, dans les jardins publics, dans les grands festivals, dans les
stades, dans les lieux publics. Elle couvrira tous les champs de compétences des Outre-mer, des plus inattendus aux plus classiques.
2011 sera une année de respiration des Outre-mer en France. Il vous appartient d’en faire votre année. Chacun peut organiser un événement dans sa ville, dans son quartier pour mieux faire
connaître le département ou la collectivité dont il est originaire ou pour lequel il a une passion.
Je serai, moi-même, présent à plusieurs manifestations de cette « Année ». Je me rendrai notamment, à la fin de l'été, en Nouvelle-Calédonie pour y ouvrir les Jeux du Pacifique, qui
reviennent pour la première fois sur ce territoire depuis le drame d'Ouvéa. Quelques mois après la disparition de Jacques LAFLEUR, pour lequel j'ai dit toute l'affection et la grande estime que
je lui portais, toutes les communautés défileront ensemble derrière un emblème commun, le double drapeau, prévu lors du dernier Comité des signataires.
Je serai aussi très fier de mettre à l’honneur, lors du prochain défilé du 14 juillet, nos jeunes des Régiments du Service militaire adapté (SMA) - dont nous fêterons le cinquantenaire -, ainsi
que toutes nos forces militaires opérant en Outre-mer.
Je veux, enfin, vous confirmer que j’ai reçu, ce vendredi, l’accord formel des descendants d’Aimé CESAIRE pour qu’un hommage national lui soit rendu au Panthéon. Ses cendres resteront bien sûr en
Martinique, la terre où il a souhaité reposer. La Nation toute entière honorera la mémoire de l’une des grandes lumières de notre temps, au mois d’avril, dans ce lieu emblématique de notre
République. J'ai eu la chance de le rencontrer avant sa disparition. Notre entretien a été très intense et j'en garde un souvenir ému. André BRETON, parlant de CESAIRE, disait de sa parole
qu'elle était "belle comme l'oxygène naissant". Quiconque a parlé avec CESAIRE comprend ce que ces mots peuvent signifier. Nous tâcherons, comme me l'a demandé sa famille et en accord avec la
manière de vivre d'Aimé CESAIRE, d'allier, pour cette cérémonie, la sobriété de la forme et la puissance de l'expression.
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Mes chers compatriotes de la France d'Outre-mer, il me reste à vous souhaiter une année 2011 aussi heureuse que possible pour chacun d'entre vous. Je forme également le vœu que cette « Année
des Outre-mer » soit couronnée de succès et permette à tous les Français de se plonger dans la richesse de nos territoires et de mesurer la chance qui est la nôtre de vous compter dans notre
grande Nation. Je veux que le regard de chacun puisse évoluer sur l’Outre-mer.
Pour ma part, je serai très présent à vos côtés, même si la présidence, par la France, du G8 et du G20, m’obligera à avoir un agenda international très dense. En même temps, je souhaite que vous
compreniez que, lorsque je me bats pour sauvegarder les intérêts français ou réformer le capitalisme international au G20 ou à Bruxelles, je le fais pour tous les Français, y compris ceux qui
résident Outre-mer. Quand j’essaie d’adapter notre pays à la réalité du monde d’aujourd’hui en réformant les retraites ou en lançant le grand chantier de la dépendance pour nos aînés, je le fais
aussi pour les Outre-mer. Dire que « l’Outre-mer, c’est la France », c’est aussi cela.
Je vous remercie.