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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 20:26
Le désarroi des touristes bloqués en Guadeloupe
 
Au Gosier, station touristique la plus proche de Pointe-à-Pitre, Jean-Michel Lang s'impatiente : « J'appelle tous les jours Air France pour avancer mon départ «, explique ce cadre parisien, l'un des nombreux touristes bloqués dans une Guadeloupe paralysée par le conflit social.
« La situation s'est aggravée depuis lundi, plus rien n'est ouvert et j'en ai vraiment marre », poursuit-il.


Magasins et restaurants aux rideaux baissés, absence de journaux, de taxis, et parfois d'eau dans leurs hôtels: en fait de havre paradisiaque, les touristes ont découvert une île à l'arrêt, aux rues jonchées de voitures brûlées et de tas d'ordures.
« Je pourrais écrire aux amis, mais il n'y a pas de carte postale à acheter, ni de timbre. De toute façon, la poste est en grève, et il n'y a plus de billets de banque dans les distributeurs », ajoute Jean-Michel Lang.
Pour Michel Fabri, arrivé dimanche de Bretagne avec son épouse pour visiter leur fille infirmière, la situation du port la Marina, près de Pointe-à-Pitre, où ils sont hébergés est surréaliste.  « Tout ces magasins fermés, le fait qu'il n'y ait pas un bruit, c'est ahurissant, heureusement qu'on avait fait des achats dimanche, mais maintenant, on vit sur nos réserves », explique t-il.

« On croise parfois des gens très agressifs contre les blancs »

Pour ces habitués de la Guadeloupe, le conflit social a changé quelque chose. « Il y a toujours une majorité de gens adorables, mais on croise parfois des gens très agressifs contre les blancs, ce qui n'était pas le cas avant », explique M. Fabri.
Dans l'hôtel Village Soleil, où ils résident, le petit déjeuner n'est assuré que quand l'hôtel parvient à se faire livrer. Et quand l'eau a été coupée pendant 24 heures, les clients ont du puiser dans la piscine pour remplir les chasses d'eau.
Dans cet établissement de 60 chambres à moitié occupé, seuls deux salariés sur seize viennent travailler, à cause de la pénurie d'essence. Le ménage n'est plus assuré.
Jean Chatain, d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), a navigué jusqu'à la Marina dans l'espoir de faire réparer l'électronique de son voilier, mais les réparateurs ne travaillent pas.  « La situation est tendue, il n'y a rien à acheter, on a mal dormi. On a entendu des explosions, peut-être un réservoir d'essence qui a explosé ».
Il est très inquiet de la situation, juge que « lorsque Elie Domota dit que les forces de l'ordre ont cassé du nègre, il met de l'huile sur le feu ».
Maurice, le patron du "Pirate", seul restaurant ouvert de la Marina mercredi midi, plaisante : « On est deux être ouvert, nous et le marchand de journaux ». Mais si le point presse est "ouvert", c'est parce que sa grille a été forcée et reste béante, cependant que ses rayons ont été vidés.
L'Autrichien Michael Lynn, un marin originaire de Vienne, prend les choses avec philosophie. « Pour une fois, c'est facile de garer son bateau ici, et c'est assez calme. Ce que je regrette, c'est que je ne trouve pas de cigarettes à acheter, mais de toute façon, on repart demain ».
La situation est très différente à Saint-François, à 40 km à l'est de Pointe-à-Pitre.
Un chef d'entreprise parisien, Jean-François Lapierre, dit y passer d'excellentes vacances :  « A part le fait qu'on a vu trois carcasses de voitures brûlées, que les stations services sont fermées et qu'il n'y a pas de ramassage des ordures, la situation est normale ».
« On n'a pas vu un seul barrage sur les routes, déclare-t-il, les restaurants sont pratiquement tous ouverts, un commerce sur deux fonctionne, on est très loin des images vues à la télé ».
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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 20:24
Le retour au calme a un prix : 580 millions

Nicolas Sarkozy estime le prix du retour au calme outre-mer à 580 millions d'euros.
Qu'en diront les collectifs qui ont décidé de lutter kont pwòfitasyon, en Guadeloupe, à la Martinique, à la Réunion ?


L'atmosphère en Guadeloupe est moins lourde depuis l'intervention du chef de l'Etat, mercredi après-midi, après trois journées difficiles (et deux nuits plus éprouvantes encore, dont l'une avec la mort d'un homme). Pourtant, le flot des annonces censées calmer le LKP après un mois de grève dure et faire droit à certaines demandes de ce collectif de 49 syndicats et associations, a été accueilli par son porte-parole, Elie Domota d'un « Nou ka rété mobilizé. Ayen pa réglé. Nou lwen di kont. Sé fò di pwoblèm réglé. Tout sa flou... »
On n'est donc pas sorti de l'auberge, même si une certaine normalité semble se faire jour. La nuit dernière a été plutôt calme, sauf au Gosier où des coups de feu ont été tirés, aucun incendie n'a ravagé d'entreprise, ce matin les routes sont praticables malgré les restes de barrages, sauf encore au Gosier où Poucet n'est pas fréquentable.
Après le discours du chef de l'Etat, Victorin Lurel (PS) et Jacques Gillot (GUSR), ne parlons pas de Lucette Michaux-Chevry (OG) ou de Gabrielle Louis-Carabin (UMP) — même Jeanny Marc « apparentée PS » y est allé de son couplet souriant — ont parlé « d'avancées ».
Des avancées à 580 millions, tout de même ! A mettre en balance, le coût estimé par le Médef d'un mois d'une Guadeloupe « en grève » : 780 millions de pertes diverses (les incendies de bâtiments et autres dégradations de biens publics ou privés devraient être pris en charge par les assurances).

Le statut mis en avant
Sortant du strictement économique (des exonérations de charges patronales, entre autres, pour atteindre aux 200 euros d'augmentations pour les bas salaires), des promesses en matière de formation des jeunes (au SMA, on recrutera deux fois plus de jeunes, 6 000 au lieu de 3 000 pour tout l'Outre-mer), de promotion des hommes et des femmes de Guadeloupe, en tout une enveloppe de 580 millions pour l'Outre-mer, le président de la République a abordé dans son discours puis développé le volet politique, non inscrit dans les revendications du LKP, mais sous-jacent : le changement de statut.
M. Sarkozy devrait le proposer par référendum. Victorin Lurel propose de consulter la population en décembre 2009 (un rappel de celui de décembre 2003 qui avait donné plus de 70% de non au changement), c'est ce qu'il a confié lors d'une interview de Jean-Pierre Elkabach, sur Europe 1, ce jeudi.
Nicolas Sarkozy a annoncé aussi qu'il viendrait en Guadeloupe, « dès le calme revenu, en avril », pour ouvrir des Etats généraux sur l'Outre-mer.
Jean-Christophe Cambadélis, du PS, a commenté : « Je ne comprends pas pourquoi le président de la République n'a pas décidé d'aller immédiatement sur place rencontrer le LKP. Ç'aurait été un geste fort. » Il a sûrement raison.

Où est passé Yves Jégo ?
Ce matin, dix ministres se retrouvent autour du Premier ministre, François Fillon, pour une première réunion de travail. Il faut que chacun ait sa feuille de route, s'empare du projet global pour l'Outre-mer, propose. Le Premier ministre veut pouvoir faire des propositions concrètes aux syndicats le plus vite possible.
Cet après-midi, après une première brève rencontre dans la salle du conseil d'administration du port hier, patronat et représentants du LKP vont se retrouver. Après avoir pesé les mesures du projet gouvernemental. Pour négocier, normalement.
Après une interruption de cinq jours, liée au départ inopiné du secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Yves Jégo, dimanche dernier.
A propos, il est où le secrétaire d'Etat ? Toujours au gouvernement ?
André-Jean VIDAL

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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 20:21
Bon à savoir, lu sur le net

Sujet : Ce bon petit facteur....

Ce bon petit facteur .:  Pourquoi, en effet, si peu de vagues autour de ce personnage...: Appréciez!!!!
Olivier Besancenot, l'ancien de la ligue communiste révolutionnaire ... Il faut le savoir ....dommage que les médias soient si discrets......
- Comment Olivier. Besancenot a-t-il progressé aussi vite dans la
hiérarchie de la LCR, jusqu'à en devenir le porte-parole et candidat à la Présidentielle :

 Olivier Besancenot a eu pour compagne la propre fille d'Alain Krivine, fondateur de la Ligue

Communiste Révolutionnaire et encore le réel "patron" de ce parti... Il a rompu il y a 3 ans mais est resté proche du  beau-papa...

Olivier Besancenot est devenu en quelques années le porte-parole de ce parti grâce à l'action efficace du beau-père...

Chez les  trotskystes, on pratique la solidarité, mais d'abord envers la famille.


- Où Besancenot travaille-t-il réellement ?


A cette question, le candidat Besancenot parle de salaire de moins de 1200 euros à la Poste... Bienheureux les croyants...

La réalité est un peu différente, Besancenot n'étant à la Poste de Neuilly-sur-Seine que pour les photographes, c'est à dire,quasiment jamais.  il est surtout rémunéré par le parti. A titre d'exemple, il a touché très régulièrement une indemnité d'assistant parlementaire européen lorsque Alain Krivine était Député européen, dont le montant était très largement supérieur aux 5000 euros mensuels.


- Quel est son patrimoine ?


A cette question, Olivier Besancenot parle avec modestie d'un petit studio  dans le 18ème, arrondissement populaire.

Le journaliste avisé ira voir sur  place... un appartement en réalité de bonne taille et dans le quartier du Sacré Coeur
en plein Montmartre, le quartier le plus cher du 18ème, un des quartiers les plus recherchés des Bobos (Bourgeois bohèmes)parisiens. Bien évidemment, il en est propriétaire... Un salaire à vie de Postier n'y suffirait pas...


- Comment expliquer ce black-out sur Besancenot ?


Olivier Besancenot a épousé Stéphanie Chevrier, une des principales éditrices de Paris, appartenant à la direction de Flammarion.

Pour Besancenot, elle a plusieurs avantages : c'est l'un des plus hauts salaires de l'édition mais c'est surtout une habituée des médias. Ancienne compagne du chanteur Yves Simon, elle a construit sa carrière sur les relations presse...

Dirigeant une armée d'attachées de presse, elle a certains moyens de pression et de rétribution, elle n'est pas éloignée

non plus du Syndicat du Livre, lequel comme chacun sait est DIRIGE par la CGT encouragée par le PC .

Ce qui incite sans doute les journalistes à plus de modération dans les attaques...


Tous ces faits sont strictement exacts, je vous incite à en parler autour de vous...

Puisque la presse Française a froid aux genoux ...
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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 21:33
INTERVIEW
Grogne aux Antilles : retour sur les racines d'un mal-être
>
> La "grève contre la vie chère" paralyse les Antilles depuis plusieurs semaines et embrase la Guadeloupe . Pour le politologue Julien Mérion, professeur à l'université des Antilles-Guyane, ce mouvement est révélateur d'un malaise plus profond.
>
> lepoint.fr : Comment en est-t-on arrivé là ?
> Julien Mérion : Déjà parce que nous sommes dans une société qui n'a jamais pansé toutes ses blessures, récentes et anciennes. Ensuite parce que, dernièrement, il y a eu une augmentation considérable des prix des denrées alimentaires qui fait que l'on a abouti à une situation quasi explosive. On en est arrivé là, aussi, parce que s'agissant du carburant, il y a eu, outre l'opacité dans la fixation des prix, une politique qui a consisté à augmenter les prix à la pompe alors que le baril de pétrole, lui, était en train, sur toutes les places du monde, de chuter. Aux Antilles et en Guyane, on ne comprenait pas pourquoi le prix de l'essence continuait à grimper. C'est ça qui a été l'évènement déclencheur. Et, de là, cela a catalysé toute une série de mécontentements latents ainsi que des blessures anciennes, comme le traumatisme de mai 1967 où, à l'occasion d'une grève des ouvriers du bâtiment, il y a eu 85 morts en Guadeloupe. Toutes ces blessures, qui ne sont pas refermées, sur lesquelles l'État n'a jamais eu l'opportunité de faire la lumière, ont fortement contribué à engendrer des frustrations et une situation de repli identitaire.
>
> lepoint.fr : En quoi ce mouvement est-il lié au colonialisme ?
> J. M. : Le mouvement ne se définit pas ouvertement comme anticolonialiste. En revanche, le terrain sur lequel il se développe, et en particulier les raisons essentielles de la contestation, tient dans un certain nombre de vestiges liés à l'histoire coloniale et, notamment, au fait que certaines grandes familles ont toujours exercé le monopole sur l'économie des îles. À ce titre, le mouvement apparaît en effet comme une forme de rejet, de refus de cette forme d'exploitation et, en ce sens, il peut apparaître comme un combat anticolonialiste. Toutefois, il ne l'est pas dans son expression même si, dans les discours, il est parfois fait référence à l'État colonial et à l'économie coloniale. Comme toute lutte syndicale, c'est un combat qui se veut dans l'intérêt immédiat des plus démunis, mais il a aussi une dimension identitaire.
>
>
> lepoint.fr : Cela ne correspond donc pas uniquement à une lutte sociale ?
> J. M. : Quand on parle des Antilles, il ne faut jamais perdre de vue la dimension identitaire très forte, qui consiste à afficher une personnalité qui s'est construite dans ce que l'on a appelé la créolisation . Or, aujourd'hui, cette identité se sent un peu bafouée. Cette identité demande à pouvoir exister. Or, cette crise identitaire essentielle est à mon avis un relais à la crise sociale. Elle permet de l'expliquer ou, en tout cas, d'en avoir une lecture beaucoup plus forte, plus ouverte, sur des projets de transformation des rapports sociaux.
>
> lepoint.fr : Le conflit actuel a-t-il une base raciale ?
> J. M. : Non, il n'en a jamais été question. Il se trouve seulement qu'il y a quelques familles békés [descendants de colons blancs, ndlr] qui détiennent un certain nombre de positions extrêmement fortes dans l'économie (la communication, la consommation, les concessions automobiles, etc.). Le conflit n'a pas de base raciale, ni ethnique d'ailleurs. Un groupe de Français d'origine [des blancs non fortunés, ndlr] a même adhéré au LKP, et l'a fait savoir, pour lutter contre cette idée qui émergeait dans un certain nombre de médias. Ils voulaient démontrer qu'il n'y avait aucune connotation raciste dans la démarche entreprise. De plus, il y a aujourd'hui, dans le patronat, des personnes noires qui se retrouvent très bien dans le Medef ou dans des structures de ce type. Il n'y a pas d'affrontements blancs/noirs sur place, même si c'est la réalité des Antilles depuis toujours, l'économie est détenue par une caste, le pouvoir est représenté par une caste, quand la grande majorité des sans-grade est, elle, essentiellement composée des anciens esclaves et des personnes d'origine indienne.
>
> lepoint.fr : Comment ces familles békés, pourtant peu nombreuses, ont-elles pu conserver un tel pouvoir ?
> J. M. : Elles détiennent des places fortes économiques depuis le XVIIIe siècle et elles n'ont jamais été remises en question, hormis celles qui n'ont pas résisté à la montée de l'industrie et qui ont fait faillite. Et c'est là aussi qu'est le relent de colonialisme. Ce sont de très grosses fortunes, parmi les plus grosses fortunes de France, qui ne sont pas limitées aux Antilles et qui rayonnent de par le monde. Par conséquent, elles ont réussi à conserver leurs privilèges, une grande partie du foncier ainsi qu'un certain nombre de relations privilégiées avec l'État. Ceci explique qu'elles aient pu se maintenir, accaparer les marchés, maîtriser le politique. Aux Antilles, elles sont souvent dans des situations de quasi-monopole. Elles ont réussi à obtenir un certain nombre d'entrées qui leur permettent d'éviter des contrôles. Et même, certaines - il ne faut pas le cacher - ont leurs entrées dans les arcanes du pouvoir politique. Tout ceci fait qu'elles réussissent à faire un certain nombre de bénéfices, parfois, au mépris de la loi.
>
> lepoint.fr : En dehors de ce conflit fortement médiatisé, y a-t-il régulièrement des tensions aux Antilles ?
> J. M. : Pour ce qui est de la Guadeloupe, la situation sociale fait que le syndicalisme y est extrêmement actif, et l'on a souvent des grèves très, très longues. En Martinique aussi, dans une certaine mesure. Mais il y a également un deuxième type de tensions récurrentes qui concernent les relations entre le pouvoir central et les pouvoirs locaux. Depuis toujours, les sociétés antillaises ont été ballottées entre l'assimilation et les particularismes. L'ensemble des statuts et des pouvoirs a cherché une espèce d'équilibre entre ces deux aspects. Or cet équilibre a toujours été très instable, et il y a un vrai problème de gouvernance.
>
> lepoint.fr : C'est-à-dire ?
> J. M. : On se rend compte, aujourd'hui, que le règlement d'une situation comme celle-ci a dû mal être traité sur place par les acteurs locaux. Alors, il faut faire intervenir l'État qui se trouve lui-même très en retrait. Au fond, cela pose la question de trouver les meilleures formes institutionnelles pour pouvoir gérer au mieux ces territoires. Enfin, l'autre problème très important réside dans le déni de confiance qui traverse toute la société antillaise : une confiance limitée dans les élus, une confiance limitée dans l'État, une confiance limitée dans le monde économique. C'est ce qui fait que les Antillais sont relativement à l'écoute de ce qui peut leur permettre de se dégager de ceux en qui ils n'ont pas confiance. En ce sens, le LKP a réussi à capter tous les mécontentements, toutes les crises : la crise sociale, la crise identitaire, la crise politique. Il en a fait un levier de revendications, qui a suscité une adhésion très forte.
>
> lepoint.fr : Y a-t-il des velléités d'indépendance en toile de fond de ce conflit ?
> J. M. : Il existe des indépendantistes en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane. Ça a toujours existé, du moins depuis les années soixante. Cependant, aujourd'hui, je ne pense pas qu'ils aient la capacité de prendre en charge ou de diriger véritablement le mouvement. Ils en profitent, certainement, pour faire passer leur propagande, mais la tendance principale du mouvement n'est pas dans cette direction. Il s'agit d'un front de revendications sociales et identitaires.
>
> lepoint.fr : D'après vous, quelles réponses le gouvernement peut-il apporter à ce malaise ?
> J. M. : En tout cas, il ne doit pas rester muet ! Le fait est qu'il y a une espèce de mutisme de l'État sur la question. Que l'État dise qu'il ne peut pas se mêler de tout ça, alors que d'un autre côté, quand il s'agit d'industrie automobile, il trouve les moyens, c'est très mal vécu ici. Il faut que l'État parle, qu'il puisse indiquer concrètement ce que l'on peut envisager. Par ailleurs, on ne peut pas gouverner un territoire uniquement à 8.000 kilomètres. Or, j'écoutais à la radio des députés intervenir : ils ont le sentiment d'être totalement largués, de ne pas pouvoir se faire entendre, de ne pas être écoutés. Ce sentiment-là est très largement partagé par l'opinion. Il y a vraiment quelque chose à revoir dans la façon de gérer ces territoires.

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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 21:31
http://english.aljazeera.net/     

News Americas
France sends forces to Guadeloupe
Protesters on the island of Guadeloupe are protesting over low wages and high prices.


France has sent hundreds of police reinforcements to the French-Caribbean island of Guadeloupe, as month-long strikes over declining economic conditions have spilled over into violence.

Michele Alliot-Marie, the French interior minister, said 280 police reinforcements would be sent to the island, after holding an emergency meeting on Wednesday.

The move comes after Jacques Bino, a 50-year-old union activist, was shot dead after driving his car near a roadblock manned by armed youths in Pointe-a-Pitre, the island's largest town, officials said.

Three policemen were targeted by gunmen while attempting to reach Bino and secure the area, Hubert Vernet, a government official, told the Reuters news agency.

Vernet stressed that the police officers were in no way responsible for Bino's death.

Nicolas Sarkozy, the French president, said he would meet with elected officials from the island on Thursday, to "address the anxiety, worries and also a certain form of despair from our compatriots".

Sebastian Walker, Al Jazeera's correspondent in Pointe-a-Pitre, said: "The protesters say they have been ignored by the French government for many years.

"Unemployment here is the third highest in the European Union. Away from the luxury hotels and resorts there is a severe economic situation that has angered a lot of people."

'Spiralling' violence

Union leaders have said that the situation in Guadeloupe is spiralling out of control, and there are fears that the unrest could spread to mainland France.

Bino is the first victim of the violence on the island which has been crippled by strikes that began on January 20 over low pay and the high price of basic goods.

Earlier in the week, protesters set buildings and cars on fire, looted shops, smashed storefront windows and clashed with police in Point-a-Pitre and at least two other towns.

Thousands of tourists have also fled the island and neighbouring Martinique.

Strikers' are demanding a raise of $250 a month for low-wage workers who now make about $1,130 a month.

On Thursday, Francois Fillon, the French prime minister, said the government would make a new wage offer to strikers.

"Mediators have come up with a proposal which I am going to assess and which will be submitted to employers and the unions," he told French radio RTL.

"This allows us to get very close to the quantified financial goals of the workers."

Underlying much of the unrest in Guadeloupe and Martinique is anger within the local Afro-Caribbean community - many of whom are descendants of slaves brought to the island by France - that the vast majority of wealth and land remain in the hands of colonist descendants.
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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 21:15
Les initiatives de l'exécutif accueillies avec méfiance    
Les grévistes de Guadeloupe ont réagi avec méfiance, jeudi, aux initiatives de l'exécutif pour débloquer le conflit commencé il y a un mois, tandis que la vie quotidienne est toujours chaotique dans l'île paralysée après une troisième nuit d'émeutes.

Le président Nicolas Sarkozy, à qui l'on avait reproché de toutes parts son silence, a promis de ramener la paix civile et de se rendre dans l'île « dès que le calme sera revenu » pour y ouvrir des états généraux.
Dans l'immédiat, il a aussi annoncé un effort de 580 millions d'euros, dont une bonne partie sous la forme d'une majoration du Revenu de solidarité active (RSA) dans tous les DOM.
C'est par ce biais que le gouvernement, qui doit encore convaincre le patronat d'effectuer sa part de l'effort, entend permettre une hausse de presque 200 euros des plus bas salaires (jusqu'à 1,4 fois le Smic).
La mesure, dévoilée par le Premier ministre François Fillon, devait être présentée à Pointe-à-Pitre par les médiateurs du gouvernement à 16 heures. Elle concernera en cas d'accord quelque 45 000 Guadeloupéens. C'était la principale demande insatisfaite du LKP.
« Le compte n'y est pas », a pourtant jugé Jean-Marie Nomertin, l'un des dirigeants de la grève.
Un peu plus tard, après la rencontre à l'Elysée entre M. Sarkozy et les élus domiens, Elie Domota, leader du LKP, a dit sur TF1 vouloir attendre de connaître « avec précision » le contenu des annonces, soulignant aussitôt que « depuis bon nombre de mois, nous nous faisons rouler avec des annonces ».
« Il suffit qu'un pit-bull agresse quelqu'un ou qu'il y ait un incident de manège en France pour que le président et les ministres se déplacent », a-t-il raillé. « Nous, cela fait quatre semaines que ça dure et c'est seulement maintenant que l'on commence à s'inquiéter de la situation ».


Voici les réactions de quelques élus d'outre-mer aux mesures et propositions qui leur ont été présentées jeudi soir à l'Elysée par Nicolas Sarkozy :

- Victorin Lurel, président PS du Conseil régional de Guadeloupe: "au total, sous réserve d'expertise pour celles et ceux qui sont les premiers intéressés, c'est une avancée significative (...) c'est un travail qui commence, j'espère que les partenaires qui sont en train de discuter comprendront qu'il est de l'intérêt du pays, comme disait Maurice Thorez, d'arrêter une grève et que des avancées significatives ont été faites".

- Lucette Michaux-Chevry, sénatrice UMP de Guadeloupe: "ses décisions sont claires. Il a répondu pendant des heures aux questions de tout le monde et il a essayé de bien faire comprendre qu'il a pris le temps de la réflexion et qu'il avait un projet pour répondre à nos préoccupations (...) comme on dit chez nous +il faut bon désordre pour mettre en ordre+".

- Jean-Paul Virapoullé, sénateur UMP de la Réunion: "on a eu des avancées ce soir très solides (...) les résultats ne vont peut-être pas arriver dans quinze jours, mais ça va permettre de bien débattre de ces avancées et de mettre la pression pour que nous élus et le gouvernement ne baissions pas les bras dans les mois qui viennent et pour que ce qui a été dit, soit réellement fait".

- Alfred Almont, député UMP de la Martinique: "nous avons reçu des réponses aux préoccupations qui s'expriment aujourd'hui. Les services du président ont bien travaillé. Le président prend des engagements qui sont forts (...) de vraies solutions ont été proposées, l'essentiel maintenant c'est qu'elles soient mises en oeuvre".

- Alfred Marie-Jeanne, président du Conseil régional et député indépendantiste de la Martinique: "il est très difficile de dire si on est satisfait ou non. Le président a reconnu qu'il y avait crise. On lui a répondu que, même s'il n'y avait pas de crise mondiale, la situation en Martinique aurait +pété+ parce que c'est une accumulation des insuffisances passées, du mépris avec lequel nous avons par moment été traités. Nous avons des jeunes formés qui n'ont pas d'emploi, tout ça fait un mélange détonnant".
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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 19:27
Sarkozy pour une collectivité unique par DOM si les populations l'acceptent

Le chef de l'Etat devrait venir en Guadeloupe « sitôt la crise finie ».


Le président Nicolas Sarkozy a affirmé, devant les parlementaires, qu'il était favorable à la création d'une collectivité unique par département d'outre-mer, si c'est le choix des populations, selon l'Elysée.
« Je considère que la question de l'évolution institutionnelle n'est pas un tabou, même si ce n'est pas à mes yeux forcément une priorité. Je suis favorable à la création d'une collectivité unique par département, si c'est le choix de la population », a affirmé M. Sarkozy, qui a rappelé « que la création de collectivités uniques, regroupant dans chaque DOM, département et région, avait été rejetée lors des référendums de 2003 en Martinique et Guadeloupe. »
Le chef de l'Etat : « Dans certains territoires, on souhaite une collectivité unique ou des habilitations législatives plus larges dans le cadre de l'article 73 de la Constitution (ndlr: relatif aux départements), dans d'autres cas, l'accès au régime d'autonomie de l'article 74 de la Constitution (ndlr: relatif aux collectivités d'Outre-mer, comme la Polynésie française). »
« Là encore, rien n'est tabou », a insisté M. Sarkozy.
A.-J. V.


Voici le texte de sa déclaration liminaire.
 
« Je suis heureux de voir que vous avez massivement répondu à mon appel, élus de droite comme gauche, et quelle que soit votre sensibilité. Je crois que ce moment d’échanges entre nous est important car la situation est très préoccupante.

Nous avons le devoir de tout faire pour dénouer la crise – une crise sociale- une crise des structures -  disons le : une crise identitaire et donc politique. Une crise qui trouve ses racines dans les bouleversements trop rapides et mal maîtrisés de la société traditionnelle antillaise. Une crise qui trouve ses racines dans le fait que, pendant des années, on n’a pas dit la vérité aux Français d’outre- mer car l’on pensait pouvoir tout traiter par un bienveillant paternalisme. Une crise qui trouve ses racines dans un système économique à deux vitesses générant une inégalité de la répartition des richesses d’autant plus insupportable que cette inégalité est particulièrement visible dans un milieu clos.
 
Nous savons que les économies ultramarines sont particulièrement fragiles en raison de leurs handicaps structurels que sont l’insularité, l’éloignement de la métropole  et de l’étroitesse du  marché. Depuis des années des efforts sont entrepris pour créer une dynamique de production locale. Mais il est vrai que malgré le soutien à la production locale, ces économies sont restées fortement dépendantes des importations de métropole.
 
La  flambée du prix  des matières premières sur le marché mondial depuis la crise financière a plus  fortement frappé toutes les économies dépendantes de l’importation au niveau de leur approvisionnement en produits de première nécessité. Nos compatriotes d’outremer sont victimes de cette situation qui prend des proportions insupportables. Je crois que l’on peut le dire, sans faux semblants, la concentration de l’activité de l’import/export aux mains de quelques grands groupes  n’a
fait qu’aggraver les écarts de prix de ces dernières années.  
 
 Aujourd’hui, nous avons le devoir d’entendre nos compatriotes et nous avons, dans le même temps, le devoir de ramener la paix civile au plus vite. La liberté des Guadeloupéens et des Martiniquais est entravée, cela ne peut plus durer. Il n’est pas question de tolérer que, dans un Etat de droit comme la France, la vie de nos compatriotes soit mise en danger. Nos compatriotes attendent que l’Etat les protège. Et il est inadmissible  qu’un syndicaliste ait été tué. Il s’agit d’un assassinat. Cet acte odieux n’a rien à voir avec la crise sociale.

A l’heure où nous parlons, les partenaires sociaux discutent, en Guadeloupe, d’une proposition de compromis qui me semble acceptable par tous. Comme cela a été dit, il n’est pas question que l’Etat finance directement des augmentations de salaires dans le privé. Ce serait une aberration et un cadeau empoisonné pour l’outre-mer.  En revanche, je le dis clairement, l’Etat est prêt à exonérer de toute cotisation sociale (patronale ou salariale) l’augmentation qu’accorderaient les entreprises des DOM à leurs employés, sous la forme d’une prime, le temps que les effets de la crise se dissipent.
En outre, la réglementation du RSA pourrait être adaptée à l’outre-mer pour que cette prime puisse contribuer plus significativement à améliorer le pouvoir d’achat des familles à faible revenu. Nous pouvons, ainsi, arriver très près de la demande initiale de 200 euros supplémentaires 
Au-delà des questions salariales, notre rôle, ce soir, c’est de poser les bases d’une réflexion de fond sur l’avenir de nos territoires d’outre-mer et singulièrement sur ceux qui sont aujourd’hui les plus intégrés à la République : les quatre DOM. Je voudrais qu’on le fasse sereinement et sincèrement, au nom des convictions républicaines et du sens de l’intérêt général qui nous réunissent. Car, ne nous y trompons pas, la crise sociale qui touche nos territoires nous interpelle tous ; et il ne sert à rien d’expliquer que c’est la faute de l’autre. Nous devons tous faire face à nos responsabilités. 
     
Au-delà des revendications initiales du conflit – qui ont été pour beaucoup satisfaites — cette crise nous pousse à nous interroger sur le ou les modèles de société que l’on souhaite pour nos territoires. Quel type de développement économique et social devons-nous promouvoir ? Quel modèle d’organisation politique devons-nous adopter dans ces territoires ? Quelle relation devons-nous nouer entre la métropole et nos collectivités ? 
 
 
« Nous n’apporterons pas de réponses appropriées si nous nous contentons d’accumuler des annonces financières et techniques. »
 
Je crois que nous sommes arrivés à la fin d’un cycle historique en outre-mer. Nous n’apporterons pas de réponses appropriées si nous nous contentons d’accumuler des annonces financières et techniques. 
 
Vous le savez, j’ai toujours été et je suis toujours partisan d’un modèle de développement économique endogène qui favorise une plus grande autonomie économique des collectivités d’outre-mer. Pourquoi ? Parce que je pense que   l’autonomie économique est la condition de la fierté d’une population au travers de la création de richesses qui sera le fruit de son esprit d’entreprise et de son travail. Et parce que je pense que l’autonomie économique est la condition de toute évolution institutionnelle, évolution pour laquelle, je l’ai toujours dit je n’ai aucun préjugé pour autant qu’elle soit au service d’un projet et que les relations avec la métropole soient clairement définies.
 
Ces réflexions sont fondamentales et engagent l’avenir des Français d’outre-mer. Nous avons le devoir de les engager mais de les engager sereinement. C’est la raison pour laquelle je vous propose que nous nous mettions d’accord sur un processus étalé sur trois mois. Il s’agira de la plus grande consultation jamais réalisée en outre-mer. 
 
Ce processus pourrait débuter par une réunion interministérielle dédiée à l’outre-mer, sous la présidence du Premier ministre dès demain. Seraient ensuite organisées, dès le calme revenu, dans chaque collectivité d’outre-mer, des Etats généraux avec tous les acteurs sociaux, économiques et politiques pour débattre des grands enjeux de l’outre-mer. J’ouvrirai, moi-même, ce cycle de consultations locales en me rendant en Guadeloupe, à la rencontre de chacun des acteurs de la vie sociale. J’identifie, pour ma part, cinq sujets à aborder:
- la formation des prix, les circuits de distribution et le pouvoir d’achat
- les productions locales et les conditions d’un développement endogène au bénéfice des ultramarins
- la gouvernance au sens large, c’est-à-dire les évolutions institutionnelles locales et l’adaptation des administrations centrales
- les chantiers de la relance et les grands projets structurants en outre-mer 
- la rénovation du dialogue social
 
 Au mois de mai, une synthèse des propositions résultant des Etats généraux serait restituée à Paris.
Enfin, avant la fin du mois de mai, le premier Conseil interministériel de l’outre-mer pourrait se réunir, sous ma présidence, pour arrêter un ensemble de décisions qui constitueraient un vaste plan de modernisation de l’outre-mer et de sa relation avec la métropole.
 
Je souhaite, d’abord, recueillir votre avis sur cette méthode, ce processus que je veux transparent et sans arrière-pensées.
A plus court terme, je souhaite que nous abordions ensemble :
- les améliorations possibles de la loi pour le développement de l’outre-mer,
- les mesures pour améliorer le pouvoir d’achat et l’emploi 
- les changements que nous pourrions apporter à la gouvernance de l’outre-mer.
 
« Mieux répondre aux difficultés économiques et sociales particulières auxquels l’outre-mer est confronté. »
 
La loi pour le développement de l’outre-mer arrive en première lecture au Sénat, le 10 mars prochain.
L’objectif est de mieux répondre aux difficultés économiques et sociales particulières auxquels l’outre-mer est confronté. 
Vous le savez, le projet de loi pour le développement de l’outre-mer recentre l’action publique sur un nombre limité de priorités. Il s’agit plus particulièrement : 
- de la création de zones franches globales d’activités, pour soutenir fortement les secteurs émergents et les secteurs les plus porteurs d’activités nouvelles ;
- d’un véritable plan de relance du logement social, avec la réorientation progressive de la défiscalisation vers le logement social 
- de la création d’un fonds exceptionnel d’investissements qui permettra de financer des équipements structurants, fonds bénéficiant d’ores et déjà d’un abondement exceptionnel de 75 M€ dans le cadre du plan de relance.
Dans un souci de pleine efficacité des dispositifs publics, est également prévue la réforme de dispositifs existants, notamment une réforme des exonérations de charges pour les recentrer sur les bas salaires, réforme finalement conduite d’ores et déjà en PLF.
              
Depuis l’adoption du projet de loi, en conseil des ministres le 28 juillet dernier, la crise économique mondiale et, plus récemment, la crise sociale que connaissent les Antilles, ont rendu encore plus aigue la nécessité de soutenir de manière renforcée l’activité et l’emploi en outre-mer. 
C’est pourquoi j’ai demandé au Premier Ministre de faire des propositions pour renforcer les dispositifs du projet de loi. Une consultation des élus d’outre-mer et des organisations professionnelles a été engagée. 
 
Des amendements du Gouvernement seront présentés pour traduire ces évolutions notables sur les sujets suivants :
• Les zones franches globales d’activité
La liste des secteurs prioritaires des zones franches et des exonérations de charges sera complétée.
Le taux d’exonération pour la taxe professionnelle sera adapté pour maintenir un avantage fiscal significatif entre les régimes applicables en métropole et outre-mer après la réforme de la taxe professionnelle. L’exonération fiscale accordée sera étendue à la taxe foncière sur les propriétés non bâties du secteur de l’agriculture.
• Le dispositif d’exonérations de charges sociales Pour tenir compte de la problématique particulière en outre-mer de l’encadrement intermédiaire, notamment du recrutement de jeunes diplômés dans les petites entreprises, la dégressivité de l’exonération sera aménagée.
• Le logement social
L’aide fiscale à la réhabilitation sera réintroduite pour maintenir une activité importante pour les petits artisans du BTP.
Le plafond de l’assiette éligible pour la défiscalisation du logement social sera relevé pour faciliter le montage d’un plus grand nombre d’opérations.
La période de transition pour l’extinction de la défiscalisation du secteur intermédiaire sera allongée, pour tenir compte du décalage de l’entrée en vigueur de la loi.
             
C’est au total, au travers de ces mesures et au travers des divers abondements à définir, un supplément de 150 Millions d’Euros que le Gouvernement propose d’ajouter sur la LODEOM en faveur de la promotion de l’économie ultramarine.
 
« Nous avons à faire des efforts spécifiques à l’égard de l’outre-mer. »
 

Tout d’abord, je souhaite rappeler que toutes les mesures que nous négocions avec les partenaires sociaux, au  niveau national, ont vocation à s’appliquer dans les départements d’outre-mer.
 
Cela dit, nous avons à faire des efforts spécifiques à l’égard de l’outre-mer, compte tenu de ses caractéristiques propres.
 
1-L’amélioration des conditions de la concurrence
 
On ne  peut plus  fermer les yeux sur ces situations oligopolistiques qui aboutissent à ce que les consommateurs se voient imposer des tarifs qui ne sont pas justifiés seulement par l’éloignement et qui sont donc ressentis comme de plus en plus injustes par toute une population. Cette remise à plat des conditions de la concurrence doit se faire sans animosité vis-à-vis de telle ou telle communauté. Ce travail doit être mené sur la base d’analyses objectives. 
 
Je le dis en toute sincérité, l’Etat jouera son rôle pour renforcer et développer  la concurrence chaque fois que cela sera possible. L’Etat a demandé que l’Autorité de concurrence rende, sous trois mois, un avis sur l’exercice de la concurrence dans les départements d’outre-mer et plus particulièrement sur deux sujets importants : la question des carburants et les mécanismes d’importation et de distribution des produits de grande consommation.
Notre devoir est de recréer les conditions de la cohésion sociale. Nous devons tous y contribuer pour redonner espoir à une population et un sens à sa place au sein de la République. Ce message de l’exigence d’un Etat garant la justice sociale, je l’ai bien entendu.
 
Il faudra travailler avec la grande distribution pour obtenir rapidement une baisse des prix. Pour y parvenir l’Etat va procéder à une généralisation des démarches de « chariot type » dans tous les DOM permettant de comparer les prix entre grandes enseignes d’un même territoire. Ce devoir d’information nous le devons aux consommateurs.
 
Dans l’immédiat, il me semble que la grande distribution doit aujourd’hui accepter un accord, dans tous les départements d’outre mer,  sur  une liste de 100 produits de référence repérables par les consommateurs et qui seront commercialisés à un prix proche de celui de la métropole. Elle doit entendre les difficultés budgétaires des familles et la détresse de toute une population. J’ajoute que l’Etat n’hésitera pas à faciliter l’intervention de nouveaux acteurs dans le système de distribution  afin de renforcer la réalité de la concurrence 
 
 
« Mieux répartir les richesses au sein de l’entreprise et augmenter les revenus »
 
Dans des économies fragiles que l’Etat n’a pas hésité à soutenir pendant des années, le monde économique ne peut se désintéresser de la question du pouvoir d’achat des plus modestes et d’une meilleure répartition des richesses.
Les outils ne manquent pas. Je pense au contrat d’intéressement, à la  prime de participation.  Il suffit de le vouloir, sur la base de nouveaux rapports sociaux privilégiant le dialogue plutôt que le conflit. Il y a urgence en outre-mer à faire en sorte que les salariés et les chefs d’entreprises se parlent pour que chacun, dans le respect de l’autre, se sente acteur de la vie économique de son territoire. 
 
Je rappelle, par ailleurs, qu’un certain nombre de mesures ont d’ores et déjà été actées :
- l’application du RSA en outre-mer a été anticipée et sera effective avant la fin de l’année. Cette mesure concernera a minima 110 000 foyers modestes dans les quatre DOM et leur assurera une augmentation moyenne de leur ressources de 200 euros par mois (coût en année pleine 2010 : 280 millions d’euros). Le versement de la prime de solidarité  active de 200 euros qui anticipera le RSA,  interviendra, elle, dès le mois d’avril au profit de 243 000 bénéficiaires.
- le forfait charges de l’allocation logement sera aligné sur celui de la métropole, ce qui représente une économie de 50 euros environ sur le coût du loyer. Cette mesure concernera 174 000 foyers !
- les aides à la restauration scolaire seront revalorisées de 20% pour réduire les tarifs des cantines supportés par les familles.
 
Pour mieux prendre en compte les jeunes qui sortent du système scolaire sans qualification, l’Etat va faire monter en puissance son service militaire adapté (SMA). Ce dispositif, qui a presque 50 ans, est tout à fait exemplaire. Il forme, chaque année, près de 3000 jeunes ultramarins avec un taux d’insertion professionnelle de 79% ! Je souhaite que l’on double le nombre de jeunes (6000) formés d’ici trois ans.
 
Nous avons diligenté une mission d'inspection pour examiner très précisément les mécanismes de fixation des prix des carburants outre-mer. 
 
Nous tirerons toutes les conséquences de cette mission. S'il faut remettre complètement à plat le système de fixation des prix des carburants en outre-mer, nous le ferons. Le consommateur en outre-mer subit, comme tout le monde, la hausse du prix des carburants. C’est normal. Il doit pouvoir également bénéficier plus rapidement de la répercussion des baisses du cours mondial du pétrole. C’est une question de justice. Les ultramarins ne demandent rien d’autre et ils veulent que ce qui
s’applique en métropole s’applique aussi en outre-mer.
 
 
« Développer la production locale et les conditions d’un développement économique endogène au bénéfice de l’emploi » 
 
Avec un taux de chômage aussi important, nous devons être ambitieux et ne plus nous contenter d’une politique de rattrapage. Il faut encourager un développement économique basé sur les potentiels de chaque territoire. Ce n’est pas remettre en cause la solidarité nationale, bien au contraire. Je crois que nous avons trop longtemps minimisé la capacité de ces territoires à mettre en avant ses richesses. Ce développement endogène que j’ai toujours soutenu pour l’outre mer, ce n’est pas un gadget ni une opération de communication. On peut faire en sorte qu’il devienne très vite une réalité, par exemple dans deux secteurs qui peuvent modifier considérablement l’économie de ces territoires.
 
Le premier est celui qui conduira vers une plus grande autonomie énergétique. Des programmes ont été impulsés par l’Etat et les collectivités locales, comme le projet GERRI. Il faut aller plus loin et plus vite. Profitons des atouts des territoires en sources d’énergies renouvelables pour développer une activité économique créatrice d’emplois et qui à terme participera à baisser les coûts de la dépendance énergétique de ces territoires. 
 
Le second c’est d’orienter ces économies vers la recherche d’une plus grande autosuffisance alimentaire pour qu’elles soient moins dépendantes des importations en encourageant la production locale. Des moyens de recherche devront être bien évidemment mis en place pour améliorer les rendements et les conditions d’utilisation des produits traditionnels délaissés par la population au profit des produits importés. C’est tout l’enjeu du secteur de l’agro-nutrition qui devient une priorité  que nous avons pris en compte dans la loi sur l’outre-mer.
 
D’autres secteurs sont également porteurs comme celui des nouvelles technologies. L’Etat est disposé à accompagner fortement cette transformation et cette modernisation des économies d’outre mer. C’est tout le sens de la loi pour le développement économique de l’outre mer (LODEOM). S’il faut d’autres mesures législatives pour aller en ce sens nous les prendrons.
 
Pour accompagner les initiatives qui iraient en ce sens, j’ai demandé que l’on dégage 50 millions d’euros, dans le cadre du plan de relance.
Mais tout ne dépend pas de la loi. Si l’on veut créer des productions locales, sources de richesse locales et d’emploi, il faut aussi un consensus. Il faut une volonté politique de tous les responsables pour que le modèle de développement à promouvoir repose sur les productions locales 
 
Au total je le souligne l’effort supplémentaire de l’Etat au profit des quatre DOM s’élèvera à 580 Millions d’Euros dont, je le précise pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, 280 Millions au titre du RSA.
 
            
« Il faut adapter la gouvernance »
 

La question de l’évolution institutionnelle n’est pas seulement théorique : elle pose la question fondamentale de la responsabilité et de la lisibilité démocratique.
 
Certaines de vos assemblées, notamment en Martinique et en Guyane, se sont  récemment prononcées en faveur d’une évolution statutaire pour aller vers une plus large autonomie. Par ailleurs, dans les conflits récents, le rôle, voire la présence de l’Etat, a souvent été mise en cause.
 
Je pense que nous sommes arrivés à un stade de notre histoire commune où nous devons pouvoir aborder ces questions de façon responsable et dépassionnée. Pour moi, les choses sont simples :
Je considère que la question de l’évolution institutionnelle n’est pas un tabou, même si ce n’est pas, à mes yeux, forcément une priorité.
Je suis favorable à la création d’une collectivité unique par département, si c’est le choix de la population. Je note simplement que cette  formule a, néanmoins, été rejetée lors des consultations référendaire de 2003 en Martinique et Guadeloupe. 
Dans certains territoires, on souhaite une collectivité unique ou des habilitations législatives plus larges dans le cadre de l’article 73, dans d’autres l’accès au régime d’autonomie de l’article 74 de la Constitution. Là encore, rien n’est tabou, dès lors que les choses sont claires et que l’on retient un certain nombre de principes : 
- respecter la volonté des électeurs exprimée dans le cadre d’une consultation directe,
- concevoir des institutions équilibrées pour gouverner démocratiquement dans la
durée,
- clarifier les relations financières avec la République : les compétences dévolues aux autorités locales devant être financées par des ressources locales.
Sur la base de ces principes, je suis prêt à répondre favorablement à une demande de consultation des électeurs d’un département.
 

 
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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 19:03
Sarkozy pour une collectivité unique par DOM si les populations l'acceptent

Le chef de l'Etat devrait venir en Guadeloupe « sitôt la crise finie ».


Le président Nicolas Sarkozy a affirmé qu'il était favorable à la création d'une collectivité unique par département d'outre-mer, si c'est le choix des populations, en recevant jeudi les élus ultramarins, selon l'Elysée.
« Je considère que la question de l'évolution institutionnelle n'est pas un tabou, même si ce n'est pas à mes yeux forcément une priorité. Je suis favorable à la création d'une collectivité unique par département, si c'est le choix de la population », a affirmé M. Sarkozy.
Il a rappelé que la création de collectivités uniques, regroupant dans chaque DOM, département et région, avait été rejetée lors des référendums de 2003 en Martinique et Guadeloupe.
Selon le chef de l'Etat, « dans certains territoires, on souhaite une collectivité unique ou des habilitations législatives plus larges dans le cadre de l'article 73 de la Constitution (ndlr: relatif aux départements), dans d'autres cas, l'accès au régime d'autonomie de l'article 74 de la Constitution (ndlr: relatif aux collectivités d'Outre-mer, comme la Polynésie française). »
« Là encore, rien n'est tabou », a insisté M. Sarkozy.

Sarkozy dénonce l'assassinat du syndicaliste LKP et veut ramener la paix
   
Nicolas Sarkozy a dénoncé jeudi l' « assassinat » du syndicaliste du LKP en Guadeloupe et assuré qu'il avait « le devoir de ramener la paix civile au plus vite » dans l'île, dans une intervention liminaire devant des élus d'outre-mer rendue publique par l'Elysée.
« Il est inadmissible qu'un syndicaliste ait été tué. Il s'agit d'un asassinat. Cet acte odieux n'a rien à voir avec la crise sociale », a déclaré M. Sarkozy devant les élus ultra-marins.
« Aujourd'hui, nous avons le devoir d'entendre nos compatriotes et nous avons, dans le même temps, le devoir de ramener la paix civile au plus vite. La liberté des Guadeloupéens et des Martiniquais est entravée, cela ne peut plus durer », a-t-il poursuivi.
« Il n'est pas question de tolérer que, dans un Etat de droit comme la France, la vie de nos compatriotes soit mise en danger. Nos compatriotes attendent que l'Etat les protège », a insisté Nicolas Sarkozy.

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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 17:55

Questions d'actualité

M. le président.  - L'ordre du jour appelle les réponses du Gouvernement aux questions d'actualité.

Suites du sommet social

M. Gérard Longuet .  - (Applaudissements à droite) Monsieur le Premier Ministre, le dialogue social n'est pas simplement une nécessité, c'est un devoir impérieux dans une crise dont on ne connaît ni l'ampleur ni la durée. Il est indispensable pour assurer notre cohésion, dans un pays qui ne peut seul régler les problèmes du monde.

M. Jean-Luc Mélenchon.  - Oh là là...

M. Gérard Longuet.  - Ce dialogue social repose sur un diagnostic partagé. Le chemin à parcourir est immense. Le Gouvernement et le Président de la République l'ont entamé en confiant à Jean-Philippe Cotis, directeur général de l'Insee, une mission sur le partage de la valeur ajoutée, une mission sur un conseil de suivi de la crise, des politiques économiques et sociales, une nouvelle gouvernance de l'entreprise pour assurer la transparence, et donc une éducation économique.

Monsieur le Premier ministre, vous qui avez écrit « La France peut supporter la vérité », quelle est la politique du Gouvernement pour que cette vérité soit un bien commun, partagé ? Au-delà du jeu de rôles des partenaires sociaux...

M. René-Pierre Signé.  - Ce n'est pas un jeu de rôles !

M. Gérard Longuet.  - ...l'opinion doit avoir conscience de la vérité de la situation. Ce diagnostic partagé doit avoir de la profondeur dans le temps...

M. René-Pierre Signé.  - Arrêtez !

M. Charles Gautier.  - La question !

M. Gérard Longuet.  - ...sans oublier la dimension internationale et européenne nécessaire pour nous situer face à nos partenaires qui sont, hélas, aussi nos concurrents.

M. Jean-Louis Carrère.  - La question !

M. Gérard Longuet.  - Quelle sera la politique du Gouvernement pour que la France soit lucide sur elle-même ? (Applaudissements à droite)

M. René-Pierre Signé.  - Il n'en a pas !

M. François Fillon, Premier ministre .  - Depuis le début de cette crise, dans des circonstances inédites, nous essayons d'apporter des réponses réactives à des réalités, non pas à des fantasmes ou des émotions. (Mme Éliane Assassi s'exclame)

Notre pays a réagi globalement mieux à la crise financière que d'autres. Nous devons maintenant faire face à une crise économique liée à une baisse des investissements, de l'activité et des exportations, non de la consommation, qui a augmenté de 0,3 % au troisième trimestre et de 0,5 % au quatrième. (Mme Nicole Bricq s'exclame) D'où nos mesures de relance de l'activité, à travers le soutien à l'investissement.

Nous faisons face désormais aux conséquences du ralentissement économique sur l'emploi. Les vrais victimes de la crise, ce sont les Français qui perdent leur travail ou voient leur temps de travail, et donc leur salaire, diminuer. Nous avons donc décidé hier, avec les partenaires sociaux, de porter à 75 % du salaire brut, 90 % du salaire net, l'indemnisation de l'activité partielle. S'y ajoutent des dispositifs spécifiques pour ceux qui ont travaillé moins de quatre mois, ainsi que pour les familles les plus modestes. La réduction d'impôt ambitieuse pour les revenus se situant entre 1 200 et 3 500 euros est une mesure de justice pour ceux qui n'ont jamais droit à rien. En matière de relance par la consommation, c'est bien plus juste qu'une baisse uniforme de la TVA ! (Protestations à gauche)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat.  - Il faut baisser la TVA sur les produits de première nécessité !

M. François Fillon, Premier ministre.  - Si nécessaire, nous adapterons notre réponse, comme nous venons de le faire pour le secteur automobile. Le dialogue social peut être rude, mais c'est une réalité. J'en veux pour preuve le record de signatures d'accords conventionnels depuis un an, les derniers en date concernant l'assurance chômage et la formation professionnelle. (Applaudissements à droite et au centre)

M. René-Pierre Signé.  - Ce n'est pas si brillant !

Situation aux Antilles

M. Daniel Marsin .  - Monsieur le Premier ministre, depuis un mois, la Guadeloupe traverse une crise pour laquelle on ne voit, à l'heure actuelle, aucune issue. Pire, depuis trois jours, le mouvement de protestation se double d'une situation insurrectionnelle, presque une guérilla, marquée par des affrontements entre jeunes et forces de l'ordre, des pillages de magasins, des voitures brûlées, des barrages routiers, des tirs à balles réelles, des blessés graves et, depuis hier, un mort. Je m'incline devant sa mémoire.

Comment en est-on arrivé là ? Les élus de la Guadeloupe n'ont cessé d'alerter le Gouvernement ; j'ai moi-même, à la suite du déclenchement du mouvement par le LKP, souligné le sérieux et la portée de ses revendications. Plus personne ne peut ignorer le profond malaise de la population guadeloupéenne ; il est l'expression d'une crise économique et sociale, mais aussi identitaire, qui appelle une réponse globale. Il faut des mesures d'urgence pour que nos compatriotes puissent faire face à la vie chère ; il faut aussi, dans un second temps, que le Gouvernement et ses successeurs témoignent de davantage d'intérêt, de considération et d'intérêt pour l'outre-mer. Il est temps d'en finir avec les vieux clichés.

Comme les Français de métropole, mais dans une tout autre proportion, les Guadeloupéens subissent une telle dérive des prix qu'ils sont certains d'être spoliés par une oligarchie économique et un système d'approvisionnement qui a bénéficié de la passivité, sinon de la caution, des services de l'État. Ce n'est plus acceptable. Il importe de mettre à plat le dossier de la formation des prix outre-mer et de faire cesser l'exploitation outrancière dénoncée par le LKP. Là où un travailleur métropolitain au Smic peut acheter 625 paquets de pâtes, son homologue guadeloupéen ne peut en acheter que 425... Les 200 euros supplémentaires réclamés par le LKP correspondent au rattrapage de cette injustice.

Après un mois de crise, de manifestations et de blocages, quelle réponse allez-vous apporter, autre que policière, aux Guadeloupéens, monsieur le Premier ministre ? Que comptez-vous faire pour renouer le fil du dialogue ? Confirmez-vous devant le Sénat les annonces que vous avez faites ce matin ? (Applaudissements sur les bancs RDSE et sur quelques bancs à droite)

M. François Fillon, Premier ministre .  - La crise sociale que traverse la Guadeloupe est ancienne et tire son origine de l'organisation économique de l'île -cela vaut d'ailleurs pour les autres départements d'outre-mer. Elle est aggravée, mais aggravée seulement, par la crise mondiale. La violence s'est récemment déchaînée avec des barrages et des attaques contre des commerces ou des entreprises, et un meurtre a été commis, dont les responsables seront poursuivis et jugés ; rien ne justifie que l'on tire ainsi sur un homme qui exerçait en toute légalité ses fonctions de syndicaliste. Jusqu'alors, le mouvement s'était déroulé de façon pacifique, en utilisant les moyens que permet la Constitution.

Dès le premier jour, le Gouvernement a cherché à résoudre la crise. (Mouvements divers à gauche) Le secrétaire d'État à l'outre-mer s'est rendu en Guadeloupe et a réussi à négocier avec le collectif 131 des 132 revendications de celui-ci, qu'il s'agisse du prix de l'essence, désormais inférieur à ce qu'il est en métropole, de la mise en oeuvre anticipée du RSA dès 2009 ou du gel des loyers. Il est vrai que les négociations ont buté sur la question des salaires. Le Gouvernement était prêt à relayer la revendication du collectif sur ce point, à aider à une médiation, mais en aucun cas, l'État ne saurait se substituer aux entreprises privées et payer à leur place. Ce serait irresponsable.

Depuis plusieurs jours, des médiateurs sont sur place -leur présence est justifiée par l'absence de tradition de dialogue social dans l'île- et travaillent avec le patronat comme avec le collectif ; ils ont mis au point une réponse qui a été portée à 15 heures sur la table des négociations. Il s'agit d'une proposition nouvelle, qui consiste en une augmentation significative des salaires à la charge des entreprises, assortie d'un mode de calcul spécifique pour le RSA, en Guadeloupe comme dans les autres départements d'outre-mer.

Il nous faudra ensuite -ce sera l'objet de la réunion qui se tient aujourd'hui sous la présidence du Président de la République- engager la réflexion pour donner aux départements d'outre-mer des structures économiques et peut-être institutionnelles à même de prévenir de nouvelles crises. (Applaudissements au centre et à droite)

M. le président.  - Devant l'inquiétude de nos collègues d'outre-mer et pour marquer l'attention que porte le Sénat aux difficultés de leurs territoires, la Conférence des Présidents, avec l'accord de tous les groupes, a décidé de constituer une mission commune d'information chargée d'évaluer la situation outre-mer et de faire toutes propositions utiles pour trouver des solutions à moyen et long terme. (Applaudissements au centre et à droite)

Taxe professionnelle

M. Jean Boyer .  - Le Président de la République a annoncé, le 5 février, la suppression de la taxe professionnelle, décision qui a interrogé nombre d'observateurs, au premier rang desquels les élus locaux. Lundi dernier, le Premier ministre a promis qu'en dépit de cette suppression, les ressources des collectivités territoriales seraient préservées. Que penser de cet enchaînement d'annonces ?

La taxe professionnelle est une ressource fiscale essentielle pour de nombreuses collectivités et un levier majeur au service du développement économique. Les annonces successives du Président de la République et du Premier ministre soulèvent deux questions. Sur la forme d'abord : la suppression de la taxe professionnelle a été décidée sans attendre les conclusions du comité Balladur, qui doit entre autres faire des recommandations en matière de fiscalité locale. On est loin de ce processus de codécision dont on parle tant...

Il est difficile de chiffrer précisément la perte de revenus à compenser : 8, 11 ou 22 milliards d'euros ? En outre, l'abolition de la taxe professionnelle sur les équipements bruts mobiliers et non sur les biens fonciers risque de créer une forte distorsion entre les collectivités.

Les mesures de compensation prévues, comme l'instauration de la taxe carbone, paraissent insuffisantes. A l'heure où l'État fait appel aux collectivités territoriales pour investir afin de lutter contre la crise, il donne l'impression d'ignorer leurs besoins. Pouvez-vous donc nous indiquer précisément quelles dispositions vous comptez prendre à cet égard ?

Notre assemblée se préoccupe, vous le savez, des relations entre l'État et les collectivités territoriales. Celles-ci doivent être justes et transparentes, afin que chacun assume pleinement ses responsabilités. (Applaudissements sur les bancs de l'Union centriste)

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales .  - (Applaudissements à droite) La France est le seul pays d'Europe à soumettre les entreprises à un impôt qui pénalise celles qui investissent et profite à celles qui importent.

M. Didier Boulaud.  - La taxe professionnelle existe en Allemagne !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre.  - Il y a déjà longtemps que le Président de la République s'est engagé à supprimer cette taxe.

M. René-Pierre Signé.  - Pas si longtemps !

M. Didier Boulaud.  - Qui a inventé la taxe professionnelle ?

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre.  - Elle a été inventée il y a des années, et je constate que la gauche n'y a jamais touché lorsqu'elle était au pouvoir. (On le conteste sur les bancs socialistes)

M. Jean-Pierre Sueur.  - M. Strauss-Kahn a supprimé la part salariale de cette taxe !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre.  - Je tiens à rassurer M. Boyer : le manque à gagner d'environ 22 milliards d'euros occasionné pour les collectivités locales par la suppression de la taxe professionnelle sera intégralement compensé. D'autres impôts seront mis en place, qui garantiront l'indépendance financière des collectivités.

M. Jean-Pierre Sueur.  - Lesquels ?

M. René-Pierre Signé.  - Les contribuables paieront l'addition !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre.  - Nous attendons les conclusions de la commission Balladur pour faire un choix entre les différentes possibilités qui s'offrent à nous. (On ironise à gauche) Nous le ferons naturellement en concertation avec les associations d'élus locaux et le Parlement.

M. Didier Boulaud.  - Concertation, piège à...bidon !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre.  - Nous aurons donc l'occasion d'en débattre très prochainement. (Applaudissements à droite)

M. Jean-Pierre Sueur.  - Mme la ministre n'a pas répondu à la question !

Situation économique et sociale dans les DOM

M. Claude Lise .  - Ma question s'adresse à M. le Premier ministre, même s'il ne semble pas vouloir répondre aux élus d'opposition de l'outre-mer. (M. François Fillon, Premier ministre, s'en défend) La Guadeloupe est en proie depuis un mois à un mouvement social d'une ampleur inédite, qui est en train de s'envenimer : on déplore déjà la mort d'un homme, et je veux adresser à sa famille, à ses proches et au peuple guadeloupéen tout entier un message de sympathie et de solidarité. La Martinique connaît elle aussi, depuis plus de dix jours, un mouvement syndical et citoyen sans précédent. Si l'on y ajoute les événements de la Guyane et de la Réunion, on constate que dans aucun des départements d'outre-mer, la population ne peut supporter plus longtemps les effets d'une crise sociale qui se caractérise par un taux de chômage cinq fois supérieur à celui de la métropole et qui constitue un triste record en Europe, ainsi que par un coût de la vie insupportablement élevé.

Cette crise ne peut être considérée comme un simple effet de la crise financière et économique mondiale. Les racines en sont anciennes et plusieurs d'entre nous n'ont cessé de lancer des cris d'alarme qui n'ont jamais été entendus. Il s'agit d'une véritable révolte des citoyens d'outre-mer contre la condition qui est la leur, dans des sociétés qui subissent encore l'héritage du passé colonial et sont marquées par beaucoup trop d'abus, d'injustices, de discriminations et d'atteintes à la dignité des personnes.

Je ne reviendrai pas sur les erreurs commises par le Gouvernement dans la gestion de cette crise ni sur le silence assourdissant du Président de la République.

M. René-Pierre Signé.  - Assourdissant en effet !

M. Claude Lise.  - Ce qui importe, c'est de savoir si le Gouvernement a enfin pris la mesure des enjeux et compris la nécessité de trouver une issue pacifique à la crise, en renonçant à la répression dont on connaît les conséquences... Le Gouvernement reconnaît-il que le projet de loi pour le développement économique de l'outre-mer est gravement inadapté ? Il faut réécrire ce texte en menant au préalable une large concertation, dégager de nouvelles marges financières et répondre d'urgence à certaines revendications légitimes des collectifs de Guadeloupe et de Martinique en ce qui concerne le pouvoir d'achat, le contrôle des prix et le logement social.

Le Gouvernement respectera-t-il les engagements qu'il a pris avec les syndicats et le patronat, notamment en Guadeloupe -le président Gillot y insiste-, par le préaccord du 8 février dernier sur la revalorisation des bas salaires en contrepartie d'allégements de charges sociales pour les TPE ? Au-delà de l'urgence, le Gouvernement est-il prêt à engager une réflexion approfondie avec les élus et les forces vives de nos territoires pour repenser le mode de développement des DOM, leurs rapports avec l'État et leur organisation institutionnelle ? (Applaudissements à gauche)

M. François Fillon, Premier ministre .  - Je n'ai jamais refusé de répondre à l'opposition : j'ai eu plusieurs fois l'occasion de m'entretenir avec vous, je me suis rendu à deux reprises dans votre département et je crois avoir tenu mes engagements. (Applaudissements à droite, protestations à gauche)

Nous partageons le constat que vous venez de dresser, et c'est bien pour cela que nous avons mis en chantier le projet de loi pour le développement de l'outre-mer, qui sera débattu ici même dans quelques semaines. (Mme Éliane Assassi ironise) Les problèmes que connaissent les DOM ne datent pas d'hier : leurs structures économiques et peut-être institutionnelles doivent être profondément réformées.

Vous m'interrogez, monsieur Lise, pour savoir si le Gouvernement est prêt à agir : nous allons justement tenir dans quelques instants une réunion à laquelle vous allez vous-même participer. Nous jouerons cartes sur table, et nous verrons si les élus de l'outre-mer sont prêts eux aussi à accepter le changement. (Protestations à gauche)

M. Dominique Braye.  - Très bien !

M. François Fillon, Premier ministre.  - Nous mettrons en oeuvre des mesures d'urgence pour surmonter la crise en Guadeloupe, et ces mesures seront étendues aux autres départements d'outre-mer.

Vous m'avez également demandé si le Gouvernement était prêt à compenser intégralement les hausses de salaires par l'impôt.

M. Didier Boulaud et Mme Nicole Bricq.  - Il n'a jamais dit cela !

M. François Fillon, Premier ministre.  - Comment peut-on soutenir une pareille idée ?

Avec une telle demande (on proteste vivement, sur les bancs socialistes, que tel n'était pas le propos de M. Lise) -c'est bien à cela que cela revient !-, vous facilitez la négociation du patronat qui n'a plus qu'à attendre que l'État apporte sa contribution. (Mêmes mouvements) En aucun cas, l'État n'acceptera que la croissance des salaires dans les entreprises privées soit prise en charge par l'impôt ; cela relève des seules relations entre les partenaires sociaux. (Applaudissements sur les bancs UMP)

Crise à la Réunion

Mme Gélita Hoarau .  - Avant de poser ma question, permettez-moi d'exprimer ma solidarité et celle de mon groupe à la famille et aux proches de Jacques Bino, le syndicaliste guadeloupéen tué récemment.

Monsieur le Premier ministre, la crise qui frappe les DOM est particulièrement grave et profonde, elle touche de larges couches sociales. Les plus frappés sont, à la Réunion, les 52 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, qui doivent faire face au taux de chômage le plus élevé de la République et de toutes les régions de l'Union européenne et qui voient leur pouvoir d'achat s'éroder régulièrement par un coût de la vie qui ne cesse de croître.

Cette population déshéritée attend des mesures d'urgence, comme une baisse substantielle et durable des prix des produits de première nécessité. Le Gouvernement est-il prêt à prendre les mesures qui s'imposent, notamment à lutter contre les monopoles et leurs surprofits ? Ce qui a été possible en métropole peut l'être à la Réunion, en répercutant au profit du consommateur les marges arrière des grandes surfaces. C'est nécessaire mais la solution durable serait un approvisionnement de l'île à partir des pays de la zone, à des coûts de départ deux à trois fois plus bas et à une distance quatre fois moindre.

Cette population attend aussi une baisse des loyers et du prix des transports en commun, ainsi que la gratuité des transports et cantines scolaires. Le Gouvernement est-il disposé à ouvrir ces chantiers avec les intéressés et les organismes concernés ?

Dans l'immédiat, il faut aussi répondre à l'attente de nos milliers de jeunes diplômés sans emploi qui voient la majeure partie des cadres de la fonction publique et du privé recrutés à l'extérieur. Leur frustration est grande.

Il est urgent de satisfaire ces revendications si vous voulez éviter que la désespérance ne se transforme en colère et en révolte. Mais il faudra aussi revaloriser les minima sociaux et les petites retraites.

La sortie de crise est aussi liée à l'élaboration d'un projet de développement global et durable. Ayons le courage, monsieur le Premier ministre, de remettre en cause les recettes utilisées jusqu'à présent dans les DOM et d'écouter les forces vives de nos pays et les institutions qui portent des projets comme le Plan régional de développement durable de la région, en cohérence avec le projet « île verte » et le projet « Réunion 2030-Gerri ». (Applaudissements à gauche)

M. Yves Jégo, secrétaire d'État chargé de l'outre-mer .  - A toutes vos questions, le Gouvernement répond oui.

Oui, le Gouvernement est prêt à mettre à plat la situation économique de l'outre-mer.

Oui à l'effort de solidarité renforcée, avec le RSA qui, outre-mer, va toucher 120 000 travailleurs.

Oui pour les cantines scolaires, dont la part financée par la puissance publique va augmenter de 20 %, à condition que ces cantines utilisent des produits locaux plutôt que d'importer de Nouvelle-Zélande la nourriture de la Réunion ou des Antilles. (Applaudissements à droite)

Oui, nous allons consacrer 54 millions à l'aide aux intrants agricoles pour améliorer la production locale.

Oui, la réunion de tout à l'heure vous montrera que le Gouvernement est déterminé à apporter des réponses à cette crise dont les racines sont profondes. Oui, nous ferons ensemble entrer l'outre-mer dans le XXIe siècle ! (Applaudissements sur les bancs UMP)

Crise à la Guadeloupe

Mme Lucette Michaux-Chevry   - (« Ah » à droite) La situation de la Guadeloupe est particulièrement préoccupante. Il règne dans mon département un climat insurrectionnel qui n'est pas acceptable sur le territoire de la République. Chacun a ses responsabilités dans la situation actuelle. L'État n'a pas su rétablir les liens entre l'île et la France métropolitaine. En 1952, le ministre de l'intérieur d'un gouvernement de gauche a fait tirer sur les travailleurs de la canne qui demandaient des hausses de salaire légitimes. (Voix à droite : « Mitterrand ! ») En 1960, c'est un gouvernement de droite qui a fait déporter des Guadeloupéens qui réclamaient l'indépendance.

Les responsabilités sont aussi du côté des collectivités territoriales. Dans mon département, comment accepter la disparition de la commande publique, le fait que le problème des ordures ménagères ne soit pas réglé, le manque d'eau, le problème des 50 pas géométriques qui demeure pendant, comme celui du fret. Quand je dirigeais le conseil général, j'ai écrit au ministre Christian Paul pour évoquer la question de la Sara et le prix scandaleux du carburant ; il a découvert cette réalité et a dû arrêter le douanier qui ne la connaissait pas.

Les responsabilités sont aussi du côté de la population, qui considère le revenu minimum d'insertion comme un salaire normal, ou de ceux qui ont développé un habitat social qui défigure cette belle île.

Les Guadeloupéens souffrent quand des métropolitains voudraient débarrasser la République de ces îles. « Qu'on leur donne l'indépendance » disent-ils. Mais vous, madame la ministre de l'intérieur, vous connaissez bien la réalité de l'outre-mer. Dites-nous comment vous allez rétablir un espace de droit sur tout le territoire national et comment vous pensez renouer les liens d'affection qui attachent ces terres lointaines à la France. (Applaudissements sur les bancs UMP)

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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 16:57
UNE TRIBUNE INTÉRESSANTE
 
"Ni pour ni contre, bien au contraire"
signé Frédéric Auro, Africain métisse jeune entrepreneur qui vit en Guadeloupe


 Je n'ai aucun mérite sur le choix du titre de mon article, c'est celui d'un film, mais qui résume bien à mon sens ce que je vis aujourd'hui suite à ce que d'aucuns appellent un "mouvement historique" et d'autres une "catastrophe économique"... Je fais bien sûr référence à la grève "fourre-tout" du LKP + Stations essence...

 Pour? Euh dans un sens on peut le dire: oui... je suis d'accord avec le fait que tout est trop cher en Guadeloupe: les loyers (par rapport au bassin d'emploi si faible), les aliments, l'EDF, l'eau, les voitures, les fringues... Il n'y a que le rhum qui soit moins cher qu'en Métropole... pour le reste, il faut être riche, propriétaire, ou ... fonctionnaire pour vivre convenablement en Guadeloupe...

 Contre ? Oui, je suis contre la méthode utilisée... prendre en otage tout ou partie de la population d'une île, avec des revendications qui frisent l'utopie marxiste, et assurément qui témoignent d'une croyance en l'existence d'un Etat-Providence en France...
Contre, aussi, cette stigmatisation du "blanc"... C'est simple, ça raille et ça rigole dès que l'on voit une photo du MEDEF avec en 1ere ligne des patrons, blancs de peau... mais pourtant bien d'ici, puisqu'ils crèent des emplois et génèrent des salaires (conséquents ou pas d'ailleurs, mais bien réels...)

 Bien au contraire? Ben c'est ce que je viens d'expliquer plus haut ;)... mais je suis surtout contratrié, contrarié par cette pensée unique qui vient d'en bas, cette pensée unique qui veut que si tu n'es pas du même avis que la masse, tu es un con, un profiteur, ou un blanc... ça m'attriste cet engouement autour d'une stigmatisation du "méchant patron", "béké profiteur", et du pauv' neg victime... Je suis déçu, et je suis vraiment attristé...

 Parce que de mon point de vue, il ya beaucoup de "noirs" en Guadeloupe qui sont blancs, sous plusieurs angles:
1. parce que moi qui suis métis: moitié français blanc, moitié ivoirien noir, (avec une moitié de vie en Afrique, et l'autre en Europe), et bien moi si je me mets à côté de bon nombre de guadeloupéens, je suis plus foncé qu'eux, donc plus noir... et réciproquement ils sont plus "blancs" que moi...
Par exemple, je suis plus noir que DOMOTA, plus noir que LUREL, et plus noir que Moueza... donc, de mon point de vue, ils sont tous blancs...

 2. Ils sont tous blancs, parce que lorsque je suis arrivé en France, fraîchement débarqué de ma Côte d'Ivoire natale, j'ai trouvé que ce qui caractérisait le mieux les blancs (du moins les français) c'était leur côté râleur... Je trouvais qu'ils râlaient pour tout, sans jamais tenir compte de ce qu'ils avaient déjà, en en voulant toujours plus, et surtout, sans être prêt à fournir le moindre effort en contrepartie de ce qu'ils demandaient... La France, le pays des râleurs qui veulent tjs plus, et surtout qui attendent tout d'une entité suprême: L'Etat...
De ce point de vue, oui je persiste et je signe, beaucoup de guadeloupéens qui se voient "noirs" sont bien blancs, et bien français! (Et très loin de l'Africain choisi comme référence...)

 Et je trouve donc ridicule, voire stupide, pour ne pas dire débile ou primitif de stigmatiser le profiteur ou le patron comme un blanc... puisque tous sont blancs, plus blancs que moi, qui suis métis, mais plus foncé qu'eux tous... Mais en fait ils ont raison, car comme presque 80% de la Guadeloupe a du sang blanc, c'est la Guadeloupe entière qui est une "profiteuse", moi y compris puisque comme vous tous j'y vis, j'y gagne ma vie, je profite de l'abattement IR de 30%, des facilités offertes par la defisc, etc...

 Et nous sommes tous des profiteurs à notre niveau:
Les grands groupes de distri parce qu'ils margent comme des porcs... mais ils embauchent, et leurs salariés sont souvent mieux traités socialement que d'autres qui bossent dans des groupes détenus par des noirs...
Les fonctionnaires, parce qu'ils gagnent 40% de + qu'en métropole, alors que les salaires du privés ne sont pas indexés sur la "vie chère" (imaginez un SMIC +40%, un RMI + 40%, des Assedic +40%, etc...). Donc les fonctionnaires sont des "profiteurs" du fait de leur statut et de leur propension à tout payer cher sans réfléchir... Ce sont eux qui dopent les prix de la consommation... ils dépensent sans compter, et qd ils n'ont plus de réserve, ils font des crédits... Ils engraissent la distri, les banques, et Soguafi, Crédit Moderne...
Les petits artisans aussi sont des profiteurs, car ils alignent leurs tarifs sur la "pwofitasyon générale"...

 Vous voyez où je veux en venir? Nous sommes tous le blanc de quelqu'un d'autre... Moi je suis celui des guadeloupéens "de base "parce que j'ai un esprit d'entreprise" et que je suis contre les grèves terroristes..
Mais le guadeloupéen de base est aussi mon blanc, parce qu'à mon sens, comparé à mes demi-frères africains, il est pourri gâté et il râle toujours, sans jamais vouloir rendre certains de ses avantages au système... il a le RMI, le RSA, les Assedic, son SMIC, ses bourses d'études, son école gratuite, son passeport européen, son Euro fort, et sa grande gueule à la française, improductive et nihiliste, avec une vue à très court terme... Mais en parachute, il a aussi ses terrains, qui valent une fortune, hérités de sa famille, mais que jamais il ne vendra pour tenter sa chance, tellement il a peur du risque et attend tout de son cher Etat Providence, sans jamais prendre de risque... ( Le Libanais, l'Arménien, Le Juif, le Chinois, eux ont tous pris des risques, en fuyant un pays, une guerre, un système, pour tout risquer dans des business qui les ont rendus prospères, ici en Guadeloupe... quand le Guadeloupéen n'a rien fait, et les traite maintenant de profiteurs...Oui oui, le guadeloupéen de base est mon "p'tit blanc à moi", pantouflard et inconscient de la situation mondiale... comparable à mon bon paysan raciste et xénophobe du fin fond de la Creuse, qui vote FN sans avoir vu le moindre arabe ou noir... mais aussi comparable à mon frère africain qui fait de la sorcellerie pour ne pas que son voisin d'une ethnie différente réussisse mieux que lui...

 Voyez quel est le niveau de ce débat "blanc" , "profiteur", "entrepreneur", ça vole très bas, n'est-ce pas...
Et ne me dites pas que vous croyez en la main providentielle de l'Etat... laissez moi rire! Votre 1er ministre vous l'a dit, il est en "faillite"... alors évidemment ils vous font des promesses... mais c'est de la poudre aux yeux, et vous finirez par tout rembourser avec les intérêts... si ce n'est vous, vos enfants, et vos petits-enfants.
L'argent n'est plus à l'Etat, il appartient au capitaliste... Et si l'Etat restreint trop ses libertés, le capitaliste se barre, avec son capital et ses emplois... et il vous laisse sur le carreau... (Mital, Ford, Tefal, Amora, les exemples sont légions ds l'actualité)

 Si le travailleur guadeloupéen prône la révolution bolchévique, il n'obtiendra que la fuite de son entrepreneur quelle que soit sa couleur (béké, blanc, chinois, juif, même noir !). Parce que les petits paradis friqués sont légion dans le monde: Dubaï, Hong-Kong, Macao, Bali, Australie, Maurice, Saint Domingue, etc...

 Voilà, je ne veux donner de leçons à personne, juste essayer de montrer le monde sous son éclairage réel, l'Etat ne peut rien pour nous et il ne peut contraindre aucun entrepreneur à long terme... juste à court terme, le temps que ce dernier déménage vers un nouveau paradis...

 Non, ne me dites pas "l'entrepreneur n'a qu'à se barrer, on fera sans lui..." mdr!!! non mes amis, ça c'est du rêve indépendantiste pour des pays émancipés dans les années 60, et qui eux ont de vraies richesses naturelles exploitables, et exportables... Résulat 50 ans plus tard: prenez donc un billet pour n'importe quelle destination d'Afrique noire... ça vous économisera une erreur fatale... ah, si on n'a pas de ressources naturelles exploitables?... n'allez pas loin: Haïti vous tend les bras (lol)

 Réveillons-nous les amis: la Guadeloupe autarcique, qui n'a besoin de personne, et qui décide unilatéralement de mesures de relance du pouvoir d'HA avec l'argent du contribuable métropolitain (le comble...) c'est une chimère...

 Une lueur d'espoir pour finir cet article trop noir? envoyez donc vos enfants (si vous en avez) à l'école, donnez leur goût du risque, l'envie d'investir, et d'influencer leur destin sans attendre du sauveur (Etat) une solution facile... c'est le plus grand service que vous pouvez leur rendre, à eux, et à vous-même...

 Et arrêtez donc de grâce, de tout ramener à la couleur de peau, ou à une vulgaire question d'égalitarisme... Plus personne n'a envie de bosser pour ceux qui ne veulent rien foutre... la Guadeloupe, c'est comme partout, le chacun pour sa gueule... à tous les niveaux... Seulement, quand tu es riche tu as tendance à être + à droite qu'à gauche, parce que tu as + de choses à perdre qu'avant... c une constante de la race humaine.

 Bonne reprise du boulot les amis.. et si vous n'aimez pas la façon de manager de votre employeur, démissionnez, allez voir ailleurs, et si vous avez le cran, hypothéquez tt ce que vous possédez et montez une boîte concurrente si vous êtes si doués que ça... Si vous n'avez pas de capital?... Référez vous aux chinois, juifs et autres... quittez votre petite île paradisiaque et trouvez un eldorado qui vous tende les bras... il est là le véritable engagement.

Avant d'imprimer ce document, réfléchissons à l'impact sur l'environnement
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