Mort, tué par balle
Un militant syndical de la CGTG a été tué d'un coup de feu près d'un barrage tenu par des jeunes dans la nuit de mardi à mercredi, à Pointe-à-Pitre.
Jacques Bino, fonctionnaire des impôts, membre du syndicat CGTG, militant du groupe Akiyo., revenait d'un meeting du LKP à la Mutualité.
Il se trouvait à bord d'une voiture dans la cité Henri-IV, une zone sensible du quartier Chanzy à Pointe-à-Pitre.
Immédiatement après la diffusion de la nouvelle, le rpéfet desforges a fait savoir : « Ce n'est pas un mort lié aux forces de l'ordre .
En accompagnant des pompiers venus porter secours à cet homme, trois policiers ont été légèrement blessés dans la soirée, par des tirs de plombs.
Les secours ont été prévenus vers 00h18 de la présence d'une personne blessée par balle dans un véhicule cité Henri-IV. Après avoir essuyé des jets de pierres et de projectiles divers, ils ont
demandé à la police de les accompagner. Vers 2h50, ils ont pu approcher du syndicaliste et constater son décès.
« Vers minuit, a confirmé le préfet Nicolas Desforges, les pompiers ont été appelés avec le Samu pour porter secours à la cité Henri-IV. Ils n'ont pu arriver sur place que vers 2 h 50. Ils ont
trouvé un homme blessé au thorax, mort. »
Le procureur de la République, Jean-Michel Prêtre, a ouvert une enquête criminelle pour meurtre. Il a affirmé que les faits s'étaient déroulés alors que tous les éclairages publics étaient éteints,
n'excluant pas que le ou les tireurs aient cru s'en prendre à un véhicule de police.
Un témoin qui se trouvait avec le victime au moment des faits,a dit que la victime a été abattue « froidement par une balle venue d'on ne sait où ».
Interrogée à la sortie du Conseil des ministres, la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a elle aussi assuré que la victime avait « vraisemblablement » été tuée par des tirs d'un
barrage.
André-Jean VIDAL
Lourd bilan
Outre le décès du syndicaliste, la cellule de crise de la préfecture a établi un bilan des affrontements de la nuit, recensant 15 commerces pillés — dont la bijouterie Ody Gombault-Saintonge et
Lynx Optique, à Destreland/Baie-Mahault, pris d'assaut par une centaine de jeunes gens des quartiers voisins —, 7 établissements incendiés — dont la Gup à Dugazon/Les Abymes, Peugeot
Auto-Guadeloupe, à Bergevin/Pointe-à-Pitre, Mr Bricolage de Capesterre-Belle-Eau, la concession Cama-Renault de Baillif —, 21 véhicules brûlés, 13 interpellations et une soixantaine d'interventions
de pompiers.
Des barrages partout
Au cours de la nuit de mardi à mercredi, les barrages se sont encore multipliés en banlieue pointoise, rendant la circulation très difficile. Néanmoins, l'aéroport de Pointe-à-Pitre a été maintenu
ouvert ainsi que les structures portuaires. Cependant, rares sont les automobilistes à se risquer sur les principaux axes routiers de la région pojntoise.
ILS ONT DIT
« L'Etat français est responsable de ce qui s'est passé. »
Elie Domota, secrétaire général de l'UGTG
Je ressents de la tristesse mais surtout de la colère. Ça fait quatre semaines que nous n'avançons pas. L'Etat français est responsable de ce qui s'est passé.
« Je veux une Guadeloupe qui discute, qui se comprend »
Victorin Lurel, président du conseil régional
Un homme est mort. Sa famille pleure. La Guadeloupe pleure. Et j'entends les mêmes discours. M. Domota n'a pas changé de discours. J'entends un Etat qui s'est éloigné, un patronat qui ne répond pas
aux attentes. M. Domota veut une victoire par l'anéantissement.
Je veux une Guadeloupe qui discute, qui se comprend.
« L’heure est au deuil »
Jules Otto, secrétaire fédéral du PS
L’irréparable est arrivé : le sang a coulé ! L’heure n’est pas à la polémique, l’heure est au deuil. La fédération guadeloupéenne du parti socialiste transmet l’expression de
sa tristesse, et ses sincères condoléances aux membres de la famille de Jacques Guignon et à son syndicat la CGTG. Le temps viendra de la recherche des responsabilités, l’instant est au
recueillement autour de la dépouille d’un militant et au rassemblement autour de ses proches. Quelle que soit la main qui tenait l’arme, c’est d’abord la violence elle-même qui est la première
coupable. La Fédération de Guadeloupe du Parti Socialiste demande que cessent les appels à la surenchère des uns, répondant à la succession des dérobades des autres. Elle appelle à
une trêve dans le conflit actuel, pour que toute la famille guadeloupéenne puisse se réunir dans une douleur commune et retrouver la sérénité nécessaire à la réconciliation. Nous
pouvons nous opposer, mais aucun conflit social aussi légitime soit –il ne justifie la mort d’un homme. La violence ne doit pas triompher, l’heure est à la tristesse pour mieux
retrouver notre fraternité.
« Il y a une grande expression de souffrance »
Lucette Michaux-Chevry, sénateur
J'essaye de travailler avec les ministères pour voir quelles solutions concrètes dégager. Il y a une grande expression de souffrance d'abandon et nous attendons du président de la République
qu'il exprime un message de compréhension.
Les escales annulées
A noter l'annulation des escales des navires suivants :
- MARIN (RoRo) du jeudi 19 février ;
- CMA-CGM ST LAURENT (porte-conteneurs) du jeudi 19 février ;
- HONDURAS STAR (porte-conteneurs) du jeudi 19 février ;
- SPIRIT STAR (RoRo + passagers) du jeudi 19 février ;
- THOMSON DESTINY (croisière) du jeudi 19 février ;
- CLUB MED 2 (croisière) du vendredi 20 février.