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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 19:19

     
  Lettre d'une guadeloupéenne    
 




Voici quelques pensées, en vrac qui me trottent dans la tête depuis que ce mouvement s’est amorcé. Si le message te parle, Tu peux le diffuser dans ton cercle et au-delà.


A tous les dirigeants & militants syndicaux du Lyannaj kont pwofitasyon,
Vous êtes contradictoires dans vos propos, dans votre essence.
1)      Vous militez pour la liberté de votre peuple, mais vous en reniez une, fondamentale. Le LIBRE ARBITRE. Dieu lui-même (pour ceux qui y croient) a laissé le libre arbitre à l’homme dans le jardin d’Eden.   Pour qui vous prenez-vous donc ?
Vous dites que les patrons prennent les employés pour les enfants, mais vous, que faites-vous, quand vous me faites quitter mon lieu de travail ? n’est-ce pas me traiter comme un enfant ?
Respectez le droi t de la libre circulation, libre entreprise, et simplement le droit à la liberté.
Je ne VEUX PAS faire grève. Je VEUX aller travailler. Vous n’avez pas le DROIT de m’en EMPECHER.
La liberté des uns, commence, où s’arrête celle des autres.
Pourquoi me faire sortir de mon entreprise, quand J’AI DECIDE de ne pas soutenir un mouvement de grève qui ne me parle pas.
Je n’ai jamais été consultée pour savoir si j’approuvais une seule des 123 revendications.
2) Vous reniez le gouvernement que vous avez mis en place, vous reniez votre appartenance à une société colonialiste, capitaliste.     Mais vous leur demandez plus d’aides, 100 millions d’euros ???????
Vous n’aimez pas l’américain, mais vous aimez ses biscuits’ – proverbe de chez nous
3) Une société en crise, réduit sa consommation. Ce qui n’est pas le cas chez nous.
Vous voulez de belles routes, de belles voitures, de belles maisons, de belles chaussures, de beaux vêteme nts, toute sorte de belles choses. Vous buvez du champagne, du whisky, vous vous endettez pour fêter noël. Et un mois plus tard, vous vous plaignez à l’État de votre faible POUVOIR D’ACHAT    
Soyez crédibles dans vos propos.
Décembre 2008, est je crois, la période de fin d’année où j’ai vu le plus de voitures à Jarry, dans les centres commerciaux.
Des caddies pleins à ras bord, une consommation à outrance, poussée à l’excès. Tellement mes compatriotes ont dépensé à Noël, ils n’avaient plus d’argent pour faire les soldes qui ont commencé le 3 janvier.
Mangez des ignames, des pois d’angole, du cochon local, buvez du jus de groseille, du rhum de chez nous, chantez les cantiques, allez chez les voisins….
Pas besoin de robes hors de prix ni d’aller chez le coiffeur pour visiter la famille.
Apprenons à vivre simplement, et là, nous pourrons parler de pouvoir d’achat. Vous dépensez des sommes folles dans le Carnaval.
Quand il n’y a pas d’argent, la première chose qui saute, c’est le superflu   Sauf en Guadeloupe.
4) Je me suis cassé le derrière à l’école. J’ai appris, aujourd’hui, j’occupe le poste que je MERITE.
Je ne le dois à aucun syndicat, ni à aucune revendication.
J’ai appris des langues étrangères, au collège, au lycée, comme tout le monde qui va à l’école en Guadeloupe. Mais je n’ai pas considéré ça comme une perte de temps.
C’est ma ténacité, mon envie de progresser qui m’ont mise là où je suis aujourd’hui. Tout le monde part avec les mêmes cartes dans la vie.
Un enfant, c’est une page blanche. (je ne sais plus qui a dit ça).
Après, il faut avoir envie de faire quelque chose, et s’en donner les moyens. Yes we can, right ?Régulariser les transporteurs clandestins ???
J’ai sué, j’ai utilisé mon intelligence, mes compétences pour obtenir la capacité de transport. Pourquoi régulariser les personnes qui ne l’ont pas ?
Dans ce cas, que tout le monde gagne 5000 euros par mois qu’ils aient fait des études ou non, qu’ils aient des compétences ou non, qu’ils soient cadres ou caissières.       Simplement, La vie, c’est pas ça.
5) Vous vous ridiculisez aux yeux des ‘blancs’ que vous méprisez tant. Quand ils s’adressent à vous, ils maîtrisent leur sujet, sans avoir les yeux rivés sur une feuille.   
Vous n’êtes pas capable de faire un discours sans LIRE.
Quand des mots viennent du coeur, on n’a pas besoin de LIRE.   Vous n’êtes pas crédibles.

6) Vous militez contre le racisme, mais vous le pratiquez et le revendiquez ouvertement. Embauche prioritaire aux Guadeloupéens ?
Entre un Blanc ou un Asiatique qui a exactement le profil que je recherche et un Guadeloupéen qui n’est pas compétent ?
Je choisis sans hésiter l’étranger qui travaille bien.
Je ne suis pas nèg a tou pri.
Je suis noire et fière de l’être mais je reconnais la valeur des gens, comme l’a voulu Martin Luther King, que vous mentionnez si souvent, dans son fameux discours, I have a Dream,
« J’ai l’espoir qu’un jour, mes enfants seront jugés, non sur la couleur de leur peau, mais sur leur personnalité »
Je ne me sens pas esclave pour un sou. Je ne renie pas mon passé. Je sais d’où je viens mais ce n’est pas mon moteur. Je ne ramène pas le problème de la race dans tous les aspects de ma vie.
Y’a des cons partout et c’est là le seul racisme que je m’autorise : j’aime pas les cons.
7) Vous demandez 200 euros net de plus sur les salaires.
Comment un petit garagiste qui a eu le mérite de vouloir ENTREPRENDRE, pourra-t-il payer ses mécanos 200 euros de plus par mois (sans parler des charges sociales qui paient ceux qui ne foutent rien), si il n’a pas d’activité justement A CAUSE DE VOTRE GREVE.
Vous ne dîtes pas à ceux qui vous suivent, que les jours de grèves ne sont pas rémunérés, sauf pour les représentants syndicaux.
Ils vous suivent en bons moutons de panurge, mais ce n’est pas vous qui paierez leurs factures,
les traites de la Soguafi.
Les prélèvements sur leurs comptes bancaires ne font pas grève.
Presque tous les dirigeants des organisations syndicales de chez nous, travaillent dans le public.
Ce n’est pas l’Education Nationale, ni la Sécurité Sociale qui mettront la clé sous la porte demain. Leur emploi est assuré, leurs revenus sont assurés.
Qu’ils vous parlent des heures de délégation syndicale.
Mais les petits, qui sont simplement syndiqués, comment feront-ils ?
Je travaille dans le privé, et après 1 semaine de grève, on voit déjà les dégâts.
Avec un mouvement qui dure et perdure, nombre de petites entreprises, qui n’ont pas les reins solides, seront forcées de mettre la clé sous la porte.
Et voilà le devenir des petits travailleurs que soi disant vous défendez.
Réfléchissez un peu. Quand vous faîtes grève, faîtes-le de façon intelligente.
Arrêtez de tuer le pays.
En fait, vous ne recherchez qu’une chose, l’indépendance.
Le jour où la France en aura marre de ce tonneau des Danaïdes, un trou sans fond où se déversent aides et subventions, contributions, allocations, pour une population toujours en train de pleurnicher parce qu’elle en veut toujours plus, elle s’en ira.

Et là vous verrez ceux qui aiment vraiment la Guadeloupe, et ceux qui recherchent le pouvoir.
Nous avons l’exemple d’Haïti.
Ce sont des noirs qui s’entretuent, des noirs qui créent le malheur chez leurs frères
Parce que tous ceux qui décident de bloquer le pays aujourd’hui, qui veulent faire la pluie et le beau temps, ce sont ceux là même qui seront nos Papa Doc, nos Aristide de demain.

Ce jour là, je vous le dis franchement, AN KA FOUKAN. (Pas besoin de traduction)J’aime mon pays, mais en ce moment, j’ai honte d’être Guadeloupéenne, à cause de certains, qui « parlent en mon nom ». A tous ceux qui pensent comme moi, faites le savoir pour revendiquer un droit élémentaire :     
LE LIBRE ARBITRE.
 
 


Bonjour à tous et à chacun !

Pour un complément d’infos, je vous fais part de la part de son auteur, Gérard DORWLING-CARTER de l’existence d’un site regroupant pas mal d’articles, infos et autres opinions sur le sujet du moment :
 
http://www.meetaw.com/SIB_V5_MEETAW/BaseDocumentaire_V5.nsf/WebAccueil2!OpenForm <http://www.meetaw.com/SIB_V5_MEETAW/BaseDocumentaire_V5.nsf/WebAccueil2!OpenForm>

Cela pourra servir à varier et enrichir les points de vue qui vous informent et rester mieux à jour !
 
A la grâce du collectif !
plb
 
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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 19:18
Bonjour,
 
Concernant la grève générale en Guadeloupe j'aurais aimé que vous publiez cette info :
 
"
On entend souvent que les entreprises ne peuvent pas payer l'augmentation de 200 € nets demandée par le collectif LKP. Un calcul simple montre qu'en préférant laisser le conflit perdurer, les patrons font le choix d'une perte sèche plutôt que de partager leurs profits avec leurs salariés.
 
Nous avons entendu pendant les débats qu'il y a 169000 salariés en Guadeloupe. Si une augmentation de 200 € nets (280 € chargés) avait été accordée à partir du 1er avril (impact sur 9 mois en 2009), le coût annuel pour l'économie locale aurait été de 169000*280*9 soit 425,880 millions d'euros.
 
Or le patronat crie sur toutes les ondes qu'il perd 23 millions d'euros par jour à cause de la grève. Et nous sommes au 19e jour de grève, ce qui correspondrait à 437 millions de perte.
 
En laissant pourrir le conflit, le patronat a sciemment laissé partir en fumée, une somme qu'ils auraient pu partager avec leurs salariés Guadeloupéens en acceptant de négocier dès le début du conflit.

Ils nous prennent vraiment pour des C….
 
Les ministres disent à qui veut bien les entendre, qu’en 2008, la France a donné à la Guadeloupe, 5.830,00 euros par habitant.
 
Faisons un peu de mathématique.
 
Voyons ce qu’un guadeloupéen moyen, célibataire, qui touche un salaire brut de 1.500,00 euros, donne à la France.
 
Un salaire mensuel de 1.500 euros correspond à un salaire Net de 1.117,50 net et à 382,50 de charges salariales. Soit annuellement, un salaire brut de 18.000,00 et des charges salariales s’élevant à 4.580,00.
 
Nous sommes déjà presque à 5.830,00, mais ce n’est pas tout.
 
A ces 4.580,00 il faut ajouter :
L’impôt sur le revenu : 700,00
La TVA 1.139,85 (La tva est de 8,5 sur presque tout ce que nous achetons)
 
Marchandise importée de France environ 5.400,00 (plus de 40 % de ce que nous dépensons retourne en France)
 
Soit un total de 11.829,85 euros versés à la France.
 
Tout cela sur un Brut annuel de 18.000,00 euros.
 
A cela il faut ajouter d’autres retenues qui vont directement dans les caisses de la France : impôts indirects, contraventions (dont radars !!!), recettes des douanes et autres ….
 
Vraiment !!! Pour qui nous prennent-ils?
Nous sommes des « valseuses » assistées qui rapportons quand même gros à la France qui jouerait bien son rôle de Célestine… !!!"
 
Merci.
 
J-Marc L.
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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 14:51
L'UNSA POLICE LÈVE LE LIÈVRE


L'UNSA Police nous fait parvenir ce document que nous publions avec plaisir.


La Guadeloupe nous le savons,
est victime d'une immigration irrégulière
sans cesse grandissante…
Face a ce phénomène, les fonctionnaires de la Police Aux Frontières, singulièrement, celles et ceux des
Unités Judiciaires, se battent sans compter pour essayer d’endiguer ce triste constat.
Leur action contre l'immigration clandestine, est sans exclusive, parce qu’ils sont des professionnels
respectueux des lois de la République.
Pour mener a bien cette mission ils ont - et nous le comprenons - besoin du soutien sans faille de la
hiérarchie.
Mais hélas, trois fois hélas, que constatons-nous ?
- Que la Direction Départementale de la Police Aux frontières a changé la règle du jeu, en faisant de ses
unités (BMR), une force de chasse principalement axée sur une catégorie de clandestins sans lobby.
A maintes reprises, les fonctionnaires ont eu à interpeller des Syro-libanais en situation irrégulière depuis
plus de cinq ans et ils remarquent :
- Qu'après la visite des membres du lobby syro-libanais, notre hiérarchie a oublié la mission essentielle qui
consiste à lutter contre l'immigration clandestine. Elle devient l’avocat de ces clandestins « privilégiés » qui
sont relâchés sans qu'aucune mesure de rétention ne soit prise à leur encontre.
Alors que les ressortissants de la République d’Haïti avait été très durement touché par une succession de
cyclones l’année dernière. Pourquoi cette même hiérarchie oblige la BMR à appliquer sans pitié les mesures
de reconduite à la frontière à l'égard des haïtiens? 
Il est vrai qu'ils n'ont pas de grand magasins rue Frébault à Pointe à Pitre.
Les fonctionnaires de Police sont outrés par une telle attitude.
Notre Organisation dit « NON » à cette forme de discrimination et s’interroge sur cet état de fait.
L’UNSA-Police le Syndicat Unique espère que certaines personnes issues de la hiérarchie de la PAF en
Guadeloupe ne sont pas atteints par le Virus de la Préfecture de Guyane.
Nous ne voulons pas croire au retour des vieux démons des heures sombres de notre histoire en se refaisant
les artisans du principe honni par tous
« Des Unités de Police composées majoritairement de Nègres
pour interpeller d’autres Nègres. »
« Celui qui accepte le mal sans lutter, coopère avec lui», et c’est en ce sens que l'UNSA-Police le
Syndicat Unique dénonce très fortement cette attitude honteuse de la DDPAF, qui axe les interpellations
essentiellement sur une catégorie ethnique en l’occurrence les Haïtiens. Il interpellera la LICRA et la
DCPAF afin que toute la lumière soit faite sur cette affaire, qui déshonore la REPUBLIQUE.
« Une injustice commise quelque part est une menace
pour la justice dans le monde entier. »
(Martin Luther King)
NON A LA SEGREGATION
Février 2009    
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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 13:14
Ce lundi...

Les négociations reprennent ce lundi. Les partisans du LKP sont devant la Mutualité, à Pointe-à-Pitre, avant de se rendre en masse, comme l'a demandé Elie Domota, porte-parole de Liyannaj kont Pwòfitasyon.
Que faut-il attendre de cette nouvelle réunion de négociation ? Pas grand-chose, si l'on en croit le discours d'Elie Domota (voir enterrement de Jacques Bino - 22/02/09). Les patrons, dont le GHTG (hôteliers) vont « faire des propositions » (voir Le « terrible » M. Vion). Le Collectif des entrepreneurs de Jean-Yves Ramassamy aussi.
Les barrages n'ont pas été remis sur les routes sauf à Morne-à-l'Eau.
Les entreprises ne travaillent pas.
Il n'y a pas école.
Sur le port, les paquebots boudent l'escale et trois semaines de conteneurs attendent d'être livrés.
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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 12:59
François Fillon appelle à « garder son sang froid »

Le Premier ministre François Fillon a demandé lundi à « chacun », notamment à l'ex-candidate PS à la présidentielle Ségolène Royal, de « garder son sang froid et de laisser les partenaires sociaux discuter » en Guadeloupe.
« Je demande à chacun, à Mme Royal comme aux autres, de garder son sang froid et de laisser les partenaires sociaux discuter » en Guadeloupe, a déclaré M. Fillon lors d'une conférence de presse au Salon de l'Agriculture à Paris.
« Ils sont à même de le faire, ils ont les éléments pour trouver une solution. C'est entre leurs mains que la situation repose », a-t-il ajouté..
« Je fais toujours attention aux conseils de Mme Royal, mais aujourd'hui l'intérêt général c'est de faire en sorte que la discussion ait enfin lieu » entre patronat et syndicats guadeloupéens, a-t-il dit.
« Il n'y aura pas de miracle ni apporté par Mme Royal, ni apporté par François Fillon », a-t-il poursuivi.
Dimanche, la présidente de la région Poitou-Charentes, qui s'est rendue à Pointe-à-Pitre, avait notamment reproché à « ceux qui nous gouvernent » de rester « enfermés dans leurs palais dorés », et demandé au Premier ministre François Fillon de venir assister aux négociations sociales en Guadeloupe.

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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 12:58
Jégo : le PS « joue la mouche du coche » en Guadeloupe

Le secrétaire d'Etat à l'Outremer Yves Jégo a regretté lundi que le Parti socialiste « joue la mouche du coche » et « essaie de jeter de l'huile sur le feu » en Guadeloupe et il a réaffirmé que sa démission n'était pas à l'ordre du jour.
« Le PS joue la mouche de coche, essaie de jeter de l'huile sur le feu et je trouve que ce n'est pas très digne face à une crise dont chacun comprend bien qu'elle est compliquée. D'ailleurs, moi j'attends toujours de savoir de la part du PS quelles sont ses solutions », a déclaré M. Jégo sur LCI.
« Il y a un temps où il faut être en Guadeloupe, j'y ai été beaucoup. Il y a un temps où il faut travailler les solutions à Paris », a-t-il répliqué à François Hollande. Peu avant, l'ancien premier secrétaire du PS avait déploré l'absence de représentants du gouvernement aux obsèques du syndicaliste guadeloupéen.
« Il y a une tentative de récupération, de politisation », a également déclaré M. Jégo, commentant les déclarations de Ségolène Royal en Guadeloupe. Selon lui, « c'est trop facile de venir dire : "c'est la faute au gouvernement, c'est la faute au président de la République" ».
Dimanche, l'ex-candidate PS à la présidentielle avait demandé au Premier ministre François Fillon de venir assister aux négociations sociales en Guadeloupe.
M. Jégo a par ailleurs réaffirmé que sa démission n'était « pas à l'ordre du jour ». Mais « si demain ou après-demain le Premier ministre ou le président de la République me le demandent, je le ferai dans la seconde », a-t-il dit.
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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 12:57
La tentation du retour évoquée par certains métropolitains
   
Lassés d'une grève qui s'est traduite entre autres par la fermeture des écoles depuis un mois, parfois confrontés pour la première fois de leur vie à des insultes racistes, des métropolitains blancs installés en Guadeloupe avouent penser quitter l'archipel.

« Dans l'année qui vient, on va assister à une vague importante de départs de Blancs installés en Guadeloupe pour la Métropole, les gens en ont marre », assure Bertrand Vallet.
« Le slogan du collectif LKP (qui anime la grève depuis plus d'un mois), "La Guadeloupe c'est à nous, c'est pas eux", vise les blancs et c'est un slogan raciste », poursuit ce commerçant de Sainte-Anne.
Il affirme s'être fait tabasser par des syndicalistes parce qu'il refusait de fermer son magasin de photo, a déposé plainte et a décidé de rentrer avec sa famille en métropole.
Selon des Guadeloupéens, le "eux" du LKP stigmatise les Békés, des blancs descendant des anciens planteurs esclavagistes, alors que beaucoup de métropolitains estiment que ce sont tous les Blancs qui sont visés.
Chez un couple de voisins de M. Vallet, excédés par la grève des enseignants, la mère est déjà rentrée dans l'Hexagone avec ses deux enfants de 6 et 8 ans. Le père finira l'année scolaire dans l'île avant de rentrer à son tour.

« Foutre le camp »
Un publicitaire âgé de 50 ans, qui préfère garder l'anonymat est installé en Guadeloupe avec sa femme depuis 5 ans. Alors qu'il s'approchait d'un barrage, il assure avoir été menacé par un Noir qui a hurlé: « A chaque Noir blessé, je tuerai un Blanc ».
Et des jeunes gens circulant à vélo, une machette à la main leur ont crié en créole de « foutre le camp de la Guadeloupe ». Depuis cet incident, quelque chose s'est brisé chez cet homme qui commence à consulter les offres d'emplois.
Rodolphe, employé par une grande organisation internationale, est arrivé sur l'île il y a huit ans mais il pense partir bientôt. « Depuis le début de la grève, estime-t-il, les rapports entre Blancs et Noirs ont changé, un racisme latent s'exprime de plus en plus ouvertement dans les débats télévisés ».
« Lorsqu'Elie Domota, leader du LKP, déclare "La France a choisi sa voie naturelle, celle de tuer des Guadeloupéens", c'est du mensonge qui crée du racisme », estime t-il.
« Si à Paris, des Français blancs défilaient pour dire la France, c'est à nous et pas à vous, les minorités crieraient au racisme », ajoute Rodolphe.
Manuela Jacob, professeur d'anglais depuis 9 ans en Guadeloupe, estime que « la lenteur de la réaction de l'Etat a accentué le ressentiment contre la métropole, et par ricochet contre les métropolitains ».
« Ce qui s'est passé n'est pas pour apaiser les regards sur les blancs considérés comme des colonialistes », dit-elle. Son compagnon, Abdennebi Omrame, professeur d'université, ajoute que « cela fait mûrir notre réflexion sur un départ anticipé ».
Marié à une antillaise, père de trois enfants métis, Laurent Petit, assureur, ressent cette « banalisation du discours raciste » mais « dans une petite minorité » seulement visant « aussi bien les Blancs, les Indiens, les Chinois accusés de profiter des Noirs ».
« Je compte rester ici avec ma famille, mais j'espère que cette page sera vite tournée », dit-il.

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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 12:41
La Guadeloupe cé ta nou

La Guadeloupe cé ta nou, la Guadeloupe cé pa ta yo :
La Guadeloupe c'est à nous, la Guadeloupe n'est pas à eux!!! ... idem pour la Martinique
ta yo, en français = à eux
A vous, amis sincères, de métropole et d'ailleurs, vous qui aimez nos pays des DOM,
A vous qui avez transcendé les clivages de race, de couleur d'épiderme ou de texture capillaire, pour
voir en nous l'Homme avec un grand H dans sa dignité.
A vous qui nous avez aimés, à l'exemple de l'abbé Grégoire, de Victor Schœlcher et de bien d'autres
encore qui comme vous ne figureront peut-être jamais aux tableaux des honneurs de la République,
A vous je demande de diffuser cette lettre auprès du cercle de vos connaissances pour des raisons
que vous comprendrez afin dis-je:
Que tous sachent, contrairement à ce qui a été dit sur certaines antennes, qu'il n'y a point de racisme
dans nos propos (le « ta yo »), mais seulement le désir de nous approprier (le « ta nou ») une part de
vie décente dans ces territoires confisqués par une poignée de profiteurs de toutes origines.
Que tous connaissent le mépris avec lequel nous, peuples domiens, fiers dans notre "bâtard
métissage", avons été jusqu'à ce jour traités par tous les gouvernants français (de gauche comme de
droite) qui se sont succédés à la tête de l'état.
Qu'ils comprennent que nous ne demandons ni l'aumône de l'assistanat des contribuables français
métropolitains, ni l'indépendance de notre fierté mal placée, mais la juste reconnaissance d'une
République ingrate dans son passé, qui a beaucoup de difficultés à regarder en face ses vieux
démons coloniaux.
Qu'ils considèrent la honte dont est revêtue cette nation dite des droits de l'homme, qui est aussi la
nôtre et qui lors de l'abolition de l'esclavage (davantage sous la pression des lobbies betteraviers
français de l'époque que par élan humanitaire) en 1848 s'est trouvé obligée de dédommager les
"pauvres" possesseurs d'esclave plutôt que ceux qui avaient subi pendant trois siècles les sévices des
esclavagistes, les livrant poings et mains liés, sans terre et sans moyen de subsistance économique
entre les mains de leurs anciens et aujourd'hui nouveaux "maîtres" toujours au service des intérêts
coloniaux de la métropole.
Qu'ils sachent que c'est de cette iniquité historique que découle le système discriminatoire actuel que
l'on connait dans nos contrées. D'une part, les descendants des anciens colons (békés bien-nés et
possédant tout ou presque), auxquels se sont rajoutés les nouveaux profiteurs du système capitaliste
(nègres, indiens, chinois, syro-libanais ou mulâtres etc. …) et d'autre part, la grande majorité de nos
populations, ceux qui n'ont pas eu la chance de s'insérer dans les basses classes de la fonction
publique. La classe A étant pour une simple raison de mathématique démographique nationale (loi du
plus grand nombre oblige bien sûr, mais cette fois-ci au nom de l'égalité), presque exclusivement
occupée par nos compatriotes métropolitains, augmentant ainsi le sentiment d'injustice.
Qu'ils sachent que ces territoires sont, toujours dans la logique coloniale française, des zones de
consommation réservées aux grandes sociétés métropolitaines y compris du bâtiment, des travaux
publics, du traitement et la distribution de l'eau etc. …, (dont tous les hauts salaires reviennent aux
métropolitains) sans parler du scandale du prix des carburants de sorte que l'argent, gracieusement
distribué en aumône par l'état français est en grande partie récupéré sous forme d'importation en
quasi-totalité provenant de la métropole ou en dividendes retournant en métropole au lieu de servir au
développement local.
Qu'ils sachent que l'Etat français dans son extrême bienveillance, leur a concocté un système fiscal
unique parmi les départements de la République consistant à percevoir sur toutes les importations (y
compris les produits alimentaires de base) des taxes scélérates d'octroi de mer afin de financer eux
même par ces taxes douanières le budget de leurs communes. Ainsi c'est la consommation des
produits importés qui permet aux communes domiennes de vivre.
Quid de la non-volonté de développer les productions locales (par ailleurs en partie empoisonnées au
chlordécone par les mêmes profiteurs agissant sous bénédiction de l'Etat) afin de ne pas devoir leur
donner une dotation équivalente à ce que perçoivent toutes les communes de la France continentale
comme dans le Cantal ou la Corrèze ou les communes insulaires comme en Corse.
Notons ici que la Corse, qui est toute proche du continent, reçoit une dotation de continuité territoriale
dont les lointains DOM sont généreusement exemptés en tant que sous-citoyens.
 
Essayons d'imaginer un seul instant les corses devant payer un petit octroi de mer (méditerranéen)
sur toutes les marchandises en provenance du continent pour financer leurs budgets communaux …
Je vous le dis, c'est dans les jardins de l'Elisée que les bombes "pèteraient".
Qu'ils sachent que ces taxes d'octroi de mer, perçues en amont sur le coût des marchandises
ajouté au fret le plus cher de la planète sont de fait, génératrices de marge pour les importateurs
néocolonialistes dûment confortés dans leurs privilèges de profiteurs par l'absence total de contrôle
des prix par les services de l'Etat qui agit ainsi en véritable receleur de malfaisance.
Qu'ils sachent qu'en dehors de l'éducation à minima offerte par l'école publique, rien n'a jamais été
engagé dans nos territoires afin de nous permettre de sortir de notre marasme structurel et nous
autoriser à nous considérer comme des français à part entière au sein des valeurs d'égalité prônées
pompeusement par notre République hypocrite toute prête à donner des leçons au monde entier.
Qu'ils sachent que la moutarde de l'injustice accumulée depuis plusieurs siècles, amplifiée par la crise
internationale nous est montée au nez et que nous avons décidé de péter les plombs.

Cette tribune libre court sur le Net. forumguadeloupe@gmail.com
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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 01:32
La crise guadeloupéenne entre dans sa cinquième
semaine

Par Alex Céleste, Haut fonctionnaire ultramarin      le 19 février 2009
          
La  mobilisation « contre la vie chère, les situations de rente et les profiteurs », organisée par le collectif
LKP, se traduit depuis cinq semaines par le blocage de la Guadeloupe et par de nombreuses
manifestations, de plus en plus violentes. La paralysie de l’activité économique, notamment par la
fermeture forcée d’entreprises et la privation de carburants opérée par le LKP, aura de fâcheuses
conséquences sur le développement de l’île et sur son image. 
 
Les véritables enjeux de la crise ne résident pas simplement dans une lutte contre la vie chère – par
ailleurs justifiée. En réalité, les objectifs du collectif LKP sont ambigus. Il faut placer ses revendications
réelles dans la perspective de la consultation du 7 décembre 2003, qui a vu 75% des Guadeloupéens
rejeter une modification du statut de l’île. Emmené par des responsables politiques de tendance
régionaliste, ce mouvement contient des éléments dont le réel motif pourrait être de prendre dans la rue
une revanche sur les urnes. 
 
Il faut cependant saluer certains aspects de ce mouvement populaire, à savoir qu’il accélère la prise de
conscience de la population, des élus et de l’Etat sur l’urgence de lutter contre les abus de sociétés
métropolitaines. Il a également dénoncé les inégalités de la société antillaise, et mis en lumière la
nécessité de moderniser les rapports interraciaux. 
 
Contrairement aux autres acteurs dans l’île, le LKP affiche une grande cohérence dans son attitude et
ses méthodes : La division du travail opérée entre la couverture « idéologique » des plus anciens et un
leader charismatique rompu aux techniques de communication semble fonctionner parfaitement.
Cependant, les méthodes utilisées, de plus en plus radicales, sont éminemment contestables en pays
démocratique. 
 
L’Etat a commis de nombreuses approximations dans la gestion de la crise. Les négociations-
spectacle organisées au début de la crise, les promesses intenables du secrétaire d’Etat puis son départ à
la dérobée de l’île ont illustré les dysfonctionnements dans la gestion interministérielle de l’outre-mer et,
pour tout dire, le désintérêt du Gouvernement pour les questions ultramarines. 
 
Le paysage politique guadeloupéen a été durablement affecté par cette crise. Les élus locaux,
divisés par l’appel d’air du mouvement, avec les effets d’aubaine qu’il comporte évidemment, sont bien
peu nombreux à défendre une sortie de crise démocratique. Les lignes tracées par le mouvement rendent
cependant difficile la position des élus locaux. 
 
 
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Les chefs d’entreprises peinent à trouver la voie du dialogue social. Il est à regretter que les grandes
entreprises métropolitaines ne fasse pas preuve de plus de bonne volonté, tant dans leur communication
que dans les efforts qu’elles réalisent effectivement. 
 
Quant à l’opinion publique, dans laquelle réside tout l’enjeu de la crise, elle est partagée. Le
système démocratique ouvert depuis la départementalisation, s’il présente des avantages incontestables,
n’est pas parvenu à effacer les blessures du passé. La situation sociale de l’île, marquée par le chômage
et les inégalités, contribue à rendre attractif le mouvement qui semble s’intéresser aux difficultés
quotidiennes de la population.  
 
Dans une situation aussi incertaine, il reste à faire confiance aux différents acteurs pour éviter une
aggravation violente de la crise. 
 
La Guadeloupe entre dans sa 5ème semaine de crise et celle-ci se durcit. Cette crise ne trouve pas ses
origines uniquement dans les problèmes de pouvoir d’achat. Ses ressorts sont multiples et complexes.
 
Une tentative de description des faits, des véritables enjeux et de l’attitude des différents protagonistes
permet de mieux mesurer cette complexité.
 
1 - LE MOUVEMENT EST D’UNE AMPLEUR INCONTESTABLE ET IL A REVELE UNE
LEGITIME EXASPERATION FACE A DES SITUATIONS DE RENTE INJUSTIFIEES
 
Le collectif « Liyannaj Kont Pwofitasyion (LKP)» a lancé le 20 janvier 2008 un mouvement de protestation
présenté comme une mobilisation contre la vie chère, contre les situations de rente et contre les
« profiteurs ».
 
Ce mouvement, discrètement et soigneusement préparé, depuis plusieurs mois, a surpris les institutions
publiques par l’efficacité de son organisation et par son ampleur.
 
Le collectif LKP qui est un regroupement hétéroclite d’une cinquantaine d’organisations diverses,
associatives et syndicales, est en réalité animé et contrôlé par des leaders syndicaux nationalistes,
autonomistes ou indépendantistes selon le registre sémantique retenu. Ces animateurs rompus à la lutte
syndicale et politique ont remarquablement organisé la paralysie de l’île, d’abord en la privant de carburant
car ils contrôlent une partie importante du réseau de distribution, ensuite en faisant fermer les
établissements d’enseignement puis en contraignant les entreprises à la fermeture.
 
Il ne s’agit donc pas véritablement d’un mouvement de grève, les grévistes étant relativement peu
nombreux, sauf peut-être dans l’éducation nationale où des problèmes spécifiques se posent. 
 
 
3
En revanche, il s’agit d’un mouvement efficace de blocage de l’île et d’une mobilisation forte, les
manifestations les plus nombreuses ayant pu rassembler entre 10 et 20.000 personnes, ce qui est
exceptionnel pour le département.
 
Depuis plus de quatre semaines donc, l’activité est considérablement perturbée avec d’énormes difficultés
pour circuler du fait de la pénurie de carburants, avec la fermeture des établissements d’enseignement,
avec des problèmes de ravitaillement pour les familles, les supermarchés étant contraints à la fermeture et
avec un grand nombre d’entreprises dans l’impossibilité de fonctionner…
 
Depuis le 16 février, des barrages routiers sont organisés par le collectif et entraînent des actes de
violence et donc des opérations de maintien de l’ordre.
 
Les conséquences en termes de pertes d’emplois et de dépréciation de l’image de l’île, notamment d’un
point de vue touristique, seront probablement majeures.
 
2 - LES VERITABLES ENJEUX SONT AILLEURS QUE DANS LES QUESTIONS DE
POUVOIR D’ACHAT :
 
Pour comprendre la crise guadeloupéenne, il faut savoir que, derrière les protestations contre la vie chère,
justifiées mais en réalité subsidiaires pour les animateurs du LKP, se cachent des enjeux politiques et
donc de pouvoir que la population tarde à déceler.
 
Dirigé par des indépendantistes et appuyé par des responsables politiques de tendance nationaliste, le
mouvement LKP est une tentative, pour ses leaders et pour les élus qui le soutiennent plus ou moins
ouvertement, de prendre, dans la rue, une revanche sur la défaite qu’ils ont connue dans les urnes à
l’occasion de la consultation du 7 décembre 2003 qui avait vu 75% des Guadeloupéens rejeter le projet
d’évolution statutaire proposé par le Gouvernement avec l’assentiment de la plupart des élus locaux. 
 
Dans une perspective historique plus longue, le mouvement LKP peut aussi être interprété comme une
tentative de revanche des indépendantistes des années 60 à 80 qui n’avaient pu convaincre par les armes
et que l’on trouve aujourd’hui, parfois très âgés, en appui idéologique au mouvement.
 
La popularité du mouvement vient du fait qu’il avance masqué et qu’il a eu l’intelligence et probablement le
mérite d’accélérer la prise de conscience des Guadeloupéens, de leurs élus et de l’Etat qu’il convenait de
lutter plus ardemment contre les monopoles et les situations de rente qui freinent le développement
économique local et qui surtout contribuent à la cherté de la vie.
 
L’ampleur du mouvement a obligé l’Etat qui était, jusqu’alors, sinon complice du moins passif, à s’attaquer
aux marges de la compagnie pétrolière locale qui vend les carburants nettement plus chers que dans
l’hexagone et à dénoncer les abus de sociétés métropolitaines, notamment dans le secteur des banques,
des transports et des télécommunications, qui ne jouent pas le jeu du développement de l’île. 
 
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En cela le LKP, même si la vie chère n’est que sa préoccupation de façade, a joué ces dernières
semaines un rôle plutôt positif.
 
Le mouvement a également pointé du doigt des inégalités plus fortes dans la société antillaise que dans
l’hexagone : inégalité entre les salariés modestes du privé et leurs homologues du secteur public qui
bénéficient de majorations de traitement, inégalités plus fortes également que dans l’hexagone entre les
cadres et les ouvriers. 
 
Le mouvement a aussi porté au grand jour, quitte à parfois les exagérer, des rapports de propriétés
déséquilibrés entre les noirs et les blancs. Il a mis en lumière la nécessité de moderniser les rapports
interraciaux. Il a permis de dénoncer aussi l’apparition de « ghettos blancs », sorte de copropriétés
fermées et habitées principalement par des métropolitains qui heurte à juste titre les Guadeloupéens qui
se sentent dépossédés de leur territoire.
 
Ceci est également positif et forcera les autorités publiques et les différentes communautés à réfléchir
ensemble sur les moyens à mettre en œuvre pour faire émerger un « vivre ensemble » plus harmonieux.
 
Cependant, ses près de 130 revendications dans tous les domaines de l’activité humaine, ses déclarations
sur sa volonté de changer les rapports sociaux et son insistance à opposer les composantes noire et
indienne d’une part et blanche d’autre part de la société guadeloupéenne montrent que les motivations du
LKP, tout au moins celles de ses animateurs, sont ailleurs que dans les questions de pouvoir d’achat,
qu’elles sont politiques et qu’elles portent sur un choix de société qui devrait normalement relever d’une
démarche démocratique et donc d’un projet à soumettre aux électeurs, ce que la Constitution autorise.
 
Le nœud du problème vient du fait que chacun estime qu’une proposition d’évolution statutaire portée par
les indépendantistes n’aurait guère de chance de recueillir plus de 10 à 15% des suffrages. Aussi les
animateurs du LKP tentent-ils de séduire autrement, notamment en se présentant comme le meilleur
recours contre l’exploitation et la domination économique qui rendent la vie plus chère et plus difficile.
Depuis bientôt cinq semaines, ce choix tactique s’est révélé plutôt efficace.
 
3 - MIS A PART LE LKP, LES PROTAGONISTES DE LA CRISE N’ONT PAS TOUJOURS
UN COMPORTEMENT LISIBLE :
 
3.1 - LE LKP AFFICHE UNE GRANDE COHERENCE DANS SON ATTITUDE ET SES METHODES :
 
Les animateurs du LKP dont l’objectif est de déstabiliser les institutions en place pour en montrer les
limites font preuve d’une véritable constance, d’une parfaite cohérence et d’une vraie détermination dans
la poursuite de cet objectif.
 
 
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Plusieurs d’entre eux apparaissent très bien formés aux techniques de déstabilisation. Les plus anciens
contribuent assez efficacement à donner un sens idéologique au mouvement. Le leader du mouvement,
Elie DOMOTA, révèle, en particulier, un talent certain notamment en matière d’adaptation de sa
communication aux différents publics ou médias auxquels il s’adresse.
 
A travers ce leader au réel charisme, le mouvement s’emploie à se rendre sympathique aux yeux de la
population et y parvient dans une certaine mesure.
 
Toutefois, derrière une façade de Robin des bois, juste et courageux, apparaît un leader qui n’hésite pas à
recourir à des méthodes éminemment contestables en pays démocratique et qui ne sont pas sans
rappeler celles utilisées par des mouvements populistes ou d’extrême droite :
 
- techniques de manipulation des masses en les mobilisant sur des revendications étrangères au
véritable objectif des leaders ;
- fabrication d’une légitimité de la rue différente de la légitimité des urnes ;
- prise de contrôle de  médias importants par intimidation ou par infiltration ;
- désignation à la vindicte populaire d’un groupe ethnique qui serait coupable de profiter abusivement du
pays ;
- techniques d’intimidation physique dans les entreprises ou les administrations pour les contraindre à
fermer ;
- techniques de provocation des forces de l’ordre et de mise en scène des opérations de maintien de
l’ordre pour tenter de fabriquer des martyrs ;
- instrumentalisation d’intellectuels prompts à théoriser le mouvement dans un sens plus présentable ;
- incitation des plus fragiles et de ceux qui se sentent exclus à prendre le contrôle de la rue y compris
par des actes violents et quitte à les exposer au danger ;
- inoculation dans l’esprit des plus jeunes ou des plus faibles d’un sentiment victimaire ou doloriste. Le
recours à cette technique, également utilisée dans les banlieues de l’hexagone, constitue
probablement l’action la plus dangereuse et la plus destructrice du collectif car elle prive les individus
visés de toute volonté de progresser dans la société, persuadés que leur couleur de peau leur interdit
la promotion sociale. Elle les rend également vulnérables aux idéologies les plus extrêmes.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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3.2 - L’ETAT FAIT PREUVE DE MAITRISE DANS LA CONDUITE DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE
L’ORDRE MAIS LA GESTION INTERMINISTERIELLE DE LA CRISE EST APPROXIMATIVE ET TRADUIT UN
MANQUE D’INTERET OU D’EXPERTISE DE CE GOUVERNEMENT SUR LES QUESTIONS D’OUTRE-MER :
 
Jusqu’à présent l’Etat a géré de manière mesurée et adaptée le maintien de l’ordre à l’occasion des
différentes manifestations, parfois de grande ampleur, qui ont rythmé la crise.
 
En revanche la gestion interministérielle de la crise apparaît approximative. 
 
L’acceptation par l’Etat de conduire les premières négociations dans un forum rassemblant plus de 200
personnes et sous les caméras de télévision retransmettant les débats en direct a constitué une première
erreur grave. Les leaders du collectif ont ainsi trouvé une tribune inespérée pour galvaniser l’opinion face
à un représentant de l’Etat soumis au devoir de réserve et à des élus ne pouvant pas quitter la salle sauf à 
apparaître comme à l’origine de la rupture des discussions. C’est ainsi que l’Etat d’une part, les élus
d’autre part, c'est-à-dire les institutions issues de processus démocratiques, ont été mis en cause
publiquement sans être en situation de répondre sereinement.
 
Constatant que la méthode choisie conduisait à une impasse, l’Etat, au bout de quatre journées de
négociations-spectacle, ne pouvait que proposer d’en changer et de négocier dans un format plus réduit.
Toutefois, avant de quitter la salle, le préfet a été chargé de lire un message du secrétaire d’Etat à l’outre-
mer promettant des baisses de TVA et des exonérations de cotisations patronales de sécurité sociale,
pour toutes les entreprises, de nature à permettre, d’une part la baisse des prix et d’autre part des
augmentations de salaires.
 
Or dans les jours qui ont suivi, ces annonces se sont révélées ne pas avoir été avalisées par Matignon.
Préparé à la hâte, le message du secrétaire d’Etat a fait naître des espoirs que depuis, le Gouvernement
peine à tempérer.
 
L’arrivée surprise en Guadeloupe, du secrétaire d’Etat a également laissé espérer un règlement de la
crise. Toutefois en adoptant une attitude curieusement complaisante à l’égard du collectif et aussi
curieusement brutale à l’égard du patronat, le secrétaire d’Etat a déstabilisé ses alliés naturels qui se sont
crispés sans pour autant gagner la confiance du collectif.
 
Isolé, le secrétaire d’Etat est rentré subrepticement à Paris pour tenter de gagner a posteriori les
arbitrages qui auraient dû précéder ses annonces. Or Matignon ne l’a pas suivi et le secrétaire d’Etat a dû
revenir en Guadeloupe sans les moyens financiers lui permettant de respecter ses promesses et de régler
la crise. 
 
Il n’a cependant pas ménagé ses efforts pour trouver, en coordination avec les collectivités locales, des
réponses aux quelques 130 revendications du collectif. Mais la principale d’entre elles, l’augmentation de
200 € des bas salaires, dont la satisfaction était à portée de main après les engagements relatifs aux
 
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exonérations de cotisations patronales de sécurité sociale qui devaient être recyclées en augmentations
de salaires, a été renvoyée par Matignon au bon vouloir des entreprises. Et rares sont celles capables
d’octroyer une telle somme.
 
Même si la décision du Premier ministre de ne pas faire financer par le contribuable des augmentations de
salaires dans le secteur privé sur une partie limitée du territoire est compréhensible, ces revirements
traduisent des dysfonctionnements dans la gestion interministérielle de l’outre-mer. Ces erreurs peuvent
trouver plusieurs explications :
 
la nouvelle omniprésence de l’Elysée et ses interférences ont pour conséquence, dans ce secteur comme
dans les autres, de gripper la machine à arbitrer ordinairement bien huilée qu’est Matignon ;
plus simplement, l’outre-mer ne suscite plus dans l’équipe au pouvoir le même intérêt, ses turbulences ne
mobilisent plus aussi efficacement l’appareil gouvernemental, ses défenseurs sont moins nombreux dans
l’administration d’Etat et le ministère chargé de l’outre-mer a perdu, en 2 ans, plus de la moitié de ses
effectifs ;
 
certains imaginent même que le désintérêt du Gouvernement actuel à l’égard de l’outre-mer est tel que les
erreurs commises dans la gestion de la crise sont volontaires et ont pour finalité de provoquer un largage
des DOM dont l’opinion publique hexagonale, un peu désemparée face aux soubresauts ultramarins,
pourrait se satisfaire ! 
Sans aller jusque là, il reste que la volonté affichée du chef de l’Etat et du Gouvernement de privilégier un
développement endogène des DOM est souvent interprétée comme un premier pas vers le largage, tant
on ne concevrait pas qu’une telle exigence puisse être formulée à l’endroit de départements métropolitains
également en retard de développement… 
 
Enfin, le silence du Président de la République qui ne recevra les élus d’outre-mer que le 19 février, soit 5
semaines après le début de la crise, alors qu’il est habituellement présent sur tous les fronts, est perçu en
Guadeloupe comme une marque de mépris qui exacerbe les tensions.
 
3.3 - LES ELUS ONT BIEN DU MAL A TROUVER LEURS REPERES :
 
Les comportements des élus dans cette crise sont divers. La crise a fait voler en éclats les alliances et, à
l’issue de cette crise, on assistera probablement à une recomposition du paysage politique guadeloupéen.
 
Il y a ceux qui, depuis le début du mouvement, sont derrière le collectif. Il s’agit principalement de ceux qui
n’acceptent pas le verdict démocratique de décembre 2003 et qui voient dans la crise le moyen
d’accélérer une évolution institutionnelle que la population a rejetée. Même si leurs partisans prêtent main
forte au collectif pour fermer de force les entreprises et les commerces, ils n’affichent pas leur position ;
 
Il y a ceux qui, plus sincèrement, soutiennent le collectif car ils ont toujours partagé des convictions
autonomistes ou indépendantistes ;
 
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Il y a ceux qui le soutiennent également sincèrement parce qu’ils croient encore qu’il s’agit d’une lutte pour
défendre le pouvoir d’achat ;
 
Il y a ceux, assez nombreux, qui, par opportunisme, tentent de récupérer la popularité supposée du
mouvement ;
 
Il y a ceux à qui l’exaltation collective fait soudain retrouver un lointain sentiment juvénile nationaliste,
longtemps étouffé dans des conseils municipaux républicains ;
 
Il y a encore ceux qui accourent d’autres départements pour être sur la photo au cas où ce serait le grand
soir !
 
Il y a enfin ceux, assez rares finalement, qui se souviennent qu’ils n’ont pas été élus pour changer le
régime, qui rappellent que la Constitution offre la possibilité à tout moment aux majorités élues au conseil
régional et général d’initier une procédure de changement de statut pouvant aller, si le peuple l’approuve,
jusqu’à l’autonomie ou l’indépendance et qui, en conséquence, invitent les initiateurs du mouvement à
déposer une liste sur cette base aux prochaines élection régionales. Il s’agit du député-président du
conseil régional, Victorin LUREL et du sénateur-président du conseil général, Jacques GILLOT et de leurs
partisans qui, en démocrates responsables, sont les seuls à lancer des appels au calme, à condamner les
dérives racistes de la crise et à travailler à l’élaboration de solutions concrètes de sortie de crise tout en
reconnaissant au mouvement le mérite d’avoir accéléré les investigations et la lutte contre les situations
de rente et de monopole.
 
Il reste que la plupart des élus sont mal à l’aise :
- parce que leur légitimité, qui n’est pourtant pas contestable, est bafouée, depuis plus d’un mois, par un
collectif qui n’a jamais subi le verdict des urnes ; 
-  parce que le collectif décerne aujourd’hui des brevets de « guadeloupéennité » et qu’apparaître trop
ouvertement comme un défenseur de la République et de la démocratie est immédiatement dénoncé
comme un acte de traîtrise à la cause guadeloupéenne.
 
3.4 - LES CHEFS D’ENTREPRISES PEINENT A TROUVER LA VOIE D’UN DIALOGUE SOCIAL MODERNISE :
 
Même si l’intransigeance du collectif et la véritable nature de ses motivations ne facilitent pas l’émergence
d’un dialogue social serein en Guadeloupe, on peut regretter :
 
-  que le patronat blanc traditionnel ne communique pas mieux et n’ait pas tendu la main plus tôt et plus
fraternellement à la majorité noire de la population pour un partage plus équilibré de la richesse et des
responsabilités économiques ; 
 
 
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- que les grandes entreprises métropolitaines installées en Guadeloupe ne fassent pas suffisamment
d’effort pour confier localement des responsabilités aux Guadeloupéens. La plupart des banques
installées en Guadeloupe sont par exemple dirigées par des métropolitains…
 
-  le manque d’imagination et d’empressement des organisations patronales à faire des propositions
constructives dans le volet salarial des négociations.
 
Il est à noter enfin que le collectif s’emploie à enfoncer un coin entre les patrons de petites entreprises,
souvent noirs, et les patrons blancs qui sont à la tête d’entreprises moyennes mais également petites.
 
3.5 - LA POPULATION EST PARTAGEE :
 
Tout l’enjeu de la crise réside dans la conquête de l’opinion publique.
 
La population guadeloupéenne qui vit, depuis la départementalisation, dans un système démocratique
dont elle sait les avantages est très majoritairement hostile à toute aventure institutionnelle et a fortiori à
l’indépendance. Cela ne signifie par pour autant qu’elle est viscéralement attachée à la République et à
une métropole qui, depuis quelque temps, lui montre des signes d’indifférence qui blessent.
 
La relation à la France et à la République est encore ambiguë dans une île historiquement marquée par
l’esclavage et où l’égalité sociale a mis prés de 60 ans à se réaliser après la loi de départementalisation.
 
22% de chômage, une part importante de la population vivant des minima sociaux et le conditionnement
victimaire asséné à longueur d’année par les indépendantistes rend la population réceptive aux mots
d’ordre de lutte contre des profiteurs clairement désignés et, pour la partie la plus fragile, vulnérable aux
dérives racistes de certains mouvements.
 
On peut dès lors s’étonner qu’une part importante de la foule qui manifestait ces derniers jours soit
composée de fonctionnaires dont la paye majorée sera assurée à la fin du mois et dont le niveau de vie
est supérieur à celui de leurs homologues de métropole… c’est toute la complexité de la relation !
 
Ce qui parait à peu prés certain, c’est que la majorité aspire à la tranquillité, ne fait pas grève et réprouve
les perturbations de sa vie quotidienne engendrées par la crise. 
 
Mais, il presque aussi certain, qu’elle éprouve quelque part de la sympathie envers un mouvement qui
semble s’intéresser à ses difficultés quotidiennes même si, encore une fois, la motivation de ses dirigeants
est ailleurs.
 
L’opinion est enfin sur le fil du rasoir : si les gendarmes mobiles, quasiment tous blancs, commettent une
bavure et que le collectif trouve son martyr, il y a fort à parier que les réflexes ethniques interviendront et
 
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que l’opinion basculera en faveur du collectif. Si un patient décède sur le chemin de l’hôpital, dans
l’ambulance retardée par un barrage du collectif, ce sera probablement l’inverse.
 
C’est là que le professionnalisme dans le maintien de l’ordre devient un déterminant de la crise et que la
démocratie révèle certaines limites…
 
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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 01:22









                                                                                          
             La famille de Jacques Bino près du cercueil.

Une foule impressionnante, pleine de dignité.                                 L'homéle : MM. Gama, Domota, Nomertin.                                                                                                                                                                     

Le RP Hamot, vicaire général, bénit le cercueil.                         
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