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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 13:57
La Guadeloupe rend hommage, en présence de Mme Royal, au syndicaliste tué
   
A la veille de la reprise des négociations sociales, la Guadeloupe se recueille dimanche pour les obsèques du syndicaliste CGT-Guadeloupe (CGT-G), en présence de Ségolène Royal, accusée de "récupération" par l'UMP.
Une cérémonie religieuse pour Jacques Bino, tué par balle dans la nuit de mardi à mercredi, a lieu à 15 heures à Petit Canal, dans un stade prévu pour accueillir 800 personnes. Sur France Info, sa soeur a appelé "au calme".



Samedi déjà, des centaines de Guadeloupéens anonymes et des célébrités politiques -dont Olivier Besancenot, le leader du Nouveau parti anticapitaliste, et l'altermondialiste José Bové- ont défilé devant le cercueil ouvert du syndicaliste, exposé au Palais de la mutualité, quartier général du collectif LKP depuis le début du mouvement, au centre de Pointe-à-Pitre.
Arrivée samedi après-midi "en amie des peuples antillais et guyanais", Ségolène Royal doit rester trois jours sur place "pour marquer la présence de toutes celles et ceux qui veulent que la justice soit là, pour que la paix revienne". "Il faut que l'Etat reprenne toute sa place pour apporter des solutions", a-t-elle dit.
Venue à titre personnel, l'ancienne candidate PS à la présidentielle de 2007 assistera aux obsèques de M. Bino.
Sa présence a été dénoncée par la fédération UMP de Guadeloupe qui l'a accusée de "récupération politicienne". "Ce n'est pas en s'en prenant à une leader de l'opposition que le gouvernement éludera ses responsabilités dans la non-résolution de la crise", a rétorqué la députée PS Delphine Batho, proche de Mme Royal.
Au cours du week-end, après un mois de grève générale, la vie quotidienne a commencé à reprendre un cours plus normal sur l'île antillaise avec le dégagement des rues et barrages, dans une atmosphère parfois tendue, et la réouverture de certains commerces.
Les négociations entre le Collectif contre l'exploitation (LKP), le patronat et l'Etat, suspendues vendredi soir, reprendront lundi à 11H00 locales.
"On est encore loin d'un accord", a prévenu le leader du LKP, Elie Domota, dans un entretien au Journal du Dimanche, estimant que Nicolas Sarkozy "entend mais ne répond pas parce qu'il a peur que la contestation sociale ne gagne la France".

Pas si près d'un accord que ça

Toutefois, à la question "la grève peut-elle s'achever cette semaine ?", il s'est montré assez ouvert en lançant: "on va essayer, on va voir".
La présidente du Medef Laurence Parisot s'est montrée très réservée en estimant dimanche sur Europe 1 que les négociations étaient "encore très complexes" et que les dernières nouvelles montraient que "nous ne sommes pas si près d'un accord que ça"
Déplorant le "blocage" du patronat, le porte-parole du PS, Benoît Hamon (PS) a déclaré sur Radio J qu'il fallait "répondre aux revendications des Guadeloupéens" et "décoloniser économiquement la Guadeloupe".
De l'avis de nombreux observateurs, le retour à la normale sur l'île prendra du temps.
Affaibli politiquement par la crise, le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Yves Jégo, qui se voit désormais en "ambassadeur de la Guadeloupe", a déclaré au JDD que sa démission n'était "pas à l'ordre du jour".
La Martinique est entrée dans son 18e jour de grève générale dimanche. RFO-Martinique ne diffuse plus aucun programme de radio et de télévision depuis samedi.
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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 12:59


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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 12:59
Pouvons-nous encore espérer, nous autres Antillais ?
Le 18 décembre 2008, les élus régionaux et départementaux martiniquais réunis en Congrès,
se sont prononcés à une forte majorité en faveur de l’article 74 de la Constitution, c’est-à-
dire pour l’accession à une forme d’autonomie de la Martinique. C’est un événement
politique important qui mérite toute notre attention, nous Antillais, Guadeloupéens comme
Martiniquais. Car cela nous renvoie cinq ans en arrière, lorsque le 7 décembre 2003 nos
concitoyens des deux « îles sœurs » s’étaient opposés à toute évolution statutaire – il
s’agissait lors de cette consultation d’opter pour la création d’une collectivité unique
administrée par une seule assemblée, et se substituant à la Région et au Département, mais
toujours dans le cadre de l’article 73 réaffirmant le principe de l’identité législative avec des
possibilités d’adaptation –, tandis que dans le même temps Saint-Martin et Saint-
Barthélemy, îles administrées auparavant par la Guadeloupe, accédaient à l’autonomie.  
 
Or, si nous ne voulons pas reproduire les mêmes échecs qu’en 2003, tâchons de comprendre
pourquoi, alors que la classe politique de droite comme de gauche appelait de ses vœux
l’évolution statutaire, les électeurs de nos régions monodépartementales ont refusé le
changement (Le « non » l’a emporté à 73% en Guadeloupe, et à une très courte majorité en
Martinique). Aussi, plusieurs raisons ont été avancées ici ou là : Les débats publics qui ont
précédé la consultation auraient trop souvent porté sur des aspects purement technico-
juridiques au détriment d’une vision politique forte ; beaucoup d’électeurs semblaient
inquiets de perdre leurs droits acquis, et tout particulièrement les acquis sociaux ; une large
frange de la population aurait été très méfiante à l’égard de la classe politique locale
soupçonnée de taire les supposés vrais enjeux. Avec le recul, nul doute que toutes ces
explications ont chacune leur part de vérité. Mais elles mettent toutes en évidence quelque
chose à mon avis d’essentiel : Un fossé sépare trop souvent les partis politiques et leurs
dirigeants des préoccupations des simples citoyens. Excepté peut-être en période électorale
où nombre de femmes et  d’hommes politiques usent et abusent de rhétoriques populistes à
courte vue pour être réélus, force est d’admettre que le discours politique ne fait plus sens
pour de nombreux concitoyens dès lors que celui-ci s’élève au-dessus du tohu-bohu de la
cité pour tenter d’atteindre les plus hautes cimes du politique. Pour autant, il serait un peu
facile de discréditer dans son ensemble la classe politique, car celle-ci n’est que le reflet de
l’état pitoyable de notre conscience politique commune. 
 
Et je voudrais me risquer à avancer quelques causes sociohistoriques, même si de telles
idées ne sont pas neuves mais prennent aujourd’hui une résonnance toute particulière en
Guadeloupe, qui traverse certainement l’une de ses plus graves crises sociétales et
politiques depuis la départementalisation octroyée en 1946 : Notre point de départ sera
sans conteste les événements de mai 1967 – suite à une grève déclenchée dans le secteur du
bâtiment, l’armée appelée en renfort tire sur les manifestants rassemblés à Pointe-à-Pitre,
ce qui déclenche une insurrection civile qui durera plusieurs jours ; on déplorera plusieurs
dizaines de civils tués par les « bérets rouges » –, qui marquèrent un tournant dans la
radicalisation des positionnements politiques de la jeunesse étudiante, plus que jamais
consciente de vivre en République coloniale. Désormais, celle-ci directement sous la double
influence des mouvements de libération des peuples colonisés des années soixante d’une
part, et du marxisme et de la révolution culturelle de Mao d’autre part, participera
activement aux mouvements indépendantistes révolutionnaires. Bien entendu, la réflexion
autour du changement de statut de nos départements d’outre-mer avait débuté bien avant
le dramatique épisode de 1967 – d’autant que des émeutes similaires étaient survenues en
Martinique en 1959 –, et l’on doit souligner l’importance du rayonnement des associations
antillaises de Paris au début des années 1960 (l’AGEM pour la Martinique et l’AGEG pour la
Guadeloupe, avec des personnalités phares à l’instar du jeune Edouard Glissant). Il
n’empêche, les années 1970 sont celles de l’activisme révolutionnaire d’une large frange de
la jeunesse antillaise éduquée, peut-être plus marqué encore en Guadeloupe qu’en
Martinique. Et c’est cette jeunesse éduquée qui se retrouvera à la tête de plusieurs
organisations syndicales et politiques radicales mais influentes – on pense notamment en
Guadeloupe au syndicat UTA (Union des travailleurs agricoles) devenu ensuite l’UGTG (Union
générale des travailleurs guadeloupéens), et au parti politique UPLG –, avec en toile de fond
le maoïsme et le séparatisme. Pourtant, ce qui frappe dans le cas de ces organisations dites
révolutionnaires, c’est que cela n’ait jamais débouché sur une véritable lutte armée, tandis
que les autres îles de la Caraïbe accédaient les unes après les autres à l’autonomie ou
l’indépendance, le cas le plus emblématique étant certainement Cuba en 1959. Certes, il y
eut quelques tentatives isolées dans les années 1980 – On pense notamment au Groupe de
Libération Armée (GLA) et à l’Alliance Révolutionnaire Caraïbe (ARC) qui revendiquèrent
plusieurs attentats à la bombe en Guadeloupe et à Paris, mais sans réelle volonté de tuer des
civils –, mais celles-ci n’eurent pas l’assentiment populaire escompté, bien au contraire, y
compris d’ailleurs parmi les activistes pseudo-révolutionnaires. Alors, se pourrait-il que cette
jeunesse antillaise, tout en se sentant aliénée par un contexte socioéconomique et politique
vécu comme la continuation du passé colonial de la France, n’ait jamais vraiment cru
possible l’accession à l’indépendance de nos départements d’outre-mer ?
 
Ainsi, c’est cette indécision voire ce renoncement à envisager sérieusement l’avènement
d’Etats-nations aux Antilles – au point qu’au milieu des années 1990, l’Union populaire pour
la libération de la Guadeloupe (UPLG), parti indépendantiste incontournable en Guadeloupe,
déclare solennellement renoncer provisoirement à l’indépendance –, qui pourrait en partie
expliquer ce glissement progressif d’un nationalisme politique vers un nationalisme culturel,
c’est-à-dire avant tout basé sur des ressentiments et des revendications de type
exclusivement identitaires. Avec une nuance cependant en Martinique, où grâce au génie
politique d’Aimé Césaire, celui-ci comprenant très tôt que nos populations antillaises ne
souhaitaient pas rompre irrévocablement avec « la métropole », un projet politique viable
d’accession progressive à l’autonomie fut porté par la Parti progressiste martiniquais (PPM).
 
Reste que nombre de cadres dirigeants de ces organisations nationalistes, tout en cessant de
croire même de façon subconsciente à l’indépendance, continuèrent d’appliquer les
préceptes marxistes voire même maoïstes dans leurs pratiques militantes. Et cette culture
militante spécifique, associée de surcroît à l’exacerbation du sentiment national, donna un
mélange tout à fait détonnant, perceptible surtout au travers des luttes syndicales. Aussi,
force est de constater que trente ans après, cette culture militante empreinte de
nationalisme identitaire persiste, soit que les mêmes cadres des années 1970 sont toujours
en place, soit que de telles pratiques idéologiques ont été transmises aux nouveaux
militants. Dès lors, comment s’étonner des dérives graves constatées dans les méthodes
syndicales, contribuant le plus souvent à affaiblir la légitimité des revendications ainsi que la
popularité des luttes ? L’écrivain Patrick Chamoiseau n’a-t-il pas déclaré récemment, « Oui, il
y a un macoutisme latent dans la société martiniquaise » ? Et ce constat lucide pourrait tout
aussi bien s’appliquer à la société guadeloupéenne. 
 
Alors apparaît inévitablement une autre interrogation sous-jacente : Les intellectuels antillais
ont-ils produit de façon significative une sévère critique de ce macoutisme latent ? Et c’est
peut-être là où le bât blesse. Car force est d’admettre que depuis trente ans trop
d’intellectuels se taisent sur ces questions sensibles. Et ils se taisent parce que la plupart ont
participé activement durant leur jeunesse aux mouvements indépendantistes
révolutionnaires – et je ne porte pas ici de jugement moral, tant il est probable que si j’avais
eu vingt ans dans les années 1960 je serais parmi eux –, et que ceux qui ont aujourd’hui pris
leur retraite militante continuent à cautionner de tels égarements, ou simplement n’osent
pas formuler de telles critiques de peur d’être qualifiés de « faux martiniquais » ou « faux
guadeloupéen ». Comme me le répète souvent Georges Trésor, intellectuel antillais lucide,
de telles critiques ne peuvent être formulées car « les esprits ne sont pas libres » !  
 
Et nous touchons là le cœur de notre analyse sociohistorique : La stupéfiante haine de
l’intellectuel critique – certainement encore beaucoup plus marquée en Guadeloupe, et tout
particulièrement chez les classes populaires – engendrée par ces mouvements pseudo-
révolutionnaires fortement influencés par la révolution culturelle de Mao Zedong. Mais pire
encore, beaucoup de ces idéologues militants, révoltés – et nous pourrions même dire
aliénés – à la fois par le legs historique assujettissant de l’esclavage et par un contexte
insulaire vécu comme la perpétuation d’une domination « blanche » colonialiste, vouent
jusqu’à ce jour une haine indicible à tout ce qui de près ou de loin est assimilé aux valeurs
occidentales. Quitte à rejeter aussi le « Siècle des Lumières » pourtant au cœur du pari
humaniste et universaliste ! L’écrivain et universitaire martiniquais Raphaël Confiant n’a-t-il
pas déclaré dans un texte assez récent, « quand un Euro-américain me fait une leçon de
morale, de démocratie, d’antiracisme, de droits de l’homme et bla-bla-bla… Je me marre » ?
Mais si nous devions rejeter le bébé avec l’eau du bain, sur quels fondements moraux
pourrions-nous assoir notre condamnation du passé esclavagiste et colonialiste de la France
et de l’Europe ? N’aurions-nous pas le droit nous aussi de prétendre à la liberté en tant
qu’Hommes ? Confiant qui cite pourtant Fanon devrait relire Peau noire, masques blancs :
« Je suis un homme, et c’est tout le passé du monde que j’ai à reprendre. Je ne suis pas
seulement responsable de la révolte de Saint-Domingue… Il n’y a pas de mission nègre ; il n’y
a pas de fardeau blanc… Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge. »
 
Bien entendu, nous serions malhonnêtes de passer sous silence les quelques esprits libres
aux Antilles qui très tôt réinterrogèrent leur engagement idéologique, et notamment celui
de l’option marxiste-révolutionnaire. Est-il utile de rappeler ici que bien avant Sartre, Aimé
Césaire dans sa lettre à Maurice Thorez en 1956 condamnait déjà implicitement le
communisme soviétique ? Il serait tout aussi malhonnête de taire ce que dit Edouard
Glissant dans Esthétique 1 : « Nos sociétés colonisées adoptent pourtant sans aucune
révision critique la dimension close de l’identité que les divers colonisateurs nous ont
inculquée. La plupart des anciennes luttes anticolonialistes dans le monde ont été menées
selon ces approches d’une identité absolue et s’en sont trouvées catastrophiques, et quant à
leurs conséquences, et dans leurs prolongements, sectarismes, égoïsmes nationaux, non-
rapport à l’autre. » Ou encore les critiques très pertinentes formulées par le philosophe
Jacky Dahomay – mon père, devrais-je dire ? – à l’égard du macoutisme antillais (et je
voudrais citer ici l’un de ses premiers textes critiques importants, Habiter la créolité). 
 
Cependant, quelles que soient la force et la pertinence de telles critiques, nous devons
admettre qu’elles n’ont pas eu l’impact espéré. Le dédain palpable des sociétés antillaises
vis-à-vis de toute pensée critique libre est là pour en témoigner. Aussi, il saute aux yeux à
tout observateur attentif que l’absence d’un véritable espace public libre et rationnel,
condition pourtant nécessaire à l’avènement de toute démocratie moderne « participative »,
est consubstantielle au mépris affiché par les nationalismes identitaires à l’égard des
intellectuels dissidents. Il est en effet toujours affligeant de constater la pauvreté
intellectuelle des débats lors d’émissions radios interactives, où une certaine opinion
publique qui s’exprime ne cache pas ses relents populistes et quelquefois xénophobes. Trop
de responsables – cette ex-jeunesse éduquée des années 1970 – de la société civile ont
déserté le terrain de la pensée et du  politique pour ne se consacrer souvent qu’aux
revendications identitaires au travers des luttes syndicales et associatives, ou des
manifestations culturelles. Pourquoi reprocher ensuite aux dirigeants politiques de ne
s’intéresser qu’à leur réélection, quand il n’y a pas de conscience politique commune
minimale, ou plus précisément une commune adhésion à un projet politique qui fasse sens
et qui nous permette d’espérer ?  
 
Ainsi donc, nous voici parvenus à la croisée des chemins, nous autres Antillais. Au fond, si la
consultation du 7 décembre 2003 sur l’évolution statutaire de nos deux départements fut un
tel échec, c’est peut-être aussi parce qu’un tel projet, pourtant pour une fois éminemment
politique, arriva à l’époque comme un cheveu sur la soupe : La classe politique et les
intellectuels ralliés avaient déserté le terrain politique – et je distingue ici politique de
politicien –, et puis soudain ils voudraient que nos concitoyens adhèrent à une si grande
entreprise, qui eut pourtant nécessité une maturation longue – un mûrissement des idées et
de la conscience politique –, et donc un vrai débat public non politicien et dépassionné.
Allons messieurs, admettez au moins que nos populations vous ont donné ce jour-là une
vraie leçon de démocratie ! Il y a quoi qu’on dise un certain bon sens populaire. C’est en
partie pour cela que personnellement j’avais refusé un tel changement. Mais aussi parce que
je considérais de surcroît que nos concitoyens avaient droit à plus de considération : En
effet, on nous posait une question simple sinon simpliste, « êtes-vous pour ou contre une
collectivité unique administrée par une seule assemblée, et se substituant à la Région et au
Département ? », et puis c’était tout. Aucunes questions ou remarques annexes venant
préciser quelles nouvelles compétences nous souhaitions voir dévolues à ces nouvelles
collectivités ! En votant « oui », nous laissions ainsi le soin – en tout cas en Guadeloupe – à la
très populiste Lucette Michaux-Chevry, ancienne présidente de Région adepte du
népotisme, de décider seule avec le président de la République Jacques Chirac et ses
camarades de l’UMP, le choix de telles compétences. Inacceptable et antidémocratique !
 
Nous voici à la croisée des chemins, disais-je. Car Il y a ces jours-ci dans la moiteur tropicale
de nos deux « îles sœurs » comme un indicible éveil des consciences politiques. N’est-ce pas
en effet étonnant qu’à un mois d’intervalle près, la classe politique martiniquaise se
prononce en faveur de l’autonomie, tandis qu’en Guadeloupe le collectif « Liyannaj kont
pwofitasyon » (LKP) déclenche une grève générale d’une ampleur inégalée, tant par sa
popularité que par sa durée ? Et les événements survenus en Guadeloupe méritent qu’on s’y
attarde : Lorsque le collectif LKP a déclenché le mouvement social le 20 janvier 2009,
certains d’entre nous doutions de sa réussite, et ne pensions pas qu’il deviendrait si
populaire. Qui plus est, nous nous interrogions sur les supposées vraies motivations – bien
que non avouées – des leaders du LKP, qui pour nombre d’entre eux sont depuis longtemps
véritablement habités par les problématiques identitaires, c’est-à-dire travaillés par
l’obsédante question de la guadeloupéanité. Mais le 26 janvier, en suivant en direct à la
télévision les négociations entre le LKP, le préfet, les élus locaux et les socioprofessionnels,
ce fut « une divine surprise ». Et d’affirmer ici à quel point cette retransmission en direct,
suivie par un très grand nombre de concitoyens, a aidé à rendre le LKP très populaire, tant il
est apparu que leurs revendications, et tout particulièrement celles liées au pouvoir d’achat,
étaient légitimes. En outre, contrairement aux craintes soulevées quant à leurs motivations
réelles, Elie Domota, porte-parole du LKP et par ailleurs doué de talents rhétoriques
indéniables, réaffirma à maintes reprises que le collectif souhaitait voir satisfaire toutes les
revendications, mais « rien que les revendications ». Nul doute aussi que le coup de théâtre
du mercredi 28 janvier – le préfet, alors qu’il avait entamé les négociations et signé l’accord
de méthode, annonce qu’il se retire de la table des négociations –  a fortement contribué à
faire basculer l’opinion publique du côté du collectif, et cela d’autant plus que les élus
locaux, dépités par le départ désinvolte du représentant de l’Etat, apportèrent sur le champ
– en direct donc – leur soutien au LKP. Aussi, il se pourrait bien que ce basculement de
l’opinion lié notamment au ralliement immédiat des élus locaux – basculement qu’il ne
serait pas exagéré de qualifier, comme le suggère l’historien Jean-Pierre Sainton,
d’historique – réside essentiellement dans le rapprochement – rapprochement que nul
n’avait vu venir, tant les ressentiments entre les uns et les autres étaient jusqu’alors tenaces
– de la classe politique et du LKP, dès lors que le préfet en se retirant était disqualifié.
Etrange ressemblance avec la Révolution de 1789, où lorsque Louis XVI, après avoir tenté un
coup de force, se retire le 23 juin laissant les députés de la toute nouvelle « Assemblée
nationale » délibérer seuls, pour finalement entériner le fait le 27 juin. 
 
Quoi qu’il en soit, les faits qui se déroulent sous nos yeux, en dépit de leur caractère
exceptionnel, ne pourraient être qualifiés de fièvre révolutionnaire, n’en déplaise à mes amis
marxistes. En outre, force est d’admettre – et pour ma part je le regrette vivement – que ce
rapprochement entre les leaders syndicaux et les élus locaux n’aura été que de courte
durée, les vieux réflexes et les vielles rancœurs reprenant vite le dessus. Et peut-être que de
ce fait, le LKP a malheureusement foncièrement manqué de dimension politique, au sens
noble du terme. Mais il n’empêche, le basculement historique lui a bien eu lieu, et il a
indéniablement précipité l’éveil des consciences. Comment expliquer que 60 000 personnes
vinrent manifester le 30 janvier dans les rues de Pointe-à-Pitre, et de façon étonnement
pacifique et apaisée ? Et que dire aussi de l’incroyable effervescence des opinions qui
s’expriment actuellement sur Internet, à travers les médias audiovisuels ou dans la presse ?
Que dire encore du nombre considérable de textes de réflexion qui circulent en ce moment
sur la Toile, chacun y allant d’un réel effort d’analyse et de clairvoyance ? Enfin, que penser
du fait qu’à travers diverses associations ou comités créés tout récemment, les jeunes
lycéens et étudiants découvrent qu’ils sont une des pièces maîtresses de nos sociétés ?
N’est-ce pas là des signes tangibles d’une amorce de prise de conscience collective
d’enracinement dans une réalité territoriale et socioéconomique tout aussi complexe que
singulière, mais sur laquelle nous voudrions désormais avoir prise ?
 
Alors je le dis avec tout l’esprit de responsabilité qui m’anime : L’heure est venue je crois,  de
relancer le débat sur l’évolution statutaire aux Antilles, même si l’on doit reconnaître que la
Martinique a un temps d’avance, ou du moins la classe politique martiniquaise. Mais en
évitant cette fois-ci les écueils qui nous ont conduits à l’échec de la consultation du 7
décembre 2003. Ou plus précisément, en évitant que le débat ait lieu uniquement dans les
partis politiques et dans des cercles fermés, à l’abri de l’opinion publique. Donc en évitant
toute césure entre la classe politique, les intellectuels, et les simples citoyens. Et je vois déjà
poindre un tel risque en Martinique au travers des divergences de fond qui se font jour entre
leaders politiques sur cette éminente question. Car que penser du coup de force d’Alfred
Marie-Jeanne et de Claude Lise à l’égard de Serge Letchimy et du PPM, concernant le choix
du mode de scrutin d’une éventuelle prochaine assemblée unique ? Autant il me semble
louable que les élus martiniquais se prononcent en faveur de l’autonomie au travers de
l’article 74 de la Constitution, autant je trouve pour le moins curieux que les Présidents des
deux collectivités – Région et Département – font du mode de scrutin à la proportionnelle
intégrale une condition non négociable de l’accession à l’autonomie de la Martinique. Par ce
diktat si peu démocratique, seraient-ils malgré eux en train de tuer la poule dans l’œuf ?
Parce que nos concitoyens martiniquais ne comprendraient pas que tels leaders décident
seuls d’une question aussi sensible, sans qu’eux y soient associés! D’autant que si demain
cette assemblée unique devait disposer de quelques prérogatives législatives, il semble que
le mode de scrutin le plus démocratique – à l’instar de celui de l’Assemblée nationale – reste
et demeure le scrutin majoritaire uninominal à deux tours ; les citoyens doivent connaître
qui ils élisent, et le mandataire doit avoir des comptes à rendre à ses mandants.  Resterait
alors à redessiner la carte de ces nouvelles circonscriptions, en s’appuyant par exemple sur
celle des anciens cantons qui pourraient être scindés en deux. 
Certains affirment pourtant que le mode de scrutin à la proportionnelle permet de garantir
la représentativité de toutes les sensibilités politiques. Soit, bel argument en théorie, mais
que constate-t-on dans les faits, et notamment lors des élections régionales ? Que l’on vote
pour une tête de liste – le plus souvent les potentats locaux –, sans se soucier le moins du
monde des autres figurants, qui pour certains sont des illustres inconnus. C’est ainsi qu’en
Guadeloupe, une ancienne présidente de Région avait pu proposer à son coiffeur ou son
bijoutier – ou que sais-je encore ? – d’être en position éligible. Et des exemples similaires
pourraient être donnés à foison. Donc, aux martiniquais à se saisir du débat sur le mode de
scrutin, et plus largement sur celui de l’autonomie !
 
Et pour ce qui est du débat en Guadeloupe ? Il n’est que temps de le relancer, une fois que
l’effervescence sociale de ces derniers jours sera retombée. Alors par où commencer ? Les
intellectuels critiques, les universitaires, et les partis politiques doivent bien évidemment
avoir un rôle moteur. Mais ils ne peuvent confisquer le débat, tout au contraire, ils doivent
coûte que coûte s’efforcer de le rendre public, et dès à présent. Cela suppose l’existence
d’un espace public digne de ce nom, qui jusqu’à récemment semblait balbutiant. Mais les
événements sociaux ont certainement précipité l’éveil des consciences politiques, et il faut
espérer que nos concitoyens resteront éveillés au moins jusqu’aux régionales de 2010, et
même au-delà. 
 
Aussi, puisqu’il s’agit d’ouvrir le débat, je voudrais d’ores et déjà lancer quelques pistes,
notamment au travers du choix entre les articles 73 ou 74 de la Constitution. Car dans les
deux cas, nous avons la possibilité d’opter pour la création d’une collectivité unique se
substituant à la Région et au Département, et de décider quelles nouvelles compétences
pourraient être dévolues à cette collectivité, dans des domaines ne touchant pas aux libertés
et aux droits fondamentaux, ainsi qu’aux prérogatives régaliennes de la République. Mais
alors, quelle différence entre ces deux articles ? Je dirais qu’elle est d’ordre
« philosophique » : L’article 73 réaffirme le principe de l’identité législative – toutes les lois
promulguées au niveau national sont immédiatement applicables ici – pour nos
départements d’outre-mer. Aussi, les adaptions aux lois et règlements prévues dans le cadre
du « 73 », ne peuvent l’être qu’en invoquant les fameuses « caractéristiques et contraintes »
de nos collectivités. D’autant qu’au préalable le législateur – donc le Parlement – doit avoir
consenti à de telles adaptations. Tandis que l’article 74 fait explicitement référence aux
« intérêts propres de chacune » de nos collectivités, et consacre le principe de la spécialité
législative : Les lois et règlements nationaux ne sont pas immédiatement applicables, et une
loi organique, « après avis de l’assemblée délibérante » des collectivités susvisées, définit les
conditions dans lesquelles ceux-ci sont applicables. En outre, le « 74 » prévoit d’autres
dérogations possibles dans le cadre d’une autonomie renforcée, notamment un réel pouvoir
législatif de l’assemblée délibérante, ou encore des mesures justifiées par les nécessités
locales en faveur de nos populations, d’accès à l’emploi, de droit d’établissement pour
l’exercice d’une activité professionnelle ou de protection du patrimoine. C’est dire donc
toutes les possibilités offertes dans le cadre du « 74 », et non des moindres. Et pour ceux qui
s’inquièteraient de la perte de dotations financières étatiques conséquentes une fois
l’autonomie octroyée, rappelons que l’article 72-2 de la Constitution prévoit que « tout
transfert de compétences entre l’Etat et les collectivités territoriales s’accompagne des
ressources équivalentes », d’autant que la loi est censée prévoir des dispositifs de
péréquation destinés à favoriser l’égalité entre les collectivités. Reste que ce principe de
péréquation est pour l’instant peu effectif, voire inexistant. D’autant que l’article 72-2 se
contredit en posant le principe de l’autonomie financière de chaque collectivité : « les
recettes fiscales et les autres ressources propres des collectivités territoriales représentent,
pour chaque catégorie de collectivités, une part déterminante de l’ensemble de leurs
ressources ». Et cela vaut bien entendu pour toutes les collectivités de France et de Navarre,
l’universitaire Pierre-Yves Chicot l’a récemment souligné lors d’une interview télévisée.
Donc, tout en étant attentifs aux transferts de ressources équivalentes dans le cadre de
l’accession à l’autonomie, nous devrons aussi réfléchir à la création de nouvelles ressources
propres – comme c’est par exemple actuellement le cas pour l’octroi de mer –, qui seraient
les moins injustes possibles. Et pour ma part, je vois déjà une piste intéressante : la création
d’une taxe portuaire et aéroportuaire – d’un montant non exorbitant fixé par la collectivité
unique – dont devrait s’acquitter toute personne en visite dans nos départements qui ne
serait pas résidante. D’où aussi l’idée implicite d’une carte de résidant, mais qui bien
entendu ne serait pas basée sur « le droit du sang », mais le « droit du sol ». Quoi qu’il en
soit, le débat ne fait que commencer. 
 
A moins de se placer résolument dans une perspective – comme semble le proposer le
député-maire de Fort-de-France Serge Letchimy – d’accession à la pleine souveraineté,
auquel cas nous demanderions un statut constitutionnel spécifique, comme c’est
actuellement le cas pour la Nouvelle-Calédonie (voir le titre XIII de la Constitution). Pour ma
part, je crois que nous devrions nous défaire de ce schème de pensée qui a prévalu tout au
long du 20ème siècle : Celui de la politique des nationalités ne pouvant aboutir qu’à la
création d’Etats-nations. Comme le fait très justement remarquer l’éminent historien Eric
Hobsbawn dans son livre Nations et nationalisme, les nations ne sont pas aussi vielles que
l’Histoire, d’autant qu’un tel concept n’est apparu qu’à partir de la fin du XVIIIème siècle. Les
nations sont des « entités historiquement nouvelles, qui émergent à peine, qui changent, et
qui, même aujourd’hui, sont loin d’être universelles ». Mais plus fondamentalement, c’est la
question de l’identité et de l’antillanité qui est en substance posée au travers de ce débat.
Alors, je voudrais avancer ici l’idée de stratification des identités : C’est avant tout mon vécu
parental et familial qui fonde mon être psychique ; je suis enraciné dans une communauté
d’individus liés par un petit territoire insulaire, une histoire, une culture, sans en être pour
autant prisonnier ; je me reconnais dans les idéaux humanistes et universalistes portés par la
« vieille Europe » – malgré ses contradictions – et j’assume pleinement mon appartenance à
la communauté politique française – sans rien oublié par ailleurs des abominations de
l’esclavage et de la colonisation – ; je suis citoyen du monde et la destinée de l’espèce
humaine m’interpelle au plus haut point. 
 
Cela a été dit, il y a trop souvent aux Antilles confusion entre nationalisme culturel et
nationalisme politique. Aussi, ne pourrions-nous pas concevoir un plein épanouissement
culturel en tant qu’antillais, tout en envisageant une appartenance à une communauté
politique plus large, qui elle-même assumerait sa composition multiculturelle ? C’est en tout
cas l’idée que défend Jacky Dahomay et à laquelle j’adhère, en rappelant la distinction
essentielle entre identité culturelle et identité politique. Ainsi, je crois que l’accession à
l’autonomie de nos départements d’outre-mer dans le cadre de l’article 74 pourrait
pleinement répondre à de telles aspirations : Cela répondrait en partie à notre mal-être
identitaire ; nous pourrions prendre en charge localement des responsabilités politiques de
premier plan, notamment en renforçant encore davantage la coopération régionale
caribéenne ; mais nous assumerions une fois pour toute notre ancrage dans un ensemble
politique, et non culturel, plus vaste que sont la République française et l’Union européene. 
 
Il nous faut maintenant conclure, et je voudrais pointer du doigt ces liens si étroits –
territoriaux, historiques, culturels, économiques et politiques – qui rapprochent la
Guadeloupe et la Martinique, les deux « îles sœurs » de la Caraïbe. Faut-il notamment
rappeler que les lois encadrant l’octroi de mer considèrent nos deux îles come un « marché
intérieur » commun ? Tout porte à croire que la Guadeloupe et la Martinique ont une
destinée commune. C’est pourquoi toute évolution statutaire de l’une ne pourrait être
envisagée sans évolution identique de l’autre. Gardons-nous par conséquent de précipiter
les choses, d’autant que nos concitoyens doivent au préalable opérer un mûrissement des
consciences politiques sur cette essentielle problématique. Le président du Conseil Régional
de la Guadeloupe, Victorin Lurel, a récemment suggéré à ce sujet un calendrier qui me
semble pertinent : Lors des régionales de 2010, les partis politiques devront clairement
expliciter dans leur programme la question de l’évolution statutaire, en proposant un
échéancier en vue de la consultation populaire. La date de 2013 a été avancée, cela me
semble raisonnable, d’autant que cette consultation surviendrait un an après les
présidentielles de 2012. Car n’oublions pas que c’est le président de la République qui
décide en dernier ressort de consulter les électeurs inscrits dans nos départements d’outre-
mer. Et l’évolution statutaire de nos deux îles pourrait ainsi être effective à compter de 2014
ou 2015. 
Et puisqu’il est ici permis d’espérer, pourquoi ne pas envisager sur le long terme une union
toujours plus étroite entre nos deux îles ? N’aurions-nous pas intérêt une fois l’évolution
statutaire amorcée, à envisager la création d’un Congrès des élus martiniquais et
Guadeloupéens, d’autant qu’il semble qu’un projet de gigantesque pont reliant nos deux îles
soit en cours ? A bon entendeur, salut.
 
David Dahomay, enseignant en Guadeloupe, et membre du Parti socialiste.
  
 
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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 12:56
Source: http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/02/20/01016-20090220ARTFIG00535-incertitude-sur-l-issue-des-negociations-en-guadeloupe-.php
Incertitude sur l'issue des négociations en Guadeloupe
lefigaro.fr avec AFP   
20/02/2009     | Mise à jour : 22:09    |

Les discussions entre le collectif LKP, le patronat et l'Etat ont repris vendredi soir, mais le LKP s'est d'ores et déjà montré circonspect sur les chances de déblocage de la crise.

Le collectif LKP, à l'origine de la grève générale qui paralyse la Guadeloupe depuis cinq semaines, le patronat et l'Etat se sont retrouvés autour de la table de négociations vendredi soir. Vingt-quatre heures après les annonces de l'Elysée, les discussions sur la hausse de 200 euros des bas salaires ont repris vendredi après-midi vers 16h00 (21 heures, heure française). Elie Domota, le leader du LKP, dont la délégation de syndicalistes est arrivée en chantant en créole «la Guadeloupe est à nous, pas à eux les profiteurs», s'est toutefois montré circonspect sur les chances de déblocage de la crise.

Le syndicaliste a répété vouloir «trouver un accord sur la base du préaccord du 8 février». Un texte dont s'est toujours réclamé le LKP mais que le gouvernement conteste avoir signé. Ce document «prévoyait»une hausse de 200 euros pour les bas salaires de 45.000 Guadeloupéens, compensée par un allègement de charges patronales de 108 millions d'euros à la charge de l'Etat. Les propositions dévoilées jeudi par Nicolas Sarkozy sont «particulièrement floues et loin des 200 euros», juge-t-il.

Prudence de Jégo
Le président de la République, qui doit se rendre en Guadeloupe début avril pour y ouvrir des «états généraux», a lui promis un effort de l'Etat de 580 millions d'euros pour les départements d'outre-mer (DOM), dont une large part consacrée à un coup de pouce sur le Revenu de solidarité active (RSA). Le patronat aurait à financer une partie de la hausse, sous la forme d'une prime exonérée de charges, d'un montant variable selon les entreprises, et qui serait versée par les employeurs pendant deux ans. Mais en aucun cas, l'Etat ne procédera, comme le veut le patronat local et le mentionnait le texte du 8 février, à des exonérations de charge supplémentaires. « Le gouvernement n'acceptera que les augmentations de salaires dans les entreprises privées soient prises en charge par les contribuables», a martelé François Fillon. Face à la détermination d'Elie Domota, Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer se veut prudent. Malgré la «bonne volonté» de l'Etat, «ce n'est pas parce que la solution est sur la table que l'accord est conclu», a-t-il admis sur Canal+.

Si l'incertitude plane sur l'issue des négociations, le calme est revenu sur l'île. Les forces de l'ordre ont entrepris vendredi de dégager des barrages qui obstruent la route entre Pointe-à-Pitre et la préfecture de Basse-Terre. Aucun pillage ou incendie de commerce n'a été à déplorer vendredi. Quelques rares magasins ont levé leur rideau dans la capitale. Les pompiers sont intervenus 17 fois, contre 40 dans la nuit de mercredi à jeudi. Trois personnes ont été interpellées contre 39 la veille.

Le conflit en Guadeloupe est vu avec inquiétude en métropole. Dans un sondage Opinionway pour LCI et le Figaro, 63% des sondés craignent que le conflit et les violences ne puissent s'étendre à l'Hexagone et donner lieu à un mouvement social de la même ampleur que les grandes grèves de 1995.

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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 12:54
L'opinion d'un grand auteur martiniquais (tout le monde étant d'accord qu'il faut faire une refonte technique des dispositions de 1946 (départementalisation)
Source: http://www.lexpress.fr/actualite/politique/chamoiseau-la-france-doit-se-debarrasser-de-l-esprit-colonial_742386.html

Patrick Chamoiseau:"La France doit se débarrasser de 'l'esprit colonial'"
Par LEXPRESS.fr, publié le 20/02/2009 18:03 - mis à jour le 20/02/2009 19:03


Patrick Chamoiseau est l'un des auteurs du "Manifeste pour les produits de haute nécessité", en soutien au mouvement social guadeloupéen. Le prix Goncourt 1992, qui vient de publier, avec Edouard Glissant, "L'intraitable beauté du monde - Adresse à Barack Obama" (Galaade), a répondu à vos questions ce vendredi.
vavou : Bonjour, un documentaire récent sur TV5 vous montrait avec un archéologue américain, analyser les traces laissées par vos ancetres, dans le but de définir l'identité créole (mise a mal par une culture occidentale aliénante). Vous avez parlé de "déracinement" qui mène a la violence dont on peut voir l'explosion aujourd'hui (meme si le probleme est lié au pouvoir d'achat). Pour faire bref, voici mes questions: L'identité créole a-t-elle des frontières? Pensez-vous que l'identité créole puisse s'affirmer et s'épanouir au sein de la République Française? Souhaitez vous l'indépendance de la Martinique (et la Guadeloupe)? Merci beaucoup.
Patrick CHAMOISEAU : L'identité créole est une des formes de la complexité contemporaine de la notion d'identité. Toute identité est aujourd'hui relationnelle, c'est-à-dire qu'elle nous amène à nous réaliser dans un complexe très fluide de relations multiples, d'appartenances multiples, de références multiples... En ce sens, elle nous ouvre à la totalité du monde. Le problème pour nous est d'exister en tant qu'entité singulière qui a son histoire propre, et des appartenances multiples, et cet épanouissement ne peut se faire dans un cadre d'irresponsabilté collective. Nous devons entrer dans un processus responsable qui nous permettra d'accéder en toute autonomie à une véritable relation avec la France. La relation actuelle est une relation de sujétion assistée et dépendante, ce n'est donc pas une relation...
gegeco : L'independance des Antilles sera un jour ou l'autre à l'ordre du jour. Ne croyez-vous pas que c'est le moment?
Patrick CHAMOISEAU : Exact. c'est le moment pour la France de se débarrasser de "l'esprit colonial" qui préside à ses relations avec ces pays que l'on appelle "Dom-Tom". Ces pays peuvent adhérer en toute autonomie ou en toute indépendance au pacte républicain français. Pour moi, l'indéopendance n'est pas une séparation ou une rupture, mais l'entrée en relations véritables avec les "partenaires" que les aléas de l'Histoire ont mis sur notre chemin. Le rayonnement d'une grande nation ne passe plus par la mise sous une botte, mais par sa capacité à libérer, à exalter, à devenir un espace attracteur pour toutes ces fluidités relationelles qui ont cours aujourd'hui dans le monde. Exister véritablement au monde c'est s'inscrire dans un flux relationnel qui n'existe pas dans les rapports verticaux que maintient "l'esprit colonial"
twenty : les bekés sont-ils descendants des esclavagistes?
Patrick CHAMOISEAU : Oui, mais ce n'est pas ce que l'on peut leur reprocher. Le problème, c'est qu'ils ont retenu et conservé de leurs ancêtres l'idée d'une prééminence raciale qui les amène aujourd'hui encore à vivre en ghetto de luxe, et à se marier selon des modalités qui ne visent qu'à assurer la pérennité d'un unique phénotype...
Valery : Monsieur Chamoiseau, les revendications des grévistes en Guadeloupe et Martinique sont légitimes mais elles sont teintées de revendications séparatistes. Ne trouvez-vous pas paradoxal que les mêmes qui appellent l'Etat à l'aide veuillent aussi couper les liens?
Patrick CHAMOISEAU : Il ne faut pas traduire désir de dignité, de reconnaissance, volonté d'exister au monde, avec l'idée de séparation. Si la France considère que ces pays dits lamentablement Dom-Tom ont vocation à déployer leur génie propre dans l'assise géographique qui est la leur, tout en devenant (en autonomie ou en independance) de vrais partenaires de la France, on aurra effectué un grand pas. La complexité du monde contemporain font que les appartenances peuvent être multiples, les relations aussi, et que tout doit désormais s'enviager dans la complexité.Etre en France, ou partenaire de la France, ne doit pas s'envisager que dans l'irresponsabilité assistée seule...
foyalais : Bonjour,
Merci pour votre oeuvre. Je reviens à l'actualité des Antilles françaises; il est clair que les prix sont excessifs là-bas, sans commune mesure avec ce que ce fait ici. Mais n'est il pas vrai que nous avons choisi de vivre, au delà de nos moyens, de façon matérialiste dépensant sans compter et de ce fait déséquilibrer notre budget. Ces deux phénomènes ont fini par faire vaciller les ménages à revenus moyens. Peut-être évidemment avec les efforts du GVT devrions-nous changer et vivre plus simplement. Je le souhaite pour mes amis de matnik et Gwada. Longue vie à vous et à Confiant. Marc des Ulis 91.
Patrick CHAMOISEAU : Exact. L'irresponabilité collective nous prive d'une existence véritable au monde qui a été compensée par une sur-consommation délirante. Notre lien avec le monde est devenu seulement et névrotiquement consommateur. Nous sommes devenus un extrême de ce que le capitalisme contemporain fait des peuples du monde. Tout cela devra être revu, en rejoignant le combat des peuples du monde, et en commençant par briser cet archaïsme colonial dans lequel les caddies ont remplacé les matraques...
Jabiru : De l'île de St Martin
Tu dis que c'est l'ombre qui initie à la lumière. La poétique créole est-elle aussi la voix des Noirs déportés sur le gouffre Atlantique, à l'heure de la mondialisation? Respect Tolerance & Fraternity
Patrick CHAMOISEAU : La conscience monde que nous avons à construire doit prendre conscience de toutes les ombres oubliées, tous les crimes délaissés. L'Atlantique est un vaste cimetière, et cette ombre-là doit être prise en compte dans nos constructions relationnelles.
goimier : Monsieur, Comment peut on revendiquer l'indépendance de la Guadeloupe et de la Martinique, quand on voit le résultat des iles avoisinantes dont le niveau de vie est très inférieur, sans compter le risque sérieux de l'instauration d'une dictature, cela quand on voit les méthodes utilisées par l'UGTG en Guadeloupe
Patrick CHAMOISEAU : Chaque île est un contexte et une histoire. Le PIB ne considère jamais ni ne prend jamais en compte ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue. La violence économique actuelle et la dématérialisation de l'oppression capitaliste génère la violence qui accompagne souvent les revendications légitimes qui s'elèvent un peu partout dans le monde.
kerlégan : J'ai fondé une association à Lorient (l'Orient) en Bretagne ; NEUF/ORIENT qui a pour but, entre autres, de fonder une Confédération d'États francophones baptisée Nouveaux États-Unis Francophones réunissant avec la France, les DOM-TOM, la Corse et, plus tard, la Wallonie et le Québec. Qu'en pensez-vous ?
Patrick CHAMOISEAU : La langue ne dit plus rien des vrais cohérences et des vraies fraternités. J'écris en français mais je suis plus proche de n'importe quel écrivain créolophone, anglophone ou hispanophe des Amériques, que d'un écrivain français. Il faut s'attacher aux structures d'imaginaires c'est désormais là que peuvent se fonder les alliances nouvelles, tant individuelles que collectives...


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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 12:53
« Je n'aime pas la racialisation du conflit »

Le président PS du Conseil régional de Guadeloupe, Victorin Lurel, a déploré vendredi sur Europe 1 une "racialisation du conflit" social qui paralyse l'île depuis un mois.
"Je n'aime pas la racialisation du conflit. Même si (le dirigeant gréviste Elie Domota) s'en défend, et c'est à son honneur, on voit les comportements: on brûle spécifiquement certaines entreprises appartenant aux blancs", a dit M. Lurel.
"Je n'aime pas ça chez moi. Ma Guadeloupe est plus accueillante et plus tolérante que ça", a-t-il souligné, dénonçant "le dolorisme pratiqué depuis quelques temps". "Quand cela tombe dans l'esprit enfiévré de quelques-uns, on ne sait pas ce que cela peut donner", a dit M. Lurel.
Réagissant à un projet de création d'une collectivité unique par département d'outre-mer (DOM), il a demandé l'organisation d'un référendum sur le sujet en décembre dans l'île. "Il faut une sorte de consultation de type référendaire le plus tôt possible. J'ai demandé décembre (...) il faudrait le faire avant les élections régionales de 2010", a déclaré M. Lurel.
Le président Nicolas Sarkozy, avait déclaré jeudi, après une réunion avec des élus d'outre-mer, être favorable à la création d'une collectivité unique par DOM (au lieu d'un Conseil général et d'un Conseil régional) "si c'est le choix de la population". "Il faut plus d'autonomie, plus de gouvernance locale", a approuvé M. Lurel.
Un précédent référendum organisé en Guadeloupe sur le sujet, le 7 décembre 2003, s'était soldé par un rejet massif du projet, avec près de 73% de "non".
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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 21:31

INTERVENTION SUR RFO DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
 
à l’issue de l’entretien avec les présidents des collectivités locales
et les parlementaires des départements d’Outre-mer
 
Palais de l’Élysée – Jeudi 19 février 2009

 
 
 
Mes chers compatriotes d’Outre-mer,
 
Cet après-midi j’ai rencontré vos élus.
Nous avons parlé ensemble des difficultés que vous crée la crise économique mondiale, des menaces
qu’elle fait peser sur votre avenir et nous avons réfléchi ensemble aux causes de ce profond malaise
qui étreint un nombre croissant d’entre vous et je pense bien sûr d’abord à vous, mes compatriotes de
la Guadeloupe, et à vous mes compatriotes de la Martinique. Nous avons discuté de vos attentes, de
vos espoirs. Nous avons cherché des solutions pour le présent et surtout des voies pour l’avenir.
 
Alors ces solutions, elles ne peuvent pas naître du désordre. 
Ces voies elles ne peuvent pas être celles de la violence. 
 
Aujourd’hui en Guadeloupe une famille pleure. Je veux dire à cette famille, je veux dire à cette mère,
à ce petit garçon de 8 ans qui n’a plus de père, à tous les habitants de la Guadeloupe qui se sentent
touchés par ce deuil que je m’associe, et à travers moi tous les Français, à cette douleur. C’est le
déchainement d’une violence aveugle qui a permis que cet assassinat soit perpétré, car c’est bien d’un
assassinat qu’il s’agit. 
 
Mon devoir c’est de faire respecter les lois de la République et je les ferai respecter parce que je ne
veux pas que demain d’autres familles aient à pleurer un père, une mère ou un enfant.
 
Nous avons la chance de vivre dans une démocratie. Ce n’est pas si fréquent dans le monde. Et dans
une démocratie on peut s’exprimer, on peut se faire entendre, on peut manifester, sans avoir besoin de
recourir à la violence. L’avenir de la Guadeloupe, comme celui de la Martinique, de la Guyane ou de
la Réunion, mérite mieux. Cet avenir mérite du respect, de la compréhension, de l’écoute, du dialogue.
 
Je connais les frustrations, les blessures, les souffrances qui doivent être surmontées. Je ne vous
demande pas d’oublier quoi que ce soit. Je ne vous demande pas d’oublier votre histoire, votre
identité, votre culture.
 
Je sais que la crise économique actuelle est un révélateur de problèmes qui sont anciens et que l’on n’a
jamais vraiment essayé de résoudre.
 
Je sais le sentiment d’injustice qui vous habite face à des inégalités, à des discriminations qui vous
paraissent, à juste titre, j’emploie le mot, intolérables.
 
 
 
Seul le prononcé fait foi 2/3
 
Ce sentiment d’injustice je le comprends. Je le partage. 
 
Comment justifier que les prix dans les départements d’Outre-mer soient plus élevés qu’en métropole
et le pouvoir d’achat plus bas ? 
 
Comment justifier que le chômage y soit si important ? Comment justifier les monopoles, les
surprofits, les rentes de situation et, pourquoi ne pas le dire, des formes d’exploitation qui ne devraient
plus avoir cours au XXIe siècle ?
 
Cela fait des années que l’on s’efforce en vain de résoudre les problèmes de l’Outre-mer mais à mon
avis on ne s’est pas attaquer aux racines du mal. Je vous propose de changer de méthode. 
 
La crise économique en exacerbant les difficultés nous fait voir la profondeur du fossé qui s’est creusé
entre les grands principes et la réalité sociale. 
Elle nous oblige à prendre tout de suite des mesures pour éviter de fragiliser davantage des populations
qui sont déjà dans une situation précaire. 
Elle nous oblige en même temps à ouvrir le grand chantier de la transformation sociale qui permettra
de renouer le pacte républicain. 
 
Pour soutenir le pouvoir d’achat, nous avons décidé avec le Premier ministre, avec le Gouvernement,
que l’Etat exonèrera de toutes les cotisations sociales, à la fois patronales et salariales, les
augmentations que les entreprises vont accorder à leurs salariés et c’est bien aux entreprises de payer
les salaires. 
 
Les règles du RSA seront également adaptées pour les 110 000 foyers concernés dans les
départements d’Outre-mer, afin de permettre au total une amélioration du pouvoir d’achat des
travailleurs à bas salaires de l’ordre de 200 euros. 
 
Pour réduire les écarts de prix inacceptables avec la métropole, j’ai demandé à la grande distribution
de s’engager sur une liste de produits de référence qui seront désormais commercialisés à un prix plus
proche de celui de la métropole. 
 
Parmi les mesures déjà annoncées par le Gouvernement ou prévues dans la future loi d’orientation
pour l’Outre-mer, la diminution de ce qui restera à charge au locataire bénéficiant de l’allocation
logement représentera une économie de 50 euros par mois pour 27 000 familles. Les tarifs des cantines
pour les familles pourront être abaissés grâce à la revalorisation de 20% des aides à la restauration. La
réforme du système de fixation des prix du carburant indispensable permettra que la baisse des cours
du pétrole soit plus rapidement et plus complètement répercutée dans le prix à la pompe. Comme c’est
le cas en métropole. Il n’y a aucune raison que vous subissiez cette injustice.
 
Mais le plus important pour l’avenir, c’est d’engager le changement structurel. 
C’est de permettre à chaque département d’Outre-mer de trouver des voies de développement qui lui
sont propres. 
C’est de lui donner les moyens de développer ses propres productions et de ne plus dépendre
exclusivement des importations. 
C’est de créer les conditions pour que chacun puisse y développer ses talents et ses compétences. 
 
J’ai donc décidé d’augmenter de 50 millions d’euros les crédits du fonds exceptionnel
d’investissement en faveur du développement des productions locales. 
 
 
 
Seul le prononcé fait foi 3/3
 
J’ai décidé aussi de porter le nombre de jeunes formés par le service militaire adapté de 3 000 à 6 000
par an pour améliorer le taux d’insertion professionnelle des jeunes parce que c’est d’eux dont dépend
l’avenir. 
 
L’autorité de la concurrence rendra dans les trois mois un avis sur le fonctionnement de la concurrence
dans les départements d’Outre-mer et je mettrai en œuvre toutes les conclusions de ce rapport qui
permettront de diminuer les marges excessives et de faire baisser les prix pour les consommateurs. 
 
Au total c’est un effort financier de 580 millions d’euros que consentira l’Etat pour l’Outre-mer, dont
280 millions d’euros au titre du RSA. Cet effort s’ajoutera aux mesures décidées pour la France
entière dans le cadre des négociations nationales avec les partenaires sociaux. 
L’objectif principal c’est de rendre plus juste le partage des richesses. Ce qui vaut pour la Métropole
vaut plus encore pour l’Outre-mer. La concurrence jouera son rôle. Mais un élan nouveau doit être
donné à la négociation salariale, à la participation et à l’intéressement pour que les salariés aient leur
juste part des résultats, la juste récompense de leurs efforts. La moralisation du capitalisme, cela
concerne aussi naturellement les départements d’Outre-mer. 
 
Mes chers compatriotes, je vous invite aussi à un débat sans tabou. Un débat où chacun pourra
apporter sa contribution. Où tous les sujets pourront être abordés, qu’ils soient économiques, sociaux,
culturels mais aussi identitaires ou encore institutionnels. 
 
La crise actuelle nous pousse à nous interroger sur le modèle d’organisation que nous devons adopter
dans nos territoires et bien je suis prêt à ouvrir aussi ce débat. En tout état de cause, la décision vous
reviendra le moment venu à l’occasion de la consultation qui sera organisée dans les départements qui
le demanderont, ce sont les règles de la Constitution. 
 
Chaque territoire doit se réapproprier son destin. Chaque citoyen doit se sentir partie prenante non
d’une République abstraite, désincarnée, mais d’une République réelle, d’une République qui se
manifeste dans la vie de tous les jours. 
C’est avec cet objectif que des Etats Généraux, que j’irai ouvrir moi-même en Guadeloupe, seront
organisés dans chaque département d’Outre-mer. 
 
Dès demain, le Premier ministre présidera une réunion de ministres qui mettra en œuvre ces
orientations. 
 
Mes chers compatriotes, la voie que je vous propose est celle de la confiance et de la solidarité.
L’Histoire nous a forgé une destinée commune. L’Histoire a uni nos familles, nos vies, nos cultures.
Elle nous reste, c’est vrai, encore beaucoup à faire pour construire ensemble une République
véritablement fraternelle. C’est mon but, c’est mon seul but. Je sais que c’est aussi le vôtre. 
 
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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 21:19
 
 
Allons enfants de la patrie !
 
 Deux enseignantes de philosophie prennent la plume. Nous publions bien voontiers leur prose.
 
Une crise sociale ébranle la Guadeloupe et se répand comme une traînée de poudre en
Martinique et bientôt en Guyane  et en réunion . Les outre-mer s’enflamment et se
mobilisent avec un mot d’ordre partagé, une exigence clamée, « l’augmentation du
pouvoir d ‘achat » , le pouvoir de vivre, de se nourrir, de s’éduquer, de se soigner, de
se loger, de travailler…
 
Face à ces exigences et aux désordres qu’ils entraînent le gouvernement représenté par
le Secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer Yves JEGO explique lors d’une interview (le
12/02/2009 sur Europe 1) que cette crise est « « une crise de société, de remise en
cause du modèle de fonctionnement des Antilles. » Nous voilà face à un Président qui
intervenant sur la crise sociale en France (Emission « Face à la crise »)  ne dit pas un
mot des mouvements qui immobilisent depuis des semaines les Antilles ; et un
Ministre qui nous dévoile lors de cette interview du 12 la stratégie du gouvernement : 
enfermer cette mobilisation sociale dans le contexte créole, et présenter l’Etat comme
un pouvoir neutre plein de bonne volonté.
 
Pourtant le citoyen Nicolas SARKOZY voulant devenir le Président Nicolas
SARKOZY avait fait de « l’augmentation du pouvoir d’achat » le grand enjeu de sa
campagne électorale. Il semblait alors qu’à ses yeux la première préoccupation des
Français était de pouvoir vivre dignement. Et aujourd’hui son gouvernement voudrait
convaincre un seul citoyen français que finalement ce n’est qu’un « soucis créole » ?L’
appauvrissement des français n’aurait-il été qu’un tremplin pour que certains accèdent 
au pouvoir, et que d’autres, récupérant ces slogans politiques nous arrosent de
campagnes publicitaires. Le cynisme des pouvoirs est manifeste.
 
La question du pouvoir d’achat qui est soulevée en Guadeloupe et en Martinique n’est
pas une question régionale, communautaire ou raciale, elle est nationale et mondiale.
Les revendications Antillaises sont légales et légitimes et chacun de nous, dans chaque
région de France devrait les relayer, afin qu’elles parviennent au cerveau de notre
Président élu démocratiquement.
 
Certains ne verront dans cette analyse que les humeurs de personnes de culture créole
que « le cartésianisme métropolitain » a bien du mal à comprendre 1. Alors rappelons
que ces régions, départements français depuis 1946, et françaises depuis 4 siècles sont
administrées par l’Etat ; et que donc il est inacceptable que l’Etat se décharge de ses
responsabilités en disant que la crise est dû aux disfonctionnements locaux. Rappelons
donc, puisque les représentants de l‘Etat semblent l‘oublier, que l’Etat n’est pas l’Etat
d’un ailleurs mais bien l’Etat de la Guadeloupe et de la Martinique. Et que s’il y a
1
  Propos d’Yves JEGO le 12/02/09 sur Europe 1 expliquant la difficulté de sa tâche de médiateur entre
les Antilles et l‘Etat : « on a deux chocs culturels, on a le cartésianisme métropolitain et puis on a la
culture ici créole qui est tout à fait particulière. »
Cartésianisme : pensée et attitude claires, précises, logiques, rigoureuses, méthodiques… 
Les mouvements de masse créoles seraient donc obscurs et désordonnés , contrairement  aux grèves à
Paris, à Marseille, en Corse, en Bretagne…
 
 
encore au XXI° siècle des problèmes propres au tissus sociaux économiques des
Antilles, de la Réunion et de la Guyane il faut que chaque force en présence ait, à
commencer par l’Etat, le courage d’assumer sa part de responsabilité. Si « les lois
contre les monopoles qui existent »2 ne sont pas appliquées, c’est la faute à qui ? Si
« le code du travail qui est le même ici et ailleurs »3 n’est pas respecté, c’est la faute à
qui ? Qui est le garant de l’autorité publique et de l’intérêt général ? Qui ?
 
Tous nous avons vu le reportage sur Canal +,  « les derniers maîtres de la Martinique »
; et à cette occasion nous avons pu constater que les détenteurs des monopoles, taxés
de hors-la-loi par le secrétaire d‘Etat à l‘outremer, peuvent entrer à l’Elysée sans
même présenter leur pièces d’identités, et que par exemple, 50 millions de prêt
accordé par l’Etat se transforme en subvention, pour eux, ceux qui ont déjà de
l’argent.
L’Elysée : La maison de la République ! La maison de notre République. Là ce n’est
pas « un blanc » qui entre comme il veut où il veut, c’est Monsieur 119ème fortune de
France qui entre comme il veut dans la maison du peuple, alors que le peuple lui-
même quel que soit sa couleur de peau n’a pas le droit de passer sur le trottoir d’en
face sans montrer « patte blanche ». Ce n’est pas un problème de race qui se joue là,
c’est bien un problème de classe.
 
Le lieu d’où part la grogne n’est pas qu’un accident. Elle part des seuls endroits de
France où est demeurée la même oligarchie4  financière depuis 4 siècles ; Les seuls
endroits où des familles visibles par leur singulière politique de reproduction raciste, 
jamais inquiétées par un Etat bienveillant, ont pu continuer à se répandre et à répandre
leur venin. De quel venin parlons-nous ? «… De la coalition de toutes les volontés de
la toute-puissance, de ce désir humain sans limite d’accroître son pouvoir…« qui
continue à imposer sa logique au  monde.  »5  
 
Non, les Antillais ne sont pas enfermés dans une réalité du XIXème siècle Monsieur le
secrétaire d‘Etat. Même si « L’histoire semble comme un fardeau pesant, bien trop
pesant. Nous avons bien du mal à la mettre à distance, à nous défaire quelque peu
d’elle pour retrouver le pouvoir de faire ; elle semble avoir pris le pouvoir sur nous.
Mais malgré la prétention  du «  a été », nous savons, dans notre for intérieur, que
notre être ne se confond pas avec lui, et que ce qui nous fait, c’est ce que nous portons
comme potentialité, notre projet, notre  « ouvertude ». Dès lors  il nous faut ressaisir
en nous même ce que nous avons amené à l’existence. Nous devons prendre
conscience, et tenter de trouver le sens. »6
 
Trouver le sens doit être notre exigence, celle de tous les Français car la société et la
pensée moderne ne peuvent faire  « l’impasse sur les conditions de leur naissance, et
les matériaux qui les ont faites. Il est peut être venu le temps où l’Homme moderne
quelque soit son continent prenne conscience que son être résulte d’une histoire
2
  Propos d’Yves JEGO le 12/02/09 sur Europe 1.
3
  Propos d’Yves JEGO le 12/02/09 sur Europe 1.
4
  Oligarchie : régime politique dans lequel la souveraineté appartient à un petit groupe de personne, à
une classe restreinte et privilégiée. 
5
  Marlène PARIZE, La part de l’autre - De la maïeutique créole , Editions l’Harmattan, 2008, p.23. 
6
  Marlène PARIZE, La part de l’autre - De la maïeutique créole , Editions l’Harmattan, 2008, p.70. 
 
 
commune, l’histoire coloniale. Oui la période coloniale fait partie de ces grandes
périodes historiques fondatrices de  l’humanité. L’Homme livré à lui-même ne peut
continuer à se fuir lui-même. Il a à être les possibilités qu’il a ouvertes ; penser et
vivre le monde auquel il a donné naissance. »7 Car oui comme le souligne le
secrétaire d’Etat lors du grand journal de Canal+ le 13 février « l’histoire nous
remonte à la figure ».
 
Alors nous savons au fond de nous-mêmes que nous devons refuser  toutes formes
anciennes ou récentes  de la volonté de la toute puissance financière. Et si la clameur
se fait entendre d’abord aux Antilles, c’est parce que oui il y a une crise de société, oui
il y a crise d’un « modèle de fonctionnement » ; mais Monsieur le Secrétaire d’Etat ce
n’est pas que celui des Antilles, c’est celui  qui s’est répandu  dans toute la France et
dans le Monde, et qui aux Antilles, en Guyane et à la Réunion a connu une situation
confortable grâce à la compromission  du pouvoir politique.  Si cette revendication
vient d’abord des français d’Amérique, c’est parce que notre particularisme
géographique nous obligeait à nous serrer la ceinture depuis longtemps déjà (minima
sociaux inférieurs à la métropole, alors que le prix des marchandises, des
médicaments, des transports y est supérieur de 30 à 400 % voir au-delà), mais depuis
la crise on nous demande de nous étrangler avec cette ceinture ; nous disons alors :
non. Non à l’ultralibéralisme, pour que disparaissent les odieux privilèges que
s’octroie le monde de la finance, et pour que par la suite disparaissent les travailleurs
pauvres. De la même façon que le monarque de droit divin Louis XVI se transforme
après la révolution de 1789 en citoyen Louis Capet, il va falloir que le Président
Sarkozy après la grève des Antilles, après la grève générale se rappelle qu’il est avant
tout le citoyen Nicolas Sarkozy au service du peuple français.
 
D’ici nous proclamons l’unité de la souffrance et de la révolte de tous les travailleurs
de toutes les régions de France, sur toute la surface de la Terre. Oui comme en 1789
les habitants de Champagney  proclamaient  l‘unité de la souffrance en disant « ne
pouvoir penser aux maux que souffrent les nègres dans les colonies, sans avoir le cœur
pénétré de la plus vive douleur, en se représentant leurs semblables … être traités plus
durement que ne le sont les bêtes de somme. », nous proclamons que l’urgence
guadeloupéenne est une urgence française , celle de soigner, de loger, de nourrir et
d’éduquer nos enfants. Nos revendications  au final sont les mêmes : à savoir que
l’ultralibéralisme a trouvé ses limites et qu’il nous faut passer à autre chose, car il
gangrène notre pays et la planète toute entière.
 
Il nous faut nous français, arrêter absolument ce tourbillon oligarchique dans lequel ce
président nous entraine ; il est impératif que les citoyens français tous ensembles
réhabilitent la démocratie et la république telle qu’elles nous sont enseignées.
 
Pour cela il est primordial que les caissières de carrefour de Guadeloupe et de
Sarcelle, les profs de ZEP de la Réunion et de Lille…, les ouvriers agricoles de
Martinique et de Bourgogne…., les marins-pécheurs de Guadeloupe et de Brest…., les
postiers de Cayenne et de Bergues…, les artisans de l’île d’Oléron et de la Creuse, les
employés de mairie de Paris et de Trifouillis les Oies…, les étudiants de Montpellier
7
  Marlène PARIZE, La part de l’autre - De la maïeutique créole , Editions l’Harmattan, 2008, p.13. 
 
 
et de Nice…, les gardiens de prison de Marseille et de Fresnes, les universitaires se
dressent épaules contre épaules pour renier l’antique maléfice des tabous du sang. Car
ce qui nous sépare, le climat, l’étendue, l’espace, les mers crée t-il une dissemblance
inexorable ? Il faut que les citoyens rassemblent leurs forces écartelées par la ruse de
nos politiques, pour former une seule masse de citoyens mécontents. Nous voulons
que chaque français, de la façon la plus pacifique, protège le bien commun que
l’ultralibéralisme met en péril chaque jour.
 
De quoi nous nous réclamons ? Et quelle est notre patrie ?
 
La France à laquelle nous aspirons n’est pas la nation française ethnocentriste, pensée
selon le modèle hégémonique de l’Etat-nation et conduite pas la volonté de la toute
puissance. Non notre France est une république transcontinentale, qui certes, de la
première à la cinquième république avança en trébuchant, mais qui est  le seul horizon
dégagé  pour notre monde moderne à l’identité transversale. 
 
Il s’agit de lancer un appel au patriotisme constitutionnel, à un engagement  au -delà
des cultures, des ethnies, des classes, qui consiste à vouloir ce qu’il y a de meilleur
pour le plus grand nombre et l’application de la même loi pour tous.  Nous voudrions
faire en sorte que nous les citoyens de France dépassant nos particularismes régionaux
érigions les lois de notre constitution qui protège les personnes. Car face à la
mondialisation de la bourse et des finances, seule une société civile mobilisée à
l’échelle mondiale changera ces données politiques et  établira un véritable
cosmopolitisme. 
 
Où que nous soyons, nous savons (car nous l’avons appris) que le soleil ne se couche
jamais sur la France : quand il est minuit à Paris il est midi en Nouvelle Calédonie,
quand il est treize heure en région Pacca il est huit heures en Guadeloupe, quand il fait
déjà nuit à la Réunion et Ajaccio le soleil brille encore à Fort de France et à
Maripasoula. Autrement dit le soleil ne se couche jamais sur la république française et
donc sur la conscience citoyenne et démocratique des français.
 
Cependant les peuples de France, les peuples de cette nation sur laquelle le soleil ne se
couche jamais, seront-ils assez sensibles à la démocratie ? Le peuple des Frances aura-
t-il envie de réellement changer les choses ? Ou bien va-t-il laisser les Antilles
s’enliser seules dans un conflit dont la teneur est en réalité mondiale ?
Nicolas Sarkozy et son gouvernement vont-ils réussir à enfermer les événements des
Antilles dans une question créole à régler à l’échelle créole ? Et dès lors verra t-on
naître un mariage entre les nationalismes antillais prêts à tout pour l’idéologie et
l’ultralibéralisme de Sarkozy qui n’entendant rien à l’idée de République continue à
diviser la France ?
 
Mais le gouvernement  devrait savoir qu’ « Un lieu, si modeste soit il, peut être un
oracle8 ; un lieu peut être sacré car porteur de sens. A l’heure des grandes pénuries,
il y a des lieux fertiles, pleins de ressources subtiles ; telle Athènes, « ce point
8
  Divination, prophétie. 
 
 
lumineux de l’histoire »9. Ce qui fait la grandeur de ces lieux c’est bien sûr ce qui s’y
vit, mais c’est surtout ce qui s’y crée. Mais le premier regard sur ces lieux-oracles ne
révèle pas nécessairement leur nature, car ils sont toujours des lieux de grande
contradiction. Les rapports n’y sont pas pacifiés et simplifiés ; non, ce sont les lieux
des prémisses. On y trouve donc les forces « traditionalistes » résistant aux premiers
élans annonciateurs. C’est bien Athènes  qui mit à mort  Socrate. Ce sont donc des
lieux de conflits et de promesses … Les foyers créoles, ces lieux-creusets sont, comme
oracles,  le cœur même de la France…      
Ainsi oracles de l’âge moderne, les foyers-créoles augurent le monde culturel avenir
et un nouveau genre d‘Homme, l’Homme trans. Leur destin est, comme le laissent
entrevoir les conditions de leur naissance, celui de toute l’humanité. Mais il faut
maintenant un destin politique à la hauteur de ce destin culturel singulier.
Comprendre ce qu’exigent politiquement ces lieux-creusets, c’est en finir avec la
surdité des nationalismes, et rendre possible l’humanité. »10
 
 
Elodie QUIDAL née en Guadeloupe, Professeur de Philosophie au Lycée Frantz
Fanon en Martinique diplômée à l’Université Paris IV. 
Marlène PARIZE née en Guadeloupe, Professeur de Philosophie au Lycée Joseph
Zobel en Martinique diplômée à l’Université Grenoble II, Auteur de La part de
l’autre- De la maïeutique créole chez L’Harmattan.
 
 
 
9
  Hegel, Leçons sur la philosophie de l’histoire, traduit par J. Gibelin, Vrin, Paris, 1945, p. 135.
 
10
  Marlène PARIZE, La part de l’autre - De la maïeutique créole , Editions l’Harmattan, 2008, p.70.
P.76. 
 
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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 21:13
Pendant la mobilisation, pas de petits profits

On nous a signalé une multitude de pratiques honteuses liées à la pénurie en produits de première nécessité. Si le prix des fruits et légumes ne varie guère de l'euro le kilo (que ce soit du melon, de la tomate, de la courgette, etc.), il y a des denrées rares donc chères.
Ainsi, difficile d'aller à la station du coin chercher une bouteille de gaz. Les stations sont fermées. Que faire alors ? Se rendre dans un de ces sympathiques lolos où la bouteille de gaz jouxte la salle où, table à toile cirée et chaises pliantes, on peut boire son sèk jusqu'à plus soif.
A Morne-à-l'Eau, signale Judes Griffard, de l'Union régionale des consommateurs, dans une petite section, une sympathique (d'habitude, là moins) commerçante vend la bouteille de gaz à 20 euros. La briquet de lait a subi une augmentation record. D'un jour l'autre elle a pris... un euro !
Quand on demande à la sympathique commerçante une facture, un ticket de caisse, elle refuse : « Je n'ai pas le temps ! », clame-telle avant de vous donner le dos.
Quand on s'étonne de tels prix, elle réplique, car elle a de la réplique : « C'es à prendre... ou à laisser ! »
A Petit-Canal, autre petite section, autre petit lolo mais on a du se donner le mot. La fameuse brosse à dents vendue en hypermarché 4 euros, cette brosse à dents qui a longtemps fait parler Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, est vendue... 3,60 euros ! Les autres prix, selon M. Griffard, sont à l'avenant, c'est-à-dire rehaussés amplement. Il est vrai que ce qui est rare... est cher.
Judes Griffard est bon citoyen : il a dénoncé ces pratiques par courrier à Jean-Jacques Ambroise, directeur départemental de la concurrence, de la consommation et des fraudes. Gageons que celui-ci va expédier illico presto une brigade à Morne-à-l'Eau. Non, mais oui, puisqu'on vous le dit !
A.-J. V.
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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 20:30
La Guadeloupe économiquement défavorisée par rapport à la métropole
 
Trois fois plus de chômeurs, quatre fois plus de Rmistes, deux fois plus de pauvres... Les chiffres de l'économie de la Guadeloupe, paralysée depuis un mois par un important mouvement social, font apparaître de grands déséquilibres par rapport à la métropole:

CROISSANCE:

- En 2007, le produit intérieur brut (PIB) de la Guadeloupe a progressé de 2,6% alors qu'il augmentait de 2,2% pour l'ensemble de la France. Mais il ne représente qu'environ 0,4% du PIB français total.

- Le PIB par habitant se montait en 2007 à 29.765 euros en moyenne pour la France. En Guadeloupe, il n'atteignait que 17.400 euros environ, soit moins de 60% de ce montant.

PAUVRETE:

- Le taux de pauvreté des ménages est deux fois plus élevé en Guadeloupe (12,5%) qu'en métropole (6,1%) même si les seuils de pauvreté y sont bien plus bas (3.900 euros par an et par personne contre 7.225 en France métropolitaine), selon une étude publiée en 2005 par l'Insee.

EMPLOI ET CHOMAGE:

- Le taux de chômage au sens du BIT s'est replié de 2,4% en 2007 par rapport à l'année précédente, mais reste extrêmement élevé avec 22,7% de la population active guadeloupéenne touchée. A la même période, le taux de chômage était de 8,1% en métropole.

- Le taux de chômage des jeunes Guadeloupéens de moins de 25 ans était de 55,3% en 2007, contre 22,2% en France métropolitaine.

- Au premier trimestre 2008, la Guadeloupe comptait 44.850 demandeurs d'emplois inscrits, mais seulement 16.763 étaient indemnisés à la fin avril.

- A la même période, l'Insee recensait 35.751 bénéficiaires du RMI (Revenu minimum d'insertion), pour une population totale de 451.000 habitants, soit un taux d'environ 8%. Sur l'ensemble de la France, ce taux est d'environ 2%.

INFLATION ET COUT DE LA VIE:

- Selon l'Insee, entre janvier 1990 et décembre 2007, les augmentations cumulées des prix ont atteint 39,1% en Guadeloupe contre 38,6% en France métropolitaine.

Aucun indicateur n'est cependant disponible pour comparer les différences ou l'évolution de certaines catégories de prix (alimentation, carburants, télécommunications, etc..) entre l'île et la métropole.
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