QUAND LES PATRONS ONT UN PROJET DE SOCIÉTÉ
Sous l'égide du Médef et d'autres organisations syndicales patronales, un document a été diffusé lundi, à l'issue d'une réunion au WTC, animée par Willy
Angèle.
AMBITION 2030
Propositions économiques et sociales pour le développement de la
Guadeloupe :
La cité caribéenne du 21ème siècle
Il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va.
SENEQUE
« Il n’y a pas de territoires condamnés, il n’y a que des territoires non –connectés »
Jean Louis GUIGOU
Ambition 2030 : La cité caribéenne du 21ème siècle
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Table des matières
I. Notre démarche ............................................................................................................... 3
II. Notre méthode d’analyse ................................................................................................. 7
a) Les handicaps et les atouts de la Guadeloupe ................................................................ 8
b) Les caractéristiques de l’environnement mondial. ........................................................ 11
III. Les moyens nécessaires à la mise en œuvre de notre vision du développement de la
Guadeloupe ............................................................................................................................... 15
1. Positionner la Guadeloupe comme un pôle logistique maritime dans l’arc Antillais ... 18
2. Optimiser la gestion de notre environnement afin d’en faire l’un des atouts majeurs de
la Guadeloupe et l’un des facteurs clés de son attractivité ................................................... 20
3. Structurer et définir l’urbanité de la Guadeloupe .......................................................... 22
4. Organiser et structurer les transports collectifs de personnes sur le territoire............... 23
5. Repositionner la filière touristique comme un atout majeur du développement de la
Guadeloupe et la faire accepter par la population de l’île .................................................... 24
6. Mettre en œuvre la diversification agricole ................................................................... 26
7. Repositionner la stratégie de notre secteur industriel ................................................... 28
8. Améliorer la gestion de la ressource « eau douce ». ..................................................... 29
9. Optimiser notre système électrique. .............................................................................. 30
10. Intégrer le Parc national dans la dynamique de développement du territoire............ 32
11. Développer l’économie résidentielle ......................................................................... 34
12. Définir sur le territoire de la Guadeloupe les pôles de développement orientés ....... 36
13. Mise en place d’une politique de logement public ................................................... 38
14. Former notre ressource humaine en fonction de besoins du territoire ...................... 39
15. Faire de l’Université Antilles Guyane un Hub de connaissances. ............................. 40
16. Développer l’offre de capital développement............................................................ 43
17. Créer une communauté de travail .............................................................................. 44
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I. Notre démarche
La finalité première de ce rapport est d’exprimer et de soumettre à l’ensemble de la société
civile les propositions du monde entrepreneurial pour l’élaboration du projet de territoire de la
Guadeloupe.
Notre objectif fondamental est d’initier un échange d’idées et de provoquer une discussion, la
plus large possible, sur les enjeux fondamentaux de notre région et son devenir.
Plus que le simple débat ou la confrontation d’arguments nous avons aussi l’audace de croire
que de cet échange pourra naitre une dynamique de confiance. Cela facilitera l’élaboration du
consensus sociétal indispensable à notre communauté pour élaborer les compromis
nécessaires à la construction d’un destin commun et partagé.
Certes, ce défi peut sembler insurmontable car, rarement au cours de son histoire, notre
communauté s’est pensée comme l’acteur principal de l’aménagement de son territoire et
comme le bâtisseur de son destin.
En effet, la société guadeloupéenne s’est construite sur les fondements d’une entreprise
mercantile qui a accaparé le territoire de la Guadeloupe afin d’en faire une colonie de
comptoir. Comme le précise l’acte de fondation de la première compagnie coloniale française
pour les petites Antilles, la prise de possession des Iles se réalisait « pour y trafiquer et
négocier des deniers et marchandises qui se pourront recueillir et tirer desdites iles et celles
des lieux circonvoisins »1.
Nous sommes bien loin de la démarche de peuplement qui, sous couvert d’idéologie
mercantile, créait les colonies françaises d’Amérique du nord (Québec et Acadie) avec
l’ambition d’y bâtir une nouvelle France.
Outre le fait d’avoir subi une colonisation de comptoir, la Guadeloupe a du se construire sous
le régime inique de l’esclavage. Cela a donné naissance à une société esclavagiste, cloisonnée,
pétrie de préjugés, totalement inertielle, qui a perdurée plus de 200 ans et où la règle de droit a
été pervertie (le code noir) afin de justifier la violation du socle fondamental de la civilisation
gréco-judéo-chrétienne : l’humanisme. Tout cela se faisant, de surcroît, dans le cadre d’un
choc de civilisations d’une violence extrême où se confrontèrent et se mélangèrent les
civilisations occidentale, africaine et sud-américaine.
1
Extrait tiré de L’histoire de la Guadeloupe d’Auguste Lacour Tome. Dans la citation le mot trafiquer est
l’équivalent de commercer.
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Doit-on alors s’étonner, qu’avec un tel départ, notre communauté soit aujourd’hui encore une
société de défiance, habitée par un individualisme forcené (voir obsessionnel) où il est
quasiment impossible de débattre sereinement et objectivement :
- De notre histoire,
- De notre identité,
- De nos valeurs,
- De notre culture plurielle,
- Du rôle de l’entreprise dans notre société,
- Du sens de l’économie,
- De la place de l’environnement dans notre développement,
- De la mondialisation avec ses effets négatifs et positifs sur notre société.
Doit-on être surpris que notre monde entrepreneurial ait été majoritairement dominé par le
mercantilisme2 et par les dogmes de l’économie libérale qui limitent l’engagement et
l’implication de l’entreprise dans la société à sa plus simple expression : le respect des lois et
des règlements. Ainsi, pendant plus de 300 ans de 1635 à 1947 notre économie a été marquée
par les fondements de ses origines. La Guadeloupe a été un territoire d’exploitation avec une
structure économique reposant essentiellement sur une agriculture d’exportation, des bas
salaires, le faible niveau d’éducation de la population et la quasi inexistence d’investissements
dans les infrastructures sociétales.
La départementalisation de 1947 a sonné le glas de cette organisation économique et a jeté les
bases d’un nouveau modèle dont le moteur principal était les transferts financiers de l’Etat et
la finalité première le rattrapage social. Ces raisons expliquent pourquoi, pendant plus de 60
ans, notre économie régionale s’est structurée et développée en se fondant sur les transferts
publics.
Certes, nul ne peut contester les succès de ce 2ème modèle économique en matière :
- d’élévation générale du niveau de vie et d’éducation,
- d’amélioration de la santé publique,
- d’augmentation et d’amélioration des infrastructures sociétales.
2
Le mercantilisme est une conception de l'économie qui prévaut entre le XVIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle
en Europe. Les penseurs mercantilistes prônent le développement économique par l'enrichissement des nations
au moyen du commerce extérieur qui permet de dégager un excédent de la balance commerciale grâce à
l'investissement dans des activités économiques à rendement croissant, comme l'avait identifié l'économiste
italien Antonio Serra dès 1613. L'État a un rôle primordial dans le développement de la richesse nationale, en
adoptant des politiques protectionnistes établissant notamment des barrières tarifaires et encourageant les
exportations.
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Mais, nul ne peut nier non plus ses limites en termes d’équilibres sociétaux et de
développement endogène.
Prenons quelques chiffres actuels :
- 25 % de taux chômage dans la population active,
- 55 % de chômage chez les jeunes de moins de 25 ans (contre 7,6 % dans l’UE à
27)3,
- 17 % d’illettrisme, (Estimation)
- Un PIB par habitant inférieur de 44 % à celui de la métropole.
Si on ajoute à cela le manque de vision, le manque d’ambition collective des acteurs de la
société Guadeloupéenne pour le devenir de notre territoire, comment être étonné de la crise
sociétale que nous avons connue en début d’année 2009 ?
Car, plus que les difficultés de la vie, ce qui détruit une société c’est le manque de
représentation de son devenir, le manque de perspectives, le manque d’espérance.
Certes nous pouvons dire à notre décharge (nous les acteurs4 de la société guadeloupéenne)
que l’économie fondée sur les transferts sociaux et la consommation nous a enclin à penser
que nous n’avions plus la responsabilité de notre devenir ; que tout cela était de la
responsabilité entière de l’état qui était le seul responsable du développement de notre
territoire, de nos revenus, de notre sécurité, et de la défense de nos valeurs.
C’est probablement pour cela que nous nous sommes tous contentés de gérer, chacun en
spécialiste de sa matière, les opportunités résultant des décisions du grand ordonnateur de la
Guadeloupe que fut l’état. Les lois de décentralisation de 1982, la chute du mur de Berlin en
1989, la réforme de la constitution de 2003 et plus globalement la mondialisation des
économies et des sociétés ont définitivement sonné le glas de ce modèle.
Dès lors, plus qu’un simple mouvement de revendications sociales, les évènements du début
d’année 2009 n’ont fait que matérialiser la fin d’une organisation économique et sociale
fondée sur les transferts publics, la consommation, l’assistanat et l’effacement des acteurs de
la société locale concernant l’aménagement et le développement du territoire.
3
Données actualisées à février 2009
4
Par acteurs de la société nous entendons toutes les parties prenantes de la société guadeloupéenne à savoir :
les politiques, les entrepreneurs, les syndicats de salariés, les représentants de l’état, les intellectuels, les acteurs
du monde culturel et plus globalement, l’ensemble de la société civile.
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C’est ce que nous, entrepreneurs, avons compris de la situation que nous avons vécu en
ce début d’année 2009.
C’est pour cette raison que nous avons pris la décision de penser, d’accentuer et de confirmer
l’engagement sociétal du monde de l’entreprise.
C’est pour cette raison que nous nous engageons résolument dans la dynamique d’un
capitalisme territorial impliqué dans le devenir de la société dans laquelle il investit.
C’est pour cette raison que nous faisons des propositions concrètes à tous nos partenaires et à
tous les acteurs de la société pour le développement économique et social de notre région.
Outre les propositions qui y sont formulées, ce rapport est aussi l’occasion pour nous,
entrepreneurs territoriaux, d’affirmer un principe essentiel :
L’économie n’a de sens que si elle est capable de créer du bien être pour le plus grand
nombre et notamment pour les plus démunis.
Oublier cela consiste à nous condamner, tous, à vivre entourés de murs pour nous protéger.
Tout cela ayant été énoncé et précisé, nous soumettons maintenant à la discussion de tous
notre ambition qui est de faire de la Guadeloupe : La cité caribéenne du 21ème siècle.
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II. Notre méthode d’analyse
Notre vision du devenir de notre territoire ayant été énoncée (faire de la Guadeloupe la cité
caribéenne du 21ème siècle), il nous semble nécessaire de préciser les éléments qui nous ont
permis d’établir une telle perspective. En effet, si on tient compte de la situation actuelle de
marasme dans laquelle se trouve notre région, on pourrait se demander comment en sommes
nous arrivés à formuler une telle ambition ?
Afin de répondre à cette question, nous nous contenterons d’expliquer la méthode d’analyse et
de réflexion que nous avons suivie.
En premier lieu, il nous faut dire que notre approche se fonde sur une conviction totalement
indémontrable : Seul un développement économique et social dont les fondements sont
endogènes permettra à la Guadeloupe de surmonter la crise qu’elle connait actuellement.
Nous avons ensuite admis 2 postulats :
Il n’existe pas de territoire sans avenir, il n’existe que des territoires sans projet.
« Il n’y a pas de territoires condamnés, il n’y a que des territoires non –connectés ».5
Ces axiomes posés, toute notre démarche a consisté à faire un état des lieux de la situation de
notre territoire et de l’environnement mondial dans lequel il se situe. Puis, à en induire les
actions à mettre en œuvre afin de faciliter le développement économique et social de la
Guadeloupe.
Ce travail nous a donc permis de mettre en évidence :
- Les handicaps et les atouts de la Guadeloupe
- Les caractéristiques de l’environnement mondial.
5
Jean Louis Guigou
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a) Les handicaps et les atouts de la Guadeloupe
Handicaps de la Guadeloupe Atouts de la Guadeloupe
Une terre européenne située en
Amérique ; cela pose le problème de
l’éloignement de la France et de l’Europe
auxquels appartient ce territoire.
Risques sismique, volcanique et
cyclonique ;
Difficultés à mettre en place un
développement économique endogène.
Taux chômage important.
Taux de chômage important chez les
jeunes de moins de 25 ans.
Importance du secteur public, de
l’administration territoriale et du secteur
para public dans l’emploi de l’Archipel.
Importance majeure de la consommation
finale des administrations et des
ménages, des transferts publics et des
subventions communautaires dans la
structure du PIB.
Importance relative du nombre de
Rmistes par rapport à la population
active.
Insuffisance de connexions au
Monde dans les domaines maritime et
aérien : les relations du territoire avec
l’extérieur sont encore trop marquées, du
fait de l’histoire, par les relations
monopolistiques avec la métropole
française.
Faible intégration du territoire dans sa
région géographique.
Insuffisance du parc logement avec des
problématiques quantitatives et
qualitatives notamment en ce qui
concerne le raccordement des habitations
au tout à l’égout et la résorption de
l’habitat insalubre.
Un bon positionnement géographique du
territoire au centre de l’Arc des petites
Antilles, aux avant-postes du continent
américain et dans l’axe du canal de
Panama.
Le plus grand territoire des Petites
Antilles : 1.632 Km2.
Une grande richesse géologique,
botanique.
Des reliefs et des paysages variés et un
ensemble de micro climats unique dans
l’arc caribéen.
Une culture plurielle et créole.
L’une des meilleures gastronomies du
continent américain.
Des ressources en eau douce importantes
par rapport à la plupart des autres îles des
petites Antilles
Une ZEE significative.
Une pyramide des âges saine et
relativement bien équilibrée surtout si on
tient compte des jeunes partis faire leurs
études hors du territoire.
Une population relativement jeune : 32
% contre 24 % pour la population
métropolitaine
Une diaspora importante répartie sur tous
les continents.
L’appartenance à la communauté
économique européenne qui donne
accès :
à un marché à haut pouvoir
d’achat de plus de 400 millions
d’habitants.
Au fonds d’intervention
économique et aux ressources
financières de la communauté
européenne.
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Handicaps de la Guadeloupe Atouts de la Guadeloupe
Inexistence d’un véritable pôle urbain et
d’une véritable politique d’urbanisation à
l’échelle du territoire. Cela entraine un
peuplement diffus et un mitage du
territoire
Manque d’intégration du Parc Naturel
dans les problématiques économiques et
sociales du territoire.
Empilement des compétences et des
structures administratives qui génèrent
une paralysie du système quand il n’y
pas de coordination entre elles.
Déficit d’encadrement des collectivités
territoriales. En 2006, les cadres A et B
représentent respectivement 4 % et 6 %
du personnel de la fonction publique
territoriale de la Guadeloupe. Le taux
d’encadrement (10 %) est plus faible
qu’en Guyane (15 %), Martinique
(17 %), et France métropolitaine (24 %).
Difficultés de mise en œuvre par les
collectivités territoriales des possibilités
offertes par la décentralisation pour le
développement et l’aménagement du
territoire.
Déficit d’utilisation pertinente des fonds
structurels européens.
Déficit d’organisation du système des
transports collectifs.
Lourde problématique identitaire liée à
l’histoire traumatique de la Guadeloupe
pendant la période coloniale et aux
espoirs déçus de la départementalisation.
Insuffisance de liaisons maritimes
régulières entre la Guadeloupe et la
Martinique ce qui empêche la création
d’un marché commun inter-iles.
Bon niveau d’infrastructures
comparativement aux Etats-insulaires de
la Caraïbe concernant :
Les routes,
Les hôpitaux,
Les infrastructures portuaires et
aéroportuaires,
Les infrastructures éducatives et
universitaires,
Les infrastructures de
télécommunications permettant
la connexion de la Guadeloupe
au monde extérieur.
Bon niveau de sécurité juridique pour les
biens et les personnes.
Bonne sécurité sanitaire et alimentaire.
Bon niveau de santé publique.
Familiarisation avec les normes
européennes.
Une disponibilité foncière relativement
importante. La rareté du foncier n’est pas
absolue en Guadeloupe, elle résulte
beaucoup plus d’une mauvaise allocation
et d’un mauvais aménagement de
l’espace.
Bon gisement d’actifs financiers : au 31
décembre 2008, les données financières
de la Guadeloupe étaient les suivantes :
Dépôts à vues : 2,035 milliards €
Epargne à court terme : 2,117
milliards €
Epargne à long terme : 1.799
milliards €.
Electricité et eau potable bon marché.
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Handicaps de la Guadeloupe Atouts de la Guadeloupe
Insuffisance de cabotage inter-iles
entre l’archipel Guadeloupéen et les
Etats-insulaires des caraïbes.
Insuffisance de la couverture du
territoire par le réseau de
télécommunications. Le très haut
débit est trop souvent limité à la zone
de concentration urbaine du centre de
l’archipel.
Réseau électrique isolé.
Production électrique structurellement
déficitaire et réalisée essentiellement
à partir de ressources énergétiques
fossiles. (Compensation par le fond
de péréquation nationale)
Nécessité d’améliorer la qualité du
réseau électrique de moyenne et basse
tension surtout en ce qui concerne la
zone rurale qui couvre 80 % du
territoire guadeloupéen.
Sous utilisation du pôle universitaire
et mauvaise connexion entre le
monde économique et le monde
universitaire.
Relative inadéquation des référentiels
des formations professionnelles avec
les besoins des entreprises locales.
Faiblesse de l’offre de capital risque
et quasi-inexistence de l’offre de
capital développement. Pas d’offre
opérationnelle de capital pour
financer l’innovation.
Un institut national de recherche
agronomique
Un pôle de compétitivité.
Des laboratoires de recherches
universitaires.
Un réel potentiel en matière de
pharmacopée tropicale.
Un réel potentiel géothermique.
Un potentiel maréthermique possible
concernant les fosses marines de la
côte sous le vent.
Un potentiel hydrolien possible
concernant l’exploitation des courants
marins afin de produire de
l’électricité.
Etre un territoire insulaire dans
une période de mondialisation qui
favorise les iles et les façades
maritimes.
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b) Les caractéristiques de l’environnement mondial.
Pour ce qui est de l’environnement mondial dans lequel se situe la Guadeloupe, nos
analyses ont mis en évidence les points fondamentaux suivants :
1. L’environnement économique et social dans lequel évolue la Guadeloupe est un
univers mondialisé et globalisé.
2. La caractéristique fondamentale de ce monde est l’importance majeure des flux
et des échanges dans la dynamique de croissance économique.
Ces flux sont aujourd’hui essentiellement de 3 types :
- Flux de marchandises
- Flux humains
- Flux d’informations et de connaissances.
3. Le phénomène de mondialisation a entrainé l’émergence de 3 blocs majeurs :
- La zone d’intégration américaine (Etats Unis- Canada, Mexique),
- La zone d’intégration européenne (Le communauté européenne des 27),
- La zone d’intégration asiatique (Chine- Japon, Inde).
Le monde se structure actuellement autour de ces 3 entités économiques sociales et
culturelles.
Notre présentation de la situation ne serait pas complète si nous n’évoquions pas les 4
pôles secondaires structurés ou en phase de structuration autour des 4 Etat-Nations
suivants :
- Le brésil,
- La Russie,
- L’Afrique du Sud,
- L’Australie.
Ces 4 entités présentent toutes la même particularité : elles se situent à la périphérie
des 3 blocs majeurs actuels de la mondialisation (communément désigné sous le terme
de triade).
En résumant de façon simplificatrice la situation de notre économie et société
mondiale actuelle, on peut dire que 90 % de l’activité économique et des flux
d’échange s’organisent autour des 7 pôles principaux et secondaires énoncés ci-dessus.
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4. L’un des phénomènes les plus marquants de la mondialisation économique est
probablement l’émergence d’un réseau de mégalopoles urbaines de dimensions
variables fonctionnant comme des points nodaux et concentrant l’essentiel de la
création de valeur et des flux économiques.
La métropole parisienne (Ile de France) représente, à elle seule, environ 30 % du PIB
de la France. En simplifiant les choses nous pourrions classer ces différents pôles
urbains qui structurent l’économie mondiale en 5 catégories :
- Les pôles urbains mondiaux.
- Les pôles urbains continentaux.
- Les pôles urbains nationaux.
- Les pôles urbains régionaux.
- Les pôles urbains locaux.
Par exemple, New-York, Londres, Tokyo sont d’incontestables Métropoles urbaines
mondiales.
Paris, Los Angeles, Singapour, Shanghai, Sao Paulo sont des Métropoles mondiales un
peu plus discutables mais d’incontestables pôles urbains continentaux.
Lyon, Marseille, Barcelone, Miami, Madrid, Mexico, Rio Janeiro, Caracas, Milan,
sont des pôles continentaux discutables mais d’incontestables pôles urbains nationaux.
Nous ne discuterons pas de la définition précise du concept de Pôle urbain par contre il
est indispensable de préciser que :
- ce qui fait le classement d’un pôle (Mondial, Continental, National, Régional,
Local) c’est sa sphère de rayonnement et d’attractivité.
- Plus le rayonnement d’une métropole urbaine est large, plus elle attire des flux et
plus elle est capable de créer de la valeur ajoutée et d’échanger avec le monde.
5. La mondialisation globale a confirmé et renforcé le rôle fondamental de la mer,
des façades maritimes et des positions insulaires.
En effet, la mondialisation se structure autour des échanges commerciaux ce qui a
pour conséquence : l’augmentation de la mobilité des hommes et l’accroissement des
flux de marchandises et d’informations.
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Tout cela a entrainé le développement des activités de transports avec une certaine
spécialisation des canaux de communications.
- Pour transporter l’information on utilise principalement internet et la numérisation
informatique
- Pour transporter les hommes on utilise principalement l’avion
- Pour transporter les marchandises on utilise principalement les bateaux. Le
transport maritime est donc aujourd’hui le mode majeur de transport des biens
matériels. Cette situation entraine une maritimisation de l’économie mondiale.
Cette situation confirme l’avantage qu’ont toujours eu, pour leur développement
économique, les villes portuaires.
6. La mondialisation a permis (parallèlement à la structuration du réseau de
métropoles urbaines), l’émergence d’un modèle économique que l’on désigne
sous le terme d’économie résidentielle ou d’économie « présentielle ».
Ce modèle élaboré à partir de la géographie économique et de l’économie du
développement permet d’appréhender la dynamique de création de valeur d’un
territoire donné en se fondant essentiellement sur la consommation finale, les produits
et services crées et consommés sur place.
Le concept est relativement simple : A côté des pôles et des métropoles urbaines qui
concentrent les flux économiques et la création de valeur productive, il existe des
zones de résidences et de vie où les personnes viennent dépenser l’argent qu’elles ont
gagné sur les lieux de travail et de production.
Dans l’ensemble de ces territoires de vie et de résidences, ceux qui se développent le
mieux sont ceux qui offrent le cadre de vie le plus agréable pour l’individu en terme de
consommation, de services (notamment à la personne) et de divertissements.
Pour résumer la situation on pourrait dire que les territoires « présentiels » créent de la
valeur ajoutée économique en captant des flux financiers résultant de la richesse créée
sur d’autres territoires et notamment les territoires d’économie productive.
En fait, quand on développe un territoire dans le cadre d’une économie présentielle on
ne vend pas seulement des produits et des services, on fait la promotion globale de ce
territoire.
C’est sur les bases de ce modèle que la Floride a initiée son développement et que
Saint Barthélémy a fondé l’essentiel de son modèle de croissance économique.
De même, l’économie de la ville de Key West en Floride est l’un des exemples les
plus aboutis d’économie résidentielle.
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On ne serait pas complet concernant l’état des lieux de l’environnement mondial si on
ne parlait pas des actuels enjeux fondamentaux de notre planète.
Nous en avons identifiés 4 :
Le défi énergétique qui s’articule autour de 2 problématiques fondamentales :
le développement des énergies renouvelables et la raréfaction de la ressource
pétrolière.
Le défi de la sécurité alimentaire qui s’articule lui aussi autour de 2
problématiques fondamentales : La quantité de nourriture disponible (le risque
de pénurie alimentaire) et qualité de cette nourriture (la Mal bouffe).
Le défi de la gestion de l’eau et plus particulièrement de l’eau douce.
A ce titre il est important de rappeler que si l’eau couvre 70 % de la surface du
globe, l’eau douce n’en représente qu’une infime partie. Il est donc probable
que l’eau devienne l’or bleu du 21ème siècle.
Le défi du développement durable.
La révolution industrielle et technologique a fait de la terre un monde fini,
fonctionnant comme un écosystème en équilibre instable et se caractérisant par
les fortes interdépendances existant entre ses divers éléments constitutifs. Dès
lors, le développement durable (ce difficile équilibre sous contrôle entre
l’économie, la société humaine et l’environnement) est encore de nos jours un
concept dont la mise en œuvre opérationnelle et la pérennité doivent être
validées.
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III. Les moyens nécessaires à la mise en œuvre de notre
vision du développement de la Guadeloupe
Avant d’énoncer les moyens nécessaires à la mise en œuvre de notre vision du devenir
possible de la Guadeloupe, il nous faut souligner un point :
Comme vous avez pu le constater, nous n’avons pas beaucoup parlé de l’environnement
caribéen de La Guadeloupe. Ceci n’est pas lié à un quelconque désintérêt à l’égard de cette
zone géographique dans son ensemble. Mais cela correspond à un constat; la Caraïbe subit,
comme la Guadeloupe, les effets d’une mondialisation qui est orchestrée par les 7 principaux
blocs économiques et politiques (3 majeurs et 4 secondaires) que nous avons énoncés
précédemment.
La Guadeloupe et les autres ROM et COM des Antilles présentent toutefois une particularité
par rapport aux Etats-insulaires de la Caraïbe : Elle fait partie de l’Europe communautaire.
Ceci lui donne un avantage comparatif considérable concernant les moyens financiers qu’elle
peut mobiliser, l’accès à la connaissance, la capacité de ses habitants à circuler et échanger
avec le monde.
Ce point précisé, revenons à notre ambition de faire de la Guadeloupe :
La cité caribéenne du 21ème siècle.
Pour commencer, il nous faut préciser que la finalité essentielle de cette ambition est de
permettre le développement économique et social de notre territoire afin que chacun des ses
habitants, en fonction de ses potentialités, son travail et de sa discipline personnelle, puisse
avoir la possibilité d’occuper un emploi lui permettant de :
- fonder une famille,
- la nourrir,
- la loger,
- d’éduquer ses enfants.
Le but ayant été précisé, il nous semble ensuite nécessaire d’expliciter les termes de cette
vision du développement de notre région.
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Le terme de cité renvoie aux concepts d’urbanité, d’aménagement du territoire et
d’autonomie locale.
- Urbanité parce que, dans le système actuel de la mondialisation, les pôles urbains
sont les centres de création de richesses et de structuration de la société
.
- Aménagement du territoire car notre insularité nous l’impose et cela encore plus si
nous avons l’ambition de mettre en œuvre un développement équilibré et durable
de notre région.
- Autonomie car dans le cadre de la décentralisation et pour permettre une
gouvernance efficace du territoire, il est nécessaire que les acteurs de la société
locale s’approprient les pouvoirs, les compétences et les outils mis à leur
disposition pour construire le devenir de la Guadeloupe.
Le terme caribéen renvoie aux concepts d’intégration régionale et de plate forme européenne
positionnée sur le Continent américain.
- La Guadeloupe ne peut continuer « de tourner le dos » à sa région. Nous sommes
caribéen et aussi américain au même titre que tous les autres pays du continent
américain.
Nous devons par conséquent apprendre à gérer nos 2 appartenances, nos 2 mondes
(Européen et Américo-caribéen) sans chercher systématiquement à les opposer.
L’intégration de notre territoire, à sa région géographique, à son continent, est
essentielle pour notre développement économique, social, culturel et sociétal.
- Comme vous pouvez le constater notre intégration régionale et continentale est
fondamentalement différente (dans ses concepts, sa stratégie, ses méthodes, ses
réseaux) de notre intégration nationale et européenne. Notre positionnement
géographique et notre histoire nous fait appartenir à une région (la Caraïbe), une
nation (la France) et à 2 continents (l’Europe et l’Amérique). Notre société est
donc structurellement et fondamentalement constituée pour devenir une plate-
forme, une interface entre 2 pôles d’intégration mondiale que sont le pôle
américain et le pôle européen.
Ambition 2030 : La cité caribéenne du 21ème siècle
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Le terme 21ème siècle nous renvoie aux enjeux de notre temps :
- Exigence environnementale d’autant plus fortes que notre territoire est exigu.
- Exigence de créativité économique et sociale du fait de notre manque de
ressources énergétiques, de matières premières, et de l’inexistence d’un véritable
modèle type de développement pour les territoires insulaires.
- Exigence de réflexion prospective afin de maitriser et de manager les aléas et les
incertitudes auxquels nous sommes confrontés dans le cadre des mutations de la
société globale du 21ème siècle.
Pour réaliser cette ambition, toute notre stratégie consiste à faciliter l’intégration de la
Guadeloupe dans le réseau mondial des pôles Urbains ; véritables points nodaux de la
mondialisation et principaux créateurs de richesses économiques sociales et culturelles.
Le plan d’actions que nous proposons pour cela est le suivant :
Positionner la Guadeloupe comme un pôle logistique maritime dans l’arc Antillais ;
Optimiser la gestion de l’environnement afin d‘en faire l’un des atouts majeurs de la
Guadeloupe et l’un des facteurs clés de son attractivité ;
Structurer et définir l’urbanité de la Guadeloupe ;
Organiser et structurer les transports collectifs de personnes sur le territoire ;
Repositionner la filière touristique comme un atout majeur du développement de la
Guadeloupe et la faire accepter par la population ;
Mettre en œuvre la diversification agricole ;
Repositionner la stratégie de notre secteur industriel ;
Améliorer la gestion de la ressource « eau douce » ;
Optimiser notre système électrique ;
Intégrer le Parc national dans la dynamique de développement du territoire ;
Développer l’économie résidentielle ;
Définir sur le territoire de la Guadeloupe les pôles de développement orientés ;
Mettre en place une politique de logement public ;
Former notre ressource humaine en fonction des besoins du territoire ;
Faire de l’Université Antilles-Guyane un Hub de connaissances ;
Développer l’offre de capital développement ;
Créer une communauté de travail.
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1. Positionner la Guadeloupe comme un pôle logistique maritime
dans l’arc Antillais
Compte tenu :
o De la maritimisation du commerce mondial,
o De l’élargissement du Canal de Panama,
o Du développement de la piraterie au large de la Somalie qui compromet la sécurité
de la route maritime via le canal de Suez ;
o Des contraintes logistiques de plus en plus fortes qui pèsent sur les lignes
maritimes RTW (Round The World) sur lesquelles les navires effectuent des
escales aussi brèves que possibles dans les Hubs maritimes ;
o De la relative saturation des actuels Hubs maritimes de la zone Antilles (ports du
Canal Panama, port de Kingston, port de Port of Spain) ;
Il existe un potentiel permettant d’exploiter la bonne situation géographique de la Guadeloupe
afin d’en faire un Hub de transports maritimes.
Ce potentiel est encore plus important si on tient compte du fait que le port de Guadeloupe ne
fonctionne pas 24h/24h ; cette exploitation permanente des infrastructures portuaires
permettrait de renforcer son attractivité et sa compétitivité.
Ce positionnement de la Guadeloupe comme plate forme logistique dans la Caraïbe pourrait
nous permettre de :
Réduire le coût du fret des marchandises importées pour être consommées ou
transformées en Guadeloupe.6
6
En 2008 sur le total du trafic de conteneurs EVP de 170 729 unités un tiers soit 52.676 unités représentent des
conteneurs vides. En développant puissance du pôle logistique maritime de Guadeloupe, le territoire se donne
les moyens de réduire le volume de conteneurs vides dans les mouvements portuaire et d’optimiser le coût du
fret de manière générale. Cela aura des impacts significatifs, selon la valeur unitaire des marchandises sur les
coûts des intrants dans les activités de productions et sur les coûts de marchandises destinées à la
consommation.
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Développer les emplois et services liés aux activités portuaires:
- Logistique,
- Manutention,
- Formalités administratives,
- Livraisons, stockage et suivi des containers,
- Sureté,
- Sécurité.
Mettre en place une véritable stratégie de cabotage et de liaisons maritimes avec notre
environnement caribéen notamment à partir de navires feeders.
Développer une industrie locale de transformation dans le cadre d’une zone franche
portuaire afin qu’elle puisse maximaliser l’avantage concurrentiel résultant de
l’optimisation du coût des intrants importés pour développer une industrie de
« niches » et destiné à l’exportation.
Cela pourrait être par exemple :
- La chocolaterie haut de gamme,
- L’agro transformation des fruits et légumes tropicaux,
- La production de meubles créoles à partir des bois tropicaux,
- La production d’essentes de bois car ce matériaux connait un renouveau
notamment en matière de décoration et de construction de maisons haut de
gamme. Pour cette activité, le marché est plus mondial que local.
- Etc.
Améliorer la connexion de la Guadeloupe au monde et au marché mondial.
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2. Optimiser la gestion de notre environnement afin d’en faire l’un
des atouts majeurs de la Guadeloupe et l’un des facteurs clés de
son attractivité.
Pour arriver à cela il nous faut commencer par acquérir une totale maitrise des 2 points
fondamentaux de la gestion de l’environnement que sont :
- La gestion des eaux usées
- La gestion des déchets.
Le retard de la Guadeloupe dans ces 2 domaines est particulièrement préjudiciable à son
développement économique et social.
Il est par conséquent urgent de traiter et régler durablement ces 2 questions.
Nous rappelons que 80 % de la pollution des eaux littorales marines vient de la terre et que
cette dégradation de l’environnement est causée principalement par les rejets des eaux usées
sans traitement adéquat.
La question du traitement des déchets est tout aussi problématique : la collecte sélective est
encore à ses balbutiements, nos décharges sont globalement hors normes et l’efficacité
opérationnelle de l’incinérateur programmé est sujet à controverse.
Cette situation est d’autant plus grave que ces pollutions en tout genre, générées par
l’inefficacité des solutions actuelles et notre irresponsabilité collective, altèrent le formidable
potentiel touristique de notre territoire compromettant ainsi l’un des atouts majeurs de notre
développement.
A ce titre, il est important de préciser que pour le traitement des eaux usées le S.D.A.G.E.7
estime qu’un investissement de 323 Millions € serait nécessaire afin de mettre notre
territoire aux normes européennes. Si ce programme était réalisé dans les 4 années qui
viennent, outre les activités et emplois créés, l’amélioration globale de la qualité de vie, cela
entrainerait l’amélioration mécanique de notre PIB par la formation brute de capital fixe.
De plus cet investissement jetterait les vrais fondements d’un développement durable du
territoire de notre archipel.
Parallèlement à la maîtrise des problèmes liés au traitement des eaux usées et des déchets, il
nous appartient d’élaborer et de mettre en œuvre les principes spécifiques de la gestion
territoriale de notre environnement.
7
Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux de Guadeloupe
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Cela passe notamment par :
Une véritable culture de la propreté de nos villes, de nos plages, de nos espaces
publics. Ce qui entraine une forte sensibilisation de l’opinion publique afin de faire
évoluer nos comportements.
Une stratégie d’aménagement des espaces verts publics :
- Square en centre urbain,
- Promenades créées (et entretenues) en bordure de rivières et de littoral,
- Rond-point entretenus et fleuris,
- Bordures des routes plantées avec des arbres caractéristiques de nos îles
comme les poiriers, les manguiers, les mahoganis, les fromagers, les tendres à
cailloux, les palmiers, les Filaos etc.
Ce sont ces éléments de détails qui permettent d’identifier une région et de communiquer au
monde sa spécificité.
C’est ainsi qu’une bonne gestion de l’environnement permet de :
- différencier un territoire dans l’uniformisation globale de la mondialisation,
- développer son attractivité,
- lui donne notamment un avantage concurrentiel dans le secteur touristique ou
pour le développement de l’économie résidentielle.
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3. Structurer et définir l’urbanité de la Guadeloupe.
Actuellement, notre urbanité se développe sur un modèle de pôle urbain desserré et
polycentrique se caractérisant par une urbanisation sous forme de lotissement de maisons
individuelles favorisant le mitage du territoire. Cette approche peut se comprendre dans des
régions disposant de vastes réserves foncières utilisables.
Dans le cas de la Guadeloupe, la problématique est inverse : même si nous sommes le
territoire le plus vaste des petites Antilles, nous disposons d’une surface réduite et nous
devons en optimiser l’aménagement et l’utilisation. En conséquence, même si notre pôle
Urbain est polycentrique il ne peut pas être desserré ; il devra être concentré, organisé, animé,
créatif et sécurisé.
Il devient dès lors nécessaire de réfléchir, définir, et mettre en œuvre les caractéristiques
urbanistiques et architecturales de la ville caribéenne insulaire et créole de façon à ce que
celle-ci :
- s’intègre dans son territoire,
- se différencie des structures urbaines des autres territoires du monde,
- et que ses habitants prennent du plaisir à y vivre.
C’est en fonction de la représentation de ces caractéristiques de la ville caribéenne qu’il sera
pertinent de mettre en œuvre la rénovation urbaine des centres villes de façon à ce que ceux-ci
revivent et soient un atout supplémentaire pour l’attractivité du territoire de la Guadeloupe.
Outre ce travail de réflexion et de conceptualisation de l’urbanité insulaire il serait absolument
nécessaire de :
Résorber dans les 5 prochaines années les dernières poches d’habitat insalubres du
territoire ;
Porter un soin particulier, et de tous les instants, à la propreté des nos villes, à
l’entretien des espaces verts du domaine public (Cela entre dans le cadre de la
gestion durable de notre environnement) ;
Penser à créer des Parcs et des espaces de verdures au cœur des pôles d’urbains ;
Définir les zones urbaines principales, secondaires et potentielles du territoire.
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4. Organiser et structurer les transports collectifs de personnes sur
le territoire.
Pour cela nous proposons de travailler dans les directions suivantes :
Relier par 2 fois 2 voies (au minimum) les axes suivants :
- Pointe à Pitre / Moule.
- Pointe à Pitre /Saint –François
- Pointe à Pitre /Sainte-Rose
- Pointe à Pitre /Basse-Terre.
- Envisager, à échéance de 10 ans au plus, de relier par une
2 fois 2 voies l’axe Morne-À-L’eau/Port-Louis.
Il faut de plus envisager de passer à 2 fois 3 voies sur ces principaux axes à échéances de 10
ans ou 15 ans en fonction de la rapidité du développement du territoire et de la croissance de
sa population.
Organiser de façon plus efficace le transport collectif de façon à ce que les délégataires
de ce service public soient incités, dans leur mode de rémunération, à respecter les
horaires et les fréquences de passages sans que cela ne compromette leur rentabilité
opérationnelle.
Dégager, chaque fois que possible, des voies prioritaires pour les transports collectifs
sur les trajets qu’ils effectuent. En effet, ce qui fera le succès des transports collectifs
c’est leur capacité à assurer une desserte régulière et fréquente des stations définies sur
leurs trajets. C’est à ce prix que les voitures individuelles resteront dans leur parking
et désencombreront le réseau routier.
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5. Repositionner la filière touristique comme un atout majeur du
développement de la Guadeloupe et faciliter l’adhésion de la
population à cette activité.
Nous pensons à ce titre qu’il est fondamental de concevoir l’offre touristique de Guadeloupe
comme un produit global intégré dans le territoire et le promouvant par ses paysages, son
architecture, sa culture, sa gastronomie et toutes ses autres spécificités.
Pour cela nous proposons de :
Différencier le produit touristique Guadeloupe de façon à ce qu’il soit difficilement
imitable en jouant sur les facteurs suivants:
- La touche architecturale créole,
- Le patrimoine historique de l’archipel guadeloupéen,8
- La culture plurielle et créole de la Guadeloupe,
- La Gastronomie Antillaise,
- L’artisanat d’Art local.
Structurer et augmenter l’offre des activités de divertissements, de découvertes du
territoire.
Structurer la filière fruits et légumes de façon à ce qu’elle puisse approvisionner le
secteur touristique de façon régulière et permanente en produits frais, de qualité et de
préférence bio.
Sensibiliser la population de la Guadeloupe au respect des traditions d’accueil qui
caractérise la culture créole de façon à ce que le touriste ne soit plus perçu comme un
envahisseur mais un hôte.
Positionner sur le territoire les différents pôles de développement touristiques afin
d’optimiser toutes les possibilités qu’offre l’archipel Guadeloupéen en la matière :
- Le pôle de développement du tourisme balnéaire,
- Le pôle de développement du tourisme de culture et traditions,
- Le pôle d’activités nautique,
- Le pôle de développement du tourisme santé, bien-être et du 3ème âge.
8
Pour que nous puissions utiliser notre patrimoine historique comme élément d’attractivité du territoire cela
suppose une action volontariste forte des collectivités territoriales pour la restauration de nos vestiges
historiques (Les moulins du nord Grande-Terre, Le Fort L’Union, la Batterie de l’Ilet Brument, les vestiges des
Habitations sucrières etc.).
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- Le pôle de développement de l’éco-tourisme
- Le pôle de développement de l’agro-tourisme
- Le pôle de développement du tourisme résidentiel.
Aménager et nettoyer les plages de Guadeloupe de façon à ce quelles soient toujours
attrayantes.
Organiser de façon systématique le nettoyage des fonds marins.
Connecter l’aéroport pôle caraïbe au Hub de Roissy.
Sensibiliser et former tous les fonctionnaires de la PAF, des douanes, des affaires
maritimes afin qu’ils soient aussi conscients de leur rôle dans l’attractivité du territoire
et l’activité touristique. Les former si nécessaire aux différentes techniques d’accueil
commercial sans que cela n’enlève rien à la nécessaire autorité qu’ils ont dans
l’exercice de leurs fonctions.
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6. Mettre en œuvre la diversification agricole.
Nous préconisons pour cela de favoriser notamment le développement :
De la filière élevage,
De la filière fruits, légumes et cultures vivrières,
Des cultures de terroirs, (café, cacao, vanille etc.)
Des cultures de plantes médicinales,
Des expérimentations de cultures industrielles comme le Miscanthus géant. Cette
plante, outre son important potentiel énergétique et de production de biomasse, permet
aussi d’envisager la production de fibres pour la fabrication de papier, d’emballage
bio, de panneaux de particules pour l’éco construction.
Cette diversification agricole est nécessaire pour 3 raisons :
- Développer la sécurité alimentaire du territoire.
Le développement de l’urbanisation et de la densité de la population nous amène
aujourd’hui à devoir repenser la question de notre sécurité alimentaire du territoire.
Autrefois, cette fonction de sécurité alimentaire était implicitement assurée par la
pratique du jardin créole qui, dans la société rurale d’autrefois, permettait d’atténuer la
dépendance alimentaire de la population par rapport aux aliments importés qui, de tous
temps, occupent une place majeure dans l’alimentation antillaise.
Le développement de la société urbaine a changé la donne sociologique et a remis en
question l’institution du jardin créole remettant ainsi en question l’implicite sécurité
alimentaire qu’il générait. Il nous faut donc reconstruire cette sécurité alimentaire
relative en tenant compte de réalité sociétale actuelle de notre territoire.
Cela suppose donc la création d’une filière fruits, légumes et cultures vivrières et
d’une filière viande capable d’alimenter de façon significative le marché local.
- Renforcer la différenciation de notre produit touristique.
C’est principalement l’agriculture vivrière qui donne à un pays ses saveurs du terroir
(Exemple de la coopération Blue Montain à la Jamaïque).
Dans le cas de la Guadeloupe, la mise en place d’une filière agricole, performante, de
fruits et « légumes pays » est l’une des clés du succès de notre produit touristique.
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- Préparer la fin des subventions agricoles.
Notre agriculture est dominée actuellement par 2 produits d’exportation que sont la
banane et la canne à sucre.
Ces 2 cultures sont encore indispensables à la structuration de notre secteur agricole et
de nos paysages. Mais, il nous faut aussi prendre conscience que ces productions sont
menacées par l’OMC. Et qu’il faut nous préparer à la reconversion de notre agriculture
qui est condamnée à fonctionner tôt ou tard sans subventions.
En effet, la question agricole est l’une des principales questions des actuelles
négociations de l’OMC ; et, à ce titre, le système des subventions agricoles des pays
développés est fortement attaqué par les pays en voie de développement.
A terme, il y a de fortes probabilités pour que le système de subventions agricoles des
pays développés soit remis en question ou profondément réformé pour réduire les
montants des aides agricoles.
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7. Repositionner la stratégie de notre secteur industriel.
Après la départementalisation, l’essentiel de notre secteur industriel s’est structuré en se
fondant sur le modèle de l’import substitution.
Dans ce cadre, l’octroi de mer, outre le financement des collectivités territoriales, a été aussi
utilisé comme une sorte de barrière douanière afin de protéger notre industrie locale.
C’est cette utilisation qui est aujourd’hui remise en question par la communauté européenne à
laquelle nous appartenons.
En plus de la problématique communauté concernant la légalité de l’octroi de mer, se pose la
question de la pertinence du modèle de l’industrialisation par import substitution.
Les dernières analyses économiques concernant ce modèle mettent en évidence les 2 limites
suivantes :
- Le développement de l’industrie par import substitution n’est pas pertinent pour
les petits marchés insulaires en raison de l’absence d’économie d’échelle.
- Le modèle de l’import substitution finit par devenir contre productif car l’existence
d’un marché protégé fini par entrainer une politique de sous-investissement ce qui
provoque, à terme, l’obsolescence de l’outil de production industriel et des
techniques organisationnelles.
Notre secteur industriel doit donc se repositionner pour se développer en adoptant une
stratégie d’industries de niches orientée vers l’exportation.
Dans le secteur de l’agro-transformation cela veut dire un positionnement sur le haut de
gamme ou sur des produits fortement différenciés comme le Rhum agricole.
Cette obligation de différenciation des produits est pratiquement la même pour tous les autres
secteurs de notre industrie locale.
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8. Améliorer la gestion de la ressource « eau douce ».
La gestion de l’eau est l’un des enjeux majeurs de la mondialisation et du 21ème siècle.
Dans l’arc caribéen et plus particulièrement dans les petites Antilles, l’enjeu posé par la
question de l’eau est particulièrement important.
En effet la répartition des ressources en eau est inégale dans les Antilles. La situation
d’Antigua, de Barbade ou de Saint kitts n’a rien de comparable avec la situation de la
Dominique, de la Guadeloupe, de la Jamaïque ou de Cuba qui est enviable par rapport à celles
des îles citées en premier lieu.
Toutefois la situation relativement privilégiée de la Guadeloupe, en raison de l’importance du
bassin hydrographique de la Basse-Terre, ne doit pas exonérer le territoire de mettre en place
une véritable gestion prévisionnelle de la ressource eau douce.
En effet, si les ressources en eaux douces de surfaces et souterraines sont importantes en
Basse-Terre, elles sont quasiment inexistantes sur les autres îles de l’Archipel hormis Marie-
Galante qui se caractérise par son importante nappe phréatique.
De plus le développement économique, l’irrigation agricole, l’urbanisation sont
particulièrement consommateurs d’eau douce. Dès lors, si un territoire n’est pas en mesure de
gérer et satisfaire ses besoins en eau douce, c’est son développement qui peut être remis en
question.
Or, le réseau de distribution et d’adduction d’eau de la Guadeloupe est globalement vétuste,
ce qui entraine une perte moyenne d’environ 50 % de la ressource collectée.
La mauvaise gestion des eaux usées nous laisse craindre le pire concernant la pollution des
eaux souterraines.
Dans ces conditions 3 priorités nous apparaissent fondamentales :
- Remettre aux normes les infrastructures de distribution et d’adduction afin de
réduire les pertes et d’optimiser l’efficacité de la collecte d’eau douce.
- Sensibiliser la population à la problématique de la gestion de l’eau douce en
soulignant sa rareté et son altérabilité.
- Etablir un plan de gestion prévisionnelle de la ressource eau douce qui aura pour
objectifs :
de préserver et de développer le potentiel que notre territoire possède en la
matière. Cela peut passer, notamment, par la construction de réservoirs, par
l’incitation à la mise en place de citernes dans les maisons individuelles et
les immeubles d’habitation collective, par la replantation d’arbres
xérophiles afin de reconstituer le manteau de végétation des îles calcaires et
sèches de l’archipel.
De préparer une distribution optimale, régulière et constante de la ressource
d’eau en fonction des impératifs du développement du territoire.
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9. Optimiser notre système électrique.
En matière d’énergie, l’une des spécificités de notre territoire est son petit système électrique
isolé.
Il résulte de ce fait que la Guadeloupe est dans l’obligation de produire l’énergie électrique
qu’elle consomme sans pouvoir bénéficier des avantages de l’interconnexion des systèmes
électriques telle qu’elle existe en Europe continentale.
De plus, si nous bénéficions d’un tarif électrique avantageux cela est essentiellement dû à la
péréquation nationale du prix de l’électricité.
Cette situation avantageuse ne doit pas pour autant nous faire oublier que notre production
d’électricité est chroniquement déficitaire, que l’essentiel de cette production est réalisée à
partir de turbines fonctionnant au fuel lourd et que, si nous devions payer l’électricité au prix
réel, nous la payerons probablement 2 à 3 fois plus cher. Il n’est pas difficile d’imaginer les
conséquences qu’une telle augmentation pourrait avoir sur notre vie de tous les jours et notre
économie. Outre le problème lié à notre coût de production structurellement déficitaire se
pose aussi la question de l’ancienneté de notre principale centrale de production électrique.
Pour toutes ces raisons la situation de notre système électrique pourrait être objectivement
qualifiée de critique et d’urgente.
Dans ces conditions nous préconisons 3 priorités :
Achèvement de la nouvelle centrale thermique de Jarry qui représente l’ossature
centrale de notre système électrique de production et ne peut plus souffrir d’aucun
retard.
L’amélioration de la qualité de notre réseau de distribution électrique de basse et de
moyenne tension afin que la qualité de la prestation électrique, assurée au client,
puisse être améliorée et fiabilisée.
Mise en place d’une stratégie et d’un plan d’actions prévisionnel à 10 ans afin
d’anticiper les investissements nécessaires au territoire, dans le cadre de la vision de
développement que nous proposons, cela en tenant compte des point suivants :
o Le photovoltaïque et l’éolien injecté directement dans le réseau ne peuvent
actuellement constituer la structure stable du système électrique local car leur
production n’est pas stable et régulière. Pour que cela soit il faudrait ajouter à
l’investissement de production électrique un important système de batteries
permettant de réguler la production.
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o L’un de meilleurs moyens de gérer l’énergie est d’en optimiser la
consommation. Dans ce domaine, la manière de construire joue un rôle
fondamental. Il est donc pertinent de promouvoir les constructions HQE.
o Il existe des énergies renouvelables relativement bien maitrisées permettant
d’assurer une production électrique stable comme notamment la biomasse, la
géothermie. Il est donc important de les développer sur notre territoire au
maximum de leurs potentialités. En matière de géothermie, outre la 2ème
tranche prévue à Bouillante, il est important de réaliser toutes les prospections
nécessaires afin de connaître l’entier potentiel géothermique de la Guadeloupe.
Concernant la Biomasse, l’introduction de certaines plantes à fort potentiel
calorifique comme le Miscanthus géant pourrait être étudiée notamment afin
de les cultiver sur les terres polluées au chloredécone.
o Il existe des énergies renouvelables expérimentales qui présentent un potentiel
significatif de production électrique stable comme la maréthermie et l’énergie
hydrolienne. Il serait judicieux que nous puissions lancer des expérimentations
dans ces domaines afin d’exploiter le potentiel énergétique des fosses marines
de la côte sous le vent et des courants marins qui bordent le littoral du
territoire.
o Il est nécessaire de réfléchir à toutes les possibilités d’interconnexion électrique
existantes entre les îles de l’arc caribéen et la pertinence de cette option pour
développer d’éventuelles économies d’échelle, optimiser l’exploitation et
l’utilisation des différentes sources d’énergies renouvelables existant sur
chacun des territoires de l’arc caribéen (la géothermie en Dominique).
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10. Intégrer le Parc national dans la dynamique de
développement du territoire.
L’enjeu de l’intégration du Parc National à la dynamique de développement économique du
territoire est l’une des questions les plus cruciales pour le devenir de notre région.
Cela pour une raison simple que la carte ci-après matérialise de la façon la plus explicite :
- Le cœur du Parc national de Guadeloupe représente 10 % du territoire de la
Guadeloupe.
- Le cœur du Parc et son aire d’adhésion optimale représente 60 % du territoire de la
Guadeloupe.
Il résulte de ce fait que l’un des défis majeurs du développement endogène de la Guadeloupe
sera sa capacité à concilier la problématique environnementale et l’aspiration de la population
à améliorer son bien être matériel.
C’est l’ambition du développement durable, à savoir : réaliser le difficile équilibre entre
- l’économie,
- la société,
- l’environnement.
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La vraie problématique du concept de développement durable c’est que cette approche n’a
jamais été mise en œuvre opérationnellement à l’échelle d’un pays.9
Pour que vous puissiez bien appréhendez la problématique à laquelle nous sommes
confrontés, imaginons que le cœur d’un parc National couvre 10 % de la superficie du
territoire national métropolitain, soit la superficie totale du massif central ; qu’avec son aire
d’adhésion optimale ce même parc couvre 60 % du territoire métropolitain.
Essayez ensuite de concevoir le développement et l’aménagement du territoire métropolitain
de la France en tenant compte de cette hypothèse.
L’exercice est complexe mais surtout il n’existe aucun modèle pour traiter une telle situation.
C’est d’ailleurs ce qui fait l’intérêt de la situation à laquelle le territoire de la Guadeloupe est
confronté pour l’aménagement de son territoire et son développement. Nous devons inventer
le modèle. Tous les acteurs concernés doivent donc faire preuve d’inventivité et de
pragmatisme pour réaliser les nécessaires équilibres entre toutes les contraintes
contradictoires de notre développement durable.
Cette démarche, afin de dépasser les antagonismes apparents, est d’autant plus essentielle que
la Guadeloupe comme d’ailleurs toutes les régions ultramarines françaises a une contrainte de
développement endogène beaucoup plus forte que les régions métropolitaines.
Il est donc fort possible que, du fait de cette situation, la manière de prendre en compte
l’environnement soit amenée à évoluer. Il pourrait être nécessaire de développer un modèle où
le contrôle et le pilotage des interactions entre les différents éléments de l’écosystème (la
Guadeloupe) soient privilégiés afin de favoriser les externalités positives du développement
économique tout en limitant les externalités négatives.
Concrètement, cela veut dire que notre mangrove sera probablement mieux protégée si elle est
exploitée économiquement dans le cadre des activités de découvertes touristiques et d’éco-
tourisme. Si les touristes s’y promènent, on veillera probablement à ne pas la polluer par les
rejets des eaux usées non traitées ou encore les décharges sauvages qui y sont constituées « à
ciel caché ».
En fait, l’efficacité du modèle que nous allons devoir inventer pour gérer le développement de
notre territoire fera que la Guadeloupe continuera d’être l’une des îles de la Caraïbe ou sera :
La Cité Caribéenne du 21ème siècle.
9
Dans le texte le mot pays est défini comme un écosystème économique, social, culturel, environnemental
existant et fonctionnant sur un territoire nettement identifié. C’est pour cette raison que nous employons le terme
de Pays pour désigner la Guadeloupe. Notre région présente en effet une spécificité fondamentale : celle d’être
un territoire insulaire et isolé fonctionnant dans une réalité de discontinuité territoriale et de relative
déconnexion avec sa métropole. Ce qui fait de la Guadeloupe un bel exemple d’écosystème économique, social,
culturel et environnemental existant sur un territoire nettement identifié.
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11. Développer l’économie résidentielle.
Le concept d’économie résidentielle est relativement récent mais il présente l’avantage
d’éclairer de façon nouvelle l’économie de consommation qui a été souvent dévalorisée par
rapport à l’économie productive. Ainsi, les travaux sur l’économie résidentielle ont permis
d’identifier les processus de création de valeur dans le cadre d’un territoire de consommation.
Ces territoires de consommation sont l’une des conséquences de la mondialisation et de
l’accélération des moyens de transport qui ont entrainé une distinction de plus en plus nette
entre les territoires de production et les territoires de vie.
De plus en plus, les gens gagnent leur vie sur un territoire et dépensent leurs richesses
accumulées sur un autre territoire.
Il ressort par ailleurs de ces analyses, que les territoires de consommation qui créent le plus de
richesses économiques (dans les services, les activités de consommation ou les productions
pour la consommation sur place) et qui se développent le mieux sont ceux qui ont réussi à
mettre en place :
- un cadre de vie agréable et sécurisé,
- une forte qualité de services,
- et une forte attractivité de leur région.
En se fondant sur ces éléments, l’examen de la situation de la Guadeloupe permet de penser
que dans le domaine de l’économie résidentielle, notre l’archipel présente de fortes
potentialités.
Pour les concrétiser nous préconisons de :
Développer de façon systématique et structurée les services à la personne.
Positionner la Guadeloupe dans le domaine de l’accueil résidentiel des personnes de
3ème âge du territoire et d’ailleurs. La côte atlantique de la Grande-Terre et Marie
Galante sont des zones particulièrement adéquates pour cela.
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Pour conclure sur cette question de l’économie résidentielle il faut préciser que certaines
régions de l’archipel Guadeloupéen comme :
- La côte sous le vent,
- Les Saintes,
- La Désirade,
- Marie Galante,
offrent un fort potentiel de développement d’économie résidentielle « à la Saint-Tropez ».
Il est toutefois nécessaire de souligner que ce type de développement n’est efficace que si la
population l’accepte et est prête à voir dans « l’étranger » un hôte et non un intrus ou un
envahisseur.
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12. Définir sur le territoire de la Guadeloupe les pôles de
développement orientés.
L’un des éléments clés de la concrétisation d’une ambition de développement économique et
social est sa matérialisation sur le territoire.
C’est pour cette raison qu’il s’avère nécessaire de définir, pour la Guadeloupe, des pôles de
développement orientés qui faciliteront la réalisation de la vision énoncée.
Nous tenons toutefois à préciser que le concept de pôle de développement orienté n’est utilisé
que pour définir des préconisations formulées par les acteurs du territoire.
Il ne s’agit en aucun cas d’une imposition de directives obligatoires comme dans le cas du
GOSPLAN.
La détermination des pôles permet donc d’orienter les choses, de leur donner du sens et non
de les imposer.
Cela ayant été dit, nous proposons la structuration suivante du territoire de l’archipel
guadeloupéen.
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Pays de la côte sous le vent axe de
développement authenticité et
traditions.
Culture agricole de niches et de terroirs.
Tourisme culturel et authentique
Economie résidentielle.
Aquaculture.
Marina et Halte haute Plaisance.
Le pôle nautique
Ville d’Art
et de
culture.
Pôle de développement de
la métropole urbaine
Pôle urbain
secondaire
Pôle urbain
potentiel
Pôle logistique martime.
Pôle Agriculture-
Gestion de l’eau- Agro-
eco Tourime.
Cluster énergie renouvelable
Géothermie.
Maréthermie
Cluster Bois et ébénisterie
D’art
Pôle touriste de santé et de
bien être.
Accueil du 3ème Age
Pôle tourisme
Balnéraire.
Pôle agriculture et Authenticité.
Développement cultures vivrières, agro transformation,
tourisme authentique et tradition, tourisme 3ème âge,
accueil troisième age.
Pôle de développement
Économie résidentielle.
Pôle de développement
Économie résidentielle.
Pays des Grands Fonds:
pôle de développement
de l’habitat résidentiel.
Activités de randonnées
et de natures. Tourisme
d’immersion dans la
culture pays.
Pôle activités de nature.
Pôle de Recherches biologie
tropicale et équilibre
environnemental en milieu insulaire
habité.
Pôle agriculture
et élevages.
Pôle agriculture
Et élevage.
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13. Mise en place d’une politique de logement public.
La problématique du logement est dans les petits territoires insulaires une question beaucoup
plus difficile à traiter que dans les territoires continentaux. Cela est dû fondamentalement à
l’exigüité du territoire de ses régions. De plus, la grande particularité de ces petites îles vient
du fait que leur développement économique ne fait que complexifier la situation.
En effet, le développement économique, le développement de l'urbanisation, l’augmentation
de la population entraine une raréfaction du foncier disponible qui est déjà structurellement
limité.
Cela a pour effet de développer un phénomène de spéculation immobilière.
Le marché seul ne sait pas gérer de façon optimale une telle situation car il ne permet pas de
maîtriser les conséquences des externalités négatives que pourrait avoir, sur la société et le
développement du territoire, l’ajustement classique de l’offre et de la demande du marché
immobilier.
Prenons un exemple concret:
Si les foyers à bas revenus et les classes moyennes d’un petit territoire insulaire n’arrivent pas
à se loger décemment ou accéder à la propriété immobilière en raison d’une trop forte
spéculation ; outre le fait de créer des tensions inflationnistes sur les salaires, cela peut aussi
créer un sentiment de paupérisation et de déclassement. A terme, avec la perte d’espoir
concernant l’amélioration du niveau et des conditions de vie, c’est la cohésion sociale et la
pérennité du système social qui est menacée.
C’est pour cette raison qu’il est nécessaire d’avoir une véritable politique de logement public
sur notre territoire et non seulement une politique de logement social.
Pour cela nous préconisons de:
Permettre aux bailleurs sociaux de réaliser des logements destinés aux foyers à bas
revenus et aux classes moyennes en utilisant les fonds de la LBU.
Mettre en place, à l’instigation de l’état et des collectivités, un fonds destiné à la
constitution, dans les pôles de développement urbains identifiés, des réserves foncières
suffisantes pour y construire un parc de logements publics. Cela afin de répondre de
façon satisfaisante à la demande des foyers à bas revenus et des foyers à revenus
intermédiaires. La gouvernance de ce fonds est organisée de façon à ce que tous les
acteurs du territoire puissent en avoir le contrôle et le piloter en fonction de critères
d’efficacité et de durabilité, collectivement défini.
Permettre à des intervenants privés de réaliser et de gérer des opérations de logements
publics notamment s’ils interviennent en défiscalisation.
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14. Former notre ressource humaine en fonction de besoins du
territoire.
"Il n'est de richesses que d'hommes". Jamais un aphorisme n’aura décrit de façon plus précise
la situation de notre territoire.
La Guadeloupe sera riche grâce à ses hommes ou pauvre à cause de ses hommes.
En effet, concernant la ressource humaine de son territoire, la Guadeloupe est confrontée aux
handicaps suivants :
- 37 ,9 % de la population n’a aucun diplôme contre 17,2 % en métropole.
- 6,3 % de la population guadeloupéenne est titulaire d’un diplôme du premier cycle
universitaire et 5,9 % d’un diplôme du deuxième ou troisième cycle universitaire
contre respectivement 9,6 % et 10,2 % dans l’hexagone.
Pour régler cette situation nous préconisons d’agir en fonction de 3 axes de travail :
Développer la formation professionnelle dans le cadre de l’alternance afin de
transférer aux stagiaires des compétences opérationnelles utilisables dans l’entreprise.
Développer l’adéquation entre les référentiels des formations proposés et les besoins
des entreprises.
Travailler le savoir être de l’individu parallèlement à la transmission du savoir-faire.
En effet, le problème identitaire est particulièrement fort en Guadeloupe. Il en résulte
que pour maximaliser l’efficacité des individus dans l’utilisation du savoir-faire
acquis, il est indispensable de régler certaines questions liées à :
La relation au travail,
L’appréhension du travail comme l’un des moyens de réalisation
individuelle,
La possibilité d’accepter une discipline collective afin d’atteindre
un objectif fixé,
La possibilité de créer des relations d’interdépendances positives et
de confiance au sein de l’entreprise.
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15. Faire de l’Université Antilles Guyane un Hub de
connaissances.
Comme nous l’avons dit précédemment, il est difficile de concevoir le développement d’un
territoire sans s’appuyer sur une population éduquée.
Dans cette dynamique, l’université joue un rôle de première importance : c’est le lieu
privilégié de création et de transfert de connaissances.
C’est pour cette raison qu’il est difficile de concevoir le développement durable d’un territoire
sans institution universitaire efficace, performante et efficiente.
Tel est l’enjeu de l’université Antilles Guyane.
Pour cela nous préconisions les actions suivantes :
Développer au sein de l’université des Diplômes universitaires (D.U) dont les
référentiels répondent au besoin des entreprises et plus généralement du territoire.
Développer pour les diplômes universitaires des formations en continue et en
alternance.
Positionner l’UAG sur des domaines de connaissances dans lesquelles elle pourra
construire sa renommée nationale et internationale, ce qui contribuera aussi au
rayonnement du territoire.
Nous proposons, à ce titre, les domaines de compétences suivants :
- Economie du développement.
- Modélisation de l’économie résidentielle.
- Management des entreprises et organisation multiculturelles et multiethniques.
- Management des entreprises situées dans les pays émergeants et/ou anciennement
colonisés.
- Métiers de la Mer
- Psychologie sociale des sociétés et cultures métisses.
- Sociologie des sociétés multiculturelles et multiethniques.
- Littératures comparées (Anglaise, Espagnole, Française, Slave, Chinoise, Indienne
et Japonaise).
- Apprentissage des langues.
- Urbanisme : Urbanisation des pays émergeants et des petits territoires insulaires
(Analyse et méthodes de mise en œuvre).
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- Ecologie10 tropicale : Optimisation des relations entre l’homme et son
environnement.
- Physique de matériaux : élaboration de nouveaux matériaux écologiques pour la
construction.
- Biologie tropicale :
Etude systématique de la Flore et de la Faune de l’archipel et notamment
des propriétés médicinales des plantes de la médecine traditionnelle locale ;
Analyse systématique des propriétés des légumes, racines et fruits locaux
afin d’en faciliter la transformation industrielle ;
Analyse du cycle de reproduction des crabes de terre locaux afin d’en
permettre l’élevage à grande échelle ;
Etudes des poissons tropicaux et des poissons de coraux pour en permettre
l’aquaculture.
- Energies renouvelables : Expérimentation, mise en œuvre opérationnelle, et
exploitation des systèmes de production d’énergies dites renouvelables.
- Environnement : Gestion de l’eau :
Etude du cycle de l’eau de façon globale avec toutes les
interdépendances (vents, végétations, relief, urbanisation, développement
économique) ;
Gestion de l’eau douce en milieu tropical (comment traiter la question des
réserves d’eau au regard de la prolifération des moustiques et microbes) ;
Optimisation des méthodes et techniques de dessalement de l’eau de mer ;
Gestion des nappes phréatiques (exploitation et préservation) ;
Etude des eaux saumâtres des mangroves ;
Traitement des eaux usées ;
Etude et analyse globale et exhaustive du gisement d’eau douce de
l’archipel Guadeloupéen (eaux de surfaces, eaux de sources, eaux
souterraines) ;
Elaboration de méthodes et de techniques de dépollution de l’eau douce et
de l’eau de mer.
10
L'écologie est la science ayant pour objet les relations des êtres vivants (animaux, végétaux, micro-
organismes) avec leur environnement biophysique et/ou leur environnement humain, ainsi qu'avec les autres
êtres vivants. Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ecologie
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Développer de façon significative l’offre de logements sur le campus de l’UAG.
En effet, l’UAG est une université qui possède un campus multi-sites.
Pour que cette université construise sa cohésion, elle doit permettre aux étudiants des
3 sites distants de son campus de pouvoir suivre aisément les formations qu’elle
dispense quels que soient les territoires ou elles sont dispensées. En conséquence, sur
chacun des sites distants du campus universitaire, les étudiants doivent trouver
aisément un logement.
Développer une offre transport préférentielle et très avantageuse pour les étudiants de
l’UAG entre la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane qui constituent les pôles
distants de son campus. De cette façon la mobilité des étudiants sera facilitée et
organisée tout en développant l’intégration globale de l’UAG dans la Grande région
Antilles-Guyane.
L’organisation du logement et des transports entre les différents sites-campus de l’UAG
devrait permettre à l’université d’organiser de façon optimale la répartition et la concentration
de ses filières de connaissances. Cela renforcera l’attractivité de l’UAG sur sa « clientèle »
d’étudiants se trouvant sur son «cœur de marché » : la région Antilles-Guyane.
Ainsi, à diplôme équivalent, compte tenu du fait que l’UAG organise la mobilité et le
logement de ses étudiants entre ses différents sites, il deviendra beaucoup plus aisé et attractif
de faire ses études sur le campus de l’Université Antilles-Guyane que de « s’exiler » en
métropole.
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16. Développer l’offre de capital développement.
Un territoire ne peut se développer sans une offre de capital suffisante pour le financer.
A ce titre nous sommes contraints de constater, qu’aujourd’hui, l’offre de capital risque et de
capital développement est très insuffisante en Guadeloupe.
Outre ce fait, le système bancaire de la place se caractérise plutôt par ses réticences ou son
incapacité à financer efficacement les entreprises qui sont les principaux acteurs du
développement de l’île. Or, au 31 décembre 2008, le total des actifs financiers collectés par
les établissements de crédit de Guadeloupe s’élève à 5,9 milliards €. A cette même date le
total des concours bancaires accordés par les banques « de la place » est de 4,6 milliards €.
Pour résumer la situation, on pourrait dire que le gisement de ressources financières de la
Guadeloupe est significatif mais qu’il n’est pas efficacement orienté vers le financement de
l’économie locale.
Il nous faudra trouver rapidement et au plus tard dans les 12 mois qui viennent une solution
pratique afin de régler ce problème ; sinon, il sera totalement impossible de concrétiser les
orientations de développement économique et social énoncées ci-dessus.
Pour cela, les options qui s’offrent à nous sont les suivantes :
Le système bancaire de la place évolue vers une approche de partenariat global et
positif avec le monde entrepreneurial local pour concrétiser le développement
endogène de notre territoire.
La mise en place d’une SDR.
La création d’une société de caution mutuelle ou d’une société de crédit coopératif par
les entrepreneurs de l’île.
L’élaboration d’un nouveau véhicule financier permettant de mobiliser une partie de
l’épargne de l’île pour l’investir dans le financement du développement du territoire.
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17. Créer une communauté de travail.
Nous abordons dans ce paragraphe l’un des éléments essentiels de la réalisation effective d’un
projet de territoire : La communauté de travail.
Les sociétés modernes, des pays dits développés, se caractérisent par leur niveau de
complexité et une certaine dilution du pouvoir, des compétences et des responsabilités.
Il résulte de ce fait que, pour réaliser et mettre en œuvre les projets, il est de plus en plus
nécessaire de mettre en place des communautés de travail qui se trouvent en accord sur une
représentation du territoire et sur le devenir de celui-ci afin de le matérialiser.
Plus la communauté de travail est dense et élargie, plus les réseaux qu’elle anime maillent
efficacement le territoire ; et plus elle facilite l’efficacité opérationnelle de la collaboration
entre les acteurs de la société locale.
Pour rendre explicite cette situation prenons un exemple :
Pour réaliser un aménagement sur le littoral du Grand-cul de sac marin outre les communes
concernées doivent ou peuvent intervenir les services administratifs et collectivités
territoriales suivantes:
- La Direction des Eaux et Forêts,
- L’agence de 50 pas géométriques,
- Le préfet (par l’intermédiaire de ses services concernant la gestion du domaine
public Maritime),
- La Diren,
- La Parc National,
- La région,
- Le département,
- Le conservatoire du littoral.
Et il se peut que nous en oubliions.
Si tous ces organismes ne fonctionnent pas en synergie et en coordination pour réaliser le
projet proposé, elles finissent par se paralyser mutuellement au lieu de se compléter et de
s’émuler.
Outre les services de l’état et les collectivités territoriales, la communauté de travail doit aussi
intégrer les entreprises, les organisations professionnelles, les instances consulaires, les
syndicats, les associations de citoyens, les élus politiques, les lobbies divers.
Dès lors, si on devait prendre une image pour représenter une communauté de travail, la
meilleure représentation possible serait sans aucun doute celle de l’orchestre symphonique :
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Un groupe d’individualités jouant chacun sa partition à partir d’instruments différents,
produisant des sons divers, mais de façon coordonnée et synchronisée afin de réaliser une
harmonie symphonique.
C’est un peu ce que fait une communauté de travail quand elle veut réaliser efficacement un
projet.
Ainsi, comme l’orchestre symphonique, plus la communauté de travail est large, plus la
réalisation du groupe est « puissante ».
Tel est le sens, telle est l’ambition du projet qui vise à faire de la Guadeloupe : La cité
caribéenne du 21ème siècle.
Certes, le défi semble démesuré au regard de la situation actuelle de notre territoire.
Toutefois, si nous nous focalisons sur notre potentiel et nos atouts, ce n’est pas la démesure de
notre ambition qui nous interpelle mais plutôt le temps perdu et les opportunités que nous
avons déjà gâchées.
C’est tout cela qui rend le challenge intéressant car :
Il n’existe pas de territoire sans avenir, il n’existe que des territoires sans projet.
Mais surtout, où il y a une volonté il finit toujours par avoir un chemin.