Monsieur le président du Conseil général,
Mesdames et messieurs les élus régionaux et départementaux,
Mesdames et messieurs les membres du comité guadeloupéen du projet,
Mesdames et messieurs,
Notre réunion d’aujourd’hui s’inscrit effectivement dans la démarche votée lors du dernier congrès des élus départementaux et régionaux qui s’est tenu le 24 juin 2009, alors que la Guadeloupe
venait de connaître une importante crise sociale et sociétale.
Cette démarche d’élaboration d’un projet de société a été la réponse singulière formulée et proposée par nous, élus, au moment où la Guadeloupe était en quête de sens et de perspectives d’avenir,
ébranlée qu’elle était encore par les temps troublés qu’elle avait traversés dans les premiers mois de l’année 2009.
Quand, en Guyane et en Martinique, la réflexion des élus s’est voulue presque exclusivement statutaire et institutionnelle, nous Guadeloupéens, dans notre singularité, avions estimé que les
questions statutaires et institutionnelles devaient découler d’un projet politique. En disant que ni Cayenne, ni Fort-de-France, ni Paris, ne devaient décider pour nous, nous disions que ce sont
le projet et les politiques publiques qui en résultent qui devaient commander notre réflexion.
Au terme de ce Congrès de juin, nous avions donc obtenu un « moratoire » de 18 mois qui nous permettaient de ne pas nous voir imposer par le président de la République un cadre et un
calendrier qui n’étaient pas les nôtres. En somme : ni la réforme des collectivités territoriales - sur laquelle il y avait déjà beaucoup à redire – découlant du rapport Balladur, ni
l’évolution vers laquelle s’orientaient conjointement – car c’était leur choix – la Martinique et la Guyane.
Depuis, presque un an a passé et notre moratoire de 18 mois expire le 24 janvier prochain, date à laquelle, en théorie, le président de la République et le gouvernement peuvent nous demander nos
propositions et logiquement, sur cette base, consulter la population.
C’est dire si la démarche qu’a initiée mon ami, le président Jacques GILLOT, et que j’ai choisie, au nom de notre synergie de réflexion et d’action, d’accompagner, garde non seulement tout son
intérêt, mais aussi toute sa validité compte tenu de l’échéance qui est devant nous.
Ces derniers mois, j’ai pu entendre ça et là quelques voix s’exprimer pour affirmer que, depuis le 24 juin 2009, rien n’aurait bougé. Alors que rien, en réalité, n’est plus inexact.
Depuis notre dernier congrès se sont en effet produits plusieurs faits majeurs, que même des résolutions gravées dans le marbre ne peuvent délibérément ignorer. Ces faits majeurs n’ont pas
invalidé la démarche, bien au contraire, mais ils l’ont éclairée au total d’un jour nouveau.
Parmi ces faits politiques majeurs figure par exemple le fait que les processus Guyanais et Martiniquais sont allés à leur terme avec les résultats que l’on sait.
Figure également le fait que le gouvernement a précisé les contours de sa réforme des collectivités territoriales dont le projet de loi est actuellement en discussion à l’Assemblée nationale et
dont tous les DOM ont été exclus.
Mais, parmi ces faits politiques majeurs figure surtout le fait que la Guadeloupe a connu une élection régionale dont le résultat éclatant est intervenu au terme d’une longue campagne électorale
durant laquelle chacune des forces politiques a pu réfléchir et présenter ses projets pour la Guadeloupe dans le meilleur des cadres qui soit dans une démocratie : celui d’une élection au
suffrage universel direct.
Celui qui vous parle a ainsi sillonné notre archipel, tenu plus d’une centaine de réunions publiques en six mois, et organisé des dizaines de séances de travail pour élaborer un projet politique.
Autour de ce programme s’est opéré un formidable rassemblement d’hommes et de femmes venus d’horizons divers qui, ensemble, ont proposé de dépasser leurs différences pour présenter un projet de
société, une démarche et des positions claires sur l’ensemble des sujets.
Avec l’ensemble des forces politiques, nous avons, je le crois, mené un débat riche, intense, parfois vif, mais tout le monde y a participé, y compris les syndicats qui ont été très activement
présents dans la campagne.
Dès lors, comment sérieusement soutenir que ce moment démocratique fort, extrêmement nourri, si l’on en juge par l’impressionnant volume de programmes, de tracts, d’émissions de télévision,
d’interviews dans la presse écrite et de réunions publiques produits par l’ensemble des forces politiques guadeloupéennes, oui, comment peut-on soutenir que cette campagne n’a pas été le
prolongement de la réflexion entamée autour du projet de société guadeloupéen ?
Et un prolongement qui, pour le moins, pèse aujourd’hui dans nos réflexions, car le peuple s’est effectivement prononcé.
Pour autant, par-delà l’expression démocratique du peuple en mars dernier, il est évidemment légitime de poursuivre et de compléter la réflexion. La pensée est mouvement. Elle est cheminement.
Elle n’est pas image arrêtée.
Je partage donc évidemment la volonté de mon ami Jacques GILLOT de poursuivre la mise en œuvre des résolutions de notre dernier congrès. Ce comité guadeloupéen du projet est utile, car il associe
à nos travaux la société civile. Cette société civile qui a fait une irruption bienvenue dans le débat public à l’occasion de la crise sociale et qui doit désormais y demeurer sans quoi nous en
reviendrions à un face à face entre le peuple et ses élus, sans corps intermédiaires autonomes, qui sont la garantie d’une démocratie équilibrée et apaisée.
Ce comité guadeloupéen du projet sera donc un très beau forum d’où jailliront, je l’espère, des pistes de réflexion et des propositions qui nourriront les décisions que nous, élus du peuple,
auront à prendre, à soumettre au chef de l’Etat et qui engageront notre avenir.
Vous observerez que les thèmes sont très larges et qu’il n’y aura aucune question taboue. La question institutionnelle figurera en bonne place, car le contexte politique nous l’impose, et parce
que nous avons à formuler des demandes précises.
Collectivité unique, assemblée unique, statu quo, rapport Balladur adapté, ou encore bi-départementalisation, les possibilités sont en théorie nombreuses. On peut en recenser au moins six dans le
cadre du droit commun. Mais en réalité elles se résument à une alternative. Collectivité unique ou assemblée unique.
Chacun s’exprimera. Les partis politiques auront à prendre position et mon parti devrait le faire très bientôt. Et le Congrès que je présiderai au second semestre aura à formaliser la « voie
guadeloupéenne » que nous soumettrons au gouvernement.
J’ai eu à exprimer ma préférence personnelle à ce stade, vous le savez. Ma position personnelle est d’être favorable à une assemblée unique dans le cadre de l’article 73, c’est-à-dire au maintien
de la région et du département avec une assemblée délibérante unique. Mais, le débat demeure évidemment ouvert et c’est plus que jamais de la discussion que jaillira la lumière.
Je souhaite donc au comité guadeloupéen du projet, et à ses déclinaisons territoriales et communales, de bons travaux pour la Guadeloupe. Comme la majorité régionale, je m’y impliquerai
totalement, fort des orientations et du programme que nous avons présentés à la population en mars dernier et qui a recueilli une très large approbation.
Je vous remercie.