PS : QUI A BOURRÉ LES URNES ?
Hilarant, si ce n'était pas si grave dans un parti politique. Vous me direz que du temps de Pasqua à l'UDR, c'était pareil. Oui, sûrement. Nos politiques ne sont pas
des saints.
Dans le cas qui nous préoccupe aujourd'hui, que nous avons détaillé ces derniers jours sur indiscretions.over-blog.fr,, un de nos politiques locaux est impliqué. Soutien de Ségolène Royal, on ne
peut pas le taxer de fraude. Ce sont les aubristes qui sont accusés d'avoir triché. Néanmoins, le passage où Christian Paul, ancien ministre des Dom, appelle Victorin Lurel pour lui dire qu'il faut
« bien voter » est marrant comme tout. Donc, Christian Paul, un des spécialistes de l'Outre-mer du PS, ne savait pas pour qui Victorin Lurel, son ami, faisait voter ? Et Daniel Vaillant qui accuse
la fédération du PS de Guadeloupe d'avoir fait bourrer les urnes ? Le souvenir de ces jours-là permet de dire qu'effectivement, les fédérateurs ont fédéré... lourdement, sur Ségolène Royal. De
l'autre côté, il y avait... notre amie Marlène Mélisse et quelques autres, les fidèles de la ligne traditionnelle. Que les uns et les autres aient racolé les militants pour les faire aller voter,
quoi de plus naturel ? C'est le jeu. Que dans certaines fédérations on ait bourré les urnes, comme le recommandait Guillaume Blanc, conseiller politique de Martine Aubry à Lille, c'est toujours
possible. D'ailleurs, martine Aubry feint (voir les hebdos de cette semaine) de ne pas connaître ce M. Blanc. Pourquoi, il a la figure sale ?..
AJV
EXTRAITS EXCLUSIFS DU LIVRE-CHOC
HOLD-UPS, arnaques et trahisons * , d'Antonin André et Karim Rissouli
(Éditions du Moment, 192 p., 16,50 euros)
EXTRAIT 1
"On ne prend plus de gants, vous
bourrez les urnes"
Antonin André et Karim Rissouli
Il est midi, ce vendredi 21 novembre (2008), quand le téléphone d’une
secrétaire de section lilloise se met à sonner. A l’autre bout du fil,
Guillaume Blanc, le conseiller politique de Martine Aubry à la mairie de
Lille. Dans le Nord, comme dans le reste du pays, les bureaux de vote
pour le second tour de l’élection du premier secrétaire ouvrent dans
quelques heures. La discussion est brève. Il n’y a qu’un seul message à
faire passer. Dans un premier temps, la jeune femme pense avoir mal
entendu. Mais la consigne est claire: "On ne prend plus de gants, vous
bourrez les urnes." La veille, Ségolène Royal a créé la surprise en
récoltant plus de 42% des voix lors du premier tour. (...)
Mathématiquement, le duel s’annonce extrêmement serré et la panique
s’empare de la maire de Lille et de ses proches. Plus question de
tergiverser. Quelle que soit la méthode, ce soir, il faut barrer la route de
-Ségolène Royal. (...)
Vendredi 21 novembre, soir du deuxième tour à Lille. C’est la fin de
l’après-midi. Guillaume Blanc, jeune ingénieur de 26 ans, homme de
confiance et conseiller politique de Martine Aubry, prend les choses en
main. Derrière son air juvénile, l’homme est considéré comme un
redoutable agent au service de la maire de Lille. On le surnomme "la
Stasi", "parce qu’il vient toujours écouter la moindre prise de parole d’un
responsable local du PS pour en faire rapport à Martine", témoigne un
militant socialiste lillois. Depuis l’hôtel de ville, Guillaume Blanc adresse
un SMS à tous les secrétaires de section. Il leur est ordonné de ne pas
communiquer leurs résultats à la fédération - comme le prévoit pourtant
le code électoral socialiste -, mais de les transmettre directement à ce
qu’on appelle le "comité de ville". Un bureau de liaison au service de
Martine Aubry, situé au premier étage du bâtiment qui abrite la
fédération socialiste, et dirigé par un certain Patrick Kanner. Depuis son
arrivée à la tête de la ville, le PS local est à la main de celle que l’on
surnomme "la tsarine", chargé d’assurer le service après-vente de sa
politique. Dans les faits, via "le comité", c’est donc le cabinet de Martine
Aubry qui a la haute main sur la fédération du Nord. (...) Pargneaux
(patron des socialistes du Nord, NDLR) à la fédération sera l’exécutant.
C’est sans aucun accroc que la chaîne cabinet du maire-comité de ville-
fédération du Nord va se mettre en branle pour assurer l’élection de
Martine Aubry, en étroite liaison avec le QG parisien de la future
première secrétaire, installé à l’Assemblée nationale. Le dispositif est en
place. De Lille à Paris, les montres sont coordonnées. Le casse du parti
peut commencer. A 23 heures, huit des dix secrétaires de section de la
ville sont au rendez-vous dans le bureau de Patrick Kanner, pour lui
remettre les procès-verbaux des résultats. Cet homme, en liaison avec
Paris, est chargé de la "tambouille lilloise". Claude Bartolone, Christophe
Borgel, François Lamy et Jean-Christophe Cambadélis, les quatre
mousquetaires de Martine Aubry, sont installés dans des bureaux de
l’Assemblée nationale. Leur consigne est claire: ne pas lâcher les
résultats du Nord tant que ceux de toute la France ne sont pas
remontés. A mesure que les chiffres tombent, ils sont rentrés dans un
logiciel qui calcule automatiquement l’écart entre Royal et Aubry et fait
varier les résultats "virtuels" du Nord afin qu’ils assurent la victoire à
Martine Aubry. Claude Bartolone, plusieurs semaines après, reconnaîtra
d’ailleurs avoir bloqué les résultats du Nord "dans le but de s’assurer
que, même si la Guadeloupe et la Martinique votaient à 100% pour
Royal, l’avance de Martine ne permettait pas qu’on la rattrape". En clair:
les résultats du Nord sont gelés pour pouvoir être "ajustés" jusqu’au
dernier moment afin d’assurer une avance suffisante à Martine Aubry.
EXTRAIT 2
"Erreurs d'écriture"
Antonin André et Karim Rissouli
23 heures : lorsque Gilles Pargneaux, le patron de la fédération du Nord,
valide les résultats des sections de Lille, plusieurs d'entre eux ont été
modifiés. Certains PV ont été carrément falsifiés dans le tableau
récapitulatif de la fédération. Un exercice de "gonflette" organisé depuis
Paris et évalué par un secrétaire de section qui préfère rester anonyme,
à environ "300 voix sur Lille, bourrage d'urnes compris". Le soir même
des résultats, une équipe de France 2 présente à la section de "Lille-
Centre" filme l'annonce des résultats par le secrétaire de section:
"Martine Aubry, 110 voix, Ségolène Royal, 27!" Sur le PV final rempli par
la fédération du Nord, les 110 voix de Martine Aubry sont devenues...
130! Et c'est le même Gilles Pargneaux qui répond très tranquillement
aux journalistes que le jeune secrétaire de section a probablement
commis "une erreur d'écriture". Il aurait mal retranscrit le décompte des
voix sur le papier qui lui servait d'aide-mémoire lors de la proclamation
des résultats devant les caméras. L'autre exemple connu concerne la
section du "Vieux-Lille", où un vote blanc est devenu un vote Aubry sur
le tableau de la fédération du Nord. Ces deux "erreurs d'écriture" seront
corrigées quelques jours plus tard en commission des récolements, sorte
de tribunal des conflits électoraux interne au PS. Ces erreurs, ces
fraudes accidentelles, servent en réalité de leurres. Elles sont données
en pâture au grand public pour mieux masquer la triche organisée, qui a
assuré la victoire à Martine Aubry. Des magouilles qui auraient dû rester
cachées, enfouies dans les tiroirs de la fédération du Nord.
Mais des documents permettent aujourd'hui d'affirmer que la victoire de
Martine Aubry a été fabriquée de toutes pièces. Ils sont sans appel.
Premier exemple : la section de "Lille-Fives". Dans ce bureau, le score de
Martine Aubry a été gonflé de 30 voix. Le mandataire de Ségolène Royal,
après le décompte des voix en section, a pointé 58 bulletins pour Martine
Aubry, 8 pour Ségolène Royal. Il se souvient parfaitement d'avoir apposé
sa signature sur le PV de résultats faisant apparaître ce rapport de
forces. Sur le tableau récapitulatif de la fédération, les 58 voix de
Martine Aubry ont fait des petits : la maire de Lille est créditée de 88
voix! Une triche grossière planifiée sans trop de précaution. Le comité de
ville et la mairie ont les pleins pouvoirs: alors pourquoi se cacher? En
témoignent les taux de participation soviétiques qui bondissent entre le
premier et le second tour, dans des proportions qui ne peuvent
s'expliquer par la seule mobilisation de militants aubryistes subitement
remobilisés entre le jeudi et le vendredi. A "Lille-Saint-Maurice", la
participation passe de 64% au premier tour à 93,75% au second. A
"Lille-Fives", de 62% à 93%. Et la palme revient à "Lille-Vauban", qui
voit son taux de participation bondir de 35 points entre les deux tours,
de 61% au premier à 96,5% au second! Des scores à faire saliver
n'importe quel autocrate, d'autant naturellement que ces regains de
mobilisation ne profitent qu'à une seule et unique candidate, Martine
Aubry. Seules deux sections lilloises échappent à cette razzia : "Lille-
Moulins", fief de Bernard Roman, un proche de François Hollande, et
"Vieux-Lille"=", tenue par une proche de Pierre Moscovici.
Lille ne serait pas un cas isolé dans le Nord. Certaines voix, sous couvert
d'anonymat, évaluent l'ampleur de la fraude à 1 000 votes en faveur
d'Aubry. Les résultats "adaptés" du Nord finissent par tomber vers
minuit. Ils sont les derniers à arriver Rue de Solferino. Minuit : les amis
de Martine Aubry débouchent le champagne, le hold-up a fonctionné
selon leurs plans. Jean-Christophe Cambadélis évalue alors "à 1500 voix"
l'avance de Martine Aubry. Tout a marché comme prévu. A ce détail près
que les pros de la tambouille ont fait une erreur sur le minutage.
EXTRAIT 3
Contre-offensive des Royalistes
Antonin André et Karim Rissouli
A minuit à Paris, il est 19 heures aux Antilles. Les bureaux de vote dans
ces îles, bastions royalistes, sont encore ouverts pour une heure.
Soixante minutes pendant lesquelles tout peut encore basculer. Victorin
Lurel, député et président de la région Guadeloupe, a passé une soirée
tranquille la veille lors du premier tour. Mais ce soir-là, à 19 heures,
heure locale, son téléphone est soudain pris d'incessantes convulsions.
Christian Paul, député de la Nièvre proche de Martine Aubry, est le
premier à l'appeler. "Salut Victorin, dis-moi, on veut être sûr que le vote
va bien se dérouler. Tu vois ce que je veux dire?" Victorin Lurel n'en
revient pas. "Qu'est-ce que tu veux dire? Qu'est-ce qui vous prend tout à
coup?" La conversation tourne court. L'instant d'après, c'est François
Rebsamen, pour Ségolène Royal, qui appelle. "Victorin, on peut encore
gagner, on peut les rattraper, il faut faire voter. Passe des coups de fil,
dis bien à tout le monde que c'est très serré." La Guadeloupe, c'est 2
330 militants socialistes. La Martinique, 374. Largement assez pour
remonter les "1 500 voix" d'avance de Martine Aubry. La veille, Ségolène
Royal avait recueilli 77,6% des voix, contre 19,8% pour Aubry et 1,9%
pour Hamon, avec une participation à 62%. Une mobilisation accrue au
second tour pourrait permettre à Ségolène Royal de refaire son retard.
Et en l'occurrence, cette dernière heure de vote voit un afflux de
militants dans les bureaux de vote de Guadeloupe. "Un votant toutes les
douze secondes!" tonne Daniel Vaillant, responsable des élections au PS,
qui soupçonne ouvertement la Guadeloupe d'avoir bourré les urnes. (...)
Le regain de mobilisation dans la dernière heure de vote joue en faveur
de Ségolène Royal. Les proches de Martine Aubry voient avec angoisse
l'écart entre les deux candidates se réduire à mesure que les sections
antillaises envoient leurs résultats en métropole. Verdict: Royal arrive en
tête avec 81,75% des voix en Guadeloupe et 87,33% en Martinique. Des
scores impressionnants, mais qui ne suffisent pas à combler son retard.
A 5 h 40 du matin, le résultat annoncé par la rue de Solferino donne la
victoire à Martine Aubry avec 42 voix d'avance. La belle ouvrage des
mécanos de la maire de Lille a tenu, malgré la contre-offensive des
royalistes. Et pour cause, non seulement rien ne prouve une triche
royaliste aux Antilles, mais la fraude a en réalité bénéficié... à Martine
Aubry. C'est ce qu'affirme Victorin Lurel, "constats d'huissier à l'appui".
Deux sections sont pointées du doigt. Deux sections dans lesquelles
Martine Aubry est arrivée très nettement en tête. A "Anse-Bertrand", sur
48 inscrits, le PV de section attribue 36 voix à Martine Aubry et 1 voix à
Ségolène Royal. Or le bureau d'Anse-Bertrand est resté fermé le jour du
vote! (...) L'autre section litigieuse est celle de Pointe-à-Pitre: 190
inscrits. Sur les 173 votants, Aubry obtient 160 voix contre 13 à Royal.
Cette fois, selon Victorin Lurel, "ils ont bourré les urnes. Plusieurs
militants qui ne se sont pas déplacés ont pourtant été recensés,
signature à l'appui, comme s'ils avaient voté". Des vérifications opérées
par des huissiers établissent clairement la fraude. (...)
Le mercredi 18 mars 2009, à quelques jours de la convention nationale
qui doit ratifier les listes socialistes aux européennes, Martine Aubry est
proche de la syncope. Folle de rage, elle s'égosille dans un salon du
restaurant Tante Marguerite, à deux pas de l'Assemblée nationale. Ce
huis clos dans un des hauts lieux de la "gastronomie politique" oppose
royalistes et aubryistes. Vincent Peillon, Jean-Noël Guérini, le puissant
patron de la fédération des Bouches-du-Rhône, et François Rebsamen, le
sénateur maire de Dijon, d'un côté. François Lamy, le plus proche
conseiller, Jean-Marc Germain, le directeur de cabinet, et Martine Aubry
en personne, de l'autre. Une heure durant, la première secrétaire et
François Rebsamen se hurlent dessus. Fébrile, à la fois insupportée
d'entendre les allégations de fraude et consciente de la vérité, Martine
Aubry finit par se trahir. "Je n'ai pas triché! Fabius, d'accord! Mais pas
moi..." La première secrétaire fait allusion à son score écrasant obtenu
dans la Seine-Maritime, fief de l'ancien Premier ministre.
EXTRAIT 4
Aubry refait Le Monde
Antonin André et Karim Rissouli
Au lendemain du défilé du 1er-Mai, Jean-Michel Normand, le journaliste
du quotidien du soir chargé de suivre l'actualité socialiste, évoque les
"sifflets" essuyés "tout au long du défilé" par les dirigeants socialistes
présents dans le cortège. Le compte rendu critique du journaliste
provoque la colère de Martine Aubry. Le lundi 4 mai, réunion de crise à
"Solfé". Seul et unique sujet au menu : les médias. Jean-Christophe
Cambadélis est furieux contre l'article du Monde . (...) A l'issue de la
réunion, et malgré les démentis des participants, Martine Aubry conseille
à sa garde rapprochée de se montrer moins disponible pour les
journalistes. Elle décide par ailleurs de se charger en personne du cas Le
Monde. Fidèle à sa méthode, la première secrétaire convoque Rue de
Solferino Françoise Fressoz, chef du service politique du quotidien.
Martine Aubry réclame des explications sur la couverture "déséquilibrée"
de l'actualité du PS. Plus surprenant encore, elle affirme avoir pris
"comme une insulte personnelle que Jean-Michel Normand ne se soit pas
déplacé à Toulouse pour rendre compte du meeting de lancement de la
campagne des européennes du PS". Il se trouve que le journaliste était
en vacances. La première secrétaire s'indigne enfin que " Le Monde n'ait
pas fait sa une sur le meeting dans son édition du lendemain". Françoise
Fressoz, une fois la stupéfaction passée, renvoie poliment Martine Aubry
dans les cordes et met fin à l'entretien. Un climat de défiance prévaut à
l'égard de la presse, d'autant plus mal compris par les journalistes que
les socialistes entonnent régulièrement le couplet d'un Nicolas Sarkozy
faisant pression sur les médias, jouant de l'intimidation et de la menace.
EXTRAIT 5
Julien Dray, le "bâtard" du PS
Antonin André et Karim Rissouli
(Au plus fort de ses ennuis, il peut compter ses amis sur les doigts d'une
main. Malek Boutih, David Assouline, Manuel Valls et surtout Vincent
Peillon.)
"Au final, je regarde ce parti en général et je me dis : C'est quoi, cette
maison? (...) Cette histoire a conforté ce que je pensais de mes rapports
avec le PS. Je l'avais déjà ressenti au moment du congrès. Finalement,
je suis un bâtard. Tant que le bâtard joue le rôle du fou du roi, ça va...
Mais quand le fou du roi veut devenir le roi, on lui dit: T'es pas de la
caste, t'es qu'un métèque." Il ne s'arrête plus. "C'est ce que j'ai -ressenti
avec François et Ségolène. Je me suis dit : qu'est-ce que je fous là-
dedans? Au fond, je suis juste bon à porter les valises." (...) Et puis, les
attaques, la frustration et l'amertume se font plus précises. Plus ciblées.
C'est Ségolène Royal qui va en faire les frais. Dray a été son plus fidèle
soutien au moment de la primaire, il a tout fait pour qu'elle devienne
candidate à la présidentielle, et aujourd'hui il se sent lâché, trahi,
abandonné en rase campagne. "Elle a montré ce qu'elle était, cette
bonne femme. La première chose qu'elle fait, c'est de téléphoner à mon
assistante pour savoir si cette affaire la concerne! Elle flippe que j'aille
raconter des choses. Mais si j'avais voulu, je l'aurais déjà fait et j'aurais
vendu trois best-sellers. Mitterrand, lui, n'aurait jamais agi comme ça.
Jamais. Je me souviens du jour où l'affaire Pelat a éclaté. C'était en
février 1989. Mitterrand me dit: "Il a peut-être fait des bêtises, mais
c'est mon ami... C'est mon ami... Quand il m'enlevait mes poux dans les
camps de concentration, j'étais bien content qu'il soit là"." Ségolène
Royal, qui s'imagine souvent en héritière de l'ancien président au
panthéon des socialistes, ne sera pas très mitterrandienne dans cette
affaire. Le lendemain de la perquisition, elle pousse même le vice jusqu'à
faire envoyer un communiqué à la presse en s'étonnant que son nom
soit mêlé à cette affaire. (...) Lâcheté indéfendable ou réaction logique
quand on brigue toujours la fonction suprême? Julien Dray a tranché.
"En 40, si j'avais porté l'étoile jaune, je ne sais pas où j'aurais été. Pas à
Raspail, en tout cas, parce que je me retrouvais dans le wagon." Royal
enverra tout de même un SMS à Julien Dray le 24 décembre : "J'espère
que tu passes quand même un bon Noël en famille."
EXTRAIT 6
Ségolène et ses ex-amis ? "Ils
reviendront, ils reviendront..."
Antonin André et Karim Rissouli
Ce lundi 9 mars, madame la présidente de la région Poitou-Charentes
est attablée à une terrasse du port de La Rochelle. Plein soleil, lunettes
sur le nez, elle prend son temps et profite des premières chaleurs du
printemps. Le congrès est déjà loin, mais Ségolène Royal n'a rien oublié.
Elle reste persuadée d'avoir été volée cette fameuse nuit du 21 au 22
novembre. "Il y a eu la fraude active et la fraude passive. On a empêché
plein d'anciens militants à 20 euros de voter [ceux qui avaient assuré la
victoire à Royal lors des primaires de 2006, NDA]. Ils ont pris le temps
de nettoyer les listes en organisant un congrès si éloigné de la
présidentielle." (...) En réalité, depuis l'empêchement de Reims, Royal
est abandonnée par une grande partie des siens. (...) "Valls, Peillon, je
leur ai tout donné. Je les ai même mis devant moi! Devant moi !
s'exclame Ségolène Royal, Et regardez Valls, il déraille! C'est la
compétition des ego qui est relancée!" Et quand on évoque la volonté de
Peillon d'être candidat en 2012, Royal balaie la question et fusille son
ancien lieutenant: "Il n'arrive même pas à garder une circonscription."
Puis elle ajoute, comme pour se rassurer: "Ils reviendront, ils
reviendront. Vous verrez, Peillon, quand il aura vu ce que c'est de
travailler avec Aubry et de demander la permission avant d'aller parler.
Avec moi, ils sont totalement libres."
EXTRAIT 7
Dominique Strauss-Kahn, panique à
Washington
Antonin André et Karim Rissouli
La réunion de crise se tient dans le salon d'un grand hôtel. Anne Sinclair
y assiste aux côtés de son mari. Elle est ulcérée. La ligne arrêtée par
Fouks (patron d'EuroRSCG, NDLR) se résume à la plus grande
transparence. (...) Le pitch tient en quelques lignes: une aventure entre
deux adultes consentants, sans affaire de harcèlement ou d'utilisation de
la fonction de directeur général à des fins privées, à quelque niveau que
ce soit. (...) Un communiqué est publié, se bornant à affirmer la toute
confiance du directeur général en l'institution du FMI pour mener
l'enquête interne à laquelle il se soumet sereinement. (...) La réunion de
crise est vite expédiée. Anne Sinclair n'a pas dit un mot. Lorsque Gilles
Finchelstein (consultant d'EuroRSCG, NDLR) s'adresse à elle. "Et toi
Anne? Que comptes-tu faire?" Interloquée, Anne Sinclair répond : "Je
suis solidaire de Dominique, évidemment." "Bien, et tu vas le dire?
interroge Finchelstein. Publiquement, j'entends?" La question fait l'effet
d'un uppercut à Anne Sinclair. Certes, l'histoire est soldée entre elle et
Dominique, mais de là à l'absoudre publiquement, en faisant passer au
second plan son honneur, sa douleur de femme trompée, il y a un pas
qu'elle ne peut se résoudre à franchir. Seul Gilles Finchelstein, l'ami de
vingt ans, pouvait se permettre de formuler une telle demande à Anne
Sinclair, lui dont elle sollicite parfois l'aide pour la conseiller lorsqu'elle
écrit un livre. Finchelstein lui suggère de rédiger un billet sur son blog
pour soutenir son mari. La réunion s'achève sur ce dernier échange, sans
que l'épouse du directeur général du FMI ait donné sa réponse. Elle sort
de la pièce rouge de colère et de tristesse, les larmes aux yeux. Il fait
nuit noire à Washington, l'aube se lève à peine à Paris. Anne Sinclair
appelle l'une de ses amies proches, ancienne collaboratrice de confiance.
"Tu ne sais pas ce qu'ils veulent que je fasse? Que je le soutienne
publiquement ! C'est impossible, je ne peux pas!" Son interlocutrice
tente de la calmer et finit par la convaincre de se ranger à l'avis des
experts. L'épouse de DSK se soumet in fine. Anne Sinclair et son amie
conviennent d'un message court et sans fioritures destiné à être publié
dans la semaine sur son blog, histoire d'afficher le soutien d'une épouse
loyale et courageuse. Après plusieurs navettes entre Paris et
Washington, la lettre de pardon est bouclée et validée en une matinée.
Elle se termine ainsi : "Nous nous aimons comme au premier jour." Une
absolution éphémère puisque, une semaine plus tard, l'épouse bafouée
retire le post de son blog, expliquant qu'elle ne souhaite plus revenir sur
cette "aventure d'un soir". Le 26 octobre, moins de dix jours après la
une du Wall Street Journal, DSK est blanchi par les conclusions de -
l'enquête interne du FMI.
Les ennuis recommencent. Malgré sa rivalité toujours vive avec Ségolène
Royal, Martine Aubry pensait avoir repris la main lors de l'université d'été
de La Rochelle. Hold-ups, arnaques et trahisons * , dont nous publions
ici les bonnes feuilles, risque d'assombrir la rentrée du Parti socialiste.
Dans une première partie digne d'un roman d'espionnage, les auteurs
détaillent un système de triche à grande échelle lors de l'élection du
premier secrétaire du PS. Certes, dans l'entourage de Martine Aubry, on
rétorque que Ségolène Royal, sa rivale malheureuse, n'est pas non plus
une sainte. N'a-t-elle pas été soutenue par des fédérations aux pratiques
douteuses, comme celles de l'Hérault et des Bouches-du-Rhône ? Et de
citer cette section "hors sol" de l'Hérault, dont les quelque 300 cartes
échappent à tout contrôle, ou cette équipe de jeunes footballeurs qui ont
voté à Marseille sans trop savoir ce qu'ils faisaient là ! N'empêche :
l'enquête d'Antonin André et Karim Rissouli, qui plonge aussi dans les
coulisses du PS depuis deux ans, est une charge sévère contre Martine
Aubry, élue patronne du premier parti d'opposition avec seulement 102
voix d'avance...
HOLD-UPS, arnaques et trahisons * , d'Antonin André et Karim Rissouli
(Éditions du Moment, 192 p., 16,50 euros)
Publié le 08/09/2009 à 16:56 - Modifié le 09/09/2009 à 17:58 Le Point.fr